Focus : #MeToo, black Lives Matter, LGBTQ…

Ces dernières années ont vu se cristalliser des combats sociaux majeurs, à tel point que tous les mouvements revendiqués s’entremêlent dans un maelstrom médiatique inondant l’ensemble des médias de manière quotidienne. Difficile alors de prendre du recul par rapport à cet effet de masse pesant sur l’ensemble de la sphère sociétale, avec un revers de la médaille très malsain dû à la « bien-pensance » 2.0. Internet est un outil tellement noble lorsqu’il s’agit de mettre en lumière des problématiques passées sous silence par les médias classiques menottés par leurs liens financiers, mais il peut également être un outil tellement dévastateur en donnant à tout un chacun l’opportunité de donner « sa » vérité.

 

A l’époque où on ne bénéficiait que de 3 chaînes télé et de quelques stations radio, on croyait encore un peu à la valeur de l’information et à l’intégrité des journalistes. Ou alors, c’est juste que j’étais très jeune et encore trop naïf. Mais quand on voit comment est analysée, décortiquée, débattue la moindre parcelle d’information, et avec quelles fougue et passion les gens montent au créneau pour défendre leur cause (plus ou moins défendable selon les situations), ça démontre surtout à quel point ils s’approprient des histoires qui ne sont pas les leurs pour créer un brouhaha socio-culturel via internet qui bouffe une place juste incroyable, tant en terme de temps que de sites!

Les médias spécialisés s’amusent à jouer avec cette sorte de fragilité sociale, titillant les lecteurs avec des titres volontairement accrocheurs, et la dernière news de ce type concerne un des nombreux prochains remakes live de Disney, Peter Pan & Wendy. Car c’est l’actrice afro-américaine Yara Shahidi (photo ci-dessus) qui a été castée dans le rôle de la Fée Clochette. On retrouve donc une polémique identique à celle du remake live de La petite Sirène, puisque l’actrice Halle Bailey (photo ci-dessous) qui jouera Ariel est elle aussi afro-américaine. Pour justifier de telles polémiques, il serait obligatoire d’avoir accès aux données des castings, afin de savoir si ces actrices ont été choisies en fonction de leur couleur de peau, ou simplement parce qu’elles sont douées. En l’absence de telles données, il est difficile de savoir s’il s’agit de discrimination positive ou non.

 

Mais on peut être amené à penser que les studios optent pour des stratégies visant à caresser leur public dans le sens du poil. Quand on voit que la vague féministe (avec notamment le #MeToo, qui a débuté en 2007) a été un vrai élan de libération dans le mode de fonctionnement du 7ème art du côté d’Hollywood, et qu’il a permis une ouverture d’esprit quant à certains projets (on pense évidemment au Black Widow dont personne ne voulait il y a 10 ans, et qui a vu sa production se déverrouiller d’un coup), on sait que le Black Lives Matter s’avère aussi puissant et symbolique. Mais quand une telle avancée sociale se profile, il y a toujours en filigrane la notion de profit qui peut s’en dégager. Si on ne peut l’éradiquer, comment un tel mouvement peut-il être rentable? Pour certains décideurs, s’il prend trop d’ampleur, il faut commencer à l’intégrer dans l’équation, et c’est en partie ce qui est en train de se passer dans le milieu cinématographique notamment. Encore une fois, sans accès aux listes de casting, c’est très compliqué de juger de cas spécifiques.

 

Mais on peut être certain qu’il y a un vent de blackwashing qui souffle sur Hollywood. Le problème est justement quand les ajustements sont faits en réaction à un mouvement social, et non pas par une simple logique sans arrière-pensée. Il y a des décennies, on parlait de whitewashing, avec l’utilisation d’acteurs blancs pour jouer des rôles de Noirs ou d’asiatiques. Si Le Chanteur de Jazz est considéré comme le premier film parlant de l’Histoire en 1933, il est aussi le premier qui utilise la blackface, avec l’acteur blanc Al Jolson se grimant en Noir, ce qui à l’époque ne posait aucun problème (vu le traitement des Blacks en même temps dans les années 30, personne n’allait râler sur un tel détail). Aujourd’hui, on se retrouve dans une situation inverse qui voit des acteurs noirs obtenir des rôles que certains considèrent comme « réservés » aux Blancs… Il va falloir respirer un bon coup et méditer sur cette primauté ^^

 

Je parlais du traitement des Noirs dans les années 30, et un film qui a beaucoup fait polémique récemment, Autant en emporte le Vent (1939) a vu Hattie McDaniel obtenir l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle le 29 février 1940, faisant d’elle la toute première actrice afro-américaine à obtenir cette récompense. Mais cette distinction n’a fait que souligner le racisme ambiant de l’époque, puisqu’elle n’avait pas été autorisée à s’installer avec le reste de l’équipe du film lors de la cérémonie, et avait dû emprunter l’allée réservée aux gens de couleurs… Cela a donc été une victoire amère, qui soulignait d’une certaine manière l’acceptation du système ségrégationniste en place…

 

Nous sommes dans une ère où la parole peut être libérée et entendue à travers le monde en un temps record, et les années ou siècles d’oppression vécus par certaines communautés ont enfin la possibilité de voler en éclat. Difficilement, de manière parfois limite et avec quelques régressions derrière, mais il se passe quelque chose de viable et d’inespéré. Le tout est de ne pas laisser chaque mouvement être récupéré par les pouvoirs en place, et c’est forcément ce qui se trame dans l’ombre. Quand le choix d’un acteur noir à la place d’un acteur blanc se fait par calcul, la solution est mauvaise. Quand ce choix s’effectue par conviction, c’est logiquement positif. Le problème, c’est que l’on n’est pas en mesure de savoir comment sont déterminés ces choix…

 

Dans un autre registre, on a Scarlett Johansson en 2018 qui est obligée de refuser un projet de film car il y a une trop grande pression de la part de la communauté internet, alors qu’elle devait incarner un homme transgenre dans Rub & Tug. On parle d’une fiction, et d’une actrice dont le métier est de s’immiscer dans la peau d’autres personnes, et elle a dû céder en présentant des excuses. Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de jouer un transgenre, et pourquoi ce rôle devrait-il obligatoirement être incarné par une personne transgenre? On parle d’acting, dans un processus visant à incarner le plus justement un personnage dont on est pas forcément proche, c’est ce qui fait la beauté du travail d’un acteur ou d’une actrice. Donner ce rôle obligatoirement à une personne transgenre n’est pas à mon sens une avancée dans l’acceptation, car bien au contraire, ça démontre une limitation dans les rôles choisis pour les personnes transgenre. C’est pour cela que voir l’actrice transgenre Shakina Nayfack jouer un personnage à la forte personnalité dans la 3ème saison de Jessica Jones (elle est capable de tenir tête à Jessica ^^) est salvateur, car à aucun moment on ne souligne sa vie privée, mais on a un personnage simplement fort, même si  finalement trop peu présent.

 

Quand on voit à quel point les médias mettent en avant l’appartenance à une communauté ou à un genre dans l’élaboration des projets, on voit qu’on est pas encore rendu… Wonder Woman et Wonder Woman 1984 sont un diptyque forcément girl power, puisque outre Gal Gadot devant la caméra, on a la réalisatrice Patty Jenkins derrière. Le combat chez Marvel est plus nuancé, puisqu’on a eu un homme (Ryan Fleck) et une femme (Anna Boden) pour mettre sur pied Captain Marvel. Ryan Coogler, le réalisateur noir de Black Panther, aura-t-il la liberté de s’intéresser à n’importe quel super-héros, et pas seulement les Noirs? Une femme aura-t-elle l’opportunité de réaliser un film sur un héros masculin? La manière de faire actuelle donne l’impression de laisser les gens dans des catégories, et de ne choisir quelqu’un qu’en fonction des réactions que cela pourrait engendrer sur internet et afin d’éviter des polémiques.  Evidemment, au niveau de la sensibilité, Ryan Coogler sera bien plus proche du combat de Black Panther et de la thématique raciale. Evidemment, une réalisatrice aura une vision plus personnelle de la lutte d’une femme dans un monde d’hommes. La vraie question n’est pas de savoir si on a une femme noire derrière la caméra pour raconter les aventures d’un héros asiatique, mais simplement d’avoir un artiste talentueux quel que soit son genre, son identité sexuelle et sa couleur de peau. Kathryn Bigelow est une femme qui a eu son lot de films d’actions avec des hommes devant sa caméra (Point Break – extrême Limite, Strange Days, Démineurs), et que les auteurs de Matrix soient des hommes ou des femmes, l’important est que leurs films soient simplement bons!

Nous sommes dans une ère qui voit les tabous voler en éclat, et dans laquelle la liberté n’a sur le papier jamais été aussi proche. Mais les positions ancestrales ont la vie dure, et il va encore falloir du temps avant d’évoluer réellement. Par contre, si face à l’intolérance, certains vont dans le sens d’obliger les gens à être tolérants, ils ne font que perpétuer une vision similaire, même si elle est située sur le spectre opposé. Obliger les gens à avoir un avis sur tout, en prenant partie pour un camp ou pour l’autre, c’est tellement binaire au final…

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Les news de la semaine : Va mourire

On ne pourra pas jouer les surpris, au vu du contexte actuel… Mourir peut attendre, le 25ème volet de la saga James Bond, se voit lui aussi repoussé. Il passe donc du 11 novembre au 2 avril 2021 (sortie US), et la fin d’année s’annonce désormais très déserte pour l’industrie cinématographique… Le flegme britannique disparaît, heureusement il nous reste la classe française. Ben oui, Les Tuche 4, ça, ça reste évidemment…

 

Après plus d’une douzaine de jeux vidéos, 6 films live et 3 films d’animation, la franchise Resident Evil ne va pas s’arrêter en si bon chemin : 2 séries sont prévues, et ces projets sont bien distincts, puisque l’une des 2 sera une version live, tandis que l’autre sera une série animée. C’est à cette dernière que l’on va s’intéresser aujourd’hui, car Netflix a dévoilé cette semaine un tout premier teaser pour ce partenariat avec Capcom. Et autant dire que même si rien n’est dévoilé quant aux enjeux ou à l’histoire, ces premières images ont de la gueule et annoncent une série en CGI qui devrait faire la part belle à son atmosphère, tout en offrant un traitement très mature à son sujet. On retrouvera Claire Redfield et Leon S. Kennedy, 2 personnages emblématiques de la saga vidéoludique!

Resident Evil : infinite Darkness sera traité par le studio Quebico, qui n’en est pas à son coup d’essai dans l’univers zombiesque de Capcom, puisqu’on leur doit le film d’animation Resident Evil : Vendetta sorti en 2017. Je l’ai vu il y a peu, et je vous en parlerai très prochainement, parce que ça a été une excellente surprise!!! Du coup, j’ai retrouvé dans ce teaser une tonalité proche du film, et on retrouve à la production Hiroyuki Kobayashi, qui oeuvrait donc au même poste sur Resident Evil : Vendetta, mais également Resident Evil : Degeneration et Resident Evil : Damnation, les 2 autres métrages respectivement produits en 2009 et 2012. On sent une implication bien plus grande dans ce teaser que dans la saga de films avec Milla… Donc c’est plutôt de bon augure, mais il va falloir patienter jusqu’en 2021, sans date précise pour le moment.

 

 

Après l’annonce casting de Miss Hulk, c’est une autre série Marvel qui nous intéresse aujourd’hui, puisqu’on a appris cette semaine l’identité de celle qui endossera le rôle d’une autre miss, Miss Marvel! C’est la jeune inconnue Iman Vellani qui aura la chance de jouer la métamorphe inhumaine, protectrice de Jersey City! Iman Vellani est une Candienne d’origine pakistanaise, et elle jouera donc l’adolescente américaine d’origine pakistanaise, la première super-héroïne musulmane made in Marvel, qui a notamment travaillé aux côtés des Champions, super-équipe constituée de jeunes héros. Bien que prévue pour la Phase V (la Phase IV débutera avec Black Widow), la série Ms. Marvel commence à se dévoiler, et il nous reste maintenant à attendre des news casting pour Moon Knight!

 

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L’Ile du Diable (Nicolas Beuglet,2019)

Après Le Cri et Complot, le romancier Nicolas Beuglet boucle sa trilogie consacrée à l’inspectrice norvégienne Sarah Geringën, avec une enquête qui va la toucher de plein fouet. Lorsque son père est retrouvé assassiné, elle va devoir remuer le passé de cet homme qui aura été très discret, et qui cachait certaines zones d’ombre…

Le Cri et Complot font partie de ces bouquins que l’on dévore d’un bout à l’autre sans prendre le temps de les reposer. Même s’ils ne font pas abstraction de certaines facilités scénaristiques, les personnages, l’ambiance et les mystères à explorer sont tellement captivants que les quelques approximations n’entament en rien le plaisir de cette immersion. Pour L’Ile du Diable, Nicolas Beuglet démarre sur le même rythme trépidant et avec la même envie.

Bon, il faut tout de même accepter un détail d’importance, celui qui permet à Sarah d’enquêter elle-même sur la mort de son père. Ca paraît très gros, mais au fil de la lecture, la justification est plutôt bien ficelée. Même si du coup elle pose un autre problème… Mais je vous laisserai découvrir ça par vous-même, pas de spoil! Sarah aura été sacrément malmenée au gré de ses 3 aventures, la précédente l’ayant quand même envoyée en prison! Alors quand à peine sortie, elle découvre que son père a été tué de la plus atroce des manières, elle n’a pas d’autre choix que de tenter de comprendre les motivations de l’assassin. Même si on est embarqué efficacement pendant un bon bout de temps, on commence à sentir les ficelles qui sous-tendent les intrigues de l’auteur, et on évente quelques surprises assez rapidement. Du coup, la fraîcheur des 2 bouquins précédents disparaît, et on se retrouve par moment en mode automatique…

Pourtant, la lecture se fait toujours aussi rapidement, car il y a tellement d’éléments mystérieux à comprendre, notamment avec cette fameuse question hantant le lecteur depuis un moment : Sarah a-t-elle réellement tué ce jeune garçon il y a quelques années? Christopher Clarence, l’homme avec qui elle a partagé ses enquêtes, tente de remonter la piste et d’obtenir une réponse sur l’implication de Sarah, quitte à voir s’effondrer l’image de la femme de sa vie. Nicolas Beuglet distille assez de suspense, tant dans le présent que dans le passé, pour que le lecteur se sente happé par l’intrigue et ses sous-intrigues.

Il va encore une fois dévoiler une raison particulière aux exactions du meurtrier, avec une thématique intéressante et innovante, même si elle n’apparaît pas de manière aussi fluide que dans les précédents bouquins. On sent que Beuglet a souhaité partir de ce constat et a échafaudé une intrigue permettant d’y relier l’ensemble des éléments, tandis que dans Le Cri et Complot, la construction paraissait plus solide et davantage linéaire. On ressent une certaine baisse de régime dans le dernier acte, avec des événements qui ne possèdent pas le même caractère réaliste que dans les ouvrages précédents. La manière dont Sarah s’en tire par exemple peu paraître exagérée…

Mais s’il est moins captivant que Le Cri et Complot, L’Ile du Diable n’en reste pas moins un bon plaisir de lecture, et n’aura pas eu le temps de prendre la poussière lui non plus!

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Le clip de la semaine : Prévention suisse

Le site Creapills est une mine d’or en matière d’inventivité, regroupant quotidiennement des publicités et innovations venus des 4 coins du globe. Cette sélection de 3 pubs ayant germé dans les esprits joyeusement dépravés de Love Life et de l’agence Rod Kommunikation est une pure pépite, maniant l’humour graveleux avec une classe absolue! ^^

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Absolute Carnage 3

Ces derniers mois chez Marvel, le super-vilain Carnage était de retour pour asservir le monde! Dans ce 3ème mensuel consacré à l’événement, on va assister au combat final entre Carnage et Venom, aidé par plusieurs super-héros. Ca nous permet d’avoir un aperçu de ce que pourrait donner Venom 2, qui verra les 2 Symbiotes s’affronter pour la première fois à l’écran!

Le scénariste Donny Cates a oeuvré sur plusieurs séries consacrées à Venom, et il est donc logiquement en charge de ce crossover très sanglant! Il est accompagné par Ryan Stegman et Mark Bagley aux dessins, et l’équipe va dérouler un récit sympathique et coloré. Voir Eddie Brock aller au combat sans son symbiote est assez émouvant, et il est épaulé par Miles Morales, Captain America ou encore Wolverine. C’est rythmé et visuellement sympa, même si l’ensemble n’est pas non plus transcendant.

Le tie-in consacré à Captain Marvel est quant à lui assez à côté de la plaque, avec l’appropriation du chat/Flerken de Carol Danvers par un symbiote… Les débuts de la scénariste Emily Ryan Lerner ne feront pas date, et le trait d’Andrea Broccardo non plus… Le principe des tie-in est de multiplier les épisodes lors d’un événement majeur, on en a ici un exemple assez fade…

Le tie-in sur Scream est déjà plus logique, et s’inscrit dans la continuité du récit principal de l’événement. L’affrontement entre Scream et Carnage est bien sanguinolent et va laisser un personnage sur le carreau. Cullen Bunn joue une partition efficace au stylo, tandis que Gerardo Sandoval gère son crayonné, avec un très bel encrage renvoyant quelques décennies en arrière pour un résultat plutôt savoureux. Il y a une très belle visualisation du personnage de Scream, et même si le récit n’est pas non plus des plus dingues, ça se lit agréablement.

Deadpool vient vite faire un caméo dans le dernier épisode, histoire de rappeler qu’il n’est jamais loin lorsqu’il y a des bains de sang. Un autre aspect intéressant est la relation entre Eddie et son fils, qui va être amenée à évoluer prochainement.L’ensemble reste correct, avec une fin ouverte sur le méchant Knull, et même s’il n’y a pas de quoi déplacer les foules, c’est du comics mainstream qui se lit tranquillement.

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