Queen & Slim (Melina Matsoukas, 2019)

Après une solide expérience dans le domaine du clip (notamment pour Beyoncé, Snoop Dog, Jennifer Lopez, Kylie Minogue, Lady Gaga, Katy Perry…), Melina Matsoukas se lance dans l’aventure du long métrage avec ce road movie dépeignant la fuite d’un homme et d’une femme à travers les Etats-Unis. 2 jeunes Blacks viennent de se rencontrer, et en repartant de leur rendez-vous, ils sont arrêtés par un officier de police. Le contrôle va rapidement dégénérer, et le flic blanc va être tué par l’homme black. Débute un périple afin de sauver leur peau et de prendre le temps de pouvoir assurer leur défense, dans un pays à cran où les tensions raciales et les bavures policières se multiplient…

Le contexte social de Queen & Slim est intéressant et Melina Matsoukas va signifier la portée raciale de son récit sans en faire une ode démagogique. Les 2 personnages principaux sont pris dans un engrenage infernal, et ils doivent faire des choix face à la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent. La jeune femme est avocate, et va suggérer de prendre la fuite afin de faire un point. Le duo va donc se retrouver embarqué dans un road trip à travers les états, et ils vont multiplier les rencontres au gré du hasard.

Je m’attendais à un film davantage axé dans la veine du thriller, il en résulte finalement une oeuvre plus contemplative, qui se veut un instantané de la situation sociale américaine. Le couple va malgré lui représenter l’oppression d’une certaine frange de la population blanche vis-à-vis de la communauté afro-américaine, et on va découvrir au fur et à mesure de leur périple les répercussions de leur acte. Le hasard (ou le destin) va leur faire revêtir l’aura de Bonnie & Clyde blacks, et leurs individualités vont se mêler afin d’en faire un symbole fort de la lutte pour les droits des Noirs.

Ils vont rencontrer des Américains qui les soutiennent ou qui sont en désaccord avec eux, mais cette histoire si personnelle va prendre une ampleur qui les dépasse. L’important pour eux est de pouvoir continuer à vivre, et ils vont pour cela devoir ruser et rencontrer les bonnes personnes. Melina Matsoukas nous livre une oeuvre indissociable de sa musique, s’associant avec le mythique label Motown Records. Vince Stapples, Raphael Saadiq, Blood Orange, Lauryn Hill… De grands noms de la scène soul, hip-hop et R’n’B sont présents sur cette BO qui claque vraiment! La musique accompagne le couple avec grâce et convoque un esprit old school qui fait du bien.

Jodie Turner-Smith (Nightflyers) et Daniel Kaluuya (Get out, Black Panther) apportent une belle sensibilité à leurs personnages, 2 jeunes qui ne demandent qu’à profiter de l’insouciance de l’existence, et qui se retrouvent pris dans une course effrénée pour tenter de survivre. Il y a plusieurs moments de tension palpable, mais le film est davantage axé sur l’aspect road-movie, avec certains passages répétitifs. Mais il se laisse regarder et son duo s’avère intéressant.

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Le clip de la semaine : Vyryl – Horror

L’electro-rock de Vyryl commençait à nous manquer, et leur clip tombe à point nommé pour rappeler l’importance du duo bisontin sur la scène locale! Elle assure le tempo à la batterie, tandis qu’il s’occupe des bidouillages électroniques, et il résulte de ce mélange des compositions bien planantes et énergiques, comme en témoigne ce Horror capté en live par Romain Urlacher. Et vous pouvez aussi aller jeter un oeil à Moon Dust ou Dale Cooper!

 

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Swallow (Carlo Mirabella-Davis, 2019)

Lauréat du Prix spécial du Festival de Deauville, Swallow est précédé d’une réputation prometteuse et intriguante. Son metteur en scène Carlo Mirabella-Davis nous livre ici son second long métrage, après le documentaire The swell Season co-réalisé avec Nick August-Perna et Chris Dapkins (qui se centrait sur le duo de musiciens du film Once). Les premières oeuvres sont souvent l’occasion de définir un style tout en mettant en lumière des thématiques chères aux auteurs, et Swallow constitue un premier long de fiction étonnant et envoûtant, en évoquant l’existence difficile de cette jeune femme incarnée à la perfection par Haley Bennett.

La réussite du film n’aurait pas pu atteindre un tel niveau sans la présence de cette actrice incroyable, qu’on a déjà pu croiser chez Araki (Kaboom) ou chez Antoine Fuqua (Equalizer, Les sept Mercenaires). Sa composition viscérale du personnage d’Hunter prend réellement aux tripes, et s’avère d’une intensité impressionnante. Hunter mène une existence bourgeoise des plus mornes, s’effaçant perpétuellement vis-à-vis de son mari et de sa belle-famille. La vision de la femme au foyer des années 50 perdure jusque dans l’imagerie et les décors, et elle va développer un pica, qui est un trouble psychologique compulsif, poussant la personne qui en est atteinte à avaler divers objets, ce qui peut bien évidemment s’avérer très dangereux.

Carlo Mirabella-Davis va nous faire vivre cette détresse psychologique de l’intérieur, en restant constamment aux côtés d’Hunter. La sensibilité du metteur en scène impressionne, avec une certaine forme de pudeur qui est toutefois accompagnée d’une vraie frontalité. L’intelligence de son découpage et de sa composition picturale font que l’on va suivre cette descente avec une tension véritable, en ressentant presque la douleur d’Hunter. Encore une fois, le jeu d’Haley Bennett est d’une justesse incroyable, permettant de traiter ce sujet avec une réelle intensité sans tomber dans le pathos ni dans le ridicule. Ce travail d’équilibriste constant fait de sa prestation l’une des plus abouties de l’année, même si cette année commence à peine! Sous sa surface lisse et souriante bouillonnent de véritables tourments, qui vont ressortir avec ce trouble du comportement. La subtilité avec laquelle Haley Bennett jongle entre son visage de femme parfaite et l’expression viscérale de ses émotions apporte une authenticité devant laquelle on ne peut pas rester indifférent!

Carlo Mirabella-Davis construit un récit anxiogène dans lequel la jeune femme se retrouve doublement prisonnière, tout d’abord de sa condition sociale finalement dégradante, et ensuite de sa fragilité psychologique. L’intelligence avec laquelle ces thématiques sont liées est très rassurante, car c’est le genre de sujet qui peut rapidement tourner en boucle, mais qui ici se pare d’une véritable tension. La mise en scène de Mirabella-Davis enferme Hunter dans cette existence désincarnée, tout en composant des tableaux véritablement beaux. Sans atteindre la qualité graphique phénoménale d’un Park-Chan Wook avec l’hallucinant Stoker, on plonge dans un drame psychologique qui se défend vraiment bien visuellement aussi. Les scènes où Hunter avale des objets sont un mélange d’ultra-sensibilité et de stress intense, ce qui permet de vivre de manière très intime ces instants qui vont être déterminants pour la jeune femme.

L’évolution du récit va se faire là encore avec la même acuité et avec la même force, et le tout est amené sans grand discours moralisateur ou simplement explicatif, mais de manière très brute et d’autant plus intense. Swallow prend aux tripes tant par son sujet psychologique que par l’évolution de son récit, et si c’est une oeuvre à ne pas mettre entre toutes les mains, elle a le mérite d’aller au bout de ce qu’elle nous raconte, en laissant des traces émotionnelles durables.

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War of the Realms 2 : La Guerre des Royaumes (3/6)

Le crossover War of the Realms bat son plein depuis le mois dernier chez Panini Comics, et on se retrouve donc en plein milieu de l’événement dans ce second numéro de la revue. Pour la petite histoire, c’est l’excellent Jason Aaron qui est l’architecte à l’oeuvre sur l’event, et il l’était finalement bien en amont puisque War of the Realms est la résultante de son long run dans les pages de la série Thor. Jason Aaron est un scénariste essentiel chez Marvel Comics, et on pourrait le « ranger » aux côtés de Jonathan Hickman dans l’ère moderne des auteurs. Bien que l’impact (ou plutôt les impacts multiples!) d’Hickman soient encore plus ambitieux et monumentaux!!!

 

War of the Realms 2 donc, qui va nous plonger dans 2 épisodes de la saga principale plus quelques tie-in plutôt intéressants eux aussi. Bon, ce qui frappe d’entrée de jeu est plutôt négatif, mais on ne pourra pas faire l’impasse dessus, puisqu’il s’agit du dessin de Russell Dauterman. Bon ben, c’est assez laid, surtout au niveau des visages… Mais comme c’est un compagnon d’armes régulier d’Aaron, difficile d’y échapper… Par contre le récit s’avère bien captivant, avec toujours de la part d’Aaron cette capacité presque insolente avec laquelle il brasse l’ensemble de ses personnages! Il y a à la fois une réelle rigueur dans le traitement mais surtout une sorte d’emphase qui prend le pas sur la construction même de l’intrigue. Voir Daredevil remplacer Heimdall en gardien du Bifrost, ça vaut son pesant de cacachuètes, et le mélange de majesté et d’humour avec lequel il balance ses héros sur les chevaux des Walkyries vaut lui aussi le détour. Il parvient à générer de l’importance pour chacun, allant sur le domaine de l’humour avec Spider-Man, sur celui de la brutalité avec Wolverine, etc… Le tout en agençant cette équipe hétéroclite avec classe. Et que dire alors de la team composée de Miss Hulk, Blade, le Punisher, Ghost Rider et Dame Freyja? On en parle très vite! ^^

 

C’est Bryan Hill qui est en charge de mener la recherche psychologique de cette team bien bad-ass, et il le fait avec brio dans les pages de son récit issu de War of the Realms Strikeforce. Cela fait maintenant des décennies que le Punisher est en activité, et il se trouve encore des scénaristes pour apporter un regard intéressant sur le cas de Castle. L’association de ces héros sombres va permettre d’élaborer une introspection bien prenante, qui nous permettra de comprendre pourquoi ils sont parfaits dans cette lutte contre Malekith et ses troupes. Et le dessin de Leinil Francis Yu, c’est quand même quelques niveaux au-dessus de Dauterman!

 

Tom Taylor et Jorge Molina ont aussi droit à leur Strikeforce, durant lequel ils accentuent les effets comiques des personnages, ce qui s’avère finalement réussi dans ce récit tellement dramatique. D’ailleurs au passage, le DD de Molina est bien plus convaincant que celui dessiné par Dauterman… Je vais arrêter, on va dire que j’insiste ^^ Spidey qui a appelé son cheval Papillon, et le dialogue qui s’ensuit avec Wolvie : « Tu as donné un nom à ton cheval? – Pas toi? – Mon cheval s’appelle cheval – Quelle imagination. » Taylor manie à la fois l’humour et la violence (inhérente à certains personnages, notamment Wolverine bien sûr), et ce tie-in était déjà bien intéressant comme ça, mais il se permet en plus d’apporter son lot d’émotions, avec justement la relation entre Spidey et son cheval ailé. Franchement, c’est juste beau et ça fonctionne vraiment bien!

 

Le Journey into Mystery 4 fait figure de rajout pas forcément indispensable, mais il se suit agréablement malgré le dessin très simpliste d’André Lima Araujo. C’est toujours sympa de croiser la route de personnages méconnus (voire inconnus!) comme Death Locket ou Sebastian Druid. Mais Les McElroy (un collectif de 3 frangins issus du jeu vidéo et de la post-synchro notamment) gèrent un bon sens humoristique en intégrant des facteurs totalement absurdes à leur histoire, comme cette convention improbable de sbires dans un casino, afin de comparer leurs mutuelles ou d’assister à des conférences sur les paradoxes temporels et leur effet sur le calcul des heures sup! ^^ Un bon gros délire qui est malheureusement terni par le trait trop grossier d’Araujo… Mais ça reste tout de même fun!

Un très bon numéro donc, avec un Jason Aaron motivant ses troupes pour créer un crossover qui claque! Et bien sûr, Deadpool caméote (ça se dit ça??) dans 2 épisodes! ^^

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Les news de la semaine : les derniers Mutants

 

Le 1er avril verra débarquer l’ultime production X-Men de la Fox, qui est depuis passée sous le patronat de Marvel. Ce chant du cygne est d’autant plus triste qu’il est constitué par une oeuvre qui générait l’une des plus grosses attentes, et que de reports en reshoots (même pas avérés finalement??), on espère plus simplement que le film soit au moins cohérent et potable… C’est dire dans quelle ambiance la post-production dramatique du film de Josh Boone a eu lieu… Mais tant qu’il n’est pas visible, on peut toujours espérer que le film ne soit pas affecté du syndrome X-Men : Dark Phoenix!

En attendant le verdict final dans un peu moins de 2 mois, on va faire plus ample connaissance avec les différents protagonistes, à travers des photos du film. Pour la petite histoire, les Nouveaux Mutants ont été créé par Chris Claremont (incontournable dans l’univers des X-Men!) et Bob McLeod en septembre 1992, dans le graphic novel Les Nouveaux Mutants donc. La création de cette équipe intervient alors que les X-Men ont disparu dans l’espace et sont présumés morts. Il s’agit de la première équipe dérivée des X-Men originels, et met en place des adolescents pas encore totalement familiarisés avec leurs pouvoirs.

On commence par Mirage, alias Danielle Moonstar, une Cheyenne dont le pouvoir est de générer des illusions en percevant les peurs et les désirs des gens. Elle fait partie de la toute première équipe des Nouveaux Mutants. Elle est incarnée par Blu Hunt (Another Life). Son pendentif est-il une indication sur l’identité du méchant, le Démon Ours?

 

Solar (Roberto da Costa) est lui aussi un membre originel de la formation, capable de développer une force surhumaine en absorbant l’énergie solaire. Il est d’origine brésilienne, et sera joué par Henry Zaga (13 Reasons why). Une version futuriste du personnage a déjà été présentée à l’écran, dans X-Men : Days of future Past, sous les traits d’Adan Canto, mais n’a pas marqué les foules… Une autre version alternative a vu le jour dans la série The Gifted, où il répondait au nom de code d’Eclipse, et était interprété de manière larmoyante par Sean Teale. Pas inoubliable non plus donc.

 

Félina (Rhane Sinclair) a le don de se transformer en louve, et est d’origine écossaise. C’est la célèbre Maisie « Arya Stark » Williams qui l’interprète, et là encore, il s’agit d’un personnage de la toute 1ère version de l’équipe.

 

Rocket, alias Sam Guthrie, est un ado originaire du Kentucky, où il vivait tranquillement avec ses parents dans une ferme. Sa condition mutante lui donne la capacité de se déplacer tel une fusée, et il est invulnérable lorsqu’il est en vol. Il fait lui aussi partie de la première équipe des Nouveaux Mutants. C’est l’acteur Charlie Heaton qui lui prête ses traits, et on a déjà pu le voir dans Strangers Things.

 

Magik est le seul personnage à ne pas avoir été là à la création de l’équipe, qui comportait un 5ème membre : Karma, une Vietnamienne capable de posséder les gens à travers leurs esprits. Magik quant à elle a des dons de sorcellerie, et est également capable de se téléporter. Elle est la soeur de Colossus, célèbre membre métallique des X-Men. Là encore, on a une origine différente puisqu’elle vient de Russie, ce qui fait de cette équipe des Nouveaux Mutants un melting-pot plutôt intéressant. Magik est interprété par Anya Taylor-Joy, qui a déjà une carrière cinématographique bien riche : The Witch, Morgane, Split, Glass, et un passage par la TV avec Peaky Blinders. J’ai pioché toutes ces photos sur l’excellent site Les Toiles Héroïques, qui est une de mes sources privilégiées en matière de comics!

 

On termine ces news avec une photo de la série The Falcon and the Winter Soldier, ainsi qu’une belle affiche pour Black Widow. Le bloc soviétique en force! ^^

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