Marvel’s Cloak & Dagger aura réussi là où Runaways avait lamentablement échoué fin d’année dernière-début de cette année, à savoir nous offrir une saison 2 qui garde le cap et qui conserve toute la complexité de ses protagonistes! Les 2 séries sont les outsiders des shows Marvel, avec une exposition médiatique bien moindre que les regrettées Daredevil ou Punisher, ou encore Marvel : les Agents du S.H.I.E.L.D.. Avec Runaways et Marvel’s Cloak & Dagger, on est dans du teenage drama teinté de fantastique, et le show de Joe Pokaski tire vraiment bien son épingle du jeu!
On retrouve donc Tandy Bowen et Tyrone Johnson après la découverte de leurs pouvoirs en saison 1, et ils sont encore en pleine phase d’apprentissage afin de maîtriser leurs dons respectifs. Tyrone va encore découvrir de belles particularités à son pouvoir d’ombre, tandis que Tandy va affûter sa gestion du pouvoir de lumière. Leur complémentarité est encore traitée cette année avec une belle subtilité, là où d’autres auraient vulgairement apposé des thématiques yin-yang bien délimitées, ou auraient joué avec l’opposition des pôles sans profondeur. On appréciera le temps passé à explorer ces nouvelles aptitudes, par deux adolescents en pleine transformation psychique et physique. Dans les comics, la Cape et l’Epée sont des super-héros établis, alors qu’ici, Tandy et Tyrone sont constamment en proie au doute quant à leur légitimité à agir, et à leur façon de réagir face aux situations. Et surtout, ils n’ont pas encore ce statut de héros, puisqu’ils n’utilisent pas encore leurs noms de code!
Tout comme pour Runaways, les scènes d’action ne sont pas au centre de cette série, ce qui ne pose finalement pas de problème insurmontable au vu du traitement très réaliste effectué par les scénaristes. Le ton est bien plus sombre que pour Runaways, puisque Tandy et Tyrone vont enquêter sur un réseau de prostitution de jeunes femmes. L’ensemble de la saison va offrir des variations de luminosité entre les personnages, tout en traitant du viol, du suicide, de la maltraitance… Des thématiques lourdes mais qui sont traitées avec une approche très sincère, sans effet tapageur mais au contraire avec une sorte de vision intimiste très intéressante. Les combats de Tandy et Tyrone vont constamment avoir des répercussions sur leur propre existence, et c’est en cela aussi qu’on remarque qu’ils en sont à leurs premiers pas super-héroïques. Ils ne possèdent pas l’expérience nécessaire pour prendre du recul par rapport à leurs missions, et ils plongent corps et âme dans leurs luttes.
Cette saison 2 est très intéressante dans l’approfondissement de la découverte de la Darkforce, cette dimension dans laquelle Tyrone peut faire basculer ses ennemis. Plusieurs épisodes vont s’y dérouler, faisant évoluer les personnages dans une sorte de cauchemar teinté de bribes de réalité, donnant lieu à des passages forts et symboliques. Un autre intérêt réside dans la culture vaudou, qui va permettre par le biais de la jeune Evita de consolider le pouvoir de Tyrone. Nous sommes à La Nouvelle-Orléans, et ça fait plaisir de sentir l’importance de cette culture pour le don de Ty, avec l’apport des loas et de symboles graphiquement forts.
Qui dit Nouvelle-Orléans dit musique, impossible de faire abstraction de cela! Et le choix d’opter pour un bad guy usant d’un pouvoir maléfique musical est une évidence pour le coup, et une belle réussite thématique également! Un homme capable de se nourrir du désespoir des gens, en entrant dans leur cerveau pour y puiser son combustible, c’est plutôt original, et là encore, ça va donner lieu à des séquences oniriques intéressantes. Et sinon, ça fait bien plaisir aussi de retrouver Brigid, la fliquette qui était restée en très mauvaise posture en fin de saison 1, et qui ouvrait sur une évolution du personnage assez dramatique! Emma Lahana gère toujours bien son personnage, en nous en dévoilant des aspects inédits! Aubrey Joseph et Olivia Holt s’avèrent toujours aussi efficaces dans les rôles de Tyrone et Tandy, et centralisent plus l’attention au détriment des seconds rôles. Le Père Delgado est par exemple totalement inutile…
On sent que Joe Pokaski ne voulait pas simplement mettre sur pied un énième show Marvel, mais qu’il avait l’envie de chercher une profondeur dans les personnages, de trouver des raisons crédibles à leurs motivations et surtout de les confronter à leurs failles et à leurs peurs. Son père pour Tandy, le fantôme de son frère pour Ty… L’aspect psychologique est prédominant dans cette série, au détriment de l’action, mais cette approche narrative fonctionne vraiment bien. On n’aurait pas été contre davantage d’exposition des pouvoirs, mais on sent qu’on est encore en pleine phase de montée, et que Pokaski prend son temps pour que Ty et Tandy prennent de l’assurance. En espérant qu’une saison 3 voit le jour 😉