3 ans après l’excellent film de Joe Johnston, les frangins Anthony et Joe Russo ont la lourde tâche de donner une suite aux aventures du porte-bannière étoilée. Le film prend place après les événements de New York survenus dans l’excellent Avengers, et Steve Rogers a aujourd’hui appris à vivre dans le monde moderne. Il n’en n’oublie pas pour autant son passé, évoqué à travers quelques moments touchants, et fait équipe avec Black Widow au sein du S.H.I.E.L.D. afin de contrecarrer les menaces pesant sur l’équilibre international. Mais le fonctionnement de l’agence dirigée par Nick Fury lui pèse de plus en plus, leurs points de vue sur la défense des valeurs patriotiques étant très différentes… (Le film est 4ème au Palmarès Interblogs du mois de mars) (mise à jour: je l’avais vu en 3D au ciné, ce qui m’avait pas mal gâché la séance au final. Je l’ai revu sans 3D, et franchement il déchire du début à la fin! 🙂
Captain America: first Avenger offrait un spectacle captivant de bout en bout, avec un mélange d’action et d’émotion sur fond d’histoire qui se rapprochait par certains aspects de la saga Indiana Jones. Le personnage de Steve Rogers était traité avec beaucoup de sensibilité et permettait de donner une solide crédibilité à ce récit fantastique, qui bénéficiait de la densité dramatique que Stan Lee a toujours voulu insuffler dans ses comics. Le second épisode se devait d’être totalement différent, puisque le monde a changé et que les enjeux ne sont plus les mêmes. Steve Rogers a du perdre en naïveté afin de pouvoir gérer ce monde qui lui était étranger, mais il n’en n’oublie pas pour autant les valeurs qui lui sont propres.
Christopher Markus et Stephen McFeely, les scénaristes de Captain America: first Avenger, No Pain no Gain et Thor: le Monde des Ténèbres, se sont basés sur le travail d’Ed Brubaker, dont le run sur le comics Captain America est réputé, notamment avec son utilisation du personnage du Soldat de l’Hiver. D’ailleurs, son excellente série sur le Soldat se termine en kiosque dans Marvel Knights, c’est un vrai régal! Markus et McFeely connaissent donc bien le Marvelverse et Cap, et proposent une suite plus axée sur l’espionnage avec l’ombre de Brubaker planant sur le métrage. L’aspect manichéen du premier opus disparaît au profit d’une vision plus sournoise du système, certains n’hésitant pas à user de leur influence pour fragiliser les instances en place. Ces aspect politique et diplomatique s’avèrent très intéressants, et offrent au film une dimension jusque-là inédite pour une production Marvel, avec une remise en cause littérale d’un système qui s’apparente de plus en plus à Big Brother sous couvert de protéger la population.
Il y a un bémol à ce film, c’est qu’il met un temps fou à démarrer! On est pendant bien 1 heure dans un film d’action-espionnage bien foutu mais qui manque d’originalité. Puis, au détour d’une scène, on sent le basculement s’effectuer, et on plonge plus profondément dans ce récit qui devient dès lors captivant. C’est dommage d’un côté de devoir attendre autant pour que le film explose enfin, mais après il ne s’arrête plus! Les scènes d’action sont très bien maîtrisées, avec un sens de la destruction assumé par les frangins Russo, qui nous ont concocté de très bons moments! Mais cette 3D de m… pèse sur la lisibilité de certaines scènes, comme celle du début…
Captain America: le Soldat de l’Hiver est un film nettement plus adulte que les autres productions Marvel, ce qui ne l’empêche pas de jouer avec des touches humoristiques qui s’intègrent vraiment bien! Mais surtout, il présente un personnage tout simplement génial, celui du Soldat de l’Hiver justement! Sebastian Stan est parfait dans le rôle du mystérieux tueur, et il lui confère une intensité remarquable! On est pris dans ce récit cruel et tendu, et on effleure les origines du personnage avec beaucoup d’émotion. La confrontation avec Cap est géniale, et c’est justement à partir de ce moment-là que le film se déclenche vraiment. Il y a une réelle intensité dans cet affrontement, qui va se jouer sur les plans physiques et émotionnels à la fois, ce qui rend les enjeux bien plus complexes et passionnants!
Scarlet Johansson est toujours à l’aise dans son rôle d’espionne sexy, Samuel L. Jackson se fait toujours plaisir dans le rôle de Fury et Cobie Smulders maîtrise sa partition avec Maria Hill. On découvre avec beaucoup de plaisir Robert Redford dans un film Marvel, et il s’en sort vraiment bien avec le personnage d’Alexander Pierce. Falcon fait des débuts remarqués avec Anthony Mackie, et le design militarisé du héros est très réussi. Frank Grillo joue un mercenaire coriace du nom de Brock Rumlow, qui n’est autre que le patronyme d’un certain Crossbones… On a même droit à Batroc grâce à Georges St-Pierre, qui en fait un personnage puissant assez éloigné du loser des comics! Et il y en a encore d’autres, mais je ne veux pas vous gâcher les surprises…
Captain America: le Soldat de l’Hiver est donc une suite réussie pour la saga, même s’il est dommage que le démarrage se fasse aussi tard! Mais toute la puissance est concentrée dans la seconde partie du film, qui offre un blockbuster sacrément efficace et gonflé au niveau thématique. On est loin des ratages Iron Man 3 et Thor: le Monde des Ténèbres, et on assiste donc à une sensible amélioration des oeuvres du Marvelverse, et c’est tant mieux! Le S.H.I.E.L.D. est traité avec beaucoup de soin et sans prendre de gants, et je suis curieux de voir l’impact que le film aura sur la série Agents of S.H.I.E.L.D.!
Et j’oublie toujours de parler de Chris Evans, qui en fait est excellent dans le rôle du Captain, rôle pas forcément aisé tant il est entre deux mondes et avec une certaine naïveté. Steve Rogers est un vrai patriote au sens noble, et Chris Evans lui rend vraiment hommage avec son interprétation sans faute! Il incarne cet homme échappé de son époque avec une très grande sensibilité, et en fait un personnage très intéressant! Et sinon, n’oubliez pas de rester pour les DEUX scènes post-générique!