Alien: Covenant (Ridley Scott, 2017)

En 2012, Ridley Scott nous livrait une préquelle à la saga culte Alien avec un Prometheus qui dénaturait totalement le mythe, et qui s’inscrivait comme il pouvait dans la continuité en oubliant juste de montrer sa vilaine bébête. On se disait qu’avec Alien: Covenant, Scott réparerait cette erreur, mais cette suite de Prometheus, même si elle inclut enfin des éléments de la saga Alien, s’avère tout aussi poussive et inintéressante que le film de 2012…

Qu’est-ce que cherche à prouver Ridley Scott? La question reste un mystère, tant il se plaît à fracasser lui-même le mythe qu’il a créé en 1979 avec le séminal Alien – le 8ème Passager. On peut affirmer qu’il a créé un genre à l’époque, ce premier opus restant encore aujourd’hui l’un des meilleurs films se déroulant dans l’espace, grâce à une mise en scène inventive, un scénario prenant et des personnages forts, Ripley en tête bien évidemment. Quand on voit Katherine Waterston en héroïne d’Alien: Covenant, on ne peut que regretter Sigourney Weaver… L’actrice vue dans Les Animaux fantastiques est très loin d’avoir le charisme de Sigourney Weaver, et son personnage est d’une banalité confondante. D’ailleurs, le reste de l’équipage ne sauvera pas la mise, avec des stéréotypes tellement énormes que ça en devient gênant. On se croirait revenu dans les années 90… Même Danny McBride, l’éternel Rico du mythique Hot Rod, ne parvient pas à s’en sortir avec son personnage de Tennessee.

Il y a un réel problème dans l’écriture des personnages, avec des choix incompréhensibles… Le personnage incarné par Billy Crudup, Oram, devient le commandant du vaisseau Covenant, et il a des réactions tellement exagérées qu’on se demande quel est l’intérêt d’aller dans cette direction. L’aspect émotionnel des personnages est traité avec un manque d’empathie flagrant, et on va simplement assister à une tentative de survie face à quelques vilaines bébêtes anecdotiques… Les scènes d’action sont traitées avec la même conviction que les personnages, et on assiste à des moments incompréhensibles, comme lorsque Daniels (Katherine Waterston) se retrouve accrochée avec un filin pendant que le pilote perd le contrôle de la navette. Le degré émotionnel est à zéro, et c’est tellement exagéré que ça perd tout intérêt. Et quand on a un oeuf géant d’origine inconnue qui s’ouvre, on se doute bien qu’il ne faut pas mettre sa tête dedans, non? Non?? Les mecs sont censés être des scientifiques chevronnés… Bon, on aura quand même droit à quelques brefs instants horrifiques, dont un qui est presque totalement réussi, si seulement Scott avait osé aller jusqu’au bout de son idée…

Mais le pire dans ce film, c’est son aspect pompeux et présomptueux, Sir Ridley Scott souhaitant apporter une dimension auteurisante à une série de films de genre, ce qui était pourtant déjà suffisant. On sent dès le début cette volonté de s’inscrire dans un écrin culturel, car Scott nous balance direct des références dans le domaine de la peinture, de la sculpture et de la musique. Pourquoi chercher absolument à placer son Alien dans une continuité artistique de cette manière, alors qu’il se suffit à lui-même? Cela amène au personnage de David, qui est probablement le pire rôle de Michael Fassbender à ce jour, et qui va desservir tout ce qu’aurait pu être ce film. On va avoir droit à des séquences tellement hallucinantes, comme celle de la flûte, qui sont typiques de cette volonté auteurisante et qui s’avère tellement inutiles… En gros, tout ce qui faisait que Prometheus était un ratage intégral, se retrouve bien dans cet Alien: Covenant… Si vous vous attendez à un film de la trempe d’Alien – le 8ème Passager, Aliens – le Retour, Alien 3 ou Alien, la Résurrection, préparez-vous surtout à voir un Prometheus 2…

On a pourtant de brefs instants intéressants, avec quelques créatures xénomorphes qui vont nous contenter quelques minutes. Mais passé cela, c’est un vide intersidéral, ce qui est paradoxal quand on sait que c’est Ridley Scott lui-même qui est derrière la caméra. D’ailleurs, la mise en scène est bien loin de celle qu’il utilisait en 1979… Je suis bien heureux que ce ne soit pas lui qui ait réalisé la suite de son chef-d’oeuvre Blade Runner! Et si vous avez envie en ce moment de voir un film du type Alien, n’hésitez pas et choisissez Life: Origine inconnue, qui offre un scénario bien plus inventif, une mise en scène beaucoup plus immersive et un casting plus fourni! Bon, ça m’a bien donné envie de revoir Alien vs. Predator tout ça, je suis presque sûr que c’est mieux!

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