La Nuit des Masques (John Carpenter, 1978)

C’est en 1978 que John Carpenter allait révolutionner le cinéma d’horreur, en lançant un sous-genre qui est resté depuis majeur, le slasher. Même si le Black Christmas de Bob Clark, sorti en 1974, pourrait aussi s’apparenter au slasher, c’est bel et bien Carpenter qui pose les bases de ce genre. « To slash » signifie « taillader » en Anglais, car le tueur utilise souvent un couteau ou un rasoir. Ce qui renvoie immédiatement au giallo, genre horrifique italien né dans les années 60 et courant jusque dans les années 80, dont les maîtres furent Dario Argento, Mario Bava ou Lucio Fulci.

Mais la particularité du slasher est la nature même du tueur, qui est silencieux, psychopathe, et masqué. Ce dernier élément est primordial dans le genre, et le tueur est indéniablement lié à son masque, comme un super-héros est indissociable de son costume. Michael Myers est le premier croquemitaine, le fameux boogeyman qui pourchasse inlassablement ses victimes dans un élan meurtrier dont lui seul possède les clés. Le masque blanc cache le visage et rend le tueur à la fois mystérieux et iconique (pour la petite histoire, le masque que porte Myers a été retravaillé sur la base d’un masque fabriqué lors du tournage de Star Trek basé sur le visage de William Shatner!). C’est ce masque qui va augmenter la peur et l’imagination, faisant de cet être dérangé quelque chose de plus qu’un simple malade mental. Tout comme Jason Voorhees ou Freddy Krueger (le « masque » pour ce dernier est en réalité les cicatrices de ces brûlures), Michael Myers va passer de film en film d’un statut humain à un statut fantastique. Rien que le fait qu’il survive à 6 balles à la fin de La Nuit des Masques démontre bien la nature surnaturelle du tueur.

Mais si l’on a un tueur inflexible et silencieux, La Nuit des Masques fonctionne surtout grâce à une mise en scène innovante et immersive. La beauté des plans de la petite ville d’Haddonfield dans l’Illinois renvoie à une iconographie proche du rêve, et John Carpenter en fait l’archétype de la petite ville tranquille. Ses plans aux longues perspectives et ses lents travellings captent les feuilles d’automne qui volent, les arbres qui bruissent, et les gens qui s’insèrent dans cet univers feutré et calme. John Carpenter rend son film plus puissant car il crée un climat de sérénité, source même de tension puisque l’on sait que tout cela va voler en éclats. Michael Myers apparaît comme celui qui va tout gangrener, celui qui va gratter à la surface du beau vernis de cette ville pour montrer le Mal qu’elle recèle. Car Michael fait partie intégrante de cet endroit, lui qui a tué sa soeur alors qu’il n’avait que 6 ans.

La Nuit des Masques bénéficie également d’une ambiance sonore excellente, avec les compositions de Carpenter lui-même et la fameuse musique entêtante si caractéristique du film. Le plan-séquence du début combine habilement cette mise en scène et le travail sonore pour donner lieu à une séquence culte d’une très grande maîtrise. Là encore, l’emprunt au giallo est évident, mais Carpenter transcende tous ses acquis pour mettre au point une scène d’une force encore intacte 33 ans après! Le film a sinon pris quelques rides, c’est certain, mais la mise en scène de Big John est d’une telle justesse que le film fonctionne toujours, et les plans de Laurie Strode (Jamie Lee Curtis dans son tout premier film!!!) se relevant avec en arrière-plan Michael Myers qui fait de même, où ce fameux plan où le masque blanc apparaît progressivement tel un spectre, et des dizaines d’autres encore, font de La Nuit des Masques une oeuvre forte dont l’aura sur les films d’horreur actuels ne se dément pas.

Ah oui, un petit truc encore. Tout comme pour Vendredi 13 où la version française nous changeait Jason en Jackie, là nous avons droit à l’implacable tueur Michel Meyer! Tout droit venu d’Alsace je suppose…

Liens vers les autres films:

Halloween II

Halloween III, le Sang du Sorcier

Halloween 4

Halloween 5

Halloween 6: la Malédiction de Michael Myers

Halloween, 20 Ans après

Halloween: Résurrection

 

 

 

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3 réponses à La Nuit des Masques (John Carpenter, 1978)

  1. Zirko dit :

    Je l’ai revu il y a quelques mois et le film est toujours aussi efficace même si l’aspect paraît un peu « vieillot » par moment.

    Ça reste un grand classique indémodable !

  2. Wade Wilson dit :

    Carpenter est trop fort de toute façon!!!

  3. Zirko dit :

    Ca c’est sur ! C’est d’ailleurs le seul Halloween que j’ai vu.

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