Messiah saison 1 (2020)

Le metteur en scène australien Michael Petroni a questionné à de nombreuses reprises les principes de la foi dans ses travaux, notamment dans la série Miracles ou dans le film Le Rite. Avec Messiah, il s’y attaque de manière encore plus frontale, et pose un postulat de départ des plus intriguants : en Syrie, un homme sorti de nulle part semble posséder des aptitudes extraordinaires, et va être suivi par de nombreux Palestiniens. Ils entament une marche à travers le désert pour arriver à la frontière israélienne, où les militaires refusent de les laisser passer. C’est le début d’une couverture internationale pour cet événement, et le mystérieux personnage va susciter des interrogations et des craintes dans le monde entier. La question est à la fois très simple et très complexe : est-il le Messie ressuscité?

Depuis plus de 2000 ans, les croyants attendent la Seconde Venue du Christ, qui libérera le monde du Mal. Michael Petroni pose la question suivante : s’il revenait réellement, est-ce que les gens le croiraient? Et comment interagirait-il avec le monde? L’homme nommé Al-Masih qui est apparu en Syrie risque bien de causer un désordre d’envergure, tant d’un point de vue géopolitique qu’émotionnel, car les questionnements sur sa nature vont ouvrir des brèches qui jusque-là restaient fermées. S’il y a une possibilité pour que ce soit vrai, y a-t-il un moyen de le prouver? Et s’il s’agit d’une immense supercherie, là encore, comment le démasquer?

De par ses questionnements foisonnants et ses perpétuelles remises en question, Messiah s’avère être une série des plus captivantes et addictive! Michael Petroni va, au gré de ses 10 épisodes, mettre en scène les différents impacts qu’une telle apparition causerait si elle avait lieu dans le monde réel. Il va questionner la théologie, les idées politiques, les notions d’identité territoriale, les peurs enfouies au plus profond de chacun, les espoirs les plus vifs… Et il va balader cet étrange Al-Masih d’un continent à l’autre, se retrouvant à chaque fois confronté à des individus mettant sa parole en doute, donnant lieu à des joutes verbales feutrées et très intéressantes. C’est l’acteur belge Mehdi Dehbi qui a la lourde tâche d’endosser le rôle du mystérieux jeune homme, et il donne corps à un personnage magnétique et très difficile à percer. Il crée une aura très forte et parvient à se placer face à chaque personne rencontrée, renversant constamment les rapports de force, tout en s’y soustrayant! Il y a de réelles tensions dans les scènes de dialogues, et un excellent travail d’acting et d’écriture! La réalisation de James McTeigue (V pour Vendetta) et Kate Woods (Bones) s’avère excellente et permet de plonger pleinement dans cette intrigue étonnante! Ils savent comment jouer avec l’aura du personnage et les multiples tensions inhérentes à son apparition!

Des éléments vont nous faire pencher du côté de la croyance, d’autres vont nous dire de faire attention, et on va se balader d’épisode en épisode en étant manipulé par ce Michael Petroni qui gère totalement son récit! La façon dont s’exprime Al-Masih renvoie aux paraboles de Jésus, et à sa manière de répondre en posant des questions à son tour, tel un philosophe. Al-Masih va nous expliquer sa vision du monde, et ce qu’il espère voir enfin changer, mais il conserve toujours cette aura mystérieuse et ce décalage constant avec le commun des mortels. A son contact, les gens sont étonnés, subjugués, méfiants, mais personne ne reste indifférent. Michael Petroni va savamment doser l’évolution de l’intrigue, en faisant intervenir la CIA et la police israélienne, des civils américains et palestiniens, avec un casting là encore international : les Américains Michelle Monaghan et John Ortiz, les Français Tomer Sisley et Sayyid El Alami, le Tunisien Farès Landoulsi

C’est d’ailleurs très étonnant de découvrir Tomer Sisley, plus habitué au registre de la comédie ou de l’action franchouillarde (Largo Winch), dans ce thriller religieux et politique. Il caractérise avec une belle densité son personnage de Aviram, flic violent et border-line qui va souhaiter avoir des réponses rapides face à Al-Masih. Michelle Monaghan joue une agente de la CIA elle aussi très sceptique face à cette apparition soi-disant divine, et qui va tout faire pour tenter de comprendre qui est réellement ce nouveau prophète. Il y a une réflexion habile sur le poids des médias et des réseaux sociaux, qui vont eux-mêmes directement impacter sur la suite des événements. Al-Masih est conscient d’être observé par le monde entier, et va se servir de cette attention internationale pour porter son message. Mais sa manière de communiquer s’avère relativement diffuse, tout en offrant parfois des ouvertures inattendues. Il y a une ambivalence permanente chez le jeune homme, capable d’actes étonnants mais qui n’en abuse pas, quitte à probablement perdre des adeptes. C’est cette oscillation constante entre des possibilités incroyables et une vision plus terre-à-terre que Messiah parvient à rester captivante, car on va se poser exactement les mêmes questions que tous les protagonistes rencontrés par Al-Masih : quelle est sa véritable nature?

Porté par la ferveur de ses adeptes, il va poursuivre sa route tout en faisant face à ses détracteurs. Al-Masih semble ne pouvoir jamais être contrarié ou désarçonné par qui que ce soit, et sa force intérieure va créer le doute chez ses opposants. On va également traiter des récupérations d’un tel événement, tant politiques que personnelles, et cette série est réellement brillante dans sa manière de répondre globalement à tout ce qui se passerait si un tel personnage venait à apparaître. La chaîne des événements est implacable, et ne semble aucunement perturber le jeune homme, qui a assez de force pour faire de chaque attaque un moyen de convaincre. Le pari de Michael Petroni est très réussi, et Messiah est clairement l’une des séries immanquables de cette année!!!

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Les news de la semaine : Bandsintown

Les news ciné et séries ne sont pas dingues en ce moment, par contre l’actu musicale est nettement plus intéressante. Je vais en profiter pour faire le point sur les prochaines dates à retenir du côté de Mulhouse 😉

Samedi 25 janvier, Maltdown se produira au Lion Rouge de Guebwiller, histoire de fêter leurs 2 ans! Le groupe bien énergique nous gratifiera de son hard’n’roll résolument tonique, et je vous laisse découvrir leur son juste ici, et encore ici. Ils seront accompagnés par Héritages, quatuor mulhousien qui fait dans le punk hardcore, ça bougera forcément bien aussi!

 

Le vendredi 31 janvier, les Peeled Cubes investissent l’Eden de Sausheim pour leur 1ère date solo!!! Un événement à ne pas rater, ils se donnent à fond depuis des mois pour nous créer un show des plus envoûtants, et on peut compter sur leur talent et leur motivation pour faire de ce concert rock une très belle date, qui devrait leur ouvrir de belles portes également pour le futur! Voir ici, et puis ici!

 

Le vendredi 7 février, je vais enfin pouvoir découvrir Mess up your DNA en live (les p’tits gars énervés sur la photo tout en haut ^^)! Ca se passera au Juke à Kehl en Allemagne, juste après la frontière à Strasbourg, et l’alternative metal du trio germanique devrait bien faire bouger son public (un avant-goût juste ici)! Ils seront accompagnés par les 5 Strasbourgeois de Pyrah, qui font dans le metal progressif, hâte de les découvrir aussi! Et ça tombe bien,  parce que les excellents Syndrom seront aussi de la partie! D’ailleurs je ne vous présente plus ce groupe de pop rock bien énergique 😉 (ici, et ici aussi)

 

N’hésitez pas à aller suivre tous ces groupes sur Facebook!!! 🙂

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Le clip de la semaine : 62nd Street – In the Crowd and the Noise

Les gars de 62nd Street nous viennent de Strasbourg et font dans le punk-rock mélodique depuis maintenant 2 ans. Maxence Schumacher au chant et à la basse, Lucas Hinsky à la guitare et Corentin Herrbach à la batterie, le trio nous prépare son EP pour cette année, et nous révèle son 1er clip avec ce In the Crowd and the Noise! Je vous laisse découvrir leur univers musical, shooté ici par Jonathan Hirschler!

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1917 (Sam Mendes, 2019)

La guerre au cinéma, c’est très souvent le Vietnam, la Seconde Guerre Mondiale, l’Irak ou l’Afghanistan. La 1ère Guerre Mondiale est moins souvent traitée, mais on peut se rappeler des Sentiers de la Gloire de Kubrick ou de Joyeux Noël. Sam Mendes avait d’ailleurs déjà traité du conflit irakien en 2005 avec Jarhead – la Fin de l’Innocence. Pour son 8ème film, il va s’inspirer des mémoires de son grand-père, qui lui a raconté ce qu’il avait vécu lorsqu’il était au front de la Grande Guerre. En s’appuyant sur ces histoires et en proposant une mise en scène immersive, il compte bien nous offrir un film mettant le spectateur au premier plan!

On a longuement entendu parler de ces multiples plans-séquences, s’assemblant pour former un récit qui est compté sans interruption. Le film se veut en un seul et unique plan, qui est simplement coupé à quelques intervalles pour alléger le dispositif. En soi, le défi technique impressionne et le résultat est une réussite, nous offrant une réelle immersion et une qualité technique indéniable. On va suivre au plus près les caporaux Blake et Schofield, envoyés en mission afin de délivrer un message de la plus haute importance à un général dont les troupes se trouvent au-delà des lignes ennemies. La mission est capitale, car les vie de 1600 soldats sont en jeu, et le temps est compté…

Quand on évoque l’exigence des tournages en plan-séquence, on pense à des chef-d’oeuvre comme Gravity ou The Revenant, qui offrent des moments véritablement marquants dans le 7ème art, et le défi de s’en approcher est toujours palpitant. Au-delà du plan-séquence en lui-même, c’est dans la forme narrative aboutie que l’on va encore trouver des films incroyables comme Interstellar ou Dunkerque, et c’est ce type d’expérience sensorielle que l’on souhaite vivre au vu de ce qui avait été mentionné sur ce 1917. Dunkerque fait figure de mètre-étalon depuis sa sortie en 2017, et la comparaison est inévitable maintenant dès que sort un film de guerre. Et si 1917 est réussi, il est très loin de l’ambition et de l’aura du film de Nolan

Techniquement, il n’y a rien à redire, tant la mise en scène est maîtrisée par Sam Mendes. Il y a une précision impressionnante et forcément nécessaire avec ce défi du plan-séquence, et Mendes parvient à son but. La reconstitution est elle aussi impressionnante, avec la création de véritables tranchées dans les décors anglais. Après, l’aspect émotionnel en pâtit malheureusement sur une bonne durée du métrage, avec paradoxalement une trop grande distanciation avec les personnages. La prouesse technique de la mise en scène fait que l’on se plaît à suivre la caméra et à en observer les oscillations, et on a du mal à oublier le dispositif filmique. C’est le risque lorsqu’on annonce un tel défi, et on apprécie donc la maestria de Sam Mendes, qui compose des plans savamment étudiés dans des décors très travaillés où chaque figurant a sa place. Mais il manque un élan vital ou poétique à la Innaritu, qui nous gratifiait de séquences monstrueuses dans son The Revenant, dans lequel il parvenait à allier une technicité redoutable et des émotions viscérales! Dans 1917, on suit avec intérêt l’aventure de ces deux soldats, mais de manière moins captivante.

Nous sommes pourtant au plus près d’eux, puisque la caméra ne les lâche pas. Dean-Charles Chapman et George MacKay vont montrer frontalement comment ils vont traverser cette mission à haut risque, tant humainement que physiquement. Simplement, on sent l’écriture derrière, avec ses points de passages obligés, et là encore une certaine distanciation. L’ensemble est intéressant et se regarde sans ennui, mais on aurait aimé que l’émotion affleure plus souvent dans ce récit tragique. En l’état, on obtient une évocation réaliste et réussie, mais qui ne parvient pas à rejoindre les rangs de The Revenant, Gravity ou Dunkerque.

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Deadpool 1 : La Guerre des Royaumes

Deadpool 1. Oui. On ne va pas s’étendre sur le sujet.

Ce relaunch coïncide avec l’événement War of the Realms qui impacte l’ensemble de l’univers Marvel, et qui voit Malekith au bout de sa tentative pour régner sur les 10 Royaumes. Il en a conquis 9, il ne lui reste plus que Midgard, la Terre… Mais c’est sans compter sur les forces super-héroïques qui protègent le monde et bien plus!

La guerre étant totale, Deadpool va bien évidemment se retrouver sur le terrain de jeu, en étant envoyé en mission pour protéger l’Australie. Assiégés par les Trolls des Roches sous les ordres d’Ulik, les habitants se voient contraints de se réfugier dans des camps et de s’organiser pour leur survie. On a connu Skottie Young moins enthousiaste, et ça fait bien plaisir de le voir se greffer a l’event dans ce tie-in improbable et résolument fun. L’intro bordélique où Wade revient sur les origines du monde, puis sur la genèse de son intervention, donnent directement le ton décalé qui sera appliqué à l’ensemble, et finalement, quand on confie une direction à Skottie Young, il semble davantage motivé à l’idée de nous embarquer avec lui!

On va rencontrer Nancy Nuke, Captain Outback et Le Diable de Tasmanie, 3 super-héros australiens inconnus dont j’ai hâte de découvrir la suite des aventures. Le Diable de Tasmanie s’écrit bien avec « Diable » barré, puisque’on n’a pas le droit de dire son nom, qui est apparemment déjà une marque déposée! ^^ C’est bien loufoque, et c’est dans l’air de cet épisode! D’ailleurs le personnage est un croisement entre Daredevil et le Gardien Rouge ^^ Nic Klein fait de l’excellent boulot avec ses Elfes bien sauvages et un vrai dynamisme dans sa narration! Bref, ça donne très envie de lire la suite, et ça faisait bien longtemps que ça n’était pas arrivé pour la série principale Deadpool!

La suite du mag va se faire avec 2 nouvelles mini-séries, on commence par Secret Agent Deadpool. Quand on a le nom de Chris Hastings, déjà ça sonne bien, même si je ne comprends pas pourquoi Christopher a été raccourci en Chris. Mais le créateur de Gwenpool est une valeur sûre dans le monde des comics, et le voir utiliser Wade dans cette parodie des aventures de James Bond, c’est un plus indéniable! En l’occurrence, Wade va être chargé d’éliminer un certain Jayce Burns, agent secret de son état, hyper doué et tombeur de ces dames. Ca ne vous rappelle personne? Voilàààà. Eh bien quand Wade va accidentellement tuer Jayce lors d’un incendie, et perdre connaissance, il va être recueilli par l’équipe de l’espion qui va le prendre pour Jayce! Avec sa gueule de grand brûlé permanente, ça passe forcément! Ca va donc être un postulat bien ludique pour Hastings, qui va jouer avec les conventions des films d’espionnage (les gadgets, les jolies pépées, les bad guys mégalomanes) pour découvrir quelques nouvelles facettes de Deadpool. Le dessin de Salva Espin est moins précis que celui de Nic Klein, mais colle davantage avec l’aspect ludique du scénario. Et cette intrigue avec le Protolithe, ben moi ça m’intrigue bien!

On termine par 2 épisodes de Black Panther vs Deadpool, qui là encore va chercher ailleurs niveau graphisme, et il faut un petit temps d’adaptation (assez rapide) pour accrocher au trait particulier de Ricardo Lopez Ortiz. Mais au final, j’aime beaucoup cette caractérisation faussement grossière qui s’avère immersive. Le récit est signé Daniel Kibblesmith, un inconnu qui gère plutôt bien sa partition! Deadpool a absolument besoin d’un tout petit morceau de vibranium, et va donc aller gentiment le demander à T’Challa. Ce dernier a des doutes quant aux intentions de Deadpool, et s’ensuivra donc Un Petit Malentendu, avant La Grosse Baston. Wade va spoiler les titres des chapitres d’entrée de jeu, avec sa prescience du 4ème Mur ^^ Ca a franchement de la gueule visuellement, et cette confrontation est assez rythmée et drôle pour maintenir l’intérêt du lecteur. Et en plus, Kibblesmith se permet d’apporter quelques éléments nouveaux sur le facteur autoguérisseur de Wade, donc c’est plutôt pas mal pour un coup d’essai non? 😉 Et le « Hakuna Matata » de Wade est bien drôle ^^

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