The Guest (Adam Wingard, 2014)

Après une poignée de films d’horreur expérimentaux (le sympathique et très crade Home Sick; l’intéressant trip sous acide Pop Skull et A horrible Way to die), Adam Wingard a mis en scène un drame sexuel, Autoerotic, avant de sortir de l’anonymat avec l’excellent You’re next (critique prochainement!), son premier gros succès. Il a ensuite enchaîné les films à sketches: 60 Seconds of Solitude in Year zero, V/H/S, The ABCs of Death et V/H/S 2, entrecoupés d’un autre drame sexuel, What fun we were having. En 2014, il réalise The Guest, qui est très probablement son film le plus abouti, et qui est une pure bombe cinématographique!!!

 

Quand David rend visite à la famille d’un soldat tombé au front avec qui il a servi, il va mettre en place un engrenage fatal dans lequel il va révéler tout son potentiel. Calme et charmant de prime abord, David cache une personnalité bien plus inquiétante, et ceux qui l’hébergent vont progressivement se rendre compte de sa vraie nature. On s’attend évidemment à un thriller classique avec l’ennemi s’introduisant sous le toit des bonnes gens, mais le schéma va littéralement être pulvérisé par Adam Wingard et le scénariste Simon Barrett! Les deux hommes ont bossé ensemble sur 8 films, et leur complicité n’est plus à prouver!

 

The Guest commence pourtant de manière très soft, avec l’arrivée de David chez les Peterson, qui vont tout d’abord être méfiants, avant de se laisser convaincre par sa gentillesse et sa discrétion. Mais dès lors qu’il est accepté par la famille, il va commencer à oeuvrer pour aider chacun de ses membres, et on peut dire que sa vision de la solidarité et de l’entraide est un poil plus poussée que celle du commun des mortels! Par exemple, il va venir en aide à Luke, l’adolescent timide et solitaire qui se fait constamment harceler au lycée. David va lui montrer que la meilleure manière est de répliquer, et il va lui prouver dans un accès de violence sauvage vraiment impressionnant lors d’une scène dans un bar, où le « héros » révèle toute sa diabolique intelligence!

 

David est venu rendre visite aux Peterson afin de leur dire à quel point leur fils les aimait, et il se sent investi de la mission de les aider. Mais les conséquences de cette aide vont être sanglantes et dramatiques, et les événements étranges vont se succéder autour de la famille. Dan Stevens est tout simplement incroyable dans le rôle de David! Sa ressemblance avec Ryan Gosling est frappante, et il n’a rien à envier à l’excellent acteur de Drive! Sa manière de passer du visage serein et détendu à la folie destructrice est véritablement impressionnante, et Dan Stevens mériterait vraiment d’être reconnu pour ce rôle complexe et dense!

 

La mise en scène de Wingard s’est solidifiée avec le temps, et ses premières expérimentations réussies ont laissé place à une solide maturité visuelle, qui caractérise ce film d’une manière ultra-personnelle. On est plongé dans une sorte de film dramatique intense, qui va peu à peu bifurquer vers le thriller hautement tendu, le tout baignant dans une atmosphère travaillée avec un soin extrême! Wingard réalise un putain de thriller aussi choquant que graphique, avec des séquences de combats bien trash, et The Guest figure parmi les films les plus explosifs de l’année! L’utilisation de la musique chez Wingard est très importante, et les morceaux utilisés dans le film sont excellents! L’habillage electro est d’une maîtrise aussi efficace que celle de Nicolas Winding Refn sur Drive, Wingard choisissant une tonalité très dark avec de sublimes morceaux comme The Magician de Mike Simonetti ou un remix de la chanson Antonio d’ Annie! Tout le travail sonore est traité avec le même soin que pour l’aspect visuel, et le film constitue un uppercut bien sévère!


 

Maika Monroe (que l’on verra dans le très attendu It follows) joue le rôle de la fille Peterson avec un mélange de fragilité et de détermination, et ses sentiments contradictoires envers David constituent l’un des éléments très intéressants du film. Le scénariste Simon Barrett a en fait rédigé un script qui va constamment jouer avec les apparences, et gratter ce qui se cache sous la politesse et la cordialité de chaque individu. David va être l’élément déclencheur des remises en question de plusieurs membres de la famille, et c’est justement parce qu’il parvient à les aider qu’il réussit à gagner leur confiance. Wingard gratte sous le vernis de respectabilité de l’Américain moyen, par le biais de ce soldat prêt à exploser à n’importe quel moment. La manière dont il justifie ses actes prend tout le monde au dépourvu, et sa confiance en lui n’a d’égale que son implacabilité!

The Guest est une vraie bombe, et il faut absolument le découvrir!!!

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