David Frankel, réalisateur connu pour ses comédies Le Diable s’habille en Prada et Marley & moi, nous livre cette fois un film dramatique chargé d’émotions! Beauté cachée navigue dans les mêmes eaux lacrymales qu’un certain Sept Vies, dans lequel jouait déjà Will Smith! Il faut dire que même dans ses films d’action, il adore les personnages torturés, donc on va rapidement oublier sa prestation dans l’infâme Suicide Squad, auquel on préférera largement ce très beau film bien triste!
Ce genre de film dramatique est toujours à double tranchant: soit ça ne marche pas du tout, soit ça fonctionne totalement! Beautée cachée appartient à cette seconde catégorie, grâce à un scénario habilement ficelé par Allan Loeb (Las Vegas 21, Wall Street: l’Argent ne dort jamais), et à des acteurs motivés. Loeb et Frankel vont nous amener dans des directions bien établies en parfaits manipulateurs, et on va tomber dans le piège sans problème, et avec plaisir! Ils parviennent à susciter une vraie émotion chez les spectateurs, et le casting aux petits oignons nous rend encore plus proche des personnages! Will Smith s’avère redoutablement efficace dans un rôle finalement classique pour lui, celui d’un homme qui a tout perdu et qui se sent en marge de l’existence. Il joue Howard avec une solide expérience, et sait comment faire passer les émotions par un simple regard! On est loin du parodique Deadshot, heureusement…
Edward Norton est le seul acteur qui ne parvient pas à me convaincre, lui qui pourtant est généralement très bon. Là je n’apprécie ni son personnage, ni son jeu… Par contre Kate Winslet s’avère efficace comme d’habitude, et Michael Pena est quant à lui surprenant! On a l’habitude de le voir constamment dans des rôles comiques (il était excellent dans Ant-Man!), et le voir glisser sur un registre beaucoup plus sentimental est une belle évolution! Son personnage s’avère juste et touchant, avec ce mélange de naïveté et d’humour qui le caractérise, teinté d’émotions plus puissantes. Hellen Mirren est excellente dans son rôle pétillant, tout comme Keira Knightley dans un registre plus passionné. Naomie Harris apporte une très belle sensibilité également à ce film qui conjugue tous ces personnages avec grâce.
Le récit presque ésotérique, avec un Howard qui rencontre les entités que sont la Mort, le Temps et l’Amour, s’avère d’un très beau réalisme, et va conduire ses personnages vers une meilleure compréhension du monde. Il n’y a pas ici de volonté d’inculquer une certaine croyance ou de véhiculer des idées purement abstraites, mais l’enjeu est de surmonter le deuil en élargissant sa conscience de manière intime, en parvenant à l’acceptation et en essayant de voir la beauté cachée qui réside dans ce monde souvent cruel. L’opposition entre Howard et ces différentes entités va donner lieu à des dialogues touchants dans lesquels vont jaillir toute sa déchirure et sa rage jusqu’alors contenues. C’est avec une belle intelligence que les différentes parties vont parler, crier et se dire les choses qu’elles ressentent!
En ce sens, David Frankel et son scénariste Allan Loeb parviennent à mettre sur pied un très beau film, qui joue parfois malicieusement avec la perception des spectateurs, mais qui au final s’avère d’une très belle justesse et d’un bel espoir personnel. L’exercice est sacrément délicat, mais Beauté cachée s’avère être une très belle réussite dans le genre! Par contre, n’oubliez pas vos mouchoirs!