Les news de la semaine : Skrull Kill Krew

La série Secret Invasion est encore loin de l’étape du tournage, mais le casting commence déjà à s’agrandir cette semaine. On savait que Samuel L. Jackson y tiendrait le rôle principal, le fameux Nick Fury. Et comme on parle de Skrulls, Ben Mendelsohn est évidemment lui aussi de retour, sous les traits de Talos. Mais aujourd’hui, on apprend la venue d’un nouvel acteur dans la sphère Marvel, Kingsley Ben-Adir. Le Britannico-Marocain a notamment joué dans les séries The OA, Peaky Blinders et High Fidelity, et il a incarné Barack Obama dans la mini-série The Comey rule. Si le nom de son personnage n’a pas été dévoilé, on sait qu’il jouera tout simplement le grand bad guy de la série! Un Skrull donc, même si on ne sait pas lequel, surtout que dans les comics, le cerveau derrière tout ce bordel était la reine Skrull Veranke. Bon, on a encore un peu de temps avant d’en apprendre davantage, mais le voir en Super-Skrull, ce serait top! ^^

 

Parce qu’on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, il est temps de commencer à décaler les films prévus pour cet été. On commence donc par Venom 2 d’Andy Serkis, qui devait sortir en juin, et qui se retrouve propulsé au 17 septembre. Voilà voilàààà, et sinon, vous le sentez le 2021 qui ressemble furieusement à 2020??

 

Et on a encore une nouvelle affiche bien classe pour Loki, qui lui respectera sa date d’échéance du 11 juin!

 

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Etroite Surveillance (John Badham, 1987)

La carrière de John Badham est assez étonnante, car elle forme en quelque sorte une boucle culturelle. Il a démarré la mise en scène en 1971 en signant des épisodes de la série The bold Ones : the Senator, et a enchaîné téléfilms et séries (Les Rues de San Francisco, Cannon, Kung Fu), avant d’enfin réaliser son premier film en 1976, Bingo. Ce ne sera pas un succès fulgurant, par contre, son second film lui, aura marqué toute une génération en 1977, puisqu’il s’agit de l’excellent La Fièvre du Samedi Soir! Badham se spécialisera rapidement dans les films d’action plus ou moins teintés de comédies, et on lui doit notamment Tonnerre de Feu, Wargames, Short Circuit, Comme un Oiseau sur la Branche, Nom de Code : Nina (le remake de Nikita)… Une carrière cinématographique pas aussi fulgurante qu’aurait pu laisser prévoir sa comédie musicale avec Travolta, mais une poignée d’oeuvres emblématiques 80’s. Badham est peu à peu retombé dans un certain anonymat, et est revenu à la télévision à la fin des années 90-début 2000, en participant à pas mal de séries telles The Shield, Heroes, Las Vegas, Esprits criminels, Nikita (logique!), Arrow, Supernatural

En 1987, il est entre Short Circuit et Comme un Oiseau sur la Branche, en plein milieu de la partie haute de sa carrière. Badham n’est pas considéré comme un des metteurs en scène importants des années 80 et 90, mais ses oeuvres offrent toutefois une belle lecture de ces décennies. Etroite Surveillance fait partie de ces films que j’adorais tout môme, et qui ont évidemment vieilli, mais qui restent toujours plaisants à voir. Le rythme est plus soft que d’autres buddy movies de l’époque, et c’est sans doute pour cela que Badham n’a pas pu maintenir le niveau de ses débuts, mais le duo Richard DreyfussEmilio Estevez fonctionne bien et va donner lieu à pas mal de péripéties et de gags sympas! Il faut dire aussi que le film policier à l’époque mettait pas mal l’accent sur les blagues crades entre collègues, les flics passant leur temps à se chamailler, et la lutte entre leur duo et un autre s’avère bien fun. L’autre duo est constitué de Forest Whitaker et Dan Lauria, et chacun espère faire la plus grosse crasse à l’autre, ce qui dégénère parfois ^^

Les 4 flics sont chargés de surveiller la maison d’une jeune femme, dont un ancien amant vient de s’évader de prison. Dreyfuss (Chris) et Estevez (Bill) constituent l’équipe de nuit, tandis que Whitaker et Lauria travaillent le jour. Ce genre de planque a de quoi ennuyer à mourir, sauf qu’ici, la femme à surveiller s’avère magnifique! Chris et Bill vont donc prendre leur mal en patience, et admirer la beauté voisine avec leur téléscope. Après tout, ce sont des flics en plein travail ^^ Mais Chris a du mal à se dire qu’il doit juste faire la potiche pour le FBI, qui récupérera les lauriers de l’affaire dès qu’il se passera quelque chose, et il décide d’aller enquêter directement sur place. Il va poser des mouchards en se faisant passer pour un agent des télécommunications, mais décide de retourner fouiller la maison lorsque la jeune femme s’absentera.

Et quelle jeune femme!!! Il s’agit de Madeleine Stowe, sublime actrice qui a notamment fait ses débuts dans la vieille série L’Homme-Araignée, oui oui ^^, et qu’on recroisera dans Obsession fatale, Le dernier des Mohicans, Blink, L’Armée des 12 Singes… Elle n’a pas eu une carrière très chargée, mais aura marqué les esprits lors de ses quelques apparitions. Etroite Surveillance est son second rôle au cinéma, et lui a permis d’accéder à la célébrité. Elle va opposer une naïveté touchante face à la roublardise de Chris, lequel va se retrouver de plus en plus empêtré dans ses mensonges… Et pris dans un engrenage bien sentimental également! Celui qui est chargé de surveiller Maria va rapidement succomber à son charme, et son boulot de flic va se retrouver en porte-à-faux avec ce que lui dicte son coeur! On se retrouve dans une situation comique classique, avec faux-semblants issus du vaudeville, et John Badham y appose une sorte de bienveillance et d’humour qui fait d’Etroite Surveillance un très bon film. Badham gère à la fois l’aspect buddy movie et le côté romantique, s’appuyant sur un script de Jim Kouf, qui a aussi écrit l’excellent Hidden sorti la même année! Kouf offre une aventure où l’action n’est pas le maître mot, mais qui se concentre davantage sur les interactions entre les personnages. Badham habillera l’ensemble avec quelques séquences d’action, notamment l’intro en prison, une poursuite en voitures et le combat final dans la scierie, histoire de quand même offrir un peu de testostérone à ce produit 80’s! ^^

Richard Dreyfuss en a fait du chemin depuis Les Dents de la Mer, et il s’avère bon dans le registre de l’humour! La séquence où il fouille la maison et que Maria revient est vraiment bien foutue, avec ce mélange de stress et d’absurde, qui est vraiment bien rythmé par Badham! Emilio Estevez a eu une carrière moins perçante que son frangin Charlie Sheen, mais a connu une période de gloire à la même époque. Sa toute première participation dans un film a été dans La Balade sauvage de Terrence Malick, rien que ça! Bon, son père Martin jouait dedans, OK… On l’a vu dans Outsiders, le film générationnel dans lequel tellement de stars ont commencé!!! Ou encore dans Young Guns, Les petits Champions, Alarme fatale, La Nuit du Jugement, Mission : Impossible… Il fait partie de ces acteurs emblématiques d’une époque, qui y sont restés ancrés (il joue actuellement dans la série The mighty Ducks : Game Changers, remake ou suite des Petits Champions, et joue et réalise Young Guns 3 : Alias Billy the Kid, prévu pour 2022) mais que ça fait tellement plaisir de revoir, un peu comme un vieux pote d’enfance!

Etroite Surveillance connaîtra une suite en 1993, Indiscrétion assurée, dans laquelle Dreyfuss laissera tomber la moustache! ^^

 

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Le clip de la semaine : Marcin – Kashmir on one Guitar

Du haut de ses 20 ans, l’artiste polonais Marcin Patrzalek n’en est pas à son coup d’essai, et a déjà acquis une réputation depuis plusieurs années et plusieurs passages par des télé-réalité, avec notamment America’s got Talent. Le jeune guitariste-percussioniste se plaît autant à créer des morceaux originaux qu’à se réapproprier des tubes d’anthologie, et sa version du sublime Kashmir de Led Zep a de quoi dérouter et envoûter!!!

 

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Caïd saison 1 (2021)

Il y a 4 ans, Ange Basterga et Nicolas Lopez présentaient leur premier long métrage au Festival du Polar de Cognac, et en sont repartis avec le Grand Prix! Une sacrée réussite pour un coup d’essai, mais la suite sera moins heureuse, car le film ne parvenant pas à trouver de diffuseur, l’oeuvre n’atteindra jamais les salles de cinéma. Basterga et Lopez ne travaillaient avec aucun producteur, les 70 000 euros de budget étant auto-financés. L’aventure aurait très bien pu s’arrêter dans cette impasse… Mais Frenchkiss Pictures et Netflix s’intéressent à ce polar tourné en seulement 4 jours, et optent pour une refonte du scénario dans un format sériel. Nicolas Peufaillit, auteur sur Un Prophète, La Horde ou Goal of the Dead, est appelé pour retravailler le script originel avec Basterga et Lopez, afin d’insuffler un rythme encore plus vif et un découpage en 10 épisodes, aux durées variant de 8 à 16 minutes.

Ange Basterga et Nicolas Lopez ont repris les mêmes acteurs principaux que sur le film, et ont eu 24 jours de tournage (6 fois plus que sur l’oeuvre initiale!) du côté de Martigues et Port-de-Bouc, et le résultat est une immersion totale en terrain inconnu pour un jeune réalisateur de clip et son caméraman! Franck et Thomas se rendent dans un quartier de banlieue afin de rencontrer Tony, future star du rap pour laquelle ils doivent tourner un clip. Mais dans ce quartier où les flics ne sont pas les bienvenus, la situation va très rapidement s’échauffer, et Franck et Thomas vont se retrouver pris en plein milieu d’une situation très explosive!!! Il y a 2 ans (novembre 2019), on découvrait l’excellent Les Misérables de Ladj Ly, plongée sans concession dans le quotidien d’une brigade de la BAC. Avec Caïd, on a un autre regard sur l’enfer du décor, et le traitement choisi par Basterga et Lopez s’avère d’une force imparable. Tout est filmé en point de vue réel, avec caméra à l’épaule et GoPro, Franck décidant comme il peut de ce qu’il va filmer. On est donc dans un croisement très intelligent entre Les Misérables et [REC], et franchement, même sans zombies, il y a de quoi vraiment flipper…

Avec ce format sériel aux durées très courtes, il n’y a pas de temps à perdre, et Basterga et Lopez vont droit à l’essentiel. Le premier épisode va donc nous propulser dans le grand bain de manière ultra frontale, et l’arrivée de Franck et Thomas dans cette cité fait déjà bien tourner le palpitant. Sans crier gare, on se retrouve en terrain miné, et ce qui apparaissait comme une mission de routine pour tourner un simple clip va revêtir des atours bien plus tendus! Sébastien Houbani est très crédible dans le rôle de ce réalisateur rapidement perdu et pris par l’angoisse, et même si on le voit beaucoup moins, Julien Meurice laisse aussi transparaître avec beaucoup de réalisme la peur du cadreur Thomas!

Il faut dire qu’ils ont face à eux une belle brochette de personnages, à commencer par le fameux Tony (on pense forcément à Montana!), tout juste sorti de prison et qui compte bien réussir dans le rap. Avec ses petites lunettes de vue et son sourire, on le croirait plutôt cool et détendu, mais l’acteur Abderamane Diakhite va rapidement nous faire comprendre qu’il faut se méfier des apparences. S’il a des rêves de gloire plus vastes que dans sa cité, Tony est avant tout le caïd local, et doit continuer à gérer son business très lucratif alors qu’un concurrent entend bien le dépouiller… Tony va donc devoir faire preuve de fermeté et va s’avérer bien moins tendre que ce que l’on aurait pu penser au départ… Abderamane Diakhite joue avec subtilité sur cette ambivalence de caractère, qui n’est pas véritablement un choix, mais une nécessité pour ne pas se faire bouffer…

Aux côtés de Tony, on a Moussa, qui est à la fois proche comme un frère et qui est une sorte de lieutenant chargé de vérifier le bon déroulement des opérations. L’acteur Mohamed Boudouh s’avère vraiment excellent et parvient à créer des moments de pure tension, Moussa étant constamment sur la brèche et perpétuellement parano. Il faut dire qu’il sait comment analyser les situations, et qu’il a du mal à faire confiance, donc quand il voit débarquer 2 gus avec des caméras, il sent que ça va leur apporter plus d’emmerdes qu’autre chose, et il va bien l’expliquer à Franck et Thomas… Et que dire d’Idir Azougli, qui joue Steve? Ce personnage est complètement givré, et on se demande s’il ne se rend jamais compte à quel point il joue avec sa vie, ou s’il en a juste une paire incroyablement énorme??? La prestation de l’acteur est franchement impressionnante aussi, car il parvient à générer une tension des plus explosives alors que son personnage semble de prime abord juste un peu à l’ouest! Mais là encore, il y a une stratégie derrière, et il compte bien prendre la place de son rival Tony…

Franck et Thomas vont donc se retrouver pris dans une guerre des gangs sans la moindre possibilité de s’enfuir de cette cité. En l’espace de 10 épisodes, on va se rendre compte à quel point le souffle va nous manquer suivant les séquences, et on ne va vraiment pas se sentir bien tout le long de ces courts instantanés d’une banlieue sous pression. Franck et Thomas ne vont avoir aucune marge de manoeuvre, et vont être obligés de suivre les directives de Tony. Ils ne peuvent pas rentrer chez eux le soir puisqu’on leur a confisqué leur voiture et leurs passeports, et ils se retrouvent en immersion totale dans un univers clos dont ils ne possèdent pas les codes! C’est angoissant dès le départ, et pourtant, ça ne va faire qu’augmenter au gré des épisodes… Basterga et Lopez investissent le genre avec une énergie et une radicalité impressionnantes, et cette série Caïd s’avère être réellement ravageuse! Les 2 metteurs en scène savent exactement comment doser leurs impacts au maximum, et ne s’arrêtent pas seulement à l’action même, puisqu’ils vont offrir des contrepoints psychologiques très intéressants. La comparaison entre les vies de Tony et de Franck pourrait paraître banale, mais elle souligne en fait de manière importante les points de vue faussés que l’on a lorsqu’on ne connaît pas le monde de l’autre. Et surtout, si cela n’excuse pas Tony pour ses actes, ça a le mérite de démontrer que la marge de manoeuvre n’est pas toujours aussi franche qu’on veut bien le penser…

Caïd se regarde avec une vraie angoisse et une réelle boule au ventre, mais qu’est-ce que c’est bon de ressentir une telle vitalité dans une production française! Le tournage en prises de vue réelles apporte une authenticité incroyable et un caractère viscéral à cette histoire, qui est avant tout celle d’une survie en territoire hostile, tout simplement! Nerveuse, fiévreuse et authentique, Caïd a tous les atouts pour marquer durablement les esprits, et est une réussite tant sur le point formel que narratif, de laquelle on ne peut sortir que très secoué…

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Police Fédérale, Los Angeles (William Friedkin, 1985)

Police fédérale Los Angeles, affiche

En 1985, William Friedkin est un metteur en scène reconnu, nous ayant livré French Connection (1971), L’Exorciste (1973), Le Convoi de la Peur (1977), Cruising – la Chasse (1980)… Il fait partie de cette génération d’auteurs à la vision très frontale et aux oeuvres âpres, tels Peter YatesMichael Cimino, Sam Peckinpah, Paul Schrader… Des réalisateurs qui sont parvenus à livrer leurs oeuvres les plus emblématiques durant les années 70 et 80, avec toujours en filigrane cette fin de l’innocence post-JFK. En 1985, Friedkin poursuit donc son exploration sociétale en nous plongeant dans un genre qu’il affectionne particulièrement, le film policier. Police Fédérale, Los Angeles (To live and die in L.A. en version originale) est une sorte d’instantané sur le quotidien d’un jeune flic, mais aussi sur la lente décadence des mégapoles. Friedkin va irrémédiablement lier Richard Chance, fougueux et opiniâtre agent des services secrets, à la ville dont il compte bien assurer la sécurité.

Depuis des mois, Chance et son partenaire Jim Hart enquêtent sur un faux-monnayeur dont ils remontent peu à peu la piste, et qu’ils espèrent enfin parvenir à prendre en flagrant délit. Mais la mission tourne mal, et Chance va devenir de plus en plus obsédé par la traque du criminel. C’est William Petersen qui incarne Chance, et il apporte toute sa vivacité et sa grande gueule au flic sanguin, lui qui est connu pour avoir incarné Grissom dans 196 épisodes des Experts! A l’époque, il n’avait alors joué que dans Le Solitaire de Michael Mann, et ce rôle de Chance est son 2ème film (qui se trouve être produit par Mann)! On le sent très à l’aise dans ce polar urbain, et il parvient à donner une belle complexité à son personnage. Face à lui, on a un Willem Dafoe tout jeune aussi, qui en est juste à son 7ème rôle dans un film! Il incarne le faux-monnayeur Eric Masters, et lui confère une âme d’artiste et un goût prononcé pour la violence, créant un personnage ambivalent et d’une certaine manière fascinant! Dafoe est sans conteste l’un des plus grands acteurs de sa génération, et c’est un réel plaisir de suivre sa performance chez Friedkin!

Police Fédérale, Los Angeles commence presque comme un documentaire, avec une vision très réaliste et ultra-détaillée sur la fabrication de faux billets. On suit Eric Masters dans l’accomplissement de son travail, étape par étape, et on se rend compte du boulot fastidieux que cela représente! Cette vision terre-à-terre offre un contrepoint artistique, car celui qui peint à ses heures perdues est véritablement un artiste dans sa fabrication de billets. En s’attachant à nous dévoiler le long processus, Friedkin nous place aux côtés de Masters pour qui il s’agit d’un boulot comme un autre, et ce choix narratif vient appuyer une vision « banalisée » du travail de faussaire, dans le sens qu’il gangrène de manière relativement facile la ville de Los Angeles. Il y a un côté anti-spectaculaire qui fait que l’on va plonger au coeur du trafic aux côtés de protagonistes tout ce qu’il y a de plus humain, avec ce que cela comporte comme héroïsme et comme failles profondes. C’est ce fort réalisme qui donne sa force à Police Fédérale, Los Angeles, et qui en fait un représentant important du polar 80’s.

Si on a vu French Connection ou Le Convoi de la Peur, on se retrouve en terrain connu et on apprécie la continuité de cette oeuvre dans la filmo de Friedkin. Il se plaît à recréer le plus fidèlement possible la réalité de la vie urbaine de son époque, et on va arpenter les rues et les autoroutes aux côtés de Chance et de son équipier, lors de séquences se permettant même parfois de se passer entièrement de musique, pour renforcer encore l’aspect réaliste des événements en train de se dérouler. On sent un questionnement perpétuel sur l’âme de la ville, à l’instar d’un Michael Wadleigh avec son envoûtant Wolfen en 1981. C’est dans cette recherche d’une identité profonde issue de cette jungle bétonnée que réside une autre grande partie de la force de ce film, et on va arpenter les trottoirs et l’asphalte en ressentant à chaque instant la connexion liant Chance à Los Angeles. Et c’est cette connexion même qui va le pousser à franchir les limites de la loi, et à dangereusement basculer, au risque d’entraîner d’autres personnes avec lui dans sa quête vengeresse…

La relation qu’il a avec son indic Ruth démontre déjà une prise de pouvoir machiste, et celui qui apparaissait au préalable comme une grande gueule sympathique commence dès lors à dévoiler des travers plus discutables… L’actrice Darlene Fluegel confère à Ruth une très belle fragilité, à laquelle elle doit constamment offrir un contrepoids. Elle se sert de ses informations pour tenter d’amadouer Chance, et sous le couvert d’être une simple indic, elle aimerait pourtant représenter bien plus à ses yeux. La carrière de Darlene Fluegel n’est pas très étoffée, mais elle a participé à des films importants sur plusieurs décennies, comme Les Yeux de Laura Mars, Il était une Fois en Amérique, Haute Sécurité ou Simetierre 2. On retrouve également John Turturro, qui aura joué dans tellement de films dans sa carrière!!! Ce bon vieux Steve James également, ou encore un certain Robert Downey Sr., qui n’est autre que le père de Jr., oui ^^

Police Fédérale, Los Angeles développe encore un rythme très 70’s dans sa narration, qui n’est pas une succession de course-poursuites mais qui oscille avec intelligence entre séquences de dialogues tendues et filatures. La longue scène de poursuite automobile vers la fin du film est vraiment prenante, et on sent le lien spirituel avec French Connection ou Bullitt. La partie à contresens sur l’autoroute est assez dingue, et a dû être un calvaire à tourner! Il a fallu 6 semaines pour filmer toute cette poursuite, et Friedkin avait décidé qu’il s’agirait de la dernière séquence à réaliser. Au cas où un accident arriverait à un des acteurs, le reste des scènes serait déjà dans la boîte… Et pour l’anecdote, il s’agit de la toute première fois où on assiste au cinéma à une poursuite à contre-sens sur une autoroute! Cette scène fait bien monter le palpitant, et on saluera le travail exemplaire de Buddy Joe Hooker et de son équipe de cascadeurs! L’homme est un vétéran chevronné dans sa discipline, et a participé à plus de 200 oeuvres, du Survivant de Boris Sagal en 1971 à Fast & furious 8 en 2017, en passant par Le Jeu de la Mort, Prophecy – le Monstre, L’Emprise, Rambo, L’Etoffe des Héros, L’Arme fatale 2 et tellement d’autres!!!

Ce film de Friedkin fait encore partie de la belle époque, et on ne penserait jamais qu’il puisse un jour nous livrer un truc aussi immonde que son dernier The Devil and Father Amorth

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