Jessica Jones saison 2 (2018)

Après le succès de la 1ère saison de Daredevil en 2015, c’est Jessica Jones qui avait eu la lourde tâche de lui emboîter le pas la même année. Melissa Rosenberg nous livrait alors une excellente adaptation du comics urbain signé Brian Michael Bendis et Michael Gaydos, qui s’engageait dans une veine street tout comme Daredevil, mais avec sa propre personnalité. Le show possédait sa propre force et développait des thématiques très intéressantes, notamment en mettant le personnage de Jessica Jones, une femme douée de super-force, face à ses vieux démons et à ses faiblesses. Le démon en question s’incarnait avec classe et perversité en Killgrave, l’homme qui l’avait manipulée il y a de nombreuses années et qui n’avait toujours pas accepté qu’elle ait pu lui échapper. La trame de cette première saison était excellente, et la qualité des dialogues et la solidité des personnages secondaires en faisait un show plus que recommendable!

3 ans après, et suite à quelques fournées supplémentaires de super-héros made in Netflix, Jessica Jones revient avec des attentes ayant probablement un peu baissé. Exceptée la série isolée The Punisher, il faut dire que l’impact des séries du catalogue a nettement diminué, avec une Iron Fist et une The Defenders regardables mais loin d’être aussi abouties que la saison 2 de Daredevil ou Luke Cage. Le sens de la formule, que l’on peut reprocher aux film de Marvel Studios, s’applique finalement aussi pour la télévision, qui semble vouloir capitaliser sur ses acquis sans prendre de risque supplémentaire… The Punisher est donc bien une exception à cette règle (même si la série aurait gagné à être plus condensée), et cette seconde saison de Jessica Jones s’avère moins captivante que la première.

Krysten Ritter gère toujours son personnage de fille écorchée avec classe, et ne dépareille pas depuis The Defenders. Simplement, c’est la trame elle-même et les enjeux de cette saison qui sont moins prenants. Il faut dire que c’est difficile de lutter contre un bad guy comme Killgrave, qui avait été personnifié avec une très belle folie par l’excellent David Tennant! Cette nouvelle saison manque cruellement d’un vilain d’envergure, ce qui l’empêche clairement de décoller totalement. On va explorer le passé de Jessica, ses liens familiaux, ses rapports avec ses proches, et finalement, c’est Trish Walker qui s’avère être le personnage secondaire le plus intéressant. L’animatrice de talk show évolue en commençant à être sur le fil du rasoir, et ce développement est salutaire pour le show. Le personnage de Jeri Hogarth, incarné par Carrie-Ann Moss, est quant à lui inutile dans cette saison, et le traitement de son histoire n’est pas passionnant…

Ca fait plaisir de retrouver Malcolm Ducasse (Eka Darville), et on découvre quelques nouveaux personnages intéressants comme Oscar Ramirez ou Pryce Cheng, même si par rapport aux premières années du partenariat Marvel/Netflix, on sent que les relations et les dialogues commencent à être en mode automatique… On ne sent plus la même précision dans les joutes verbales, ni la même sincérité et profondeur dans les rapports entre personnages. C’est vraiment dommage de ressentir cela, et cette comparaison par rapport aux premières années handicape finalement les shows plus récents. Mais malgré cela, cette saison reste tout de même intéressante, et on la suit quand même avec plaisir. Le plaisir d’un fan de Marvel qui voit ses héros de papier prendre vie sur grand écran, en étant tout de même traités avec respect. C’est juste que la barre avait été placée tellement haut en 2015, que l’on attend qu’elle soit atteinte à chaque nouvelle série, ce qui est compréhensible.

Un autre point qui est dommageable, c’est le manque d’exploration du vaste univers Marvel, puisque les interactions entre les différentes séries sont quasi-inexistantes, et que Melissa Rosenberg ne se sert que très succinctement de l’énorme catalogue à sa disposition. Il y a en début de saison une référence bien fun, et le reste va rester concentré sur les personnages en place, pour ne pas aller plus loin. Cet isolement scénaristique est là encore regrettable, car il y a une matière foisonnante à explorer dans les comics… En s’intéressant à la manière dont Jessica a obtenu ses pouvoirs, on va explorer la face sombre d’une clinique, et le combat sera de faire tomber cet organisme appelé IGH (un p’tit coucou à J. G. Ballard au passage).

Et ce que l’on pouvait reprocher à Iron Fist et The Defenders, à savoir un aspect trop soap, se retrouve également dans cette saison. On se concentre davantage sur le relationnel entre tous les personnages, que sur les pouvoirs et les séquences fortes. Jessica n’utilisera ses pouvoirs qu’à de rares occasions, ce qui est finalement cohérent avec le personnage qui n’a aucune envie d’être une super-héroïne, mais cela laisse quand même le spectateur sur sa faim. Quand on s’attaque à une série Marvel, on a envie de s’en prendre plein les yeux tout en appréciant les moments intimistes. Dans l’immeuble de Jessica, on a souvent l’impression que ça devient Friends, avec les visites de tous les appartements du logement…

Il y a une pointe de déception au final face à une portée amoindrie vis-à-vis de la première saison, et une ambiance pas aussi percutante. Mais ce show reste toutefois intéressant, avec une mention particulière pour Trish Walker, campée par une Rachael Taylor bien motivée! La suite, ce sera Luke Cage dès le 22 juin!

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