Il y a fort longtemps, je lisais l’excellent magazine Mad Movies, qui me permettait de découvrir des oeuvres atypiques tout en parcourant des articles teintés d’un humour ravageur. Mine de rien, pour moi qui lisait Première à une autre époque, ça faisait un choc de découvrir qu’on pouvait parler cinéma en traitant de la photographie, de la musique ou en interviewant des spécialistes des effets spéciaux et des scénaristes! Mad Movies traite spécifiquement du cinéma en s’en foutant du côté people, ce qui permet d’avoir des articles très approfondis et passionnants. Cela remonte donc à quelques années, même si entretemps je me suis procuré le Classic consacré à la saga Freddy, qui aurait dééjà mérité un article à l’époque. Qu’à cela ne tienne, je m’y penche aujourd’hui, avec ce hors-série dédié à Michael Myers.
Quasi-intégralement rédigé par Marc Toullec (Gilles Esposito gérera la dernière trilogie Halloween et Cédric Delelée l’article consacré à la musique), ce numéro est une petite pépite nous permettant de replonger dans cette saga légendaire avec ses hauts et ses bas, mais à travers laquelle la figure emblématique de The Shape aura traversé les décennies. Sous la plume de Toullec, on sent un vibrant hommage à une industrie nourrie par le principe de la démerde, comme en attestent les spécialistes des effets spéciaux, mais également commandée par des impératifs commerciaux, comme en attestent certains producteurs ^^ Prenant son point de départ sur la fin des années 70, cette saga va traverser les 80’s, 90’s, 00’s jusqu’à être encore présente dans les années 2010! Pour les connaisseurs, on pourrait penser que ce magazine n’apportera rien de bien neuf, et pourtant, il y a tellement d’éléments et de détails que l’on ne connaissait pas au préalable! Ce Mad Movie Classic est une véritable mine d’or, nous replongeant avec une bonne dose de nostalgie dans l’Histoire du film de genre avec un grand H, offrant un savoir impressionnant acquis par un véritable travail de recherche, le genre de boulot qui se rencontre davantage chez les enquêteurs que dans la presse soit-disant « spécialisée » ^^
Marc Toullec démarre donc les hostilités avec le chef-d’oeuvre de John Carpenter, La Nuit des Masques, qui même s’il n’est pas premier slasher de l’histoire (ce titre revient au poussif Black Christmas de Bob Clark), en est sans conteste l’un des plus illustres précurseurs. Toullec va nous raconter comme si on y était les différentes étapes précédant la mise en chantier de ce tout premier Halloween, qui aura eu son lot de réécritures et de rencontres avant de devenir effectif. Ce récit est tout simplement passionnant, et permet de découvrir les différentes inspirations ayant donné naissance à ce mythe qu’incarne Michael Myers. Sans trop spoiler, on découvre par exemple que l’idée du déroulement lors de la nuit d’Halloween vient du producteur Irwin Yablans. C’est lui aussi qui souhaite faire un film sur un tueur de baby-sitter, et qui va proposer son idée à John Carpenter, qui avec sa compagne Debra Hill, vont rédiger en une dizaine de jours la première version du scénario. C’est après cette première mouture que Yablans leur parle d’Halloween, et que le récit va prendre une tonalité plus fantastique avec le folklore de cette fête, et la figure fantomatique de The Shape…
Je ne vais pas vous faire l’inventaire des secrets et des révélations que contient ce numéro, mais il regorge de précieuses informations, et il prend le temps de traiter chaque segment horrifique avec un soin particulier, en replaçant chacun d’entre eux dans son époque et en nous replongeant donc dans une période définie. C’est un réel plaisir de découvrir comment Donald Pleasence est arrivé sur le projet par hasard, de comprendre comment chaque interprète de Michael s’est approprié le personnage, de suivre l’aura du croquemitaine à travers le temps et les yeux de Jamie Lee Curtis, de suivre le travail des maquilleurs, etc… C’est impossible de résumer en quelques paragraphes la richesse de ce numéro spécial, qui traite donc des 8 Halloween de la saga initiale, puis des 2 signés Rob Zombie, pour terminer avec la trilogie prenant la suite directe de La Nuit des Masques. En tout, on a donc 3 sagas s’étalant sur 5 décennies, et on doit cette longévité de Michael Myers à la sincérité et la passion de certains auteurs, même si d’autres ne voient en lui qu’un simple moyen de faire de l’argent… Avec plus ou moins de réussite selon les opus, Myers s’est imposé comme une figure incontournable de la culture bis et du cinéma horrifique, même si je serai moins tolérant que Gilles Esposito sur la trilogie de David Gordon Green…).
Pour les critiques de la saga initiale et du premier Zombie, ainsi que du premier Green, vous pouvez les retrouver par ici. En tout cas, si vous appréciez les films de genre et les histoires consacrées à la genèse de ses oeuvres, je ne peux que vous conseiller de vous procurer cet excellent numéro !