Les news de la semaine : Hégémonie

Les annulations successives de quasiment toutes les séries Marvel (voir ici) soulevaient des questions, et la réponse est arrivée cette semaine : la division Marvel Television est en train d’être dissoute, et va être absorbée au sein de Marvel Studios. L’ère des séries déconnectées du MCU est terminée, et il ne restera pratiquement plus que les shows qui s’intercaleront entre les productions pour le grand écran, comme The Falcon & the Winter Soldier ou WandaVision. Pour l’heure, la seule survivante est Helstrom, car son état de production était avancé, mais gageons qu’elle n’est qu’en sursis et qu’elle ne sera pas renouvelée pour une saison 2 (ou pire, qu’elle ne nous livrera qu’un pilote).

La main-mise de Kevin Feige sur l’ensemble de la licence Marvel est de plus en plus hégémonique, et passe donc par les morts de très nombreux héros télévisés : Daredevil, le Punisher, Tandy Bowen et Tyrone Johnson, Légion, la bande des Runaways (dont l’ultime saison a été mise en ligne hier)… Il y avait de nombreuses séries intéressantes parmi tout cela, et ça ressemble à un beau gâchis de personnages… Mais avant tout, cela implique également une forte restructuration au niveau des effectifs, et donc à une très importante vague de licenciement au sein de Marvel…

Toutes les futures séries Marvel risquent donc de bien se ressembler, ne bénéficiant plus de toute cette diversité de réseaux et de créatifs qui permettaient de brosser des univers vivant en parallèle, même à l’époque de la Fox. On assiste donc à une prise de contrôle qui risque encore d’enfermer davantage les processus créatifs et les prises de risque. Quand on voit le travail hallucinant de Noah Hawley sur Legion, on craint vraiment qu’une telle folie visuelle ne soit plus de mise dans les années à venir…

 

On va en profiter pour glisser une image du prochain show WandaVision, qui baigne dans une ambiance très 50’s, puisque Wanda et la Vision partent vivre en banlieue en cherchant le Rêve Américain!

 

on va terminer par quelque chose de plus optimiste, avec ce moment bien touchant à NXT, grâce à Angel Garza!

 

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6 Underground (Michael Bay,2019)

Michael Bay a enfin délaissé ses Transformers, et revient à la catégorie film d’action survitaminé avec une équipe bad-ass (au choix, il y a eu Bad Boys, Rock, 13 Hours…), et ça fait du bien! L’intro du film est sacrément jouissive et met la barre très haut, avec ses surdécoupages et ses ralentis extrêmes, qui sont gérés au millimètre afin de donner un vrai aspect décoiffant à cette course-poursuite complètement délirante! Les scénaristes Paul Wernick et Rhett Reese, de bons potes à Wade depuis Deadpool et Deadpool 2, retrouvent logiquement ce bon vieux Ryan pour agrémenter le tout de dialogues référentiels et de vannes bien envoyées. On sent que Reynolds se fait plaisir dans un registre éprouvé dont il maîtrise lui aussi les partitions, et cet accord avec Michael Bay est des plus intéressants!

On a une équipe dont les membres ne connaissent ni la vie privée ni même le nom des autres, communiquant en s’appelant uniquement par leur numéro de code. Ca rappelle les codes couleurs de Reservoir Dogs, mais en nettement plus délirant au final! Ryan Reynolds est One, le leader à l’origine de la création de cette équipe de têtes brûlées, dont les missions undercover consistent à buter des bad guys de très haute envergure, prenant le relais de gouvernements qui laissent perdurer des situations chaotiques. Si leurs missions sont des plus sérieuses, leurs personnalités explosives vont laisser libre cours à un humour qui défouraille tout autant que leurs flingues!

Michael Bay semble en pleine forme, et nous livre un film qui multiplie les plans hyper-travaillés baignant dans une image très lumineuse, signée Bojan Bazelli. Le directeur de la photo monténégrin a notamment travaillé sur The King of New York, Body Snatchers, l’Invasion continue ou encore A Cure for Life, pour souligner ses belles capacités. Sous la direction de Bay, l’ensemble prend des airs de tour de manège testostéroné à mort, et le récit va faire des allers-retours temporels et géographiques qui donnent le tournis! Le ton humoristique mis en place dès le départ va perdurer tout au long du métrage, mais va se permettre quelques digressions plus sérieuses et dramatiques. Ce sont justement ces saillies psychologiques qui vont freiner le film dans son élan, comme si les scénaristes avaient eu peur d’aller au bout de leur délire pyrotechnique en enclenchant quelques données plus personnelles concernant les héros. C’est un choix mitigé qui selon moi dessert le film, car la tonalité de leur humour se marie finalement mal avec ces velléités introspectives.

Ce que promettait l’ouverture, c’est un immense spectacle bien régressif et jouissif dans lequel on fait tout péter et on dézingue à toute berzingue, sans se prendre la tête avec un quelconque réalisme. La suite nous donnera encore pas mal de scènes bien explosives qui iront dans ce sens, mais le film ne parvient pas à maintenir l’excellent niveau du départ sur toute la longueur. C’est dans le caractère totalement barré qu’il est le meilleur, et on a des impacts bien violents et inédits lors de toutes les poursuites et fusillades où les bad guys prennent sacrément cher! Du sang, de la tripaille, un globe oculaire, un homme sans tête, il y a de quoi prendre son pied niveau carnage pour les adeptes ^^ Et Michael Bay nous offre une lisibilité dans les scènes d’action qui fait plaisir à voir dans le paysage cinématographique américain! On est loin de la perfection d’un The Raid hein, faut pas abuser non plus!

Côté casting, on a donc un Ryan Reynolds qui se complaît dans le rôle du commandant boute-en-train, et il a une équipe de choc : Mélanie Laurent n’a rien à envier à Atomic Blonde, Manuel Garcia-Rulfo (Sicario : la Guerre des Cartels) est un tueur impitoyable et bourru, Ben Hardy (Angel dans X-Men : Apocalypse, ou Roger Taylor dans Bohemian Rhapsody) est un adepte du Parkour sacrément doué, Adria Arjona (True Detective saison 2), The Belko Experiment, Triple Frontière) est une médecin capable d’opérer en pleine course-poursuite, Dave Franco (Insaisissables 2, Nerve) est le Baby Driver du groupe, et Corey Hawkins (24 : Legacy) est un ancien Delta Force qui va venir prêter main-forte à la team.

Michael Bay nous livre un spectacle bien bad-ass, même s’il aurait gagné à être plus concentré et à moins se perdre dans les argumentations psychologiques, qui ne sont pas les parties les plus réussies… On a un matériau de base des plus explosifs, et on va suivre les aventures bien rudes de ces mercenaires à travers le monde, bien déterminés à endiguer le mal de la manière la plus directe possible! On a en tout cas une belle maîtrise picturale et scénique de la part de Michael Bay, et on plonge dans ce film avec le regard du gamin qui découvrait Piège de Cristal à la grande époque… Là encore, on est loin de la même réussite au final, mais on passe un plutôt bon moment aux côtés de ces grandes gueules qui aiment jouer à la guerre!

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Le (2ème) clip de la semaine : Skáld – Ó Valhalla

Un groupe lorrain qui fait de la musique viking en chantant en vieux Norrois, est-ce que ça prend? Oui carrément!!! Skáld a été tout juste fondé en 2018, et a rapidement rencontré le succès avec ses compositions envoûtantes et très originales! Il y a tout d’abord les chants, d’un côté très guttural avec Pierrick Valence et Mattjö Haussy, et lyrique avec Justine Galmiche, et qui s’avèrent réellement impressionnants par leurs maîtrises et leurs densités! Viennent ensuite l’utilisation d’instruments anciens tels des tambours chamaniques, une lyre, un talharpa (une lyre qui se joue à l’archet), un nyckelharpa (une sorte de vièle), et beaucoup d’autres que l’on a clairement pas l’habitude d’entendre sur scène!

Le résultat est une musique réellement profonde, habitée par un esprit viking des plus envoûtants. La tradition viking étant principalement orale, le groupe a dû créer des textes en partant des Eddas, les deux seuls recueils de poésie scaldique existants, rédigés au 13ème siècle en Islande. « Skáld » signifie poète en vieux Norrois, et le groupe lorrain nous invite à un voyage dans un autre monde qu’ils gèrent d’une manière impressionnante!!! Je vous invite à découvrir l’excellent Ó Valhalla lors de leur prestation au Hellfest cette année, ça va vous donner quelques frissons!!!

 

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Black Christmas (Sophia Takal, 2019)

En 1974 sortait Black Christmas, dont l’aura culte relève surtout d’un bon timing, puisqu’il est considéré comme le tout premier slasher. Le film de Bob Clark allait ouvrir la voie à tous les Halloween, Vendredi 13, Freddy et autres boogeymen qui égaieraient les cauchemars adolescents des années 70 et 80! Le verbe anglais « to slash » signifie couper ou taillader, et renvoie donc à l’arme principale du tueur dans cette catégorie de films, qui envoie ses victimes ad patres avec des objets tranchants, très souvent un couteau. On avait bien évidemment déjà les gialli italiens dans lesquels un mystérieux tueur s’en prenait à diverses victimes féminines, comme dans le classique Six Femmes pour l’Assassin de Mario Bava, avec son meurtrier masqué et son arme contondante, symbole phallique s’il en est.

Mais le Black Christmas de Clark ne possède pas l’aspect très théâtralisé des gialli, qui sont un sous-genre à part entière, et verse donc dans ce qui deviendra par la suite connu comme le slasher. Sa réputation est très largement surfaite, car il possède un rythme extrêmement lent, et mis à part quelques effets stylistiques novateurs comme les plans subjectifs (on sent que l’intro a été très inspirante pour John Carpenter dans son ouverture de La Nuit des Masques), on s’ennuie vraiment beaucoup dans cette histoire tellement terne… En 2006, un autre Black Christmas débarque, cette fois-ci dû aux bons soins de Glen Morgan, scénariste sur X Files : aux Frontières du Réel, qui va tenter d’apporter une dimension plus psychologique aux agissements du tueur. C’est sûr que dans celui de 1974, on s’en foutait complètement de savoir d’où venaient ces meurtres… Mais cette réappropriation n’est pas des plus heureuses, et le film s’avère tout aussi « ennuyeux » que son prédécesseur… La « marque » Black Christmas claque juste par son titre du coup…

Et voici que débarque cette nouvelle itération, qui va donc tenter de capitaliser sur l’aura du film initial (celui de 2006 est clairement passé à la trappe depuis). On prend un point de départ similaire, à savoir une sororité étudiante dont les membres vont être attaquées par un mystérieux tueur, et on va greffer une belle touche de modernité en emballant le tout dans un esprit #metoo des plus opportunistes… La vague qui a emmené Harvey Weinstein et les salopards dans son genre est une ouverture salvatrice et essentielle dans le monde culturel, mais le revers artistique qu’on se prend depuis démontre bien à quel point l’industrie hollywoodienne adore s’empêtrer dans des clichés indigestes… A ce titre, je vous invite à lire cet article intéressant d’Ecran Large, qui questionne justement cette légitimité du girl power dans les films récents.

Le vrai problème n’est pas dans le féminisme, mais dans le matraquage que l’on en fait, comme si foutre du féminisme dans un film allait l’excuser d’être une oeuvre merdique. Non, c’est pas comme ça que ça marche. Quand on nous balance un slasher aussi pourri et désintéressé de ses personnages et de son sujet, ce n’est pas l’argument du féminisme qui va en faire un chef-d’oeuvre. Et le gros problème actuel à Los Angeles, c’est que les producteurs ont très envie de faire comprendre à quel point ils sont tolérants et ouverts aux rôles forts pour les femmes, ce qui paradoxalement va amener des personnages tellement fades… Il n’y a qu’à voir comment cet effet négatif du #metoo a totalement flingué Sarah Connor, qui était jusque-là une icône du girl power tellement badass…

Bref, on est là pour parler de Black Christmas 2019, je m’égare… Alors on a des girls interchangeables face à une fraternité de mâles dominants tellement caricaturaux que ça n’en est même plus drôle, et on a un discours on ne peut plus manichéen qui ne fera certainement pas avancer la cause féministe. C’est lourd, mal écrit, et sacrément indigeste, et ça part dans un délire sacrément naze quand même! Le problème quand on veut créer des personnages de femmes fortes, c’est qu’il ne faut justement pas se focaliser sur le fait que ce soit des femmes, mais simplement des personnages forts par eux-mêmes. Ripley et Sarah Connor, deux icônes majeures du cinéma d’action et de SF, ne revendiquaient pas le fait d’être des femmes dans leurs films (enfin, ça c’était avant cette daube de Terminator : Dark Fate), leurs personnages étaient suffisamment riches et forts pour exister par elles-mêmes sans avoir besoin de justifications féministes. Et c’est justement dans cet écueil que tombent la plupart des films actuels, en insistant trop sur cette vision finalement très politique et pas assez sur l’écriture de vrais personnages.

Bon, on pouvait au moins espérer un slasher efficace avec quelques meurtres bien graphiques, il n’y a même pas ça pour nous sortir de la torpeur. C’est laid, et le pire c’est que ça semble traité sans le moindre intérêt. On a placé une femme à la réalisation, Sophia Takal, là encore pour justifier le girl power, mais ce Black Christmas est juste un film de producteur opportuniste… Ca peut faire mal venant de Jason Blum qui nous a notamment livré l’excellent Us, mais à qui l’on doit aussi l’immonde Halloween de l’an passé… Black Christmas n’est donc clairement pas un film honnête, mais une nouvelle tentative de ratisser large en se plaçant comme un producteur visionnaire et ouvert d’esprit en laissant la réalisation d’un film horrifique à une femme. Le problème ne vient là encore pas du fait que ce soit un homme ou une femme qui réalise, mais il faut juste quelqu’un d’impliqué et de talentueux. Là, ce n’est clairement pas le cas, et le sexe de son auteur n’est pas en cause, mais simplement ses capacités et sa motivation.

Black Christmas est une belle arnaque qui tente de capitaliser sur un effet de mode, et qui se vautre totalement sans rien avoir à sauver. La saga semble vraiment maudite, car de mon point de vue, elle n’a engrangé que 3 désastres filmiques! Et si vous voulez du vrai film qui s’avère intelligemment féministe, je vous invite à découvrir l’hallucinant Assassination Nation de Sam Levinson, qui mon Dieu, est un homme! Comme quoi, il me semble bien que les hommes et les femmes ont toujours besoin l’un de l’autre 😉

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Le clip de la semaine : Mesh – Kill your Darlings

Mesh est un groupe anglais qui est actif depuis 1991, et qui nous livre une synthpop plutôt intéressante, telle une sorte de Depeche Mode ayant accentué l’aspect electro-indus (mais gentiment quand même ^^). Ce Kill your Darlings donne bien envie de plonger plus avant dans l’univers du quatuor, qui est bien plus connu en Allemagne et en Scandinavie que chez eux!

 

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