On commence l’année cinématographique par un polar urbain signé Brian Kirk, qui en est à son second long métrage après Middletown en 2006. Un rythme pas très soutenu donc, qui s’explique en partie par le fait que le metteur en scène irlandais travaille surtout du côté de la télévision. Il a notamment oeuvré sur des épisodes des Tudor, Brotherhood, Dexter, Luther, Game of Thrones ou encore Penny Dreadful. Ce Manhattan Lockdown (qui est le titre français, 21 Bridges étant le titre américain…) va offrir une petite récréation à Chadwick Boseman, qui s’émancipe un temps de l’univers cinématographique Marvel pour lequel il incarne l’emblématique Black Panther.
Le scénario est rédigé à 4 mains par Adam Mervis (Gladiators, un obscur film de combats style MMA) et Matthew Michael Carnahan, qui est un peu plus côté à Hollywood, ayant écrit ou co-écrit Le Royaume, Jeux de Pouvoirs, World War Z, Deepwater ou encore le prochain Dark Waters. A noter, Matthew Michael Carnahan est le frère de Joe Carnahan, à qui l’on doit des films aussi variés que Narc, Mi$e à Prix, L’Agence tout Risques ou Le Territoire des Loups. On sent donc un choix intéressant entre un auteur plus musclé et un autre travaillant davantage sur les arcanes du pouvoir. Ca tombe bien, Manhattan Lockdown va se pencher sur un mélange de ces 2 genres avec une intrigue dont le point de départ est originale.
Après un casse qui se termine en massacre, 2 voleurs vont tenter de quitter New York mais vont devoir faire face à un jeune flic bien déterminé à rendre justice. Andre Davis (Boseman) va demander au maire de boucler l’île de Manhattan sur laquelle se sont réfugiés les 2 voleurs, d’où le titre du film (21 Bridges en Anglais, car il y a 21 ponts permettant d’entrer ou de quitter l’île). Ce postulat de traque en territoire clos est plutôt enthousiasmant, et aurait pu apporter une belle originalité à un récit policier comme on en voit beaucoup. Mais au final, l’ensemble va rester relativement classique, et ne va pas prendre trop de risques dans son développement. L’aspect étouffant de la traque aurait gagné à être plus exacerbé, même si le rythme reste correct.
C’est également au niveau des personnages que l’on se rend compte qu’il manque quelques ingrédients supplémentaires pour apporter un vrai attachement et une tension plus prégnante. Je trouvais déjà que Chadwick Boseman manquait de charisme dans Black Panther, j’étais donc curieux de voir si cela correspondait simplement au personnage. Mais je trouve que son Andre Davis ne sort pas du lot des habituels flics que l’on croise dans ce genre de polars, simplement il fait le job pour que ça passe. A ses côtés, Sienna Miller (Layer Cake, Stardust, le Mystère de l’Etoile, G.I. Joe – le Réveil du Cobra) joue une flic jonglant avec son boulot et sa vie de famille, et dont la beauté ne va pas être mise en avant. On a l’incontournable J.K. Simmons (J. Jonah Jameson à l’époque de Sam Raimi, mais aussi à l’époque du MCU!!!), qui joue le flic qui en a vu passer et bien décidé à faire payer aux 2 braqueurs, ou encore Taylor Kitsch (Remy LeBeau dans X-Men Origins : Wolverine, John Carter, True Detective saison 3) dans le rôle bien bourrin d’un des 2 voleurs.
Et finalement, c’est le duo de bad guys qui s’avère le plus intéressant, avec également un Stephan James (Jesse Owens dans La Couleur de la Victoire) qui comme Taylor Kitsch apparaît très convaincant. On se retrouve pris dans un récit classique de braquage qui tourne mal, avec quelques faits étranges qui laissent à penser à un coup monté. Mais en est-ce vraiment un, et les corrélations possibles entre certains personnages sont-elles réelles? Sous le couvert du polar musclé (qui bénéficie d’une première séquence de gunfight plutôt efficace), on va se retrouver aux prises avec un film policier déroulant une enquête avec des éléments déjà vus un bon nombre de fois, et qui va simplement jouer avec ces codes pour essayer de nous y intéresser. En l’état, Manhattan Lockdown est un simple polar supplémentaire, qui ne brillera pas par son intelligence et son brio, mais qui se rangera dans la catégorie des bons films pas inoubliables. On est loin de l’aura d’un Criminal Squad, rythmé par une tension permanente et mené de main de maître par un Christian Gudegast sacrément inspiré! Manhattan Lockdown se laisse suivre agréablement, mais on devine assez rapidement les ficelles qui vont être tirées, et le propos n’est pas assez original pour prétendre convaincre davantage.
Mais il reste une ambiance travaillée, et ce jeu du chat et de la souris bénéficie d’une vision classique du flic incorruptible face à une bande de malfrats dépassée par les événements. Un bon divertissement, en attendant un polar plus bad-ass et qui approfondira la complexité de ses personnages et de son intrigue.