Si la débandade des séries Marvel est un coup dur du côté de Netflix, la plateforme travaille d’arrache-pied pour renouveler son catalogue super-héroïque avec des séries DC comme Titans ou indé comme The Umbrella Academy, et va carrément se faire pousser une légitimité en briguant les Oscar avec le Roma d’Alfonso Cuaron niveau ciné! Le bébé de Reed Hastings se porte donc plutôt bien, et nous livre régulièrement quelques petites surprises dans des catégories très variées. Le Close de Vicky Jewson est l’une de ces curiosités, film d’action en mode féminin porté par la toujours parfaite Noomi Rapace!
On avait été estomaqué par sa prestation dans la trilogie suédoise Millénium, et elle s’est rapidement imposée comme une figure incontournable dans le domaine de l’action teinté d’un filtre auteurisant! Sherlock Holmes : Jeux d’Ombres, Prometheus, Enfant 44, Conspiracy, Seven Sisters, et même un court passage dans la série Jack Ryan… Elle personnifie à merveille la dualité étonnante entre tension et émotion, maniant une large palette de talents pour être aussi crédible en combat rapproché qu’en scène intimiste! Elle ne déroge pas à la règle avec ce rôle de Sam Carlson, garde du corps rompue à l’art du contre-terrorisme, qui va se retrouver propulsée sur une mission à priori sans grands risques : protéger Zoe, une jeune fille de haut rang un peu border-line… Mais la mission va rapidement s’envenimer lorsque Zoe va se retrouver seule héritière de toute la fortune de son père… L’avidité des ennemis de la boîte de son défunt paternel va mettre en place un jeu de massacre bien violent, avec des tentatives pour kidnapper la jeune fille.
Tout commence par une mission délicate dans un pays du Moyen-Orient en proie à la guerre, et une présentation impressionnante de l’efficacité de Sam sur le terrain! On se retrouve à retenir son souffle tandis que tout semble perdu, et elle va gérer grâce à un sens tactique, une intelligence et une froideur que ne renierait pas Jason Bourne! Vicky Jewson va filmer le tout avec un sens de la mise en scène aguerri, consciente de l’impact optimal pour ses images! Il y a un côté austère et frontal qui colle au plus près du caractère de Sam, et on se retrouve dans une sorte de film d’action anti-spectaculaire qui paradoxalement frappe très fort!
On a un aspect série B qui semble se profiler, avec l’arrivée dans une villa perdue et totalement high-tech, bénéficiant d’un système de sécurité dernier cri. Quand on a un bâtiment capable de devenir un bunker, on sent qu’on va forcément devoir utiliser toutes les possibilités du système… Mais là encore, le tout est emballé avec une sorte d’ultra-réalisme dans lequel Noomi Rapace se déplace avec toute son aisance, conférant à ce récit une force et un impact impressionnants. Elle est réellement à l’aise dans ses scènes de fight, que ce soit en corps à corps ou l’arme au poing, et on passe de scène en scène avec le sentiment d’avoir trouvé le début d’une vraie franchise féminine badass! Mais se pose tout de même certaines contraintes, provenant d’un scénario qui part d’un coup vers une sorte de dérive… L’aspect politique du kidnapping tenté par les bad guys va se refléter d’une manière un peu trop tirée par les cheveux, et il y a quelques réactions de personnages elles aussi un peu abusées…
Du coup, cela empêche le film de conserver la ligne parfaite qu’il tient pendant un bon bout de temps, et l’intensité baisse à certains intervalles… Mais l’ensemble reste tout de même assez convaincant, grâce à une vraie mise en scène immersive et une Noomi Rapace très impliquée! Ca fait très plaisir également de retrouver Indira Varma, la fameuse Niobe de la série Rome, qui jouait également Ellaria Sand dans Game of Thrones. Elle apporte une certaine aura à un personnage un peu creux, permettant de lui insuffler ce qu’il faut pour la maintenir intéressante. Sophie Nélisse (Le Prodige) joue Zoe avec assez de conviction pour qu’on ait envie de lui mettre des claques! La jeune bourgeoise va devoir sérieusement repenser son mode de vie si elle veut survivre à ce périple infernal…
On a un réel sentiment d’urgence dans ce film, qui propose une bonne dose de tension et qui s’avère aussi nerveux qu’intelligent. Si on omet les quelques approximations scénaristiques, on se retrouve face à une oeuvre d’une belle intensité, qui prouve encore une fois tout le talent de l’actrice suédoise. Et on a bien envie de découvrir la filmo de Vicky Jewson, notamment son Born of War qui semble assez bourrin et sombre également!