Blade Runner (Ridley Scott, 1982)

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Après son 1er film Duellistes en 1977, le metteur en scène britannique Ridley Scott va nous livrer coup sur coup 2 films qui font référence dans le domaine de la science-fiction: Alien – le 8ème Passager en 1979, et Blade Runner en 1982. Dans ce récit sombre et apocalyptique, il va adapter le roman de Philip K. Dick intitulé Les Androïdes rêvent-ils de Moutons électriques?, pour nous livrer une oeuvre impressionnante par son atmosphère ainsi que par les thèmes qu’elle traite.

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L’entrée en matière s’avère majestueuse, avec la découverte d’un Los Angeles futuriste situé en 2019, où la nuit semble permanente et où les lumières artificielles rythment la vie de la population tel un coeur de néon qui battrait sans discontinuer. La musique envoûtante composée par Vangelis magnifie encore cette vision crépusculaire de l’humanité, dans laquelle on va suivre des personnages qui semblent tous perdus. On n’est pas très loin d’un monde orwellien, mais l’homme a encore une certaine chance, l’aspect totalitariste étant réservé aux Réplicants, des robots humanoïdes conçus pour les tâches dangereuses et ingrates. Mais le processus de fabrication de ces êtres artificiels s’est tellement amélioré, qu’ils semblent bien avoir développés des émotions, voire une certaine humanité…

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L’ambiance oppressante dans laquelle Ridley Scott va nous plonger perdurera durant tout le film, et on va évoluer dans cette atmosphère lourde telle un cauchemar cotonneux, en suivant Rick Deckard, un Blade Runner chargé d’éliminer les Réplicants défectueux. Ridley Scott nous place dans un monde constamment sombre et pluvieux, comme si la Terre était trop fatiguée et qu’elle s’affaissait sur elle-même… La pluie symbolise toute la tristesse d’une humanité qui aurait raté sa voie, et dans laquelle les hommes errent telles des fourmis qui n’auraient plus de but. Deckard est un élément symptomatique de cet abandon global, lui qui ne semble plus motivé par grand-chose, et qui va accepter sa mission plus par possibilité de sortir un instant de ce grand oubli, que par envie ou par sentiment de faire justice… Le choix des éclairages s’avère magnifique, avec ce mouvement permanent dû aux néons de la ville, qui vont projeter des ombres sans discontinuer, et créer une atmosphère inquiétante… Visuellement, Blade Runner s’avère réellement impressionnant!

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Harison Ford, tout juste auréolé du succès de La Guerre des Etoiles et de L’Empire contre-attaque, poursuit son exploration de la SF dans un registre radicalement différent, et incarne un Deckard perdu dans un monde qui ne sait lui-même plus comment tourner. Les corporations règnent en maîtres dans leurs tours d’ivoire rappelant les pyramides égyptiennes, et le peuple vit en bas dans un climat délétère. Ridley Scott construit un futur totalement pessimiste, dans lequel 4 Réplicants vont lutter pour leur propre humanité. Ayant tué des humains afin de pouvoir fuir, ils sont pris en chasse par Deckard, pour qui ils ne sont que des machines. Mais la confrontation entre le Blade Runner et ses proies va remettre beaucoup de choses en question…

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Le thème de la machine qui prend le pouvoir sur l’Homme est un classique des années 80, et l’exemple le plus parlant est le Terminator de James Cameron en 1984. Ridley Scott va quant à lui poser le questionnement de l’humanisation possible des machines, et par là même de la possibilité de la création d’une forme de vie artificielle. Qu’est-ce qui distingue l’homme d’un robot, quand ce dernier semble capable de ressentir des émotions, et est capable de pleurer? Alors que Deckard semble être un humain presque désincarné, qui ne croit plus en rien, il va se lancer à la poursuite de Réplicants qui possèdent une volonté de vivre qui semble bien plus forte que celle de Deckard.

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L’acteur néerlandais Rutger Hauer va d’ailleurs nous livrer une prestation qui fait date dans sa filmographie, en incarnant Roy Batty, un Réplicant conçu pour le combat, mais qui a développé une certaine sensibilité par rapport au monde qui l’entoure. Il va être un adversaire coriace pour Deckard, tout en le poussant à voir la beauté de l’existence que le flic ne voit plus. La prestation d’Hauer s’avère juste fascinante, et il vole clairement la vedette à Harrison Ford! Son personnage implacable et torturé est simplement magnifique, et symbolise la notion d’humanité avec une solidité confondante, tout en atteignant une dimension quasi-christique (le clou qu’il s’enfonce volontairement dans la main, la colombe…)! La symbolique puissante de l’oeil, à la fois pessimiste et ironique, nous montre que le regard artificiel semble bien plus humain que le regard de l’Homme… Le mode opératoire des Réplicants lors de leurs meurtres passe par les yeux, tel une destruction d’un regard qui n’est finalement pas capable de voir la beauté cachée de ce monde…

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Blade Runner est une fable sur la déshumanisation et sur ce qui constitue l’essence même d’un être humain. Quand on ne parvient plus à distinguer un homme d’un être artificiel, ce dernier a-t-il gagné le droit d’être considéré comme un être vivant? Quand une machine semble capable de ressentir davantage d’émotions qu’un être humain, peut-elle être considérée comme vivante? Des notions passionnantes que Ridley Scott traite avec beaucoup de soin et qui font de ce film une sorte de cauchemar envoûtant, dans lequel chaque protagoniste lutte pour une existence qui serait différente…

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Il y a dans ce film des séquences cultes, notamment l’affrontement bien violent entre Deckard et Roy dans l’immeuble et sur le toit, avec la pluie tombant sans discontinuer. La scène où Deckard affronte Pris, interprétée par Darryl Hannah, est chargée d’une certaine tension sexuelle tout en étant bien violente. Pris est une Réplicant à la fois attractive et dangereuse, qui pourrait bien avoir inspiré le personnage d’Harley Quinn… Daryl Hannah la joue avec un mélange d’ingénuité et de manipulation qui en fait un personnage d’une très belle richesse.

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Avec encore Sean Young, Edward James Olmos, M. Emmet Walsh, William Sanderson, Brion James et Joanna Cassidy, le film contient des personnages forts qui vont s’affronter pour leur survie dans une Los Angeles apocalyptique, et Ridley Scott signe un Blade Runner mythique! Et la magnifique musique de Vangelis traînera encore longtemps dans votre cerveau après avoir vu le film…

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