Captain America: Civil War (Anthony Russo, Joe Russo, 2016)

Phase III, déjà! Avec la sortie de Captain America: Civil War, on assiste en effet à la 3ème salve de films produits par Marvel Studios, découlants tous du pari fou que représentait Iron Man en 2008! C’est bien évidemment Jon Favreau qui a essuyé les plâtres et lancé l’impulsion, pour un Marvel Cinematic Universe en pleine expansion, tant sur grand écran que par le biais de sa branche télévisée. Les super-héros Marvel ont été plus ou moins inspirés selon les époques et les médias, mais ils ne se sont jamais portés aussi bien qu’aujourd’hui, avec des dizaines de projets tous plus excitants les uns que les autres! Et après une Phase II qui se terminait in extremis de très belle manière, grâce à un Ant-Man tardif mais bien rafraîchissant, et qui permettait d’atténuer l’immense déception que constituait Avengers: l’Ere d’Ultron, c’est à Captain Rogers d’ouvrir le bal pour cette 3ème ère!

La saga Captain America est très certainement la plus solide produite par Marvel Studios, et après un film centré sur les origines d’un héros, bénéficiant d’un réalisme historique captivant, et une suite virant au thriller politique tendu, on assiste cette fois-ci à une lutte fratricide dont les enjeux personnels vont avoir des conséquences bien plus vastes… Lorsque le titre Civil War avait été annoncé, ça avait eu l’effet d’une bombe dans la communauté geek, avec cet espoir dingue d’une adaptation de l’un des events majeurs de la Maison des Idées, le Civil War de Mark Millar et Steve McNiven! Publié en 2006, c’est un modèle d’écriture et de dramaturgie, bénéficiant d’une concision exemplaire et d’une complexité véritablement impressionnante, le tout mené avec une précision chirurgicale par un auteur et un dessinateur au sommet de leur art. Bien évidemment, il a fallu faire des concessions et quelques ajustements pour parvenir à adapter ce matériau, et Captain America: Civil War ne pouvait en être une adaptation littérale.

Dans le comics, la Loi de Recensement obligeait les super-héros à révéler leur identité et à obéir au gouvernement, qui devait donner leur aval avant toute intervention. Dans ce film, la question de l’identité secrète n’entre pas en compte, la plupart des héros agissant déjà à visage découvert, et leur identité civile étant connue. Mais la mise en place d’une loi visant à réglementer les actes des Avengers fait suite aux événements de Sokovie, ayant fait de nombreux morts dans Avengers: l’Ere d’Ultron. L’opinion publique et le pouvoir en place veulent davantage de contrôle sur ces êtres hors normes, ce qui va très rapidement diviser l’équipe des Avengers. Captain America et Iron Man vont se retrouver opposés, dans une lutte d’idées qui va rapidement dégénérer en combats violents. Chacun des camps possède des arguments valables, mais la nécessité d’une réponse rapide va augmenter les tensions, jusqu’à l’explosion…

Ce Captain America: Civil War aurait sans problème pu s’appeler Avengers: Civil War, avec la quasi-intégralité de l’équipe présente au casting. Et il aurait constitué une suite bien plus performante qu’Avengers: l’Ere d’Ultron… D’entrée de jeu, les frangins Russo prouvent que Captain America: le Soldat de l’Hiver n’était pas un simple coup de bol, et qu’ils ont ce qu’il faut pour étendre le MCU! Ils gèrent la multitude de personnages en présence de manière très limpide, là où le second volet d’Avengers ne savait juste pas comment faire interagir tous ses héros… Ici, l’écriture de Christopher Markus et Stephen McFeely est tellement plus fluide que celle de Joss Whedon, et les 2 scénaristes, déjà à l’oeuvre sur les 2 premiers volets consacrés au Captain, se font plaisir et font plaisir aux spectateurs en alignant de manière subtile chaque personnage, leur conférant plus ou moins de temps de présence, mais offrant à chacun sa propre importance dans cette histoire dramatique, qui n’oublie pas de nous livrer également quelques moment comiques bien absurdes!

On entre dans ce film avec l’agréable sensation d’être en terrain connu, tout en approfondissant une intrigue réaliste et prenante. Le principe des accords de Sokovie va totalement diviser la communauté super-héroïque, et on va assister à un durcissement de ton entre les 2 factions, avec un Soldat de l’Hiver pris au milieu. Si le personnage ne possède pas la même aura que dans Captain America: le Soldat de l’Hiver, il parvient à être suffisamment intriguant et dense, pour rendre très crédible cette lutte politique et terroriste qui secoue le monde. D’ailleurs, il y a quelques rares moments où l’on croirait presque être dans l’excellent run d’Ed Brubaker sur le personnage, avec ces quelques relents de Guerre Froide bien disséminés!

Après la rivalité historique avec Sony qui a duré de si nombreuses années, la hache de guerre a été enterrée, permettant à Marvel Studios de pouvoir intégrer le personnage de Spider-Man dans sa licence! Et quel Spider-Man! Tom Holland s’avère génial, et n’a rien à envier à Tobey Maguire et Andrew Garfield, que j’ai toujours trouvé très bons également. On a un Spidey rajeuni, touchant et drôle, qui est enrôlé de manière vraiment classe et qui fait une entrée tout simplement fracassante dans la cour des Avengers! Le personnage n’a jamais été aussi proche de ce qu’il est en comics, et il est à la base de certains des moments les plus funs du film! Ca annonce un très bon nouveau départ avec le prochain Spider-Man: Homecoming prévu pour 2017! Et avec une tante May 2.0 jouée par Marisa Tomei, il y a de quoi attendre le film avec impatience! ^^ L’une des très bonnes surprises nous vient également d’Ant-Man, que Paul Rudd interprétait déjà de très belle manière dans Ant-Man donc! Black Panther apparaît pour la première fois, sous les traits de Chadwick Boseman, et j’ai trouvé le personnage sympathique, même si j’en attendais bien plus après avoir entendu tant d’éloges sur lui. Elizabeth Olsen prouve encore une fois tout son talent dans le rôle de Wanda Maximoff, alias la Sorcière rouge, qui oscille constamment entre ses pouvoirs impressionnants et une belle fragilité. Cette petite touche de magie donne furieusement envie d’en voir plus dans le prochain Doctor Strange…

Captain America: Civil War bénéficie de scènes d’actions très réussies, qui mettent vraiment en valeur les héros. Par contre, il y a parfois des approximations, notamment sur celle d’ouverture, avec un montage franchement catastrophique qui ne rend pas hommage aux acteurs et aux cascadeurs… Mais ce sera heureusement très vite oublié, et on se demande même si ça n’a pas été filmé par une seconde équipe… La suite est de bien meilleure qualité, même si dans ce domaine, les auteurs devraient prendre exemple sur le travail effectué à la télévision avec Daredevil, qui nous livre des combats bien plus aboutis. Notamment avec le Punisher, d’une violence brute et d’une radicalité exemplaires! Mais bon, on est dans un registre plus familal… Mais n’empêche, si un jour ils ont l’idée d’appeler Gareth Evans, le réal des mythiques The Raid et The Raid 2: Berandal pour une prochaine Phase IV (qui a dit Saul Bass?? ^^), là on aurait très certainement un impact émotionnel et graphique bien plus enthousiasmant! Mais en l’état, on ne va pas faire la fine bouche, ce Captain America: Civil War est une très belle suite donnée aux aventures des plus grands héros de la Terre, et le cocktail d’action et d’humour fonctionne très efficacement! On peut se diriger en toute confiance vers Avengers: Infinity War – Part I et Avengers: Infinity War – Part II, prévus pour 2018 et 2019, et qui seront menés par les mêmes frangins Russo, avec un résultat encore plus explosif j’espère!