Le clip de la semaine : Mojo Sapiens – My Mojo

Mojo Sapiens, c’est la rencontre de 3 artistes issus de groupes précédents, pour former un combo unique mêlant avec subtilité blues et hip-hop, pour un résultat allant de l’introspection à la légèreté selon les morceaux et les clips. L’énergie de Mojo Sapiens tient à la conjonction des talents mis en présence, et on se retrouve propulsé dans un mélange de sonorités piochant dans diverses époques, et le voyage à travers les temporalités s’avère rapidement addictif! Il faut dire que la voix et le flow si reconnaissables d’Eli Finberg posent une empreinte très forte, lui qui oeuvre du côté de Goldencut avec une conviction similaire. Autre grand nom de la scène locale, celui de Victor Sbrovazzo, plus connu sous celui de Dirty Deep, puisqu’il est l’homme-orchestre nous livrant des morceaux comme Bottleneck. Pour compléter le trio, Cyprien Steck alias Leopard Da Vinci de Fat Badgers, qui achève de donner toute sa richesse à ce blues band désireux de rendre hommage à leurs illustre aînés, et qui le font avec une belle aisance!

Je vous laisse donc écouter My Mojo issu de leur EP A Fistful of Mojo, ce qui vous permettra de patienter avant la sortie de leur nouveau single prévu pour le 25 novembre, The Only One. Je vous invite à suivre leur actualité sur leur page FB juste ici, et à aller découvrir leur nouveau morceau dès sa sortie 😉

 

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Des Voix Sous la Cendre (2005)

Avec son diptyque consacré à Auschwitz (Le Magicien d’Auschwitz et Le Manuscrit de Birkenau), l’écrivain portugais J.R. Dos Santos nous plongeait dans le cauchemar irréel vécu par les victimes de la Shoah. A la base de ces 2 romans, il y a un élément primordial qu’il traite avec soin, et qui donne une certaine force à son second volume. Un élément peu connu de cette période sombre, et qui prouve le grand courage de certains hommes condamnés dans cet enfer, et qui ont dû oeuvrer à des besognes impensables. Cet élément rare et précieux, ce sont les rouleaux d’Auschwitz, des textes rédigés par des prisonniers, qu’ils ont enterré à divers endroits de leur dernier lieu d’existence…

J.R. Dos Santos évoquait à travers ses 2 écrits l’existence impensable et désespérante des membres du Sonderkommando, unité spéciale choisie pour un travail ô combien cruel et déréalisant. Leur histoire est restée longtemps secrète et sujette à de nombreuses interprétations, avec des à-priori souvent très négatifs. Même Primo Levi, dans sa méconnaissance des faits, les regroupe dans une caste d’individus bestiaux et immondes… Mais l’émergence de ces quelques textes sortis de terre va amener un regard nouveau sur ces prisonniers ayant participé à l’extinction de leur race bien malgré eux…

Rares sont les textes qui auront été au plus près du mal absolu ayant rongé l’Europe en ces temps sombres, et les témoignages recueillis par les survivants des camps ont paradoxalement une étincelle de vie qui vient non pas contredire les atrocités vécues par ces gens, mais qui ne permet pas d’explorer le mal dans ce qu’il a de plus fatal. Le témoignage des survivants apporte un éclairage fondamental et précieux, mais celui qui a vécu l’expérience de cette solution finale jusqu’au bout n’est plus en capacité de nous expliquer ce qu’il a pu ressentir, penser ou espérer. Le crime de masse perpétré par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale est probablement la pire atrocité faite à des êtres humains, condamnés arbitrairement à cause de leur race… Encore aujourd’hui, il est inconcevable qu’une telle machinerie de mort ait pu se mettre en place et que l’ensemble des rouages humains ait pu laisser faire une telle abomination… Mais la vérité, aussi indescriptible qu’elle puisse être, est sans appel, et prouve à quel point l’être humain peut se déshumaniser et déshumaniser autrui…

La Shoah est en soi inconcevable, mais elle est pourtant une réalité avec laquelle des hommes, des femmes et des enfants ont dû composer de manière quotidienne, avec des habitudes précises, des tâches spécifiques et cette peur permanente ancrée au ventre. Les privations, les exactions et les humiliations constantes sont un fait établi, mais que l’on ne peut pas cerner dans leur globalité, car elles procèdent d’une multitude d’individualités ayant chacune vécue cette expérience de mort de manière très personnelle. C’est pour cela qu’il est réellement difficile d’appréhender totalement ce qu’ont enduré ces populations jetées aux pieds de leurs bourreaux, dans une incompréhension totale de ce qui leur arrivait, et surtout en se posant une question lancinante et obsédante : pourquoi? Pourquoi chacun d’entre eux, qui vivait tranquillement son existence auparavant, se retrouve soudainement dans un ghetto, puis parqué dans un train, puis dans un camp si loin de son pays?

C’est entre 1945 et 1980, soit sur 5 décennies, qu’ont été retrouvé différents textes cachés sous les cendres du camp d’Auschwitz-Birkenau. Des textes fondamentaux rédigés par des hommes morts dans ce camp, qui voulaient apporter un témoignage de l’intérieur de ce qu’ils avaient vécu, et avec une crainte forte qui les tenaillait, celle que le monde ne comprenne pas ce qui s’était réellement passé. Pour les 5 hommes dont les écrits ont été exhumés, il y avait cette constante d’apporter un éclairage sur les conditions de vie et de détention, mais aussi sur les conditions atroces conduisant à la mort. Haïm Herman, Zalmen Gradowski, Lejb Langfus, Zalmen Lewental et Marcel Nadsari sont des témoins essentiels de l’horreur qui s’est déroulée à Auschwitz.

Plusieurs introductions sont nécessaires pour pouvoir appréhender les textes qui vont nous être présentés, en apportant des précisions sur l’existence des auteurs mais aussi sur leurs conditions de détention et de travail. Quelques traductions ont pu paraître au fil du temps, mais ces textes pourtant essentiels restent méconnus du grand public. Dans ce recueil publié en association avec le Mémorial de la Shoah, sont retranscrit les témoignages de Zalmen Gradowski, Lejb Langfus et Zalmen Lewental. Ces textes ont été retrouvés dans des gourdes ou des récipients en verre, et ont subi les outrages du temps et des intempéries. Celui de Gradowski a été retrouvé le 5 mars 1945, celui de Lewental le 17 octobre 1962, et celui de Langfus en avril 1945, mais il a été oublié jusqu’en octobre 1970. Un travail de restauration minutieux a dû être fait sur certains textes, dont les parties avaient été effacées ou qui avaient des pages manquantes. Chacun des auteurs va user d’une plume différente et va raconter à sa manière son expérience funeste.

Les textes de Zalmen Gradowski sont sans conteste les plus poignants, car l’homme possède un style littéraire remarquable et qu’il s’adresse directement au lecteur, l’enjoignant à le rejoindre dans cette expérience indescriptible, qu’il va pourtant tenter de relater au mieux. « [Viens] vers moi, toi, heureux citoyen du monde, qui habite le pays où existe encore bonheur, joie et plaisir, et je te raconterai comment les ignobles criminels modernes ont transformé le bonheur d’un peuple en malheur, changé sa joie en éternelle tristesse, détruit à jamais son plaisir de vivre. » C’est sur cette phrase qu’il entame son premier texte, et sa manière de s’adresser directement à nous va nous placer dans une position de témoin privilégié, ce qui peut s’avérer difficile à la lecture. Ce choix de s’adresser à un futur lecteur du monde libre est une manière pour l’auteur de s’extraire lui-même un instant  du monde atroce dans lequel il évolue, et de tenter de regarder les événements de plus haut que sa tragique position. A travers l’espace et le temps, il semble encore vivant en s’adressant à nous, partageant son existence avec un témoin du futur, et cette manière de nous tenir la main à travers cette évocation est chargée d’émotion.

Gradowski va nous raconter son périple ainsi que celui de sa famille, à travers le ghetto et le voyage en train, et il le fait avec une sorte de poésie funeste si belle et tragique, que ce texte ne peut que nous toucher en plein coeur. Sa vision d’une acuité sans pareille est doublée d’une sensibilité émouvante, et ce passage lors du transport en train laisse sans voix : « Sur le sol s’étend une blanche masse humide, de la neige qui pourrait maintenant réconforter les coeurs affaiblis, rafraîchir les corps défaillants! Apporter une parcelle de vie. Elle scintille vers nous, la blancheur qui porte en elle tant de vie; que de réconfort, que de bonheur dans cette masse blanche. Elle pourrait apporter maintenant un regain de vie dans les wagons morts. Cette masse blanche pourrait maintenant libérer les deux mille cinq cents personnes des griffes de la terrible mort par la soif. Cette masse blanche pourrait maintenant apporter un regain d’espoir et de courage dans des coeurs résignés : et qu’elle est proche de nous. Juste en face de toi. Elle scintille tant avec sa blancheur qu’elle nous provoque avec ses charmes. Que c’est effrayant. Il suffit d’ouvrir la fenêtre pour pouvoir l’atteindre de la main. On dirait que la masse blanche est maintenant douée d’un souffle de vie. Elle se soulève de son lit, elle veut se lever vers nous et s’approcher de nous. Elle voit que nous la pressons du regard. Elle sent que nous la désirons et soupirons après elle et elle veut nous apporter un réconfort, elle veut nous insuffler de la vie, mais le sinistre bandit est là avec sa baïonnette collée à l’épaule, qui répond par ce mot toujours aussi terrible : non ».

La manière dont Zalmen Gradowski parvient à sublimer les instants terribles qu’il a vécu et ceux qu’il est encore en train de vivre est exceptionnelle. Avoir le courage et la motivation de rédiger un témoignage, ce qui en soit est déjà strictement interdit, démontre une volonté allant puiser au-delà de son destin propre. Gradowski souhaite à tout prix laisser une trace de ce que lui et son peuple ont traversé, avec cette crainte que le monde ne croit jamais que cela ait pu exister. Il parvient à prendre une hauteur déconcertante en utilisant une prose poétique de toute beauté, afin de relater au plus juste ce qui est un cauchemar éveillé de chaque instant. Car ce que Zalmen Gradowski et ses compatriotes du Sonderkommando ont dû endurer dépasse l’entendement. Ce détachement spécial de prisonniers avait pour ordre d’accompagner les convois dans les chambres à gaz, de les aider à se déshabiller, et une fois exécutés, de sortir les corps et de les emmener aux fours crématoires afin de les bruler. Le Sonderkommando était chargé de la totalité du processus d’élimination du peuple juif, exécuté par des prisonniers eux-mêmes juifs donc. La douleur et le désespoir ont fait perdre la raison à plusieurs membres du Kommando, en ont conduit certains à devenir de véritables tyrans, mais la plupart a réussi à conserver son humanité malgré ce qu’ils vivaient chaque jour.

Ces textes essentiels nous apprennent comment ces hommes ont pu survivre tant physiquement que psychologiquement à ce traitement inhumain, et comment l’Homme est capable de s’habituer à tout. Face à une situation aussi déshumanisante, l’être s’affranchit presque de lui-même afin de ne pas subir le trop-plein émotionnel, et les gens se transformaient en automates effectuant leurs tâches comme détachés d’eux-mêmes. Le processus est à la fois terriblement choquant mais viscéralement salvateur, afin que ces hommes ne basculent pas dans la folie, même s’ils vivaient déjà dans le désespoir le plus total. Lejb Langfus relate les faits avec une vision plus distanciée, mais en faisant passer l’émotion au travers des gens qu’il laisse s’exprimer à travers ses écrits. Son travail de fossoyeur lui a donné le besoin de laisser s’exprimer les morts, dont il relate les paroles et les actes juste avant d’être emportés par le gaz. Lorsqu’il évoque un convoi de 3000 femmes emmenées aux chambres : « Elles regardaient nos visages pour voir si nous compatissions. L’un de nous se tenait à l’écart et observait le profond abîme de détresse de ces êtres torturés sans défense. Il n’a pu se dominer davantage et a éclaté en sanglots. Une jeune fille s’écrie : Ah! J’aurai vécu assez pour voir avant ma mort une expression de pitié, une larme versée sur notre horrible sort, ici ,dans ce camp d’assassins où l’on martyrise, frappe, torture et tue, où se voient des atrocités et des injustices, où l’on devient insensible et sans réaction aux plus grands malheurs, où meurt tout sentiment humain, où un frère ou une soeur tombe devant tes yeux sans être accompagné du moindre gémissement. Se trouverait-il encore un homme qui se soucierait de notre profond malheur, qui exprimerait sa compassion par des larmes? »

Les notes de Zalmen Lewental quant à elles sont rédigées dans un style plus simple, une succession d’événements malheureusement souvent tronqués, et dont les éditeurs ont parfois tenté de combler les vides. Mais Zalmen Gradowski quant à lui a encore rédigé Au Coeur de l’Enfer, dont un extrait est publié ici, et dans lequel il va raconter l’ensemble du processus de mise à mort, dans son style si particulier qu’il donne un sens quasi-mythologique à ce qu’il relate. On ressent tout le poids de ce mal indicible et toute cette perdition d’un peuple condamné pour le seul fait de ne pas appartenir à la « race des vainqueurs »… La beauté de son écriture se conjugue si habilement avec l’horreur qu’il décrit, qu’on est transporté dans cette autre époque, cet enfer d’un autre monde, et que l’on assiste, aussi impuissant que Gradowski a pu l’être, à l’acharnement d’un peuple à en détruire un autre… La lecture de ce texte n’est pas facile, mais selon moi, il devrait être lu dans les écoles et par tout un chacun, afin de se rappeler comment l’être humain est capable de devenir la bête immonde qu’il a été dans les années 40…

S’ensuivent diverses études de textes qui s’avèrent intéressantes en permettant d’analyser plus en profondeur les écrits de ces 3 auteurs, ainsi qu’une interview d’un survivant du Sonderkommando, qui elle aussi vaut le coup d’être lue. Yakov Gabbay a traversé cette période noire avec un aplomb extraordinaire, lui qui a toujours réussi à rester positif et à se motiver à survivre. Son témoignage impressionne : « Les premiers jours, c’était terrible et horrible. Mais je me suis dit : Tu n’as pas le droit de perdre la tête. Je savais qu’à partir de maintenant je devrais voir ces scènes jour après jour, c’était notre travail et nous devions nous y habituer. Un travail dur, mais on s’habitue. » La force de caractère dont il a fait preuve, ainsi que la chance de passer entre les mailles des différentes sélections, lui aura permis de sortir vivant d’Auschwitz.

Des Voix sous la Cendre est un condensé de divers textes, essais, études topographiques, témoignages et autres analyses, mais l’essentiel est sans conteste les textes rédigés par Zalmen Gradowski, qui vont au-delà de sa propre expérience personnelle pour offrir un regard embrassant l’entièreté de son peuple. A aucun moment il ne se détourne de son devoir de mémoire, ni de son propre sentiment de culpabilité, et au travers de cette évocation de la mort, il comprend pourquoi on peut encore s’attacher à vivre, ne serait-ce que quelques jours, quelques heures ou quelques minutes de plus. Ses écrits ne laissent pas indifférents, et constituent l’un des plus précieux témoignages de l’Histoire.

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Le Sourire de Jackrabbit (Joe R. Lansdale, 2018)

Joe R. Lansdale est sans conteste mon auteur préféré, ce bon vieux Texan parvenant à instiller une bonne dose de réel dans ses romans toujours hauts en couleur. Le bonhomme a été chercheur d’or, fermier, plombier ou encore charpentier, et fait partie de ces individus bien complets à l’aise autant avec les mots qu’avec des outils! A travers son oeuvre, on ressent constamment la dure réalité de l’East Texas, et dans des atmosphères toujours travaillées, il nous fait rencontrer des personnages au verbe coloré et aux actes étonnants!

Le Sourire de Jackrabbit est le 20ème roman que je lis de cet écrivain compulsif, et il poursuit les aventures déjantées du duo Hap et Leonard, 2 Texans pur jus à qui on ne la fait pas. Les romans de cette série sont parmi les meilleurs bouquins que j’ai pu lire, et je me surprend à chaque fois à rire tout seul sans pouvoir me retenir ^^ Bon, ça, c’était jusqu’à ce dernier bouquin… Parce que la différence est significative, et ce Sourire de Jackrabbit m’en a à peine fait esquisser 2 ou 3 sur la totalité du livre… On sent un manque d’inspiration assez évident et une baisse de régime très visible, tant au niveau de l’humour que dans le récit, qui recyclent tous 2 des éléments déjà vus auparavant. En principe, je me force à reposer le bouquin pour ne pas le lire trop vite, là c’était l’inverse, j’ai dû me forcer pour enfin réussir à le terminer…

Hap et Leonard qui doivent retrouver une jeune fille disparue, ça a déjà été vu dans Tape-Cul ou Honky Tonk Samourai, et il ne va vraiment rien y avoir de neuf dans cette nouvelle recherche de disparue. On sent presque les personnages s’assagir sous la plume de Lansdale, alors qu’on adore les voir bastonner du Ku Klux Klan, des rednecks ou des bikers dès que l’occasion se présente. Bon, Hap et Leonard vont encore avoir droit à quelques rencontres désagréables, mais le ton est moins percutant et les situations offrent un sentiment de déjà vu… Joe R. Lansdale aurait-il effectué le tour complet de son inspiration?? J’espère que non, mais le résultat avec cet ouvrage est sacrément décevant.

Hap et Brett se sont enfin mariés, mais leur fête est interrompue par une mère et son fils à la recherche de leur fille/soeur. Un duo bien raciste qui va donc avoir du mal à se dire qu’ils vont embaucher Leonard pour enquêter… L’entrée en matière est intéressante, avec ce défi entre Leonard et le bouseux, mais on sait pertinemment qu’ils vont accepter de l’engager afin de retrouver Jackrabbit… Déjà, on sent un suspense qui n’en est pas vraiment un, et un premier aspect artificiel pointe à l’horizon…

Mais c’est l’ensemble de l’enquête qui va tourner en roue libre en semblant singer plusieurs séries télé, à commencer par Banshee, avec un bad guy ressemblant quand même fortement à Kai Proctor. En plus, il s’appelle le Professeur, ce qui évoque directement La Casa de Papel. Et on a encore quelques références à Breaking Bad, avec les personnages des jumeaux par exemple. A intervalle régulier, on sent donc des emprunts à la culture populaire, là où Joe R. Lansdale créait tranquillement sa propre culture populaire. C’est également cet aspect qui ajoute à la déception de ce roman, car on ne sent pas l’inspiration initiale traversant les aventures d’Hap et Leonard.

Pareil pour le style, qui s’avère bien plus plat et convenu qu’à l’accoutumée, ce qui fait quand même mal pour un auteur de cet acabit… Il reste néanmoins quelques légères traces de son style habituel disséminées par-ci par-là, comme ici : « Elle n’avait pas de maquillage, pas même de rouge à lèvres ou un trait d’eye-liner. D’après certaines idées religieuses, les questions de coiffure et de maquillage mettaient Dieu et Jésus dans tous leurs états, alors qu’ils étaient incapables d’arrêter une guerre ou d’éradiquer une maladie. Je me dis qu’il y avait peut-être un truc qui clochait dans les priorités de Dieu. »

Plus le bouquin avance, moins on s’intéresse à la résolution de l’enquête, et les personnages rencontrés obéissent à certains poncifs alors que d’habitude, Lansdale nous dévoile une galerie savoureuse de Texans pur jus. On survole ce roman sans vraiment y sombrer, et on arrive au bout avec une sensation d’amertume, en espérant que le prochain (The Elephant of Surprise), remette un coup de fouet au duo! Et mention spéciale aux couvertures, qui depuis maintenant 3 romans en version poche, sont signées Joann Sfar (l’auteur de Petit Vampire), et qui sont tout simplement dégueulasses.

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Black Panther : Wakanda Forever (Ryan Coogler, 2022)

4 ans après Black Panther, Ryan Coogler est parvenu à nous livrer ce Black Panther : Wakanda Forever qui a la lourde tâche de donner des réponses suite à un événement tragique. La disparition de l’acteur Chadwick Boseman en 2020, alors qu’il était à peine auréolé du succès du premier opus, a modifié la totalité des plans initialement prévus, et fait de cette suite une oeuvre imprégnée par une certaine dose de réalisme. Ryan Coogler et son co-scénariste Joe Robert Cole ont dû intégrer la mort de l’acteur dans l’univers Marvel, en lui rendant hommage à travers la mort fictive du roi T’Challa. Cette double lecture se fera avec une certaine émotion et une belle volonté intimiste, autant que cela peut s’effectuer dans un blockbuster de cette envergure. L’exercice peut s’avérer périlleux, mais le traitement choisi fonctionne avec finesse.

Le premier Black Panther offrait une histoire relativement simple avec un héros qui n’avait pas autant de charisme que lors de ses apparitions dans Captain America : Civil War, Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame, cet état de fait étant dû au fait de placer sa relation amoureuse avec Nakia comme un élément central. Sans être aussi catastrophique que le traitement du couple de Thor : Love and Thunder, cela ôtait néanmoins un certain impact à la puissance de roi  T’Challa, avec ses hésitations sentimentales qui venaient plomber le récit. Aujourd’hui, on entre dans une oeuvre bien plus triste, dans laquelle prédominent les notions de deuil et d’héritage… Et après des mois à se coltiner des séries Marvel toutes plus minables les unes que les autres avec leur humour bas de plafond, en plus du Thor cité juste avant, ce film avec davantage de gravité et de sérieux apporte un contrepoint salvateur, en traitant un triste impératif imposé par le réel avec respect.

La mémoire de T’Challa, et par extension celle de Chadwick Boseman, traverse le film à travers des instants sincères, permettant à ce Black Panther : Wakanda Forever de se construire dans une direction très différente de celle prévue, mais en gardant un certain cap. La nation wakandaise a perdu son souverain, et différentes nations n’hésitent pas à profiter de cette faiblesse pour tenter de récupérer le secret du vibranium, ce fameux métal rare enfoui dans le sol de l’état africain. Mais il semblerait qu’un autre gisement existe ailleurs, ce qui pourrait bien créer de nouvelles tensions internationales… Ce concept de l’exploitation du minerai apporte une belle dimension aux enjeux géopolitiques majeurs, et est couplé avec l’apparition d’une race jusqu’ici méconnue, les Talokan. Si ce nom ne dit rien aux fans de Marvel, c’est tout à fait normal, car le studio a opté pour une stratégie d’adaptation puisque en 2018, du côté de la Distinguée Concurrence, Aquaman avait déjà fait sortir de l’eau les Atlantes. Cette race existant aussi dans les comics Marvel, Kevin Feige a décidé, afin d’éviter toute confusion, de ne pas utiliser le mythe d’Atlantis, mais de le transformer en se basant sur Tlalocan, issu de la mythologie aztèque. Par contre, le souverain de ce royaume sous-marin n’a pas perdu son nom, puisque il répond toujours à celui de Namor! C’est donc la première fois que le personnage créé par Bill Everett en avril 1939 est adapté en live!

C’est l’acteur mexicain Tenoch Huerta qui a la lourde tâche de porter le personnage sur ses épaules, et il donne une belle épaisseur et un certain charisme à cette transposition en mode aztèque. Il offre une prestation digne et une certaine aura à Namor, ce qui est suffisamment notable au vu du caractère emblématique du personnage, avec un background intéressant dévoilé en flash-back. La dualité et l’ambivalence du personnage fonctionnent bien, et on se retrouve avec un homme qui pourrait bien se révéler très dangereux. La caractérisation des Talokan est bien rendue, avec leur peau bleue et leur cité sous-marine, ce qui fait presque sourire en renvoyant indirectement au futur Avatar : la Voie de l’Eau ^^ Le traitement de la mythologie apporte une solidité à l’ensemble, et on se retrouve avec un nouveau pan de l’univers Marvel qui est traité efficacement.

Letitia Wright reprend son rôle de Shuri avec un mélange de force et d’émotions, et elle porte le film de manière efficace. A ses côtés, on accueille la nouvelle venue Riri Williams, qui a donc les honneurs du grand écran avant sa série Ironheart en 2023. Ses affinités avec Shuri sont intéressantes et elle amène un autre regard très technologique, dans un Wakanda pourtant pas en reste dans ce domaine. Il y a une certaine fluidité dans ce récit s’étalant pourtant sur 2h41, et malgré quelques longueurs, on suit cette séquelle avec attention et intérêt. Black Panther : Wakanda Forever est un brin au-dessus de son prédécesseur, grâce à la qualité de ses enjeux et à une certaine finesse de traitement, qui fait que l’on se retrouve face à un blockbuster efficace et avec ce petit supplément d’âme qui fait du bien. On est certes pas dans un film inoubliable, mais il remplit son office avec soin, et vient espère-t-on clore les chapitres trop niais ayant précédé…

Visuellement, le film offre une belle bouffée d’air frais technologique, entre la beauté de l’univers sous-marin, une certaine vision épique lors des batailles entre armées, et certaines armes bien high-tech. Ce mélange entre tradition africaine et avancées techno est l’un des aspects qui fonctionne le plus dans le film, et cela fait plaisir de voir que les acteurs parviennent à donner vie à ce monde fantastique de manière réaliste. Black Panther : Wakanda Forever est un chapitre du MCU ouvrant sur de nouveaux possibles enthousiasmants, qui sans être un film hors norme, parvient à nous maintenir dans son sillage sans peine.

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Les news de la semaine : Le plein de Marvel, encore…

Si Agatha : Coven of Chaos est sans doute l’un des produits en développement le moins attractif du côté de Marvel, il pourrait y avoir un regain d’intérêt avec l’annonce de la participation d’Aubrey Plaza! Celle qui brillait dans la superbe série Legion (dans le rôle de Lenny) sera présente dans ce spin-off de l’atroce WandaVision, ce qui aura au moins le mérite de faire lever un sourcil et de s’intéresser un minimum à la chose!

 

Et comme WandaVision a eu un succès critique incompréhensible, un autre spin-off va être créé autour de la figure de Vision, récemment ressuscité dans la saison 1. Paul Bettany reprendra le rôle du synthézoïde. La machine Marvel semble désormais inarrêtable…

 

Et sinon, on avait évoqué récemment la future série Wonder Man, on apprend cette semaine que c’est l’excellent acteur Yahya Abdul-Mateen II qui incarnera Simon Williams! Un changement majeur pour le perso avec un acteur noir pour incarner le super-héros blanc, mais comme pour Nick Fury, quand le talent est là, c’est le genre de modification qui ne gêne pas ^^

 

Si le Vendredi 13 de Marcus Nispel était une bouse sans nom, on a toujours un soupçon d’intérêt lorsqu’on entend parler d’une nouvelle adaptation. Cette fois-ci, c’est la chaîne Peacock qui refait parler du boogeyman, même si c’est un poil plus compliqué que ça… Le scénariste Victor Miller, qui avait co-rédigé le premier Vendredi 13 avec Ron Kurz, n’avait pas apprécié que Jason Voorhees soit devenu le tueur central de la saga, ce qui plaisait davantage à Sean S. Cunnigham, le metteur en scène du premier volet, à qui appartiennent les droits de Jason adulte (avec le masque de hockey et tout donc). C’est Bryan Fuller, showrunner de la série Hannibal, qui sera chargé du développement de cette Crystal Lake, laquelle se déroulera avant les événements du premier film. Il n’y aura donc pas de Jason adulte, mais probablement une Pamela Voorhees déchaînée ^^ Bon, le seul truc qui calme, c’est que Peacock nous a déjà bien massacré Chucky avec son remake foutraque progressiste… Espérons que Crystal Lake ne tombera pas dans le même piège!

 

The Last of Us, c’est pour très bientôt !!! On savait que la série avait été décalée à 2023, mais finalement ce sera relativement tôt dans l’année, puisqu’elle est annoncée au 15 janvier !!! On va donc bientôt pouvoir retourner dans le monde apocalyptique aux côtés d’Ellie et Joel ! Allez, une petite affiche bien sympa pour patienter!

 

 

 

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