Après avoir notamment été producteur et scénariste sur la série Hannibal, Nick Antosca s’est attelé à la création d’un nouveau show à dimension horrifique, Channel Zero. Il s’agit d’une nouvelle série anthologique, ayant été validée pour 2 saisons indépendantes. La première se nomme Candle Cove, et va suivre ce qui se passe dans un petit patelin tranquille alors qu’une série télé pour enfants va complètement les détraquer…
L’aspect visuel de Channel Zero est juste magnifique, avec son personnage blanc complètement énigmatique, sa propension à filmer la beauté de la nature, son appréciation de la temporalité… Il y a quelque chose de véritablement original et sincère dans le traitement que Nick Antosca appose à sa série, et les premiers épisodes nous mettent dans une ambiance à la fois lourde et envoûtante. Rarement le fond aura été aussi élégamment lié à la forme, et le travail de Craig William Macneill, qui met en scène les 6 épisodes de cette saison, est vraiment remarquable. Ses partis-pris esthétiques nous plongent dans un monde à la frontière entre le réel et le cauchemar, où les mauvais rêves deviennent menaçants en s’ancrant de plus en plus dans la réalité… Sa manière de montrer la persistance du monde imaginaire de Candle Cove dans cet environnement de toute beauté crée une dynamique assez impressionnante, et on se retrouve devant une sorte de show horrifique bucolique très original…
Quand Mike Painter (Paul Schneider, vu dans les séries The Divide ou Tunnel) revient dans sa ville natale presque 30 ans après des meurtres non élucidés, il se rend compte que les phénomènes étranges qui avaient eu lieu lors de son enfance semblent être en train de se reproduire… Une étrange série télé enfantine pourrait bien être la cause de toutes ces atrocités, agissant sur l’esprit des jeunes et les rendant dangereux. C’est ce qui semble s’être passé à l’époque, et Candle Cove est à nouveau prêt à agir sur la jeune génération. Les premiers épisodes sont des modèles d’écriture et d’ambiance, avec un excellent travail pour créer une atmosphère captivante et pesante, avec ce mélange de visions adultes et de naïveté enfantine en train de se perdre… Tout le poids des événements qui se sont déroulés durant les années 80 semble perdurer, ayant modelé la ville et ses alentours, et ayant entraîné tous ses habitants dans sa chute silencieuse… Cet héritage sanglant pèse sur la communauté, qui n’a jamais réussi à identifier le coupable.
Le retour de Mike coïncidant avec de nouveaux événements étranges et inquiétants, il est rapidement soupçonné, et va devoir prouver qu’il n’est en rien impliqué. Par contre, son propre passé et ses propres craintes vont resurgir au fur et à mesure qu’il enquêtera pour y voir plus clair. L’homme, devenu un pédiatre influent, va replonger dans les affres de son enfance pour y trouver des réponses auxquelles il ne s’attendait pas. Nick Antosca nous livre une série exigeante et qui s’ouvre de manière exemplaire, pour malheureusement s’essouffler vers la fin… La résolution de tout ce mystère est à ce titre décevante, alors que les multiples pistes étudiées étaient franchement captivantes… L’impact de cette série sur le cerveau des enfants, le fameux personnage blanc juste génial, l’intelligence de l’écriture faisaient que l’on était dans une version sacrément mature d’un conte pour enfants bien glauque, à tel point qu’il m’a fallu arrêter un peu la série pour souffler!
Channel Zero propose une approche vraiment innovante en matière horrifique, et il est vraiment dommage qu’elle n’ait pas su garder le cap jusqu’au bout! Mais elle reste une expérience à tenter, si vous ne craignez pas les ambiances résolument glauques!