The Belko Experiment (Greg McLean, 2016)

A force de bouffer de la pellicule, on devient forcément plus difficile. Et à force de fouiner, on voit très souvent des films qui se suivent et se ressemblent… Alors quand on a la chance de tomber sur une excellente surprise, on l’apprécie réellement à sa juste valeur. C’est le cas de ce film signé Greg McLean, metteur en scène de Wolf Creek, Solitaire, Wolf Creek 2 ou encore The Darkness. La BA laissait penser à une variation du sympathique Severance de Christopher Smith, avec lequel il partage en effet quelques éléments cruciaux, comme la notion d’entreprise et la manière de faire exploser tout ce microcosme. Mais The Belko Experiment s’avère bien plus maîtrisé que ce que l’on osait espérer, et McLean nous convie à un bain de sang généreux en gore, baignant dans une tension bien palpable, et se permettant quelques accès d’humour aussi discrets qu’efficaces!

Auréolé des succès consécutifs de ses Gardiens de la Galaxie et de ses Gardiens de la Galaxie 2, le réalisateur James Gunn nous a pondu un scénario bien jouissif dans lequel il va évidemment se la jouer antisocial, en nous livrant une satire bien grinçante et sans appel du monde corporatiste. Le film se situe dans l’immeuble d’une société américaine basée à Bogota, en Colombie, où 80 employés américains travaillent depuis environ 1 an. L’ambiance de bureau est bon enfant, des amitiés se sont créées, des rivalités également, on se checke pour faire classe, on mate la jolie demoiselle du bureau d’en face, bref, la vie classique dans une entreprise lambda. Mais tous les codes sociaux et les règles morales vont être soudainement remis en question quand l’immeuble va se retrouver fermé hermétiquement par des parois métalliques, et qu’une voix va ordonner aux employés de s’entretuer… Un concept proche de Battle Royale il est vrai, mais tellement mieux utilisé!

Dans ce type de scénario, le metteur en scène hésite très souvent entre une approche résolument frontale ou un second degré histoire de se mettre les spectateurs dans la poche. Greg McLean, en s’appuyant sur l’excellent script de James Gunn, va nous livrer un film finalement très tendu et de plus en plus viscéral! Il va assumer avec beaucoup d’intelligence la continuité de ce récit, passant de moments réellement gores à des phases plus calmes, mais en conservant une atmosphère toujours aussi prenante! Un des points faibles récurrents des productions horrifiques réside dans l’absence de profondeur des personnages (qui a dit Alien: Covenant??), mais ici, James Gunn nous caractérise en un tour de main toute une galerie d’employés qui s’avèrent tout de suite sympathiques, drôles ou cons, permettant de s’intéresser à eux avant le début des hostilités. Et ensuite, chacun va réagir en fonction de sa personnalité aux événements tragiques qui vont suivre…

John Gallagher Jr. (10 Cloverfield Lane) joue Mike Milch, un employé standard qui va devoir lutter pour sa survie aux côtés de ses collègues, dont la belle Leandra (Adria Arjona, vue dans True Detective saison 2). A leurs côtés, on a du beau monde, avec Tony Goldwyn (oui le méchant dans Ghost!), John C. McGinley (Platoon, Wall Street, Seven, Rock, et bien d’autres!), Owain Yeoman (Rigsby dans Mentalist), Sean Gunn, le frangin de James Gunn, qui jouait déjà les déjantés dans la saga des Gardiens de la Galaxie, ou encore Michael « Yondu » Rooker! Tout ce beau petit monde va se retrouvé divisé, entre ceux qui ne veulent pas entrer dans le jeu de la mystérieuse voix, et ceux qui sont prêts à sacrifier des collègues pour s’en sortir! Dans ce microcosme représentant parfaitement le système hiérarchique et les échelons sociaux, une scission va avoir lieu et des solidarités vont naître et se défaire, pour le meilleur et pour le pire… Et au-delà de l’argument purement ludique au départ, on va se sentir mal à l’aise face à ce jeu de massacre qui prend des proportions bien réalistes, et qui démonte les mécanismes des rapports de dominants-dominés dans la société… Quand un individu s’arroge le droit de choisir qui doit mourir et qui doit vivre, ça secoue quand même…

The Belko Experiment est une vraie réussite dans le genre, un film qui parvient à vous prendre aux tripes, qui assume son propos, qui se fait plaisir dans le gore et le suspense, et qui saupoudre le tout avec quelques notes d’humour absurde bienvenues! On ne l’avait pas vu venir, et il nous aura d’autant plus agréablement surpris!

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