La Dame en noir (James Watkins, 2012)

Comme dirait le célèbre MC, it’s Hammer time! Célèbre pour ses films d’horreur et ses monstres désormais classiques (Dracula, le monstre de Frankenstein, le Loup-Garou…), le studio Hammer a laissé une empreinte indélébile dans le monde du cinéma (aah, la trilogie Quatermass!) avant de décliner dans les années 70. 40 ans après, la machine diabolique est relancée, et James Watkins a le privilège de tourner le 4ème long métrage de la renaissance du studio, tout en offrant à ce dernier son premier succès pour cette nouvelle époque.

 

Après son éprouvant Eden Lake, le britannique Watkins enrôle Harry Potter dans un film d’horreur gothique délicieusement classique, remettant au goût du jour une angoisse insidieuse totalement maîtrisée. Si l’histoire n’a rien de surprenant en soi, c’est dans son traitement que réside tout l’intérêt de cette nouvelle adaptation du roman de Susan Hill. Après le survival oppressant à souhait, Watkins se métamorphose en réalisateur d’horreur des années 50-60 pour donner vie à un rêve macabre à souhait, Harry PArthur Kipps plongeant dans un monde ténébreux et dangereux. Dans ce petit village perdu du Nord de l’Angleterre, dans cette immense demeure abandonnée isolée dans les marais, Kipps va rapidement sentir une présence inquiétante…

Watkins manie à merveille son récit, posant immédiatement la personnalité de son personnage principal, et l’intégrant rapidement dans cette atmosphère délétère d’une fin de XIXème angoissée par ses superstitions. Le passé de Kipps va entrer en résonance avec les événements funestes du village, et il va découvrir le passé de cette maison qui semble renfermer une présence de plus en plus maléfique… La gradation angoissante opérée par Watkins est parfaite, celui-ci parvenant par touches successives à faire évoluer sans heurts une peur d’abord latente, qui va prendre peu à peu corps, grâce à des bruits sourds tout d’abord, un souffle qui pourrait être le vent, une silhouette lointaine qui se rapproche… Encore une fois, La Dame en noir propose un récit tout à fait classique, mais que Watkins transcende par une mise en scène de haut niveau.

Daniel Radcliffe prouve, après un peu trop d’Harry Potter, qu’il n’est pas seulement un enfant-acteur continuant grâce à la célèbre saga, mais qu’il possède un véritable potentiel dans ce métier. La justesse de son personnage est probablement aidée par une direction d’acteur très forte (Kelly Reilly était excellente dans Eden Lake), mais il laisse filtrer des émotions retenues à travers un regard qui se veut sûr, et dans lequel se devinent ses difficultés. A ses côtés, Ciaran Hinds (César forever!!!) est très bon dans le rôle d’un villageois aisé, qui n’a pas non plus été épargné par les drames…

La Dame en noir est un film véritablement surprenant, nous plongeant avec plaisir dans une histoire conventionnelle faite d’apparitions, et qui parvient pourtant à nous maintenir en haleine et à nous faire flipper! Et ça, c’est plutôt une qualité qui se fait rare dans le cinéma fantastique!

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