Apollo 11 (Todd Douglas Miller, 2019)

Présenté au Festival de Sundance en début d’année, Apollo 11 a immédiatement fait parler de lui, ce qui lui a ouvert de belles portes au niveau de la distribution à travers le monde. Le documentariste Todd Douglas Miller a eu accès à des milliers d’heures de données audio et vidéo, dont de très nombreuses inédites. Il a expliqué que la totalité de la mission Apollo 11 avait été filmée, et il a donc décortiqué toutes ces donnés pour concocter son oeuvre. Il a pioché dans de très nombreuses images 70 mm qui permettaient d’apporter un angle nouveau à cet événement historique, alors qu’elles prenaient la poussière depuis des décennies sur des étagères de la NASA!

Les premiers plans du film vont nous mettre face au gigantisme matériel nécessaire à cette mission, avec une immense machine à chenilles tractant une fusée encore plus impressionnante. Dès le début, on est pris dans une sorte de vertige quand à l’immensité physique des moyens mis en oeuvre, qui vont aller de pair avec l’immensité des lieux et des distances parcourus! C’est à un événement hors normes que l’on est convié, et nous allons le vivre au plus près de la réalité! Todd Douglas Miller propose une chronologie simple et très efficace : il va suivre le déroulement des événements sans interférer avec des interviews ou digressions qui ralentiraient le récit, et on va ressentir tout le suspense et l’intensité des différentes étapes de ce voyage incroyable!

Le compte à rebours initial avant le décollage prend franchement aux tripes, et le jargon scientifique souvent difficilement compréhensible va pourtant participer à cette intensité. Les plans traversant les différents bureaux de la mission spatiale démontrent à quel point cette aventure est celle de bien plus d’individus que les 3 qui vont prendre place à bord de la navette. Les images d’archives sont d’une très grande richesse, et on se retrouve dans cette fin des années 60 avec un mélange d’espoir naïf et de richesse technologique qui peut paraître désuète aujourd’hui! Mais en ce point de l’histoire, tout était encore possible, et on sent cette fébrilité et cette volonté d’innovation et d’exploration qui régnait en ces lieux, et aux alentours! Car les Américains se sont déplacés en masse pour suivre cet événement, et il y a quelques images qui renvoient directement au Woodstock de Michael Wadleigh, quand la caméra glisse sur la foule!

On va assister à toutes les étapes du voyage, du décollage à l’amerrissage de la capsule, en passant par la mise en orbite de la fusée, l’alunissage du module, la descente sur le sol désertique, le décollage pour rejoindre la fusée… Chaque étape va être crucialement scrutée par tous les ingénieurs et techniciens au sol, et la communication avec Apollo 11 est quasi-permanente. Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins sont partis seuls à 384 000 kilomètres de la Terre, mais ils avaient derrière eux toute une équipe qui les assistaient, et toute une nation et une planète qui avaient les yeux rivés vers la Lune! Le film se concentre beaucoup sur les liens entre l’équipage et les scientifiques à terre, mettant en avant la corrélation des 2 parties pour la réussite de cette mission.

Todd Douglas Miller nous fait découvrir des images somptueuses, certaines très poétiques, d’autres parfois plus difficiles à cerner. Mais le rendu intégral impressionne par sa densité et son impact émotionnel, car on assiste à un épisode historique vu de l’intérieur! On a accès aux caméras que portaient les astronautes, à celles qui étaient placées dans la navette, et à celles utilisées à l’intérieur du centre spatial. On vit pas à pas le déroulement des opérations, et le montage s’avère très prenant. Miller va a l’essentiel, effectue des coupes lorsque ça traîne un peu, et se concentre au final sur les étapes majeures de ce voyage spatial. On va suivre les différents comptes à rebours avec stress, et l’ajout de l’excellente musique de Matt Morton apporte quelques degrés supplémentaires à cette intensité! Etrangement, l’instant historique où Armstrong va poser le pied sur la Lune est présenté de manière brute, sans habillage sonore. Et cela lui confère au final un réalisme prenant, avec la fameuse phrase que tous les spectateurs attendaient ^^ Cette image d’un homme foulant un sol inconnu n’est pas forcément nette, mais cela rajoute au réalisme de cet instant capté sur le vif.

La partie patriotique qui s’ensuit est finalement la moins intéressante, avec le planter du drapeau américain (vu qu’ils y sont allé au nom de l’humanité, il aurait été de bon ton de créer un drapeau « humain » ^^) et l’appel du président des Etats-Unis qui communique directement avec les astronautes sur la Lune. Mais passé cet incontournable moment très « USA », le film relate une aventure incroyable et captivante, et il le fait avec un sens du rythme et une esthétique immersifs. Les 3 hommes sont revenus en héros, et leur aventure mérite d’être redécouverte!

 

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