Criminal Squad (Christian Gudegast, 2018)

Je ne suis vraiment pas fan de Gerard Butler, que je n’ai apprécié ni dans 300 ni dans Que Justice soit faite, par exemple. Mais si la bande-annonce de ce Criminal Squad ne semblait pas éviter les clichés, elle avait au moins le mérite d’être efficace, alors dans le doute, j’ai tenté. Christian Gudegast est un scénariste hollywoodien ayant rédigé les scripts d’Un Homme à part avec Vin Diesel, ou de La Chute de Londres, déjà avec Gerard Butler. Après une carrière en tant que metteur en scène de clips de rap, Criminal Squad (c’est le titre français, en VO il se nomme Den of Thieves) est son tout premier long métrage. Et il va clairement s’imposer comme un des polars les plus brillants de ces dernières années!

Je m’attendais à un film policier classique, avec l’opposition universelle des gentils flics contre les vilains braqueurs, mais on va rapidement être mis dans le bain bien sanglant où chaque camp utilise des méthodes aussi radicales. La caractérisation des personnages et sans concessions, avec une équipe de braqueurs et une escouade de flics tout aussi badass des 2 côtés. Gerard Butler est juste génial dans le rôle de ce flic bourru et violent, et mène ses troupes avec une énergie pas forcément toujours saine, mais qui lui permet de se faire obéir et respecter de manière constante. Butler trouve ici un rôle psychologiquement et physiquement très fort, et sa façon d’être constamment sur le fil est d’une précision impressionnante, tant dans son boulot que dans sa vie privée. Que ce soit lors des gunfights ou lors de séquences de dialogues, la tension reste palpable et on sent toute la colère qui gronde juste sous la surface et qui ne demande qu’à sortir.

Face à lui, le Canadien Pablo Schreiber (il est le demi-frère de Liev Schreiber, vous savez, le Dents-de-Sabre d’X-Men Origins: Wolverine), qui a joué dans Orange is the new Black, et que je ne connaissais pas du tout. Il s’avère tout aussi impressionnant que Butler en donnant une stature très dense à son personnage, et le choc de l’affrontement entre les 2 hommes et leurs 2 équipes est clairement tiré vers le haut grâce à ces interprétations puissantes. Les 2 acteurs posent une très belle intensité, et Christian Gudegast se révèle être un excellent directeur d’acteurs! Et comme il est également excellent dans l’écriture et dans la mise en scène, son Criminal Squad va tout logiquement s’imposer comme un polar nerveux à souhait et tendu à mort! Je ne m’attendais clairement pas à ce level, et ça fait vraiment plaisir d’être surpris par toutes les qualités de ce film!

Gudegast nous livre des gunfights qui n’ont rien à envier aux oeuvres du genre et qui sont bien marquantes, comme si on sentait chaque impact perforer la tôle, les vitres ou les membres. Il nous balance au coeur de l’action sans aucune concession, nous mettant face à l’implacabilité d’une lutte armée, avec la caractérisation violente d’une guérilla urbaine. C’est tout bonnement impressionnant, et ce ne sont pas les moments plus calmes qui vont détendre l’atmosphère. Car là encore, l’acuité de son écriture et son instinct de réalisateur vont créer des séquences bien tendues, et qui se passent même parfois de dialogues! Quand un réalisateur est capable de créer une scène d’opposition où chaque boss est persuadé d’avoir la plus grosse, sans dialogue et sans impact physique, ça envoie sacrément aussi! Gudegast nous livre un polar urbain ultra testostéroné qui emprunte quelques codes bienvenus aux westerns, et le résultat est étouffant à souhait!

L’action se déroule à Los Angeles et dans sa banlieue, et Gudegast a encore l’intelligence d’effectuer quelques rappels réguliers renvoyant à l’aspect tentaculaire des grandes métropoles, dans lesquelles des figures aussi têtes brûlées que Big « Nick » O’Brien (Butler) et Ray Merrimen (Schreiber) tentent de parvenir à leurs fins. Avec ces images d’une Los Angeles immense et foisonnante, Gudegast nous balance encore de quoi alimenter l’aspect tragique de ce récit. A l’échelle d’une ville, ce qui se passe entre les 2 hommes est si insignifiant… Mais chacun est résolu à réussir sa mission envers et contre tout, persuadé d’être dans son droit. Chacun pense qu’il n’y a pas de place pour l’autre, ce qui renvoie encore à un certain esprit western… Et comme O’Brien fait partie du bureau du shérif de LA, ça prend encore plus de sens… On a 50 Cent qui joue un bad guy avec une belle densité également, et fanchement tout le casting est très bon, de chaque côté de la justice, avec O’Shea Jackson Jr., Maurice Compte, Brian Van Holt, Evan Jones, Mo McRae ou Kaiwi Lyman!

Criminal Squad est clairement une superbe surprise, et je me répète, mais c’est un polar nerveux et sombre qui devrait vraiment s’imposer comme un putain de classique!!!

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