Le crossover War of the Realms bat son plein depuis le mois dernier chez Panini Comics, et on se retrouve donc en plein milieu de l’événement dans ce second numéro de la revue. Pour la petite histoire, c’est l’excellent Jason Aaron qui est l’architecte à l’oeuvre sur l’event, et il l’était finalement bien en amont puisque War of the Realms est la résultante de son long run dans les pages de la série Thor. Jason Aaron est un scénariste essentiel chez Marvel Comics, et on pourrait le « ranger » aux côtés de Jonathan Hickman dans l’ère moderne des auteurs. Bien que l’impact (ou plutôt les impacts multiples!) d’Hickman soient encore plus ambitieux et monumentaux!!!
War of the Realms 2 donc, qui va nous plonger dans 2 épisodes de la saga principale plus quelques tie-in plutôt intéressants eux aussi. Bon, ce qui frappe d’entrée de jeu est plutôt négatif, mais on ne pourra pas faire l’impasse dessus, puisqu’il s’agit du dessin de Russell Dauterman. Bon ben, c’est assez laid, surtout au niveau des visages… Mais comme c’est un compagnon d’armes régulier d’Aaron, difficile d’y échapper… Par contre le récit s’avère bien captivant, avec toujours de la part d’Aaron cette capacité presque insolente avec laquelle il brasse l’ensemble de ses personnages! Il y a à la fois une réelle rigueur dans le traitement mais surtout une sorte d’emphase qui prend le pas sur la construction même de l’intrigue. Voir Daredevil remplacer Heimdall en gardien du Bifrost, ça vaut son pesant de cacachuètes, et le mélange de majesté et d’humour avec lequel il balance ses héros sur les chevaux des Walkyries vaut lui aussi le détour. Il parvient à générer de l’importance pour chacun, allant sur le domaine de l’humour avec Spider-Man, sur celui de la brutalité avec Wolverine, etc… Le tout en agençant cette équipe hétéroclite avec classe. Et que dire alors de la team composée de Miss Hulk, Blade, le Punisher, Ghost Rider et Dame Freyja? On en parle très vite! ^^
C’est Bryan Hill qui est en charge de mener la recherche psychologique de cette team bien bad-ass, et il le fait avec brio dans les pages de son récit issu de War of the Realms Strikeforce. Cela fait maintenant des décennies que le Punisher est en activité, et il se trouve encore des scénaristes pour apporter un regard intéressant sur le cas de Castle. L’association de ces héros sombres va permettre d’élaborer une introspection bien prenante, qui nous permettra de comprendre pourquoi ils sont parfaits dans cette lutte contre Malekith et ses troupes. Et le dessin de Leinil Francis Yu, c’est quand même quelques niveaux au-dessus de Dauterman!
Tom Taylor et Jorge Molina ont aussi droit à leur Strikeforce, durant lequel ils accentuent les effets comiques des personnages, ce qui s’avère finalement réussi dans ce récit tellement dramatique. D’ailleurs au passage, le DD de Molina est bien plus convaincant que celui dessiné par Dauterman… Je vais arrêter, on va dire que j’insiste ^^ Spidey qui a appelé son cheval Papillon, et le dialogue qui s’ensuit avec Wolvie : « Tu as donné un nom à ton cheval? – Pas toi? – Mon cheval s’appelle cheval – Quelle imagination. » Taylor manie à la fois l’humour et la violence (inhérente à certains personnages, notamment Wolverine bien sûr), et ce tie-in était déjà bien intéressant comme ça, mais il se permet en plus d’apporter son lot d’émotions, avec justement la relation entre Spidey et son cheval ailé. Franchement, c’est juste beau et ça fonctionne vraiment bien!
Le Journey into Mystery 4 fait figure de rajout pas forcément indispensable, mais il se suit agréablement malgré le dessin très simpliste d’André Lima Araujo. C’est toujours sympa de croiser la route de personnages méconnus (voire inconnus!) comme Death Locket ou Sebastian Druid. Mais Les McElroy (un collectif de 3 frangins issus du jeu vidéo et de la post-synchro notamment) gèrent un bon sens humoristique en intégrant des facteurs totalement absurdes à leur histoire, comme cette convention improbable de sbires dans un casino, afin de comparer leurs mutuelles ou d’assister à des conférences sur les paradoxes temporels et leur effet sur le calcul des heures sup! ^^ Un bon gros délire qui est malheureusement terni par le trait trop grossier d’Araujo… Mais ça reste tout de même fun!
Un très bon numéro donc, avec un Jason Aaron motivant ses troupes pour créer un crossover qui claque! Et bien sûr, Deadpool caméote (ça se dit ça??) dans 2 épisodes! ^^