Le(s) clip(s) de la semaine : Arthur S et le Professeur Inlassable

Drummers & Gunners est un album in(c)lassable et situé hors du temps, qui selon une analyse au carbone 14 daterait quand même de 2014. Mais ça reste à vérifier… C’est l’union de 2 artistes aux influences très variées, allant piocher du côté du jazz, de l’electro, du hip-hop ou encore de la soul. Arthur S caresse les instruments (batterie, piano, violon°, tandis que le Professeur Inlassable joue des platines et autres appareils électroniques pour triturer tous ces sons et en faire ressortir une ambiance des plus étrange et envoûtante.

L’alliance entre ces 2 artistes donne naissance à une créature hybride aux sonorités multiples, et je vous invite à découvrir l’excellente intro de cet album ainsi que le morceau-titre joué en live!

 

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Cutterhead (Rasmus Kloster Bro, 2018)

Après avoir mis en scène 3 courts métrages (Kys min bror en 2010, Liv en 2011 et Barvalo en 2012), le Danois Rasmus Kloster Bro nous livre un premier long très impressionnant avec Cutterhead! En racontant la descente de la photographe Rie au sein d’un tunnel en construction pour le futur métro de Copenhague, il va nous mener tout droit dans un récit terriblement étouffant, et pour cause, la raréfaction de l’air va se faire rapidement ressentir!

Cutterhead est un film à éviter pour toutes les personnes claustrophobes, tandis que les autres plongeront totalement dans ce survival devenant de plus en plus extrême, alors que tout commençait comme une simple mission de routine. Rie est chargée par la direction de la société d’excavation de prendre des photos de leurs ouvriers, afin de raconter leurs histoires et de donner une voix à ces travailleurs anonymes. Elle va donc rencontrer des gens de toutes nationalités, et notamment l’un des chefs de chantier, le Croate Ivo, et son apprenti, l’Erythréen Bharan. Alors qu’une émanation de monoxyde de carbone est détectée et qu’un départ de feu a lieu dans le tunnel, un des responsables place Rie dans le caisson du tunnelier (l’appareil permettant le forage, avec une tête de coupe à l’avant, donnant son nom au film) afin de la protéger de l’environnement devenu dangereux. Elle va se retrouver dans cet espace confiné, tandis qu’Ivo et Bahran se trouvent aussi dans la machine mais de l’autre côté.

Commence alors une course contre la montre et une rapide descente aux enfers, car le feu à l’extérieur se nourrit de l’oxygène, lequel va donc se raréfier très vite. Coincés dans leur coque d’acier, les 3 personnes sont dans l’impossibilité de sortir. De plus, comme Ivo et Bharan étaient en train de travailler sur l’excavation, ils n’ont pas la même pression dans leur partie du caisson que Rie. En effet, lors de travaux de ce type en milieu souterrain, afin d’éviter que les terrains s’effondrent, une pression est maintenue sur la tête de coupe. L’air se retrouve donc comprimé à l’avant de la machine, et les travailleurs évoluent en milieu hyperbare. C’est notamment le cas d’Ivo et Bharan alors que l’incendie se déclenche. Il va donc falloir que Rie égalise la pression si elle veut les rejoindre, ce qui va déjà bien la marquer physiquement.

Et ce n’est que le départ de cette aventure en mode survie, dans laquelle les personnages vont puiser dans leurs réserves les plus profondes et les plus instinctives. Alors qu’il ne faut pas céder à la panique pour ne pas consommer trop d’oxygène, l’atmosphère va se déliter et va mettre à mal l’esprit d’équipe du trio. Les failles de chacun vont se révéler tandis que le danger se fait de plus en plus imminent, et la nature humaine va se dévoiler dans ce qu’elle a de plus viscéral et instinctif. Christine Sønderris impressionne par son jeu bien extrême, et au travers du personnage de Rie, nous fait vivre une expérience extrêmement difficile. On sent littéralement ses difficultés à respirer et à se prémunir de la chaleur dans ce milieu hostile. L’actrice croisée brièvement dans la série The Rain livre une composition viscérale qui ne laisse pas indifférent! A ses côtés, l’acteur croate Kresimir Mikic est lui aussi très bon dans le rôle de ce chef de chantier qui tente de garder le contrôle de la situation, tandis que le Danois Samson Semere, pour sa toute première participation à un film, s’avère également très juste dans son jeu.

Rasmus Kloster Bro nous place dans une ambiance résolument claustrophobique et anxiogène au possible, et va jouer avec nos nerfs et nos sensations physiques de manière impressionnante. On a vraiment l’impression de se retrouver piégé avec les 3 protagonistes, et d’être en mode survie à leurs côtés! La promiscuité dans le caisson, la vision très limitée de l’extérieur du tunnel, la solitude, l’absence de lumière dans les profondeurs… Bro va user d’une mise en scène totalement immersive et sensitive pour nous faire vivre une expérience très traumatisante, et Cutterhead est une réussite totale dans le genre, avec une approche minimaliste allant droit à l’essentiel. Et l’essentiel ici, c’est de respirer… Alors quand on a du mal à reprendre son souffle, c’est terrible et ça se ressent même à travers l’écran. Une expérience difficile mais finalement passionnante!

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Les news de la semaine : Hair

Dans la catégorie des hérésies capillaires, on pense forcément à Nicolas Cage, John Turturro ou Donald Trump, il faudra maintenant rajouter Woody Harrelson! Je ne peux pas m’empêcher de vous partager ces premières images de tournage de Venom 2, dans lequel il interprétera de manière très, comment dire, surprenante, le fameux Cletus Kasady, appelé à devenir Carnage. On découvrait sa personnification à la toute fin du premier Venom, et ça se rapprochait dangereusement de Tahiti Bob.

 

Mais Harrelson s’éloigne de cette inspiration initiale (dommage??), pour aller chercher vers un côté pas forcément moins barré finalement… Je vous laisse juger par vous-même ^^ Et ça compte aussi pour le choix des vêtements bien évidemment ^^

 

 

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Le clip de la semaine : Misery Loves Co. – Only happy when it rains

Misery Loves Co. est un groupe de metal suédois qui a officié de 1993 à la fin des années 2000, et qui a notamment tourné avec Slayer, Deftones, Paradise Lost… Ils se sont reformés en 2016 et ont repris la route pour des concerts live, puis ont balancé 2 vidéos en 2018, dont leur excellente réappropriation du célèbre Only happy when it rains de Garbage, que je vous invite à écouter aujourd’hui! Vous pouvez retrouver ce morceau sur leur dernier album sorti en 2019 et intitulé Zero.

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Invisible Man (Leigh Whannell, 2020)

Quand un échec retentissant oblige un studio à reconsidérer toute sa vision d’un univers (potentiel), ça a au moins le mérite de donner une chance à des projets plus risqués et inventifs. Vous vous rappelez de La Momie avec Tommy (Cruise) ? Bon, perso je l’avais trouvé bien fun avec son anti-héros et son humour parfois limite ^^ Mais les pontes d’Universal l’ont encore en travers de la gorge, avec une recette monde de 390 millions pour un budget officiel de 125. Un ratage financier ça? Oui, mais il faut rajouter les frais marketing, les reshoot, ce qui amène à un total officieux de 345 millions… Du coup, on comprend le couac au niveau de la rentabilité, sachant que les recettes à l’étranger ne sont pas intégralement gagnées par le studio… Je vous met en lien un article très intéressant sur ce cas, juste ici, c’est rédigé chez Ecran Large !

Du coup, ce film qui devait être la pierre d’achoppement du fameux Dark Universe recensant Dracula, le Monstre de Frankenstein, la Momie, l’Homme Invisible (avec Johnny Depp dans le rôle effacé), le Loup-Garou et quelques autres monstruosités, a stoppé net cette tentative de plagier le succès du Marvel Cinematic Universe. Machine arrière, la tentative de méga-réunion n’aura donné droit qu’à une seule photo, que je vous mets juste ici.

Du coup, c’est dans les mains de l’hyperactif Jason Blum, via sa société Blumhouse Productions, que retombent ces joujous, puisque Universal souhaite tout reprendre à zéro en faisant dans le low budget. Ca tombe bien, cet artisan met sur pied des oeuvres plus ou moins réussies toujours à moindre coût, et sait composer avec les vents contraires hollywoodiens (plus d’infos sur cet excellent article provenant aussi d’Ecran Large). Blumhouse, c’est Paranormal Activity, American Nightmare, Insidious, Us, mais aussi de vraies purges comme Amityville : the Awakening, Halloween, Black Christmas… Mais là où ça devient très intéressant, c’est quand Leigh Whannell est choisi pour narrer ces nouvelles aventures de l’Homme Invisible. Leigh Whannell, c’est le scénariste de Saw, et le metteur en scène de l’excellent Upgrade, donc on a déjà une attente plus précise et la confirmation d’un vrai artisan sur le projet. Et quand on apprend que le film va se centrer sur une femme subissant les assauts d’un ennemi invisible, ça prend sens avec la vague qui secoue actuellement Hollywood sur les comportements déviants masculins…

Et le film s’avère être une vraie réussite à de nombreux niveaux, à commencer par le casting d’Elisabeth Moss (The Handmaid’s Tale), qui donne véritablement de sa personne pour incarner ce personnage poussé dans ses derniers retranchements! Les angoisses, les peurs et la folie qui planent sur elle sont rendues avec un réalisme impressionnant, sa composition étant à la fois très physique et viscérale! Elle passe par des phases d’incompréhension face à des détails, puis à des moments de doute bien plus stressants, dans une sorte de gradation hyper maîtrisée et parfaitement retranscrite à l’écran! Son personnage est une femme qui a été rabaissée et humiliée, et qui en porte encore les stigmates. Et dans cette ère où la parole des femmes se délie du côté de l’industrie, ce récit gagne encore une certaine dimension symbolique, qui s’avère menée avec intelligence.

Leigh Whannell nous avait prouvé avec Upgrade qu’il avait un talent certain pour emballer un film, il augmente encore d’un level ici avec une mise en scène totalement immersive, qui va jouer avec certaines thématiques chères à Paranormal Activity (ne partez pas!!!) d’une main de maître. Il sait comment créer le stress à partir de pas grand-chose, et est capable de véritablement filmer l’angoisse du vide. Cette caméra qui pivote lentement pour filmer une pièce vide, mais qui pourrait bien ne pas être si vide en fait… Il sait comment jouer avec la topographie des lieux pour susciter l’angoisse, et s’amuse avec les hors-champs, tout en cadrant parfois son bad guy en plein champ, mais sans le voir ^^ Il apporte des touches très innovantes avec des séquences qui vont forcément surprendre, accompagnant un scénario malin qui passe par quelques poncifs pour mieux s’en détourner! Il y a une réelle intelligence à plusieurs niveaux donc, et on excusera une fin qui semble surtout être un petit caprice de producteur… Mais qui a quelques atouts intéressants bien que perdant de la superbe du reste du métrage.

La réussite d’un long métrage horrifique (ou ici d’un thriller bien tendu qui emprunte à des schémas horrifique) tient en très grande partie à la capacité à générer de l’empathie pour les personnages et un fort réalisme dans les situations. Whannell nous balance son histoire en mode frontal, et on va vivre de l’intérieur cette montée d’angoisse et ces montées d’adrénaline, avec cet ennemi qui semble omniscient et omnipotent. Et la figure désincarnée de ce Mal représente encore une fois le Mal Alpha anonyme et impersonnel, qui se cache derrière une position de dominant intouchable. Le message en filigrane est bien passé, merci, et il fait son petit effet coup de poing efficace! Et même sans ce sous-texte très actuel, Leigh Whannell nous joue des partitions bien stressantes qui semblent puiser leur énergie dans les slashers d’antan! On sent la présence du boogeyman et on se lance dans ce ride bien dark, bénéficiant d’une superbe esthétique proposant une texture qui place Whannell comme un digne successeur de Carpenter et consorts! Sa manière de faire vivre sa caméra impressionne, et nourrit véritablement le récit! Il y a une vraie maturité dans son cinéma, qui est capable de bien choquer tout en s’amusant avec son matériau! Son approche très sensitive est essentielle dans la réussite de ce film, et en l’occurrence le travail sur le son est excellent. Les plages de silence nécessaires afin de savoir si quelqu’un est dans la pièce, le jeu avec les éléments… C’est intelligent je vous dit!!!

La fin en laissera certains perplexes, mais je pense que c’est une tentative un peu osée mais qui n’enlève en rien toutes les qualités de ce long métrage. Invisible Man est un vrai pari dans son genre, et est une franche réussite parvenant à s’extraire des lieux communs auxquels on est habitué, et ça fait un bien fou de ressentir toutes ces émotions! L’expérience est éprouvante, mais après tout, c’est tout ce qu’on demande quand on va au cinéma, non? 😉

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