Close (Vicky Jewson, 2019)

Si la débandade des séries Marvel est un coup dur du côté de Netflix, la plateforme travaille d’arrache-pied pour renouveler son catalogue super-héroïque avec des séries DC comme Titans ou indé comme The Umbrella Academy, et va carrément se faire pousser une légitimité en briguant les Oscar avec le Roma d’Alfonso Cuaron niveau ciné! Le bébé de Reed Hastings se porte donc plutôt bien, et nous livre régulièrement quelques petites surprises dans des catégories très variées. Le Close de Vicky Jewson est l’une de ces curiosités, film d’action en mode féminin porté par la toujours parfaite Noomi Rapace!

On avait été estomaqué par sa prestation dans la trilogie suédoise Millénium, et elle s’est rapidement imposée comme une figure incontournable dans le domaine de l’action teinté d’un filtre auteurisant! Sherlock Holmes : Jeux d’Ombres, Prometheus, Enfant 44, Conspiracy, Seven Sisters, et même un court passage dans la série Jack Ryan… Elle personnifie à merveille la dualité étonnante entre tension et émotion, maniant une large palette de talents pour être aussi crédible en combat rapproché qu’en scène intimiste! Elle ne déroge pas à la règle avec ce rôle de Sam Carlson, garde du corps rompue à l’art du contre-terrorisme, qui va se retrouver propulsée sur une mission à priori sans grands risques : protéger Zoe, une jeune fille de haut rang un peu border-line… Mais la mission va rapidement s’envenimer lorsque Zoe va se retrouver seule héritière de toute la fortune de son père… L’avidité des ennemis de la boîte de son défunt paternel va mettre en place un jeu de massacre bien violent, avec des tentatives pour kidnapper la jeune fille.

Tout commence par une mission délicate dans un pays du Moyen-Orient en proie à la guerre, et une présentation impressionnante de l’efficacité de Sam sur le terrain! On se retrouve à retenir son souffle tandis que tout semble perdu, et elle va gérer grâce à un sens tactique, une intelligence et une froideur que ne renierait pas Jason Bourne! Vicky Jewson va filmer le tout avec un sens de la mise en scène aguerri, consciente de l’impact optimal pour ses images! Il y a un côté austère et frontal qui colle au plus près du caractère de Sam, et on se retrouve dans une sorte de film d’action anti-spectaculaire qui paradoxalement frappe très fort!

On a un aspect série B qui semble se profiler, avec l’arrivée dans une villa perdue et totalement high-tech, bénéficiant d’un système de sécurité dernier cri. Quand on a un bâtiment capable de devenir un bunker, on sent qu’on va forcément devoir utiliser toutes les possibilités du système… Mais là encore, le tout est emballé avec une sorte d’ultra-réalisme dans lequel Noomi Rapace se déplace avec toute son aisance, conférant à ce récit une force et un impact impressionnants. Elle est réellement à l’aise dans ses scènes de fight, que ce soit en corps à corps ou l’arme au poing, et on passe de scène en scène avec le sentiment d’avoir trouvé le début d’une vraie franchise féminine badass! Mais se pose tout de même certaines contraintes, provenant d’un scénario qui part d’un coup vers une sorte de dérive… L’aspect politique du kidnapping tenté par les bad guys va se refléter d’une manière un peu trop tirée par les cheveux, et il y a quelques réactions de personnages elles aussi un peu abusées…

Du coup, cela empêche le film de conserver la ligne parfaite qu’il tient pendant un bon bout de temps, et l’intensité baisse à certains intervalles… Mais l’ensemble reste tout de même assez convaincant, grâce à une vraie mise en scène immersive et une Noomi Rapace très impliquée! Ca fait très plaisir également de retrouver Indira Varma, la fameuse Niobe de la série Rome, qui jouait également Ellaria Sand dans Game of Thrones. Elle apporte une certaine aura à un personnage un peu creux, permettant de lui insuffler ce qu’il faut pour la maintenir intéressante. Sophie Nélisse (Le Prodige) joue Zoe avec assez de conviction pour qu’on ait envie de lui mettre des claques! La jeune bourgeoise va devoir sérieusement repenser son mode de vie si elle veut survivre à ce périple infernal…

On a un réel sentiment d’urgence dans ce film, qui propose une bonne dose de tension et qui s’avère aussi nerveux qu’intelligent. Si on omet les quelques approximations scénaristiques, on se retrouve face à une oeuvre d’une belle intensité, qui prouve encore une fois tout le talent de l’actrice suédoise. Et on a bien envie de découvrir la filmo de Vicky Jewson, notamment son Born of War qui semble assez bourrin et sombre également!

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Les news de la semaine : Defenders : Endgame

L’aventure initiée en 2015 avec l’excellente première saison de Daredevil aura duré 4 ans, et prend définitivement fin officiellement cette semaine. Après avoir successivement mis un terme aux séries Daredevil, Luke Cage et Iron Fist, l’épée de Damoclès qui surplombait The Punisher et Jessica Jones vient de tomber, Netflix annonçant que les 2 derniers shows de ce partenariat avec Marvel succombaient eux aussi. Difficile de dire dans quelle mesure Reed Hastings regrette ce choix, car la prochaine création de la plateforme Disney + a très certainement pesé dans sa décision.

Jeph Loeb, le scénariste devenu responsable des adaptations télévisées chez Marvel, apporte quelques éléments quant à cette affaire, en précisant que Marvel n’a a aucun moment été approché à ce sujet, et que la décision de stopper les séries Defenders revient uniquement à Netflix. Avec toujours la problématique de l’impossibilité d’utiliser les personnages pour une durée de 2 ans, à cause d’une stipulation du contrat liant Marvel et Netflix, ça sent vraiment le sapin pour tous les personnages et surtout pour les acteurs qui nous ont livrés des prestations exemplaires, Jon Bernthal, Charlie Cox et Vincent d’Onofrio en tête!!! C’est clairement une page qui se tourne dans l’ère des séries Marvel…

 

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Le (2ème) clip de la semaine : Deadly Shakes – Reap what you sow

C’est à la fin de l’année 2014 que naissait le groupe The Stone Cox, qui s’inscrivait dans une veine rock bien pêchue et énergique! Le quatuor d’origine a évolué, avec plusieurs départs et arrivées, ce qui a donné lieu cette année à un changement de nom. Les Deadly Shakes n’ont rien perdu de leur talent dans cette métamorphose, et nous balancent un morceau dont la qualité est de très bon augure pour la suite! 😉

 

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Escape Game (Adam Robitel, 2019)

A une époque pas si lointaine, James Wan et son scénariste Leigh Whannell avaient orienté le film horrifique vers une nouvelle ère avec Saw (tout partait du court métrage éponyme), qui avait accouché d’une pléthore de suites et d’imitations plus ou moins réussies. Avec l’extension du concept des escape games, cela donne naturellement des idées (ou pas trop d’idées, c’est selon) à des scénaristes et réalisateurs assez opportunistes pour surfer sur la vague en déplaçant le jeu sur grand écran. On avait déjà eu un Escape Room l’an passé au Festival de Gérardmer, et cette année on en a donc un nouveau, avec le même titre en version originale, et françisé en Escape Game donc! Celui de Will Wernick était sympa (voir la brève ici), tandis que celui d’Adam Robitel

Le concept même de jeux et d’énigmes pour survivre n’est pas nouveau, on pense au Cube de Vincenzo Natali, au The Game de David Fincher, au très bon Exam de Stuart Hazeldine, et le concept est même décliné en série, comme avec l’excellente saison 2 de Channel Zero. Adam Robitel n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà mis en scène L’étrange Cas Deborah Logan et tiens, Insidious : la dernière Clé, écrit par un certain Leigh Whannell! Son Escape Game se veut ambitieux, et attise même la curiosité en se targuant d’avoir Deborah Ann Woll à son bord! L’interprète de Karen Page dans la série Daredevil, ça n’est pas rien quand même!

Mais sous ses beaux atours, Escape Game est d’un vide abyssal, et cramera très rapidement le peu de cartes qu’il avait en sa possession. Avec une intrigue qui n’en est même pas une, et la réunion de 6 personnages aussi creux les uns que les autres, il n’y a pas de quoi susciter le moindre intérêt et le minimum d’empathie pour eux… Même Karen Page ne réussit pas à se sortir de ce rôle trop mal écrit et aux lignes de dialogues si niaises… Ce qui est le cas de l’ensemble des personnages au final. On se contentera de quelques changements de décors réguliers pour pallier à l’ennui général, et de quelques idées qui font lever les sourcils le temps d’une minute, mais Escape Game est l’exemple parfait d’une bonne idée qui se transforme instantanément en ratage intégral. Il n’y a strictement rien à sauver de ce projet inconsistant et sans aucun intérêt, qui va graduellement empirer jusqu’à une fin carrément naze qui fait se demander si les scénaristes et le réal connaissent le principe de crédibilité…

Les réactions des personnages sont de plus en plus irréalistes, les façons dont ils trouvent les solutions des énigmes sont de moins en moins crédible, et on est de plus en plus détaché du sort réservé aux « participants »… On notera quelques efforts pour l’élaboration de certaines salles, mais tout cela est tellement vain quand on voit le résultat final… Et le passage obligé où l’on va apprendre les secrets de chacun est carrément irréaliste tellement c’est ridicule! On est au niveau 0 de la psychologie, et ça fait mal au coeur de voir Deborah Ann Woll perdre son temps là-dedans… Mais en même temps, maintenant qu’ils ont annulé Daredevil… Je pense que l’antidote à ce genre de film, c’est vraiment d’aller faire un tour dans une salle d’escape… L’expérience sera tellement plus immersive et le résultat devrait être nettement plus satisfaisant!

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Le Chant du Loup (Antonin Baudry, 2019)

Le parcours d’Antonin Baudry est assez atypique, puisqu’il a été diplomate de 2004 à 2014! Il a notamment été conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France en Espagne, avant d’être nommé conseiller culturel de l’ambassade de France aux Etats-Unis. En 2015, il succède à Xavier Darcos en tant qu’ambassadeur pour la culture française et président exécutif de l’institut français, poste dont il démissionnera au bout de quelques mois afin de poursuivre des objectifs plus personnels. En 2010-2011, il s’était immiscé dans le monde de la bande dessinée avec Quai d’Orsay, dont il avait assuré le scénario avec Christophe Blain (qui s’occupait également des illustrations). Et cette année, il nous livre son tout premier film, dont il assure à la fois la mise en scène et le scénario! Comme quoi, la politique mène à tout!

On sent d’entrée de jeu toute la rigueur issue du milieu diplomatique, qui va de pair avec l’univers impartial militaire. Il va nous faire entrer dans un monde difficile et aux règles très strictes, gages de sécurité élémentaire et d’un maintien de l’ordre exemplaire. Et pourtant, on sent rapidement aussi une volonté de se désolidariser de cette rigidité inhérente à la fonction même du militaire, une manière de penser différemment qui pourrait être un atout dans ce milieu très strict et confiné. François Civil (Made in France, Five, Burn out) incarne à la perfection cet analyste en guerre acoustique, titre étrange revenant à un militaire capable de catégoriser les différents sons entendus afin de reconnaître les menaces et de prendre les mesures nécessaires. Dans le cas présent, le personnage de Chanteraide est capable de déterminer si le son entendu provient d’un animal aquatique, d’un engin nucléaire, et est surtout capable de déterminer le type de sous-marin qu’il pense détecter! C’est assez impressionnant, et c’est effectivement basé sur le travail de vrais analystes. Sa manière de fonctionner est différente de ses collègues, adoptant une attitude décalée due à ses capacités sensorielles. Son analyse a quelque chose de musical, et il l’adapte aux besoins rigoureux du monde militaire.

La situation politique se dégrade rapidement en Finlande, avec la Russie qui est à 2 doigts de provoquer une guerre. On va alors suivre la mission de 2 sous-marins dont l’objectif dissuasif est capital afin de désamorcer cette escalade… Aux côtés de François Civil, on a une belle brochette d’acteurs avec Omar Sy, Mathieu Kassovitz ou encore Reda Kateb, vu récemment dans Frères Ennemis. Antonin Baudry peut s’appuyer sur ces pointures pour augmenter la portée de son film, qui se trouve être un thriller très tendu comme on a peu l’occasion d’en découvrir en France! Quand en plus il se double d’un film de guerre en milieu sous-marin, c’est assez étonnant pour en justifier la vision. Pour un premier film, Antonin Baudry fait preuve d’un très grand talent, avec une mise sous tension qui ne se rompra jamais, une capacité de mise en scène impressionnante, et un travail sonore exemplaire. A ce titre, il avait envoyé une très belle lettre à tous les cinémas diffusant son oeuvre, dans laquelle transpiraient sa passion et son humilité, et qui comportait des indications très précises quant aux normes techniques sonores à respecter. On comprend aisément à la vue (et à l’audition donc!) de ce film que cet élément sonore est capital pour la pleine appréciation de cette oeuvre!

La première scène va tout de suite mettre l’accent sur l’importance du son, et surtout du décryptage du son fait par Chanteraide. On va rapidement prendre conscience du travail impressionnant de ce militaire, qui doit se concentrer sur toutes les strates sonores qui lui parviennent et faire le tri afin de prendre une décision rapide alors que le stress est à son maximum. Le travail sonore est donc capital pour ce film, et s’avère tout aussi important que son aspect visuel. L’apport de Tomandandy au niveau de la musique est d’ailleurs lui aussi très important, eux qui avait notamment participé aux bande-son de Killing Zoe, La Colline a des Yeux, Sinister 2 ou encore 47 Meters down.

Grâce à cette conjonction de talents à tous les niveaux, on se retrouve pris dans un véritable thriller sous haute tension qui ne relâche jamais son étreinte, et qui impressionne par sa redoutable efficacité. Difficile d’en parler sans trop dévoiler l’intrigue, donc je vais éviter au maximum les spoils. Mais je peux vous dire que l’on découvre un univers jusque-là très peu exploré au cinéma, et qui possède son propre jargon, ce qui peut un temps désarçonner le spectateur. Mais il y a une vraie complexité dans les enjeux et une approche ultra-réaliste qui permettent de se prendre ce récit de plein fouet, et de ne pas en ressortir avant la fin! La tension est permanente, et la maîtrise impressionnante… Le Chant du Loup est une excellente surprise dans le cinéma hexagonal, et mérite d’être découvert en salles pour une expérience optimale!

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