Vendredi soir avait lieu l’avant-première de The Walk: rêver plus haut de Robert Zemeckis, que les gagnants du concours Talking Wade ont pu découvrir avant sa sortie le 28 octobre grâce au partenariat avec le Kinépolis Mulhouse!
Philippe Petit est un funambule français né en 1949, célèbre pour sa traversée illégale des 2 tours du World Trade Center le 7 août 1974. Cet exploit hallucinant a déjà fait l’objet d’un documentaire sorti en 2008, Le Funambule, signé James Marsh (le réalisateur d’Une merveilleuse Histoire du Temps). Mais si le documentaire était intéressant, il fallait paradoxalement élaborer une fiction qui permettrait de se rapprocher au plus près de ce qu’ont vécu Philippe Petit et ses amis en préparant ce « coup » comme ils l’ont appelé. Robert Zemeckis, le doux rêveur qui a toujours apprécié les destins hors du commun et l’aventure (il est le metteur en scène de la trilogie Retour vers le Futur, Qui veut la Peau de Roger Rabbit?, Forrest Gump, Le Pôle Express, etc…), était bien placé pour narrer de l’intérieur ce destin hors du commun d’un petit Frenchie venu dialoguer avec ce monument new-yorkais…
En posant le personnage de Philippe Petit, interprété par Joseph Gordon-Levitt, comme narrateur enjoué, fier et empli de folie douce pour raconter sa propre histoire, Robert Zemeckis nous annonce d’entrée de jeu que son point de vue sera celui de l’extraordinaire funambule. Il nous promet de la démesure, de l’humour, de la magie, de l’émotion et, encore une fois, de la folie, sans laquelle rien de tout cela n’aurait été possible! L’ouverture sur un Paris en noir et blanc, qui va progressivement prendre des couleurs avec l’arrivée de Petit, est à l’image du personnage hors norme, qui vit son existence comme il le souhaite, avec toujours cette envie de révéler la magie qui sommeille en ce monde. Visuellement, cette scène s’avère très belle, et va nous inviter à prendre de la hauteur et des couleurs en suivant l’artiste!
Le biopic est un exercice délicat, les metteurs en scène hésitant souvent entre un aspect documentaire plus prononcé et une plongée dans la fiction plus libre. Zemeckis ne s’est semble-t-il jamais posé la question, et son film révèle un bel équilibre entre la véracité des faits et les quelques ajouts dramatiques supplémentaires. On sent un respect immense pour Petit, et une vraie sincérité dans l’élaboration de son long métrage. Zemeckis réalise probablement l’un de ses meilleurs films, dans lequel sa caméra se trouve littéralement en état de grâce! L’aisance de sa mise en scène, l’aspect aérien et totalement libre dont il use pour relater ces événements, font de The Walk: rêver plus haut un des plus beaux films de cette année!
Zemeckis prend son récit vraiment à coeur, et il filme d’une manière très impressionnante! La scène où Philippe Petit touche pour la première fois le bâtiment du World Trade Center est vraiment intense, avec cette caméra qui filme au plus près ce premier contact, à la fois immense et tellement intime… The Walk: rêver plus haut est la rencontre entre un homme et son destin, qu’il a découvert par un de ses hasards qui nous font croire en une profonde beauté du monde… La caméra bouge au rythme de la folie douce de Petit, et Zemeckis s’adapte à la personnalité démesurée du bonhomme, pour nous conter un récit aussi impressionnant que véridique! Il trouve en Joseph Gordon-Levitt un interprète idéal pour jouer le funambule Français, qui se plaît à entrer dans la peau de ce personnage de rêveur obsessionnel!
Le film propose un rythme que l’on n’aurait pas forcément soupçonné, et qui permet d’enchaîner les séquences sans que jamais l’ennui ne s’installe. On découvre l’enfance de Philippe, ses premiers pas sur un fil, sa rencontre avec son mentor Papa Rudy (incarné par l’excellent Ben Kingsley), celle avec sa petite amie Annie (la Canadienne Charlotte Le Bon, vue dans Yves Saint Laurent et Libre et assoupi), chacun de ses moments étant traité avec un mélange de magie, de sensibilité et de poésie, et présenté avec un rythme à la fois vif et bienveillant. Il y a dans The Walk: rêver plus haut (au-delà de son sous-titre français totalement inutile) une énergie et une détermination qui sont finalement celles qui ont poussé Philippe Petit toute sa vie.
On suit son parcours, de ses premiers pas hésitants quand il était gamin, à son succès planétaire à l’âge de 24 ans, avec tous les moments de doute et de complicité avec ses proches, les phases d’entraînement et de préparation, et on découvre un personnage résolument différent, venu au monde uniquement pour se balader sur son fil! « Être funambule, ce n’est pas un métier, c’est une manière de vivre. Une traversée sur un fil est une métaphore de la vie : il y a un début, une fin, une progression, et si l’on fait un pas à côté, on meurt. Le funambule relie les choses vouées à être éloignées, c’est sa dimension mystique. » (citation d’une interview accordée au Figaro en 2008).
La préparation en elle-même de ce « coup » est une aventure juste dingue, avec l’espionnage durant des semaines des allers et venues dans ces 2 tours inachevées, des observations sur place avec des déguisements chaque jour différents, afin de ne rien laisser au hasard et d’être totalement prêts le jour J. Mais il y eut tellement d’impondérables dans cette aventure, qu’il y avait un mélange d’excitation et de tension permanent durant ces longues semaines, qui ont débouché sur ce qui est probablement l’un des plus beaux moments artistiques. Le 7 août 1974, lorsque Philippe Petit fit basculer son poids du building sur le fil, et qu’il allait ainsi entrer dans la légende avec cette incroyable balade. La mise en scène de ce moment est juste sublime, et Robert Zemeckis réalise l’une des plus belles séquences de sa carrière. On sent le vent, le silence, la magie, le murmure de la ville, l’immensité, et la beauté du vide. Cette scène est parfaite, et raconte avec énormément d’intensité ce qu’a vécu Petit tout là-haut, perché dans ce moment d’éternité. Je ne vais pas vous raconter le déroulement de cette traversée, je tiens à vous laisser la surprise de découvrir par vous-même cet instant difficilement exprimable, mais que Zemeckis a recréé avec un talent indéniable! Et si l’utilisation de la 3D pouvait apparaître comme un gadget inutile, il n’en est strictement rien, et elle approfondit véritablement cette séquence incroyable, où l’on ressent littéralement le vertige!
Cette traversée à 412 mètres de haut restera à jamais dans les mémoires, et Philippe Petit a exprimé tout le potentiel de ces tours disparues, dans un moment résolument intemporel. Ci-dessous une photo du vrai Philippe Petit durant sa traversée.
On ressent déjà toute l’intensité du film dans cette critique qui donne vraiment envie de le découvrir ! la métaphore de vie est magnifique et la citation permet de mieux comprendre les motivations profondes de Philippe Petit qui à prime abord paraît complètement fou….Si la terre n’était peuplée que de ce genre de « fous », ce serait le paradis sur terre !!!
Je pense que Philippe Petit était un obsessionnel des hauteurs, et sans cette belle folie il n’aurait certainement pas accompli tout ça! L’histoire est juste sublime, et Robert Zemeckis rend un hommage vraiment sincère et touchant à cet homme et à son exploit!