Miles Morales : Spider-Man 1 (2011)

Avant de pouvoir parler de Miles Morales, il est obligatoire de revenir sur plusieurs éléments fondamentaux dans l’univers Marvel. Sa naissance prend place en novembre 1961, dans les pages de Fantastic Four 1, et depuis, cet univers n’a jamais cessé d’exister. On appelle cet univers la Terre-616, ou Univers-616, et il a évolué en 2015 en Première-Terre. On parle ici d’univers principal, car de très nombreuses réalités parallèles et alternatives ont été créées, dont l’une des plus fameuses est la Terre-1610, l’univers Ultimate, créé en 2000 par Bob Harras, Joe Quesada et Bill Jemas. Il s’agissait à l’époque de se débarrasser de la sacro-sainte continuité pouvant bloquer les scénaristes avec des personnages existant depuis les années 60, et de leur offrir un espace vierge afin de pouvoir faire exploser leur créativité en réinterprétant des personnages connus. C’était évidemment aussi une grande opération commerciale destinée à intéresser un nouveau lectorat trop frileux à l’idée de plonger dans un univers ayant des décennies d’histoires derrière lui.

On a donc un concept éditorial simple, et une relance de différents personnages dans un monde alternatif, tandis que l’univers classique se poursuit également de son côté. Les Vengeurs deviennent les Ultimates, on a un nouveau Spider-Man, de nouveaux X-Men, de nouveaux Fantastiques… Les personnages ressemblent à leurs homologues de la Terre-616, mais les scénaristes les redéfinissent comme bon leur semble, en créant une nouvelle continuité. Ultimate Spider-Man a démarré en octobre 2000, et a suivi les aventures de ce Peter Parker alternatif jusqu’en juin 2011, date à laquelle il trouve la mort!!! Le choc est énorme, et l’univers Ultimate se retrouve orphelin… Jusqu’à ce qu’un jeune garçon de 13 ans, Miles Morales, se fasse un jour piquer par une araignée radioactive… Et qu’il décide d’enfiler le costume pour rendre hommage au légendaire Spidey, et perpétuer ainsi son héritage!!!

C’est ainsi qu’en août 2011, dans les pages d’Ultimate Fallout 4, le jeune métis aux origines latino et africaine apparaît pour la première fois. Il aura rapidement droit à sa propre série, nommée Ultimate Comics : Spider-Man, écrite par Brian Michael Bendis et dessinée par Sara Pichelli, Chris Samnee et David Marquez. Après cette longue intro nécessaire, on va donc enfin pouvoir se pencher sur les aventures de ce môme de 13 ans se retrouvant affublé de grands pouvoirs, et donc de grandes responsabilités! On retrouve les aventures de Miles dans la collection Next Gen chez Panini Comics, qui offre de très bons points d’entrée puisque les volumes sont à 10,95 euros pour 10 épisodes. Les bouquins sont plus petits en dimension, mais cela ne s’avère au final pas rédhibitoire et le plaisir de lecture reste intact.

Dans le premier volume, on a donc droit aux 10 premiers épisodes de ce nouveau personnage, qui a connu un très grand succès, et dont l’impact s’est encore étendu après la sortie de l’excellent film d’animation Spider-Man : New Generation qui adaptait ses aventures. Le film expliquait d’ailleurs très clairement ces histoires d’univers alternatifs, ce qui pourrait s’avérer très intéressant pour le futur du MCU, mais ça c’est une autre histoire ^^ Et ce succès a également permis de donner vie au jeu vidéo Marvel’s Spider-Man : Miles Morales! On assiste donc à la naissance d’un nouveau super-héros, qui rejette au départ totalement l’idée de se balader en ville en collant… Miles aspire juste à une vie d’étudiant normale, mais son meilleur ami Ganke va l’aider à prendre les bonnes décisions. Ganke est totalement absent du film d’animation, mais le personnage de Ned Leeds dans les films Spider-Man avec Tom Holland semble s’en être fortement inspiré! Et pour souligner l’importance de l’univers Ultimate, le Nick Fury noir vient de là, puisque le dessinateur Bryan Hitch a exprès pris les traits de Samuel L. Jackson dans les pages de la série Ultimates. Jackson avait donné son accord à condition de pouvoir interpréter la version standard du personnage dans les films Marvel!!!

En recréant un personnage de Spider-Man période ado, les auteurs vont redonner un vent de fraîcheur à ses aventures, en revenant vers des problématiques scolaires et émotionnelles auxquelles était confronté le Peter Parker originel dans les années 60. Brian M. Bendis crée des personnages très attachants, un cadre familial protecteur, des amitiés sincères et certains dysfonctionnements familiaux, avec notamment l’oncle de Miles, Aaron Davis, alias le Rôdeur. Il est intéressant d’observer les modifications apportées au scénario du film, puisque dans les comics, Miles va rencontrer un policier nommé Quaid, tandis que dans l’animé, ce perso est absent mais le père de Miles est lui-même policier. Une manière de fondre 2 personnages en 1 pour les besoins du scénario. Les dessinateurs qui vont se succéder sur le comics apportent une très belle dynamique au titre, et on comprend aisément pourquoi ce nouveau Spider-Man est parvenu à devenir populaire. Bendis traite de thématiques sociales et émotionnelles avec une grande justesse, et parvient à disséminer pas mal d’humour et de tendresse (les rapports familiaux), ce qui donne des récits prenants et complexes. La relation délicate avec l’oncle Aaron est une des plus intéressantes, et les révélations sur son passé par son père vont amener Miles à se poser des questions pertinentes sur lui-même, et sur le poids de l’héritage familial. Les dialogues sont franchement top, avec une sorte de concision et de précision exemplaire, comme lors de ce premier dialogue avec l’agent Quaid, qui est excellent! Miles va croiser les chemins de Nick Fury, de Spider-Woman, d’Iron Man, et de bad guys comme le Kangourou, Electro, et on a un Scorpion qui est sacrément badass!!!

Miles a d’abord oeuvré sous un costume proche de celui de Peter Parker, mais les gens qu’il croisait lui ont bien fait comprendre que c’était de mauvais goût, alors que le premier Spidey venait d’être enterré… Heureusement, il a croisé la route de Nick Fury qui lui a offert un costard noir et rouge qui claque sévère, et qui va permettre à Miles de se démarquer de son aîné tout en lui rendant hommage dans son combat contre le mal! Un nouveau héros voyait le jour, et il était prêt à apprendre le dur métier de justicier! Sara Pichelli, Chris Samnee et David Marquez se relaient afin de donner une réelle consistance à ce jeune nouveau venu, et on est happé par le rythme qu’ils instaurent dans le récit de Bendis, et on sent une réelle alchimie entre les différents artistes! La narration est d’une grande fluidité, on sent un vrai travail sur les textures, et les couleurs de Justin Ponsor achèvent de parfaire l’ensemble. Et que dire des sublimes couvertures de Kaare Andrews, qui vont vous décoller la rétine?!! Miles Morales : Spider-Man est un must, qui a offert une petite révolution dans les publications Marvel, et qui mérite d’être découvert!!!

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