Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve, 2017)

Hier après-midi, j’ai eu l’impression de remonter le temps et de me retrouver à nouveau dans le futur. En 1982, Ridley Scott réalisait l’une de ses plus belles oeuvres avec Blade Runner, et 35 ans après, le metteur en scène canadien nous livre une séquelle que l’on croirait tournée juste après. Blade Runner et Blade Runner 2049 sont 2 pièces d’une oeuvre que l’on jurerait avoir été pensé comme un diptyque dès le départ. Il fallait bien tout le talent et l’inventivité du metteur en scène canadien Denis Villeneuve pour parvenir à cette suite-extension tout simplement sublime!

Ridley Scott a marqué son époque avec Blade Runner, film d’anticipation aux thématiques fortes et à l’atmosphère hypnotique, habité par des personnages perdus dont le seul but est de trouver une raison à leur existence. Blade Runner 2049 va prendre le relais avec une facilité déconcertante, et nous replonger dans cet univers désincarné et pourtant captivant, en nous présentant un nouveau blade runner dénommé K. La filiation entre Harrison Ford et Ryan Gosling est parfaite, chacun étant hanté par sa propre condition dans ce monde en perdition. Gosling confère à son personnage une sorte de neutralité qui lui pèse, et lui aussi est à la recherche d’un moyen d’atteindre son idéal. Dans cette Los Angeles futuriste où la neige a remplacé la pluie, en ressemblant à de la cendre qui tomberait perpétuellement, les rapports entre humains et réplicants sont toujours aussi tendus… Surtout que les anciens modèles Nexus 8 sont toujours traqués afin d’être retirés.

En 1982, ce sont Hampton Fancher et David Webb Peoples qui avaient eu la lourde tâche d’adapter le roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de Moutons électriques?. Hampton Fancher est de retour en 2017, aidé par Michael Green, et ils nous livrent une partition inespérée, en déroulant une intrigue s’appuyant sur le premier film, et offrant des ramifications tout simplement magnifiques! C’est dans la tenue exemplaire de ce script que l’on a l’impression que tout a été pensé au départ comme un diptyque, et c’est tout simplement impressionnant! Et quand on a un metteur en scène du niveau de Denis Villeneuve pour donner corps à ce scénario, on ne peut qu’adhérer au concept. La peur initiale de ce projet fait place à une plongée envoûtante dans ce futur tragique, en explorant de manière encore plus approfondie les thématiques mises en place dans le premier volet.

Blade Runner 2049 va nous interroger sur les notions fondamentales que sont l’humanité, l’amour, la mort, la liberté, et il va le faire avec une aisance et une intelligence rares. C’est difficile de pouvoir développer le propos sans spoiler, donc je ne m’attarderais pas trop là-dessus, mais Villeneuve nous offre des moments de grâce tout simplement sublimes et jamais vus, parvenant à faire surgir l’émotion dans ce futur aseptisé. Ana de Armas est tout simplement sublime, et offre une vision tellement intense de ce qu’est l’amour! L’actrice cubaine, vue dans le Knock Knock d’Eli Roth ou plus récemment dans Overdrive, est tellement touchante… C’est un plaisir aussi de retrouver Jared Leto, dans un rôle qui pour plusieurs raisons s’apparente énormément à celui de Marlon Brando dans Apocalypse now! Il possède une présence imposante et presque christique, en sa qualité de concepteur… Il y a une galerie de personnages qui ont chacun leur importance, et qui sont joués par des acteurs très impliqués, comme Robin Wright, Sylvia Hoeks, Mackenzie Davis ou encore l’incontournable Dave Bautista! La gestion de tous ces êtres est faite avec beaucoup d’intelligence également, et Blade Runner 2049 parvient à rendre justice à chacun d’eux.

Et il ne fallait évidemment pas oublier Harrison Ford, qui après son retour dans Star Wars: Episode VII – le Réveil de la Force, revient également dans un autre de ses rôles emblématiques, celui de Rick Deckard. Ce retour n’est pas simplement un hommage au personnage originel, mais une vraie réussite avec une implication totale du personnage dans ce scénario inventif. Du début du film jusqu’à sa résolution, il y a une logique implacable dans toute l’élaboration du récit, et Harrison Ford constitue un rouage essentiel de cette machine. Il apporte une touche d’humanité supplémentaire, en incarnant la fuite du temps avec un mélange de cynisme, d’humour et de tragique, et c’est en cela que l’on reconnait la grande classe de l’acteur.

Denis Villeneuve est parvenu à recréer l’univers si complexe mis sur pied par Ridley Scott, et à en explorer des recoins inconnus jusqu’alors. Sa manière de poursuivre ce récit tragique opposant humains et réplicants est exemplaire, et sa mise en scène est sublime. Je ne suis pas un fan absolu de l’auteur, n’ayant pas adhéré à PrisonersEnemy ou Premier Contact, mais je trouve que Blade Runner 2049 rejoint l’excellence que l’on avait déjà pu déceler chez lui dans Polytechnique, Incendies et Sicario. Blade Runner 2049 est une oeuvre envoûtante, parfois difficile d’accès, mais qui en présentant ce monde déshumanisé, parvient à générer des émotions intenses! Et il faut bien évidemment souligner le travail colossal de Roger Deakins, chef-opérateur qui est presque un magicien tant l’ensemble se tient de si belle manière!

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