Luke Cage saison 1 (2016)

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Netflix persiste et signe! Après avoir mis tout le monde d’accord avec une adaptation de Daredevil juste sublime dans sa saison 1, le ton était donné, et la plate-forme allait se faire une spécialité des tonalités urbaines et réalistes! Jessica Jones a prouvé que leur sens de l’écriture n’était pas usurpé, et la saison 2 de Daredevil a entériné le processus! Netflix/Marvel, une histoire d’amour des super-héros qui va bien au-delà du simple combat entre encapés, et qui prend sa source dans l’existence même de ses héros, plus humains et plus ancrés dans leur environnement que la plupart des films. Chaque série Netflix va explorer le plus profond de l’âme de ses protagonistes, et pas seulement le personnage principal; et chaque série va développer l’histoire du quartier où elle se déroule, faisant ressortir l’atmosphère puissante et si particulière qui s’en dégage. Avec les séries Netflix, c’est à des balades mouvementées dans les rues sombres de New York que vous êtes convoqués!

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Daredevil nous a plongé à 2 reprises dans Hell’s Kitchen de manière juste sublime, et Jessica Jones a elle aussi défendu le même quartier. Cette fois, Luke Cage va nous emmener à Harlem, et cette délocalisation dans New York va permettre au show de Cheo Hodari Coker (producteur sur Southland, série policière aussi très ancrée dans un quartier) de changer quelques ingrédients à l’excellente recette Netflix, pour lui apposer un traitement sensiblement différent, tout en respectant les codes mis en place. Pour faire simple, avec Luke Cage, on reste dans un environnement sombre et violent, en y ajoutant des touches de blaxploitation sacrément bienvenues! Coker est un fin connaisseur de la culture afro-américaine, qui a notamment oeuvré sur le script du film Notorious B.I.G., figure emblématique du hip-hop qui tient une place de choix dans le show! D’ailleurs, le réal de Notorious B.I.G., George Tillman Jr., met en scène le 11ème épisode! On est entre connaisseurs, et le show va gagner en crédibilité grâce à la conjonction de tous les talents qu’elle déploie!

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Et pourtant, ça n’était pas gagné… Le 1er épisode s’avérait franchement ennuyeux, et les 3 suivants rehaussaient juste le niveau… Après une bande-annonce qui n’envoyait pas spécialement du lourd, la tendance semblait confirmer un certain essoufflement de la part de Netflix… Mais le constat est finalement le même que pour la 1ère saison de Daredevil: il fallait laisser les intrigues et les personnages se mettre en place, avant qu’ils révèlent tout leur potentiel à partir de l’épisode 5, jusqu’à ne plus rien lâcher jusqu’à la fin! Du coup, tout ce qui apparaissait trop lisse se teinte d’aspérités bien rugueuses, et l’énergie animale d’Harlem est totalement libérée! Il faut dire que la musique fait partie intégrante du quartier, et les choix de Coker quant à l’habillage sonore du show s’avèrent juste excellents! Entre Ol’Dirty Bastard, Isaac Hayes, Miles Davis, The Delfonics, John Lee Hooker, Jidenna, The Stylistics, Wu-Tang Clan et tellement d’autres, la musique est d’une importance capitale dans le scénario, à tel point qu’on a même droit à des scènes de concerts juste excellentes! L’ouverture de l’épisode 5 avec le morceau Long Live to the Chief par Jidenna, pwaaaah c’est juste énorme!!!

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On connaissait déjà Luke Cage pour l’avoir vu partager les aventures de Jessica Jones, et Mike Colter s’avérait avoir les épaules pour le rôle, tant physiquement que dans sa manière de jouer. Là, j’avais quelques réserves le temps d’une poignée d’épisodes, jusqu’à ce qu’il se lâche avec le personnage, et en fasse ressortir toute la puissance physique et émotionnelle! Mike Colter EST Luke Cage, et il est prêt à nettoyer le quartier des ordures qui la peuplent! En premier lieu, on a Cottonmouth, interprété par Mahersala Ali (House of Cards), qui malheureusement a bien moins d’envergure qu’un Wilson Fisk ou qu’un Killgrave… On a aussi sa cousine Mariah Dillard, jouée par Alfre Woodard (12 Years a Slave), qui elle non plus n’est pas la plus badass des bad girls… Mais c’est avec les seconds couteaux que l’on va avoir de très belles surprises, à commencer par Shades, personnage juste génial avec lequel l’acteur Theo Rossi (Sons of Anarchy) se fait sacrément plaisir! Cet homme de main aussi frimeur qu’efficace s’avère juste excellent, et ressort de la série comme l’un des personnages les plus intéressants! On a aussi Diamondback, interprété par Erik LaRay Harvey (Boardwalk Empire) qui lui aussi possède une personnalité bien détonante! Avec en plus Misty Knight (Simone Missick, vue dans Wayward Pines) ou Pop (Frankie Faison, le célèbre barman de Banshee!), on a un très bel entourage pour Luke Cage! Et si on lui rajoute encore l’omniprésente Claire Temple, qui fait le lien entre toutes les séries Netflix (Rosario Dawson, qui donne la pleine mesure de son talent dans le rôle de cette infirmière qui n’a pas froid aux yeux), on obtient une communauté qui a le potentiel de dynamiter le quartier!

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Après la crainte du début de saison, tous les doutes s’évaporent d’un seul coup, et on retrouve donc toute la quintessence de l’écriture si chère à Netflix. Les personnages sont scénaristiquement consistants, leurs liens sont élaborés, et les situations qu’ils vont vivre vont les affecter, les amenant à prendre des décisions lourdes de conséquences. On est dans du concret, et si Luke Cage est insensible aux balles (d’ailleurs le morceau de Method Man composé pour le show est juste génial!), le travail sur l’aspect psychologique est excellent, et on va assister à la naissance d’un nouveau héros, avec des flashbacks bien ciselés et que les fans apprécieront d’autant plus! Cheo Hodari Coker va extirper la substantifique moëlle du Héros à louer et l’injecter dans sa série, apposant une modernité nécessaire au colosse, et jouant de la manière la plus intelligente possible entre fiction de super-héros et guerre des gangs. Avec Luke Cage, on se retrouve dans une guerre des nerfs pour la suprématie et le contrôle du quartier, plusieurs représentants souhaitant soumettre les habitants à leur loi. Harlem est un vivier de créativité, comme en attestent régulièrement les personnages, mais aussi un écrin pour les gangsters… On se retrouve dans un récit qui emprunte énormément aux films des années 70, avec des références directes à Shaft, Super Fly ou encore Cleopatra Jones, mais aussi à l’héritage des 90’s avec New Jack City notamment. Coker est parvenu à cristalliser l’essence même de toute cette culture, et son show est teinté de toutes les effluves de ces oeuvres emblématiques, saupoudré par les titres musicaux eux aussi caractéristiques de ces décennies!

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On pouvait craindre que Luke Cage ne fasse qu’appliquer une recette devenue évidente et peut-être paresseuse, mais il n’en est strictement rien. Au-delà de l’excellent divertissement qu’il est, Luke Cage a le mérite d’être un renouveau exemplaire pour la blaxploitation, retrouvant toute la coolitude et les personnages hauts en couleurs qui ont fait le succès du genre, et cette renaissance est juste énorme! Luke Cage possède sa propre identité dans l’univers Marvel, et parvient à faire évoluer ces personnages pour le plus grand plaisir des spectateurs! Après Daredevil et Jessica Jones, Netflix fait un sans-faute exemplaire, et on attend maintenant de pied ferme Iron Fist et The Defenders l’année prochaine!!!

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