Tous les 10 ans, on a eu droit à un reboot des 4 Fantastiques… En 2005, on a eu Les 4 Fantastiques de Tim Story, suivi 2 ans plus tard des 4 Fantastiques et du Surfer d’Argent; en 2015, on a eu Les 4 Fantastiques de Josh Trank; et en 2025, on a donc logiquement ce nouveau film signé Matt Shakman. Et si on remonte dans le temps, il ne faut surtout pas oublier Les 4 Fantastiques d’Oley Sassone datant de 1994! Mais aujourd’hui, Les 4 Fantastiques : Premiers Pas a une mission d’envergure, puisqu’il est l’oeuvre inaugurale de la toute nouvelle Phase VI, et s’inscrit comme le 37ème film du MCU. Cette Phase VI va mener à Avengers : Doomsday et Avengers : Secret Wars, et ce plan sur plusieurs films rappelle la belle époque de la mise en place des différentes phases pour arriver à la confrontation finale avec Thanos…
Mais le film de Matt Shakman possède sa propre personnalité et sa propre vision, grâce à cette idée à la fois originale et tellement évidente consistant à rendre hommage à la période de l’âge d’or des comics. En situant le métrage dans l’Univers 828 (en lien avec la date de naissance de Jack Kirby, le 28 août), il se permet de se la jouer What If… et d’offrir une aventure se déroulant dans les années 60, avec tout ce que cela implique en terme de décors, de vêtements, de coupes de cheveux, de moustaches et d’atmosphère! Il y a un charme délicieusement rétro dans ce film de SF, qui ne se contente pas juste de respecter une esthétique old school, mais qui intègre intelligemment les codes de l’époque au niveau de son écriture. On sent un hommage sincère à la vision plus naïve des auteurs de l’époque, avec notamment de nombreux plans sur les habitants de la ville renvoyant aux nombreuses cases de comics qui décrivaient les réactions des gens lors des combats de super-héros dans les années 60. Josh Friedman, Eric Pearson et Jeff Kaplan proposent une adaptation sur laquelle planent les esprits de Stan Lee et Jack Kirby, les co-créateurs des personnages, et on ressent une nostalgie palpable pour cette époque où l’ensemble du bestiaire Marvel était en pleine construction.
Le casting s’avère vraiment à l’aise dans cet univers et apporte une véritable cohésion à la première super-équipe Marvel. Pedro Pascal gère le personnage de Reed Richards en parvenant à bien retranscrire ce qui fait la force de son personnage, à savoir son intellect supérieur, tout en faisant comprendre que cette particularité peut le faire passer pour quelqu’un de froid et calculateur. L’alchimie avec Vanessa Kirby (dont le nom la prédestinait à jouer dans le MCU) fonctionne d’une très belle manière, et elle apporte une bonne dose de force féminine et de ténacité, tout en offrant de véritables moments d’émotion. La tendresse et le réalisme du couple Reed-Sue s’avère très réussie, en renvoyant là encore aux premiers comics Marvel, tout en fonctionnant encore avec les standards actuels. Autour d’eux gravitent Johnny Storm joué par Joseph Quinn, et Ben Grimm joué par Ebon Moss-Bachrach. Joseph Quinn apporte lui aussi une certaine fraîcheur à sson personnage, dont on sent qu’il est un séducteur mais qui n’en fait pas non plus trop de ce côté-là, et qui apporte aussi une caution émotionelle à cette famille. Ebon Moss-Bachrach n’en est pas à son premier rôle dans le MCU, puisqu’il jouait Micro dans la saison 1 de The Punisher! Sa façon d’appréhender le rôle de Ben est également très réussie, car on a aussi l’impression de suivre le gars de Yancy Street comme dans les comics, avec sa force, sa gentillesse et sa vulnérabilité. Les petites altercations et vannes que Ben et Johnny se font sortent aussi tout droit des cases des années 60, et le tout est très bien retranscrit.
Entre la Fantasticar bien stylée qui rappelle la première Batmobile, le Baxter Building a l’architecture rétro, le lancement de leur fusée inspirée par les missions Apollo, et les émissions télévisées au charme désuet, on se prend vraiment au jeu de ce film rétro-futuriste, qui au-delà de son aspect nostalgique, offre de vrais moments cosmiques et grandioses. Entre l’apparition de Shalla-Bal (j’ai quand même du mal avec l’abandon de Norrin Radd!), l’exploration spatiale, le gigantisme de Galactus, on a droit à des séquences d’action très réussies visuellement, et qui ne misent pas uniquement sur l’aspect graphique, mais qui sont renforcées par des éléments émotionnels forts. On pense notamment à la parentalité de Sue et Reed, avec le petit Franklin qui est un élément important de l’histoire, et qui recentre une fois encore le film sur des valeurs familiales fortes et sincères.
Alors que Superman est un désastre artistique total pour le lancement du DCU, Marvel réussit clairement le virage opéré par la Phase VI, et on espère que les pires dérives des Phases IV et V sont définitivement derrière nous!!!