Predator (John McTiernan, 1987)

Avec un reboot prévu pour débarquer le 17 octobre prochain, il est intéressant de revenir aux origines du mythe, et vu la qualité du métrage séminal de John McTiernan, c’est toujours un plaisir de replonger dans cette première confrontation! Il faut dire qu’il y a une belle conjonction de talents à l’écran, et le résultat est un film à haute teneur en testostérone qui s’assume totalement!

Arnold Schwarzenneger est devenu une icône hollywoodienne suite à Conan le Barbare et Terminator, et ce Predator va lui offrir un nouveau challenge en terme d’adversaire. Le héros surdimensionné à beau être bodybuildé à mort, il va cette fois-ci affronter un combattant hors-normes, bien plus puissant que ses adversaires habituels! Dans une interview pour L’Express, John McTiernan explique: « J’ai pris le type le plus fort du monde et je l’ai mis en face de quelqu’un qui était plus fort encore ». Le but était réellement de pousser le personnage dans ses derniers retranchements, afin qu’il puise dans ses réserves les plus viscérales pour se sortir de cette situation désespérée. Initialement, c’est un certain Jean-Claude Van Damme qui devait se glisser sous la peau du Predator! Le karatéka belge a effectué des tests avec la combinaison, mais il était persuadé que l’aspect définitif de la bête était le costume qu’il enfilait, alors que tout un travail en post-production était prévu. Van Damme n’a pas non plus supporté la contrainte de ce costume, qui pesait quand même 90 kilos, et la chaleur du tournage au Mexique. Il a donc été remplacé par Kevin Peter Hall, qui a apporté une autre dimension au guerrier extraterrestre, puisqu’il mesure 2,19 m, ce qui est légèrement plus que le 1,77 m de JCVD! Et si vous vous demandez à quoi pouvait bien ressembler ce Kevin Peter Hall, c’est lui qui joue le pilote d’hélicoptère juste à la fin du film! 😉 Plus d’anecdotes sur cet excellent article signé Hitek!

A l’époque de sa sortie, à l’été 1987, Predator (qui initialement devait s’appelait Hunter) a été descendu en flèche par la critique, avec des termes comme navet, poussif, clichés, besogneux ou naïveté qu’on peut lire par-ci par-là. Le public lui ne se fie pas à ces avis éclairés, et va en masse découvrir ce film de guerre d’un autre genre. Résultat : le film rapporte environ 100 millions de dollars pour un budget estimé  à 15 millions… Pas mal pour un nanar non? Predator est progressivement réhabilité avec le temps, et a acquis depuis un statut de film culte, et compte parmi les chefs-d’oeuvre de McTiernan (il en a 4 à son actif selon moi: Predator, Piège de Cristal, Last Action Hero et Une Journée en Enfer – Die Hard 3). McT parvient à instaurer une atmosphère de film de guerre éprouvante, avec cette jungle sud-américaine étouffante et moite dans laquelle se dépêtre l’escouade du major Dutch. On sent toute la maturité d’un metteur en scène qui ne laisse rien au hasard, et qui pose des personnages badass en l’espace de quelques secondes et d’une poignée de répliques cultes (« S’il peut saigner, on peut le tuer! »). La poignée de main/bras de fer entre Dutch et Dillon est la quintessence de cette vision choc et second degré de l’image du mâle dominant. Comme le souligne le monteur Mark Helfrich lors d’une interview à Empire:  « Cette scène est ridiculeusement macho. C’est exactement ce que voulait McTiernan. On savait que ce serait un de ces moments où le public roulerait des yeux et applaudirait en même temps, et ça a marché comme ça. Le but était d’aller loin sur ces instants et faire que ce soit le plus musculeux possible. Tout était voulu. » (source Première).

Niveau casting, on a quelques bonnes gueules bien 80’s, avec notamment Carl Weathers, le fameux Apollo Creed de la saga Rocky! Entre un Rocky IV et un Action Jackon, il est lui aussi en pleine période de gloire, et campe un Dillon sacrément affûté lui aussi! Bill Duke avait déjà croisé la route d’Arnold dans le cultissime Commando, et teinte son rôle de Mac d’une certaine émotion. On a aussi Jesse Ventura, qui avait fait une longue carrière dans le catch sous le nom de Jesse « the Body » Ventura! Il quitte la WWE en 1985, et le rôle de Blain est sa première incursion au cinéma! On le verra par la suite dans Running Man, Y a-t-il un Flic pour sauver la Reine?, Ricochet, Demolition Man, et même un épisode d’X-Files : aux Frontières du Réel! Et il a aussi joué dans Batman & Robin! ^^ Son rôle de Blain, soldat macho à mort avec sa moustache crypto-gay, est lui aussi emblématique, surtout pour sa sulfateuse de dingue, la GE M134 !!! Pour la petite histoire, ça défouraillait tellement que l’équipe devait reculer de 15 mètres quand elle entrait en action! ^^

Il faut aussi aborder le cas Sonny Landham. L’acteur d’origines cherokee et séminole a enchaîné les seconds rôles dans les films d’action, et il est notamment réputé pour son caractère teigneux et agressif. La compagnie d’assurance du film lui a imposé la présence d’un garde du corps, non pas pour le protéger, mais pour protéger ceux qu’il aurait envie de frapper! Autant dire que ça n’a pas dû être une partie de plaisir pour les autres… Et on a aussi un certain Shane Black, qui a intégré l’unité d’élite du major Dutch à la dernière minute. Il est avant tout scénariste, et a été embauché pour réajuster le scénario de Predator au fur et à mesure de l’avancée du film (C’est ce qu’on appelle un script doctor). Shane Black venait d’achever le scénario de L’Arme fatale (il rédigera toute la saga au cinéma), et il en a même profité pour écrire celui du Dernier Samaritain alors qu’il était sur le tournage de Predator!

Ce qui fait que Predator fonctionne encore 30 ans après sa sortie, c’est qu’il a été tourné avec une vraie exigence et une véritable vision d’auteur. Sur un script finalement basique, John McTiernan est parvenu à poser des enjeux d’envergure et à offrir une dimension humaine impressionnante à son récit! Cette lutte entre 2 mondes met en avant les principes mêmes de survie élémentaire, et on le sent totalement avec la transformation du major Dutch, qui redevient presque un homme préhistorique afin d’appréhender son ennemi! Il retrouve ses instincts primaires, les seuls qui vont lui permettre de s’opposer à la bête venue de l’espace… Le combat final entre les 2 guerriers est excellent, et est l’apogée d’un film qui parvient à passer d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante! On est dans un film de guerre pur jus, puis dans un survival sanglant, et enfin dans un combat mythique! La jungle elle-même devient un personnage à part entier, tout d’abord terrain de jeu privilégié pour l’alien qui s’y cache avec aisance, et puis s’opère un basculement avec l’adaptation de Dutch, qui se fond dans cette nature et qui s’en sert pour ne plus être la proie mais devenir le chasseur! Je vous invite vraiment à (re)découvrir ce monument du cinéma des années 80, et également à aller lire toutes les anecdotes très intéressantes sur ce film en cliquant sur les différents liens que j’ai mis dans l’article! Et pour boucler la boucle, c’est Shane Black lui-même qui co-scénarise et qui réalise The Predator, le reboot qui sort cette année!

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