6 ans que l’on était sans nouvelles du capitaine Victor Coste. La dernière fois qu’on l’avait aperçu, c’était dans l’excellent Surtensions qui ne l’avait pas épargné. Depuis, il s’est laissé glisser vers l’oubli loin de la SDPJ du 93, et a troqué le béton de la banlieue contre la grandeur des éléments, dans une sorte de pénitence le voyant reclus à l’autre bout du monde. Coste s’est enfui à Saint-Pierre-et-Miquelon, logeant dans une maison au bord de l’abîme, l’image collant à merveille avec la culpabilité qui le ronge. Mais s’il s’est exilé loin des siens, il n’en a pas fini pour autant avec son boulot. Parce que la maison au bord du gouffre est ultra-sécurisée, et qu’il va y accueillir quelqu’un qu’il ne connaît pas, mais qui va avoir un sacré impact sur son existence cloîtrée…
Après Entre deux Mondes, Surface et Impact, quel plaisir d’enfin retrouver Victor Coste! Olivier Norek avait bouclé une excellente trilogie avec Code 93, Territoires et Surtensions, et il ajoute cette année un chapitre supplémentaire au destin du flic taciturne. Le changement de décor est surprenant, mais Coste ne parvenant pas à se fuir lui-même, on le retrouve aux prises avec ses démons qui ne le lâchent pas… On entre à nouveau dans sa vie, faite de solitude et de parenthèses particulières, et on découvre un quotidien bien éloigné de ce qu’il vivait auparavant. On va peu à peu remonter le fil des événements, parce que 6 ans ça fait loin et qu’on ne se rappelle pas forcément tout. On va également en apprendre davantage sur son existence sur cette île, et sur le combat qu’il mène. Olivier Norek n’a pas son pareil pour brosser le portrait de son flic fétiche, et on ressent une certaine émotion à se retrouver à nouveau face à lui.
Si Coste a tout fait pour laisser son passé et ses propres émotions derrière lui, on va lui imposer la présence d’une personne qui va avoir de profondes répercussions sur ses sentiments et sur sa capacité de gestion, et l’être froid qu’il est devenu va peu à peu voir sa carapace se fendre. Mais en même temps que cette carapace, c’est également sa capacité d’absorption des émotions qui risque d’arriver à saturation… Norek distille avec talent les éléments qui vont infléchir la vie de Coste, et qui vont remettre en question sa façon de vivre en autarcie. Derrière le bloc monolithique se cache encore l’homme qu’il était autrefois, et c’est dans ses failles qu’il va se révéler…
Je ne peux évidemment pas vous raconter de quoi il retourne, car l’effet serait forcément amoindri par ces révélations, mais Dans les Brumes de Capelans est une fois encore une très belle réussite pour l’auteur, qui nous guide vers une histoire que l’on pourrait croire très simple et universelle, et qui va pourtant gagner en complexité avec une aisance déconcertante. On se dit qu’on est en terrain balisé, et Norek va triturer le récit de telle manière qu’il va pouvoir nous surprendre avec la solidité et la fluidité de ce qu’il nous met entre les mains, et on saute d’un chapitre à l’autre sans se rendre compte que l’on tourne les pages! La construction des personnages, l’alchimie avec les lieux, la facilité déconcertante avec laquelle il nous perd… On est pris dans la tourmente de cette histoire difficile, et on tombe avec Coste au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête, qui va pousser son personnage principal dans ses derniers retranchements. Norek ne compte pas épargner son flic cette fois encore, et le délice de l’enquête n’a d’égal que la richesse des personnages.
Plusieurs éléments me donnent à penser que Norek a regardé la série Banshee! ^^ C’est assez diffus, mais ça donne l’impression en tout cas 😉 C’est vraiment dommage que je ne puisse pas vous donner davantage d’informations sur ce qui se passe dans cet excellent roman, parce qu’il y a vraiment beaucoup de très belles choses! Mais vous savez ce qu’on dit, on ne va pas divulgâcher ^^