Gore Verbinski. Le réalisateur du Mexicain, du Cercle: the Ring, de Pirates des Caraïbes – la Malédiction du Black Pearl, de Rango… Que des films devant lesquels je me suis profondément ennuyé… Et d’un coup, sans prévenir, il nous livre un chef-d’oeuvre absolu. Un film d’une beauté ténébreuse et d’une force d’attraction juste incroyable. Dire que je n’attendais pas un tel niveau de sa part serait un euphémisme, et j’ai été littéralement bluffé par cette proposition de cinéma d’un niveau tout simplement exceptionnel!
A Cure for Life est une pépite inespérée, qui a été créée en marge totale de la logique hollywoodienne! Quand on a un metteur en scène qui a livré des blockbusters Disney comme Pirates des Caraïbes – la Malédiction du Black Pearl, Pirates des Caraïbes – le Secret du Coffre maudit ou encore Pirates des Caraïbes – jusqu’au Bout du Monde, on peut se dire qu’il est confortablement installé dans une logique de cinéma commercial et de rentabilité maximale. Et pourtant, A Cure for Life va s’affranchir de toute cette torpeur et ce manque d’imagination caractérisant nombre de franchises, et va offrir une expérience cinématographique aussi captivante qu’inattendue!
C’est simple, du tout premier plan jusqu’au tout dernier, le film est d’une richesse juste incroyable! La mise en scène de Gore Verbinski est d’une perfection absolue, et se combine avec un travail sonore lui aussi parfait! Verbinski parvient à sublimer chaque moment, chaque action des protagonistes, en les filmant avec une inventivité juste démentielle! A Cure for Life est une succession incessante de scènes tout simplement magnifiques, et Verbinski nous plonge dans un cauchemar vénéneux à souhait et duquel on a aucune envie de sortir! Le récit de base, avec ce sanatorium isolé dans un château suisse, est d’un classicisme absolu dans le genre horrifique, et Verbinski va nous livrer un conte macabre qui va totalement jouer avec les codes du genre, en les triturant à sa manière bien tordue, et on va se retrouver devant un film qui n’a strictement rien à envier au Shutter Island de Martin Scorsese. A Cure for Life est clairement supérieur à celui de Scorsese, car il est tout simplement parfait tant dans sa forme que dans son fond.
Dane DeHaan, qui avait été révélé par le très bon Chronicle de Josh Trank, et qui jouait Harry Osborn dans The amazing Spider-Man: le Destin d’un Héros, incarne un jeune cadre arriviste, envoyé dans une clinique en Suisse afin de ramener un de ses supérieurs qui s’y est rendu depuis plusieurs semaines. Mais évidemment, tout ne va pas se passer comme il l’aurait souhaité… Ce château à l’histoire entachée de sang est devenu un sanatorium renommé, dirigé par Monsieur Volmer, un homme très attaché au bien-être de ses patients. Il est joué par Jason Isaacs, qui incarnait Lucius Malfoy dans la saga Harry Potter. L’acteur donne une très belle densité au personnage, qui gère sa clinique d’une main de fer sans jamais se départir de sa bonne humeur. Et quand Lockhart (Dane DeHaan) se retrouve dans cet immense château après avoir eu un accident de voiture, il va rapidement se rendre compte que l’apparence paisible des lieux cache de lourds secrets… On va suivre Lockhart dans les dédales de ce sanatorium, que Verbinski va nous faire découvrir dans une succession de tableaux juste incroyables! Sa mise en scène monumentale va nous plonger dans ce qui est censé être un havre de paix, et qui va se révéler très perturbant. Ca va commencer par de petits éléments, comme un bruit provenant de la chasse d’eau, un saignement de nez, mais le mal rôde dans ce château tel une maladie, et Gore Verbinski va nous offrir un travail visuel époustouflant dans son évocation de tout ce qui se passe ici… L’ambiance est pesante, et la beauté picturale est totale…
A Cure for Life est un sommet de noirceur, une sorte de thriller psychologique et métaphysique qui va puiser toute sa puissance dans sa capacité à faire ressortir des peurs inconscientes. Ce n’est pas à proprement parler un film d’horreur, mais il baigne dans une atmosphère macabre virant au glauque, tout en étant filmé avec la grâce absolue d’un peintre! Gore Verbinski est un visionnaire d’une puissance rare, et la plongée qu’il nous propose dans cet institut va nous ramener à nos propres terreurs inconscientes, avec des images très symboliques et très freudiennes. La bande-annonce laissait voir cette image marquante d’une jeune fille dans une baignoire remplie de vers géants, et l’impact de ce genre d’image est immédiat, avec ce contraste entre la beauté pure et le dégoût qu’inspirent ces vers, visions phalliques représentant la maladie. Et tout le film fonctionne de cette manière, en nous faisant découvrir progressivement ce qui se cache sous la surface, derrière les murs gothiques, derrière les apparences affables, derrière l’épiderme de ces personnes âgées arrivés ici pour prendre une cure de jouvence. La beauté de ce château avec les Alpes suisses en arrière-plan est aussi belle que la noirceur qui l’habite, Verbinski parvenant à filmer tout cela avec un sens graphique d’une richesse inouïe! Les compositions avec les reflets, la recherche de la symétrie, l’impact des couleurs… On pense au Shining de Kubrick, on a des hommages flagrants et magnifiques au Citizen Kane d’Orson Welles, on pense aussi au sublime Stoker de Park Chan-Wook qui partage la même folie créative, et le tout résonne d’une force qui lui est propre, et qui habite le film d’un bout à l’autre. Et c’est d’autant plus impressionnant que le film dure 2h30! A Cure for Life est sans conteste l’une des plus belles propositions cinématographiques de l’année!!!