Henry Joost et Ariel Schulman travaillent ensemble depuis leur 1er long métrage, Catfish, en 2010. Ils ont notamment réalisé Paranormal Activity 3 et Paranormal Activity 4, se plaçant dans le créneau des teenage movies, et après le genre horrifique, ils tentent de percer dans la veine du thriller avec Nerve, qui va exploiter un concept plutôt intéressant.
Quand un jeu en ligne peut vous faire gagner des milliers de dollars, la tentation est grande pour de nombreux New-Yorkais, qui vont succomber à Nerve! Le jeu consiste en des défis successifs, qui vont vous permettre de gagner de plus en plus d’argent, tout en vous mettant dans des situations de plus en plus risquées. Vous avez 2 options pour ce jeu: être un voyeur, ou être un joueur. Une fois votre choix effectué, si vous êtes joueur, vous pouvez accumuler vos gains, sauf si vous refusez un défi, ou que vous en perdez un. Du coup, vous perdez tout ce que vous aviez gagné préalablement.
Le principe est ultra simple, et d’autant plus addicitif! On se retrouve dans une configuration similaire à ce que nous offrent YouTube, Facebook et autres réseaux sociaux, éléments devenus incontournables de notre vie moderne et qui façonnent l’esprit de leurs utilisateurs sans que l’on s’en aperçoivent. Nous sommes dans une société où tout doit se gagner le plus rapidement possible, et où le spectateur est avide de nouveauté des dizaines de fois par jour. Le niveau pour impressionner les gens est devenu important, et il faut de plus en plus de nudité, d’adrénaline et d’anticonformisme pour parvenir à se sentir au-dessus de la vague, ce qui est au final paradoxal, puisque cette demande est appliquée par une très grande majorité d’utilisateurs.
A travers le jeu Nerve, c’est ce diktat et cette frénésie perpétuelle que dénoncent Joost et Schulman, qui vont nous immerger de manière intelligente dans la boucle. On va suivre les premiers défis avec un sourire au coin des lèvres, et une fois le jeu lancé, on va suivre avec une attention de plus en plus soutenue la progression des défis, et par conséquent la propagation de l’effet de masse. On se retrouve dans la même position que les voyeurs, ce qui s’avère très intéressant d’un point de vue éthique. Joost et Schulman ne posent pas de jugements sur le choix des personnes à devenir voyeur ou joueur, mais vont effectuer une étude de caractères certes primaire, mais intéressante pour comprendre le mode de fonctionnement et les choix des gens.
Nerve est donc une belle réflexion sur l’impact des outils de communication sur l’individu, avec cette sociabilisation déviée et cette recherche d’une célébrité éphémère. Mais c’est également un film qui va tendre de plus en plus vers une sorte de teen thriller, en nous offrant des scènes de défis de plus en plus difficiles. La fameuse séquence de la moto par exemple, est mise en scène avec un très bon élan dramatique, et on ressent ce que traversent les protagonistes! De plus, Joost et Schulman filment New York avec une très belle sensibilité, et ce cadre fait de néons et de lumières est à l’image des écrans lumineux qui rythment nos existences. Il y a une très belle connexion qui est faite entre le réel et le virtuel, et ce dès le début, avec ces plans ludiques qui voient le personnage principal effectuer ses recherches sur internet.
Emma Roberts incarne Vee avec une sorte de fragilité qui va être mise à rude épreuve, et la candidate à Nerve va trouver de solides ressources en elle. Emma Roberts est la fille de l’acteur Eric Roberts (Best of the Best, L’Expert), et la nièce de Julia Roberts. Elle a notamment joué dans Les Miller, une Famille en Herbe ou American Horror Story, et est en train de prouver un solide talent! Elle développe son personnage qui passe de gentille fille passive à jeune fille qui n’a pas froid aux yeux de manière progressive et subtile. A ses côtés, Dave Franco, qui est le frère de James Franco (127 Heures), est un peu plus classique dans son rôle, mais participe de manière intéressante à ce jeu. On a déjà pu l’apercevoir dans Nos pires Voisins ou Insaisissables, et il forme un beau duo avec Emma Roberts, les personnages devenant de plus en plus connus au fur et à mesure de leurs défis dans Nerve! Et on a même Juliette Lewis, l’actrice culte de Teurs-nés, dans le rôle nettement plus soft de la mère de Vee!
Nerve a tous les atouts pour devenir un film générationnel, utilisant les outils de cette génération hyper-connectée pour en montrer les atouts et les dérives. Avec sa mise en scène immersive, ses acteurs motivés et un scénario qui tient la route, et qui parvient même à terminer le récit de manière intéressante, Nerve est une très belle découverte!