Bon, si vous n’avez pas vu la série, je vous conseille de ne pas lire cette critique, car ça va spoiler à mort! Comme le show est diffusé depuis un moment, il y a des révélations qui sont connues depuis des semaines, donc on ne va pas prendre de gants et on va traiter de la globalité de la série en parlant aussi des moments-choc et de leur impact sur la suite. Donc vous êtes prévenus, SPOIL SPOIL SPOIL!!! ^^
Après avoir fait le ménage en mettant un terme à toutes les séries chez Netflix, la Fox, Hulu et Freeform, Marvel Studios se retrouve seul en position de créer des shows télévisés, et va en profiter pour les lier totalement avec leurs oeuvres cinématographiques. WandaVision est la première série nouvelle génération, et prend des acteurs présents dans les films Avengers pour explorer des pans de leur existence personnelle. On retrouve donc Elizabeth Olsen et Paul Bettany, eux qui ont participé à des blockbusters comme Avengers: Infinity War, et la frontière entre le cinéma et la télévision n’existe désormais plus! Là où on était constamment déçu par ces éternelles promesses de liens entre les 2 médias lors de Marvel : les Agents du S.H.I.E.L.D. par exemple, qui mis à part un pauvre caméo de Samuel L. Jackson dans le tout premier épisode, a toujours refusé de se rapprocher de l’univers cinématographique, cette fois-ci, ça y est, on a un MCU capable de coexister sur le grand et le petit écran avec de vraies interactions entre ses personnages et ses intrigues!
Il faut dire que le timing est parfait pour Disney, qui a explosé les compteurs d’abonnés avec sa plateforme Disney+, rattrapant en un an son plus sérieux concurrent, Netflix. Avec 95 millions d’abonnement vendus, le PDG Bob Chapek est content et peut compter sur les fans (pardon, les consommateurs) pour venir augmenter les rangs dans les années à venir. La crise du coronavirus, en obligeant les populations à rester chez elles, a considérablement changé la donne dans la manière d’accéder aux oeuvres, et a entériné un processus que Chapek semblait avoir dans les tuyaux depuis un moment, avec une priorité à Disney+ et l’abandon progressif des diffusions en salle. Mais ça, c’est une autre histoire, je vais éviter d’en parler aujourd’hui, vous pouvez toujours aller faire un tour ici pour davantage d’infos.
OK donc on a une série centrée sur Wanda Maximoff et Vision, mais comment cela est-il possible, puisque Vision a trouvé la mort dans Avengers : Infinity War? Les auteurs assurent que WandaVision prend place après les événements d’Avengers : Endgame, donc Vision est bel et bien mort depuis des années! Ce parti-pris a de quoi intriguer, et on est en effet curieux de savoir ce qui se trame dans cette série! On pense bien évidemment à House of M, le crossover comics où Wanda avait pété les plombs et éradiqué la population mutante d’une simple phrase! L’esthétique sitcom choisie pour développer le show avait aussi de quoi interpeller, et on se demandait bien dans quel délire télévisuel on allait être embarqué, et surtout avec quelles répercussions pour la suite des événements…
On commence donc avec 3 épisodes totalement en mode sitcom, nous baladant dans les années 50, 60 et 70 avec un vrai sens créatif visuel. On se retrouve projeté dans des univers semblables à Ma Sorcière bien-aimée notamment, et cela se révèle très réussi sur le plan esthétique, avec des coiffures, des costumes et des décors fidèles aux matériaux d’origine. Mais quitte à aller dans une veine comique old school, autant le faire avec un humour qui serait drôle, non? Parce qu’en l’état, on ne fait que subir une succession de saynètes totalement poussives dont on se demande si elles ont bénéficié de l’aide de scénaristes, tant cela est d’une vacuité abyssale… On subit donc ces 3 premiers épisodes avec pour seule consolation le fait qu’ils ne durent qu’entre 24 et 30 minutes chacun, mais jamais ça n’a été aussi long une demi-heure…
L’épisode 4 va enfin opérer un changement de point de vue salvateur, avec ce qui se passe au-delà de Westview, et de la bulle crée par Wanda. On retrouve un schéma plus classique de Marvel avec des militaires postés autour du dôme et qui tentent d’entrer en contact avec Wanda, et on découvre une Monica Rambeau de retour sur Terre. Il faut dire que l’intro de l’épisode de sa réapparition est excellente, puisque 5 ans après le Snap fatidique de Thanos, on a tous les êtres effacés qui reviennent à la vie. Cette séquence s’avère très bien travaillée et est digne de ce qu’on pourrait voir sur grand écran. Mais le personnage de Monica n’aura pas réellement de chances de briller par la suite, si ce n’est lors d’une belle séquence de transformation, lorsqu’elle acquiert ses pouvoirs en traversant le dôme. On n’en saura pas beaucoup plus sur elle, puisqu’elle n’a pas encore de nom de code (Captain Marvel? Photon? Pulsar? Spectrum?). Ca, ce sera certainement pour Captain Marvel 2.
WandaVision reprend rapidement son rythme lancinant en continuant sur sa lancée d’hommages aux sitcoms, puisant dans les années 80, 90, 2000, et si c’est toujours aussi bien fait visuellement, c’est d’un ennui terrible au niveau du récit… Un peu comme cette saison d’American Horror Story qui se proposait de revisiter le slasher, et qui sous couvert de réussite graphique, ne pouvait pas compenser l’absence de fond de son histoire… On est donc pris en otage à travers ces différentes sitcoms, un peu comme les habitants de Westview le sont eux aussi… On a droit à quelques bouffées d’air frais lorsqu’on sort du dôme, mais au final, les personnages « réels » s’avèrent aussi caricaturaux qu’à l’intérieur du dôme… Le commandant Hayward est un monolithe, le Jimmy Woo échapé d’Ant-Man et la Guêpe et la Darcy Lewis héritée de Thor sont certainement parmi les persos les plus dispensables de tout le MCU… Alors quand certains parlent de faire une série sur eux, il y a de quoi flipper…
Il y a très peu d’éléments auxquels se raccrocher dans WandaVision, et le plus cruel dans tout cela, c’est que quand on en a un réellement bon, il est balancé à la poubelle comme le dernier des malpropres… Je parle bien évidemment de Pietro!!! On sait que le frère de Wanda, Pietro Maximoff, est mort dans Avengers : l’Ere d’Ultron, et qu’il avait les traits d’Aaron Taylor-Johnson. Alors quand on a Pietro qui vient sonner à la porte de Wanda, et que c’est l’acteur Evan Peters qui le joue, ça fait l’effet d’une bombe atomique!!! Evan Peters incarnait en effet le Mutant ultra-rapide dans la saga X-Men (X-Men : Days of future Past par exemple), et avec le rachat de la Fox par Disney, on était alors en droit de croire via cette scène qu’un lien avait enfin été créé avec la réalité des X-Men, ce qui s’avérait juste génial!!! C’est certainement la plus grande idée de WandaVision, qui n’en a déjà pas beaucoup, et il ne s’agit en fait que d’un vulgaire leurre…
Des déceptions de ce calibre, il y en aura plusieurs, avec notamment les effets d’annonce qui font croire à la venue de personnages importants, et qui ne mènent finalement à rien. WandaVision est une série basée sur ces effets d’annonce, et dont seuls quelques fragments d’épisodes s’avèrent intéressants, mais il faut pour cela supporter de regarder l’ensemble du show. L’idée du rôle final d’Agnès est pas mal foutu, même si elle est insupportable dans la majorité de ses apparitions préalables. Le choix de son nom, Agnès, est une belle trouvaille, puisqu’elle contient les germes d’AGatha harkNESs, ^^). Après, si son histoire n’est pas inintéressante, elle n’est pas non plus transcendante, un peu comme une autre sorcière du MCU interprétée par Elizabeth Hurley dans Runaways. La bataille finale de Vision s’avère plus intéressante que celle de son épouse…
Tout ça pour dire que respecter des codes esthétiques ne suffit pas à faire une bonne série, et chercher l’originalité à tout prix n’évite pas de devoir élaborer un scénario solide… Arrivés à la fin de WandaVision, on ressent un immense « Tout ça pour ça?? », et on espère que Le Faucon et le Soldat de l’Hiver sera plus fiable…