Le clip de la semaine: Raising Dion

Dennis A. Liu a tenté une nouvelle approche du genre super-héroïque, et il faut bien avouer que son court métrage de 2 minutes 39 est vraiment excellent! On est très loin des habituels combats à base de super-pouvoirs, et il s’agit ici avant tout d’un combat familial… Celui d’une mère qui élève seule son fils de 7 ans, et qui va devoir apprendre à gérer les aptitudes hors normes de son fils. Le résultat est vraiment touchant, et on a envie d’en découvrir davantage! Ca tombe bien, Dennis A. Liu nous a également concocté un comics! Mais ce n’est pas tout… Et je vous en reparle samedi dans Les news de la semaine! 😉

 

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Focus: Shamsia Hassani, la révolution afghane par le street art

Née en Iran en 1988 alors que ses parents avaient fui la guerre, c’est lors de leur retour en Afghanistan en 2005 que Shamsia Hassani peut enfin exprimer sa passion pour le dessin, en étudiant l’art traditionnel à l’université de Kaboul. Mais la rencontre déterminante qu’elle fera se déroulera en 2010, avec l’intervention du street artist britannique Chu, venu donner un cours à l’université. Elle entame dès lors son propre chemin artistique dans les rues de la ville, et va créer des oeuvres magnifiques où la place de la femme et la liberté tiennent évidemment une place capitale.

Elle a créé de nombreuses oeuvres à travers le pays, qui relèvent d’une très belle symbolique. En dessinant les femmes plus grandes qu’elles ne sont réellement, elle souhaite montrer la volonté d’élévation de la condition féminine. En apposant la couleur bleue sur les burqas, elle donne un ton libertaire à cette tenue traditionnelle, dont elle précise qu’elle n’est pas un problème en soi: Beaucoup de personnes à travers le monde pensent que la burqa est le problème. Ils croient que si les femmes enlèvent la burqa, elles n’auront plus de problèmes. Ce n’est pas vrai. Quand les femmes n’ont pas accès à l’éducation, c’est un problème plus grand que la burqa […] » (voir sur le site Kabul Art Project).

Mais si la guerre est terminée dans le pays, les difficultés que représentent le street art ne sont pas pour autant absentes, surtout pour une femme. Elle ne parvient à réaliser une fresque qu’une fois tous les 2 ou 3 mois, car elle doit le faire de manière très rapide, pour ne pas être prise à partie par les hommes qui pensent qu’elle n’à pas à faire ça… Mais celle qui est la 1ère street artist afghane reste combative et optimiste, comme elle l’expliquait au Art Radar Journal: « Dans mes dessins, il y a beaucoup de mouvement. Je veux montrer que les femmes sont de retour dans notre société, sous une forme nouvelle et plus forte. Elles ne se contentent plus de rester à la maison. Ce sont des femmes modernes, pleines d’énergie, qui veulent prendre un nouveau départ. Comme on le voit dans mes créations, je veux changer l’image des femmes. J’en fais des personnages hors du commun. Et j’ai l’impression qu’aujourd’hui les gens les regardent différemment. »

Parfois des personnes m’entourent, me demandent d’arrêter ou me balancent des insultes. La plupart ne sont pas d’accord avec cette forme d’art. L’art moderne est un concept nouveau ici et les Afghans sont contre. Ils disent que c’est quelque chose que font les occidentaux. Pour moi, si l’artiste est afghan, alors le concept est afghan.

Je n’ai pas toujours l’opportunité de faire du graffti. Parfois c’est seulement tous les deux ou trois mois. Il peut y avoir des problèmes de sécurité ou je ne peux pas aller dans certaines zones à cause des personnes qui y sont. (propos rapportés à The Independant).

Elle opte alors pour sa série Dream Graffiti, en prenant des photos d’immeubles et en utilisant Photoshop pour réaliser des montages virtuels. Elle aura peut-être l’opportunité d’en réaliser quelques-uns, qui sait? Shamsia Hassani est actuellement professeur à l’université de Kaboul, et peut donc partager avec ses élèves sa passion pour le street art, entre 2 sessions sur les murs afghans…

Je vous invite à lire de très bons articles sur cette artiste, sur Konbini, sur le Huffington Post, ou encore sur Opnminded!

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Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve, 2017)

Hier après-midi, j’ai eu l’impression de remonter le temps et de me retrouver à nouveau dans le futur. En 1982, Ridley Scott réalisait l’une de ses plus belles oeuvres avec Blade Runner, et 35 ans après, le metteur en scène canadien nous livre une séquelle que l’on croirait tournée juste après. Blade Runner et Blade Runner 2049 sont 2 pièces d’une oeuvre que l’on jurerait avoir été pensé comme un diptyque dès le départ. Il fallait bien tout le talent et l’inventivité du metteur en scène canadien Denis Villeneuve pour parvenir à cette suite-extension tout simplement sublime!

Ridley Scott a marqué son époque avec Blade Runner, film d’anticipation aux thématiques fortes et à l’atmosphère hypnotique, habité par des personnages perdus dont le seul but est de trouver une raison à leur existence. Blade Runner 2049 va prendre le relais avec une facilité déconcertante, et nous replonger dans cet univers désincarné et pourtant captivant, en nous présentant un nouveau blade runner dénommé K. La filiation entre Harrison Ford et Ryan Gosling est parfaite, chacun étant hanté par sa propre condition dans ce monde en perdition. Gosling confère à son personnage une sorte de neutralité qui lui pèse, et lui aussi est à la recherche d’un moyen d’atteindre son idéal. Dans cette Los Angeles futuriste où la neige a remplacé la pluie, en ressemblant à de la cendre qui tomberait perpétuellement, les rapports entre humains et réplicants sont toujours aussi tendus… Surtout que les anciens modèles Nexus 8 sont toujours traqués afin d’être retirés.

En 1982, ce sont Hampton Fancher et David Webb Peoples qui avaient eu la lourde tâche d’adapter le roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de Moutons électriques?. Hampton Fancher est de retour en 2017, aidé par Michael Green, et ils nous livrent une partition inespérée, en déroulant une intrigue s’appuyant sur le premier film, et offrant des ramifications tout simplement magnifiques! C’est dans la tenue exemplaire de ce script que l’on a l’impression que tout a été pensé au départ comme un diptyque, et c’est tout simplement impressionnant! Et quand on a un metteur en scène du niveau de Denis Villeneuve pour donner corps à ce scénario, on ne peut qu’adhérer au concept. La peur initiale de ce projet fait place à une plongée envoûtante dans ce futur tragique, en explorant de manière encore plus approfondie les thématiques mises en place dans le premier volet.

Blade Runner 2049 va nous interroger sur les notions fondamentales que sont l’humanité, l’amour, la mort, la liberté, et il va le faire avec une aisance et une intelligence rares. C’est difficile de pouvoir développer le propos sans spoiler, donc je ne m’attarderais pas trop là-dessus, mais Villeneuve nous offre des moments de grâce tout simplement sublimes et jamais vus, parvenant à faire surgir l’émotion dans ce futur aseptisé. Ana de Armas est tout simplement sublime, et offre une vision tellement intense de ce qu’est l’amour! L’actrice cubaine, vue dans le Knock Knock d’Eli Roth ou plus récemment dans Overdrive, est tellement touchante… C’est un plaisir aussi de retrouver Jared Leto, dans un rôle qui pour plusieurs raisons s’apparente énormément à celui de Marlon Brando dans Apocalypse now! Il possède une présence imposante et presque christique, en sa qualité de concepteur… Il y a une galerie de personnages qui ont chacun leur importance, et qui sont joués par des acteurs très impliqués, comme Robin Wright, Sylvia Hoeks, Mackenzie Davis ou encore l’incontournable Dave Bautista! La gestion de tous ces êtres est faite avec beaucoup d’intelligence également, et Blade Runner 2049 parvient à rendre justice à chacun d’eux.

Et il ne fallait évidemment pas oublier Harrison Ford, qui après son retour dans Star Wars: Episode VII – le Réveil de la Force, revient également dans un autre de ses rôles emblématiques, celui de Rick Deckard. Ce retour n’est pas simplement un hommage au personnage originel, mais une vraie réussite avec une implication totale du personnage dans ce scénario inventif. Du début du film jusqu’à sa résolution, il y a une logique implacable dans toute l’élaboration du récit, et Harrison Ford constitue un rouage essentiel de cette machine. Il apporte une touche d’humanité supplémentaire, en incarnant la fuite du temps avec un mélange de cynisme, d’humour et de tragique, et c’est en cela que l’on reconnait la grande classe de l’acteur.

Denis Villeneuve est parvenu à recréer l’univers si complexe mis sur pied par Ridley Scott, et à en explorer des recoins inconnus jusqu’alors. Sa manière de poursuivre ce récit tragique opposant humains et réplicants est exemplaire, et sa mise en scène est sublime. Je ne suis pas un fan absolu de l’auteur, n’ayant pas adhéré à PrisonersEnemy ou Premier Contact, mais je trouve que Blade Runner 2049 rejoint l’excellence que l’on avait déjà pu déceler chez lui dans Polytechnique, Incendies et Sicario. Blade Runner 2049 est une oeuvre envoûtante, parfois difficile d’accès, mais qui en présentant ce monde déshumanisé, parvient à générer des émotions intenses! Et il faut bien évidemment souligner le travail colossal de Roger Deakins, chef-opérateur qui est presque un magicien tant l’ensemble se tient de si belle manière!

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Les news de la semaine: Halloween: Résurrection?

Après les 8 films de la saga originelle et les 2 films composants la saga remake, voici qu’un nouvel Halloween pointera le bout de sa lame en 2018! Encore un horror movie sans intérêt, me direz-vous? Pourtant, quelques beaux noms donnent vraiment envie de croire en cet énième projet, à commencer par celui de David Gordon Green. Le metteur en scène, déjà auteur d’un très réussi L’autre Rive, devrait apporter une vision intéressante au mythe de Michael Myers. Il a d’ailleurs déclaré qu’il souhaitait revenir aux origines du boogeyman, afin de le rendre à nouveau effrayant. Jamie Lee Curtis sera elle aussi à nouveau présente, et ça c’est une excellente nouvelle! Avoir la caution de la Laurie Strode originelle est une très belle chose, et elle rempilera donc dans le rôle qui l’a révélée dans La Nuit des Masques de John Carpenter!

Et Big John dans tout ça? Et bien il a un rôle très important et participe activement à l’élaboration de ce nouvel opus, puisque tous les choix artistiques de Gordon Green doivent être validés par Carpenter himself! Il prend donc son rôle de producteur très à coeur, et devrait même nous composer la BO du film! Avec une réinterprétation de la musique minimaliste et ô combien sublime du 1er volet, ce serait parfait! Cet Halloween nouveau sera l’occasion de découvrir la fille de Laurie, incarnée par Judy Greer. Au passage, il s’agirait très probablement de reprendre les choses après Halloween II (de la première saga), afin de mettre sur pied un 3ème film qui créerait une sorte de saga parallèle. Bon, si Carpenter bosse dessus, je dis oui au projet!!!

 

McG, à qui l’on doit des chef-d’oeuvres du style Charlie et ses drôles de Dames ou Terminator Renaissance, serait-il en train de redorer son blason? Après 2 épisodes de L’Arme fatale, il nous balance la BO de La Baby-Sitter, qui s’annonce comme une comédie horrifique bien fun! Il y a un petit côté rétro bien foutu, et cette histoire d’ado de 12 ans en pâmoison devant sa baby-sitter, qui est en fait totalement barge, devrait être sacrément délirante!


 

La saison 2 de Luke Cage est actuellement en tournage, et on découvre aujourd’hui que Danny Rand viendra faire coucou à son pote! Iron Fist sera en effet de la partie, ce qui n’a rien d’étonnant après la rencontre entre les 2 Héros à louer dans la série The Defenders! Espérons que l’aspect buddy movie fonctionne mieux à 2 qu’avec les 4 Defenders, et on croise les doigts pour que cette seconde saison soit tout aussi percutante que la précédente!

 

Sinon niveau séries, il y a pas mal de nouveautés et de reprises, alors dans le désordre, on a Inhumans qui se regarde pour l’instant, et qui n’est pas la bouse annoncée; The Gifted qui se regarde sans être très novateur; Channel Zero qui déchire sa race avec une 2ème saison totalement différente de la 1ère, et L’Arme fatale qui est toujours aussi géniale!!!

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A Ghost Story (David Lowery, 2017)

Comme c’est difficile de rédiger une critique de ce film! Je n’ai pas pu me mettre à l’écrire juste après l’avoir vu, il m’a fallu du temps pour l’intégrer, parce qu’il s’est profondément immiscé dans mon cerveau! A Ghost Story est un film vraiment unique, qui met du temps à se dévoiler, mais qui paradoxalement nous fait bien ressentir dès le départ que l’on va faire un voyage étrange et très particulier. Casey Affleck et Rooney Mara jouent un couple vivant dans une petite maison tranquille, mais leur idylle prend tragiquement fin avec le décès de l’homme (les personnages ne sont jamais nommés). Pourtant, il va réapparaître sous la forme d’un fantôme portant un drap blanc, et va suivre l’évolution de la vie de sa femme…

A Ghost Story n’est pas du tout un film grand public, et l’extrême lenteur de son rythme en rebutera plus d’un. Pourtant, le metteur en scène David Lowery fait preuve d’une maîtrise formelle impressionnante, la composition de ses cadres étant l’un des nombreux éléments générant la poésie atypique qui parcourt le film de manière douce et discrète. Lowery va nous livrer une histoire tragique parlant de mort, d’amour, de deuil, de regrets et d’héritage, le tout avec une économie de moyens qui va pourtant être essentielle à la force de son propos. Le rythme très lent et la quasi-absence de dialogues va nous mener dans une direction flirtant avec l’expérimental, mais qui s’avère envoûtante et presque hypnotique! Par la radicalité de sa mise en scène, David Lowery va paradoxalement nous immerger totalement dans cette histoire d’amour si atypique!

Rooney Mara est déjà envoûtante à chacun de ses rôles, mais là elle est juste parfaite avec un jeu qui ne dévoile pas tout ce qu’elle ressent, même si on sent toutes les émotions bouillonner sous la surface. Le traitement du deuil proposé par Lowery est à la fois réaliste, prenant et pourtant d’une certaine manière distanciée, c’est assez étrange comme concept. Et Casey Affleck, que l’on ne voit pas beaucoup puisqu’il est drapé dans son linge blanc, parvient pourtant à faire ressentir tout le poids que son personnage a sur ses épaules fantomatiques. Il erre dans cette maison en observant sa femme, et on sent de chaque côté la douleur qui les étreint… David Lowery nous livre des plans d’une simplicité et d’une beauté absolue, comme lorsqu’elle écoute la chanson qu’il avait composé. Il y a une sorte de perfection dans cette mise en scène radicale et épurée, qui fait que l’on ne ressent pas les émotions de manière frontale, comme c’est le cas par exemple dans le très beau Beautée cachée de David Frankel, mais d’une façon beaucoup plus diffuse.

La vision de ce fantôme avançant lentement avec son drap blanc traînant derrière lui renvoie à l’image enfantine de cet archétype, et Lowery est parvenu à le rendre touchant et tragique. A Ghost Story va parler du temps qui passe, de l’impact des émotions, de la volonté de survivre à sa propre mort, et va aller dans des directions qui vont dépasser la simple histoire d’amour tragique. On va toucher au sublime par moments, avec des séquences inattendues et qui ne déplairaient certainement pas à Terrence Malick ou Godfrey Regio! La puissance visuelle de David Lowery va nous garder plongé dans ce film jusqu’à sa résolution, et l’émotion qui se dégage d’A Ghost Story est unique et impressionnante!

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