Doctor Strange (Scott Derrickson, 2016)

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Tout en continuant à puiser dans son vivier gigantesque, Marvel Studios a le mérite d’offrir des expériences nouvelles à ses spectateurs. Maintenant que les Avengers les plus importants ont investi les salles, il est temps de passer aux membres moins connus, tout en arpentant un pan bien différent de cet univers foisonnant et passionnant issu des comics! Avec Doctor Strange, on va enfin découvrir le côté mystique du Marvel Cinematic Universe!

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Stephen Strange n’est donc pas l’un des personnages Marvel les plus connus, mais il possède une certaine aura due en grande partie au travail effectué par Steve Ditko et ses dimensions parallèles psychédéliques! Créé en 1963, le Docteur Strange va offrir une visualisation très particulière de l’univers, en incorporant notamment le concept de multivers. La multiplicité des dimensions et des temporalités va révéler une immense complexité, dans laquelle Stan Lee et Steve Ditko vont puiser pour créer des aventures pleines de magie et d’entités inconcevables. Et après s’être frotté à quelques éléments magiques avec l’univers d’Asgard, on atteint cette fois-ci un aspect bien plus mystique de ce monde mystérieux.

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Ce qui frappe de prime abord avec ce film, c’est l’aspect très épuré de son scénario. Là où l’on pouvait s’attendre à une accumulation de concepts philosophiques et de préceptes destinés à nous faire comprendre le fonctionnement de l’univers, on se retrouve finalement placés dans la même position qu’un Stephen Strange obtus et trop centré sur lui-même pour effleurer ce qui le dépasse. Du coup, les explications sont amenées de manière très directes et très simples! On ne va pas passer par des théories complexes, mais par des expériences qui sont le meilleur moyen de démontrer l’existence de possibilités inconnues dans notre monde! L’ego de Strange va en prendre un sacré coup, et on va assister à ses expérimentations avec un oeil à la fois amusé et impressionné!

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Car si le récit ne se perd pas en conjectures philosophiques, c’est parce que Marvel a choisi de plonger le spectateur directement dans les dimensions dont le film traite. Et à ce titre, on a vraiment l’impression à plusieurs moments de se retrouver dans des planches de Ditko et de ses successeurs! On a droit à quelques trips plutôt plaisants où Scott Derrickson parvient à rendre tangible cet aspect si ésotérique des comics du Sorcier Suprême, et il ne va pas s’arrêter là puisqu’il va aussi nous donner des séquences bien vertigineuses à la Inception, qui vont au choix dérouter le spectateur où le faire poursuivre ce trip. Pour ma part, je trouve que la réussite technique de ces séquences place paradoxalement une limite scénaristique, et que tout cet aspect virevoltant, qui est franchement beau, en devient malgré tout trop ébouriffant. L’aspect technique prend alors trop de place par rapport à l’aspect purement dramatique du récit, qui reprendra par la suite ses droits.

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Toute la phase de déconstruction de Stephen Strange, chirurgien émérite imbu de sa personne, va être menée avec une rapidité surprenante, et Benedict Cumberbatch va endosser le rôle avec sa classe et son talent habituels. A l’instar d’un Robert Downey Jr. qui joue un autre personnage à l’ego surdimensionné, Cumberbatch livre une prestation fidèle à son habitude, tout en rendant justice au sorcier. A ses côtés, Chiwetel Ejiofor s’avère très solide dans le rôle de Mordo, et Tilda Swinton joue de manière efficace un Ancien devenu femme pour les besoins du métrage. Madds Mikkelsen rend justice à son personnage de Kaecilius, qui fonctionne bien mieux qu’un Malekith dans Thor: le Monde des Ténèbres, pour citer un ennemi de nature similaire. Il aurait mérité un traitement encore plus poussé, mais en l’état, le personnage est intéressant.

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Rachel McAdams constitue le lien de Strange avec une certaine part d’humanité, Benedict Wong est bon dans le rôle de … Wong! Et Scott Adkins est malheureusement sous-exploité dans son simple statut d’homme de main de Kaecilius! Mais il y a de belles trouvailles scénaristiques qui vont permettre de pallier certaines lacunes, notamment avec la cape de Strange, qui est probablement l’un des éléments les plus réussis du film! L’Oeil d’Agamotto est aussi une belle transposition, et la fameuse maison de Greenwich Village est traitée avec beaucoup de soin aussi! Derrickson et son équipe ont apporté un vrai soin à l’élaboration de ce long métrage, et on sent un respect constant du matériau de base. A ce titre, la séquence de fin est franchement réussie, avec un combat bien étonnant se jouant à 2 niveaux. La prouesse technique va permettre de jouer avec la temporalité de manière impressionnante visuellement, et d’un autre côté on va encore se retrouver dans l’esprit old school du comics!

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Mais pour so premier film traitant du multivers, on aurait vraiment apprécié se balader davantage dans les dimensions parallèles! Hormis quelques incursions, le film va surtout nous donner à voir une réalité altérée par les pouvoirs des différents magiciens. On espère que les prochaines aventures du Doc soient plus généreuses en tourisme interdimensionnel! Doctor Strange n’est pas l’adaptation Marvel la plus prenante, mais est une ouverture intéressante pour cette Phase III. Il va falloir un certain temps avant de s’adapter à cette déferlante de magie, et on est en droit de préférer l’aspect plus terre-à-terre de certains films, voire l’atmosphère résolument urbaine des séries Netflix. Mais le film de Scott Derrickson a le mérite d’explorer quelque chose de nouveau, et de nous inviter à le suivre dans un spectacle parfois trop vertigineux, mais au final agréable à suivre.

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2 réponses à Doctor Strange (Scott Derrickson, 2016)

  1. Micka dit :

    Un très bon film fantastique, j’ai beaucoup apprécié le personnage et le côté dimension/temps, etc

    Et je ne parle pas de la critique qui résume parfaitement l’oeuvre !

  2. Wade Wilson dit :

    Merci! 🙂 Ca aurait pu aller plus loin quand même dans les voyages dimensionnels! ^^ Bon ils garderont ça pour les suites 😉

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