X-Men: le Commencement (Matthew Vaughn, 2011)

Les craintes que l’on pouvait avoir à l’annonce de cette préquelle se sont changées en impatience après la tombée de la première bande-annonce du film. Ce qui apparaissait comme une nouvelle tentative lucrative semblait finalement bien plus ambitieux, et les personnes impliquées le prouvaient bien. Ashley Miller et Zack Stentz sont 2 scénaristes déjà responsables de l’excellent Thor; Matthew Vaughn a l’habitude d’écrire ses films avec Jane Goldman; et en se basant sur une histoire de Sheldon Turner et Bryan Singer, les 4 scénaristes ont entre les mains un récit potentiellement fort! Dommage que Singer n’ait pas poussé l’implication à reprendre les commandes de la franchise…

On va commencer par l’élément qui atténue légèrement la portée du film, à savoir la mise en scène de Matthew Vaughn. On se souvient de l’ampleur apportée par Singer sur les 2 premiers opus, et il faut bien avouer qu’elle fait parfois défaut dans X-Men: le Commencement, notamment dans les scènes d’action dont l’impact s’en trouve amoindri. La comparaison entre son intro et celle du 1er X-Men va nettement à l’avantage de Singer par exemple, l’aspect déchirant de la scène étant magnifié par une réalisation parfaite.

Mais s’il ne parvient pas à égaler Singer, Vaughn se montre tout de même généreux et nous plonge en pleine uchronie avec des mutants qui prennent part à la Guerre Froide. Cette idée absolument géniale de reconsidérer l’Histoire s’avère en plus très crédible, mettant pour la 1ère fois face-à-face 2 factions mutantes. L’ère Kennedy, la crise des missiles de Cuba, la tension entre les deux blocs… La période est parfaite pour l’émergence d’une nouvelle race qui cristallisera les peurs et les doutes d’un monde en plein changement. Charles Xavier et Erik Lensherr vont se rencontrer et s’allier face à la menace que représente Sebastian Shaw. Mais il y a tellement plus à dire que ce simple résumé!

La force d’X-Men: le Commencement réside dans la complexité et la justesse de son récit, qui va réunir une multitude de personnages en les faisant coexister de manière subtile. Bien sûr, certains sont lésés, mais leur potentiel et leurs actions n’en sont pas moins importants. La multiplication des mutants nous offre des personnages inconnus, souvent secondaires dans les comics et qui méritent pourtant leur place sur grand écran. La composition de l’équipe initiale a été modifiée par rapport aux épisodes de Stan Lee et Jack Kirby, et ces changements sont salutaires (et nécessaires pour coller avec la trilogie), car ils suscitent l’attente et offrent des surprises réjouissantes pour les fans.

L’intelligence de ce film réside dans sa conception, qui s’intéresse à la fois au lecteur de comics mais également au spectateur qui n’y connaît rien. Le film se suffit à lui-même et constitue de ce fait un divertissement très solide; mais la dissémination de détails et de références ne pourra que combler le fan de Marvel! Tout en déroulant un récit exemplaire dans sa construction, les scénaristes insèrent des éléments discrets et finalement géniaux qui taperont dans l’oeil des connaisseurs, et cela augmente d’autant plus le plaisir à la vision de ce film!

Michael Fassbender est tout simplement génial dans la peau d’Eric Lensherr, et sublime le personnage en se démarquant de la prestation déjà géniale d’Ian McKellen. Sa douleur et sa force de caractère sont très bien rendues par Fassbender, qui livre une composition d’une justesse et d’une humanité étonnante. C’est simple, Erik est le personnage le plus captivant du film, grâce à une ambivalence totalement ressentie par l’acteur. A côté, Charles Xavier fait un peu pâle figure, même si James McAvoy donne une consistance certaine au personnage. Mais la lutte intérieure d’Erik est tellement plus intense…

Sebastian Shaw mérite aussi des éloges, rendu d’autant plus fort par l’interprétation sans faille de ce bon vieux Kevin Bacon, qui fait d’un vilain secondaire un personnage très dangereux et une figure du Mal ultime. Il fallait trouver un acteur charismatique capable de rivaliser avec l’aura naissante de Magneto, et le face-à-face entre les deux hommes est puissant!

Et quel plaisir de voir des héros tels qu’Havok ou le Hurleur prendre vie sur grand écran, grâce à des interprètes vraiment impliqués! Les interactions entre les personnages sont traitées avec beaucoup de soin, et la cohérence avec la trilogie est parfaite. J’ai découvert des mutants comme Darwin et Riptide, et c’est intéressant de voir comment ils sont placés parmi des figures plus connues. Cette coexistence n’est pas forcément aisée, mais est à l’image de ce que raconte le film: la lutte pour la survie dans un monde qui les craint! Une réussite qui va certainement ouvrir la voie à d’autres films au vu des résultats aux box-office, et c’est bien mérité!

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