Adaptation d’une série télé diffusée de 1985 à 1989 que je n’ai jamais regardée, Equalizer suit les aventures d’un ancien agent secret qui va tenter de racheter des erreurs passées en sortant des personnes de situations délicates. C’est Antoine Fuqua, le metteur en scène surestimé de Training Day qui s’y colle, et le résultat est plutôt pas mal! La faute à Denzel Washington qui joue avec une vraie classe ce personnage d’apparence tranquille, mais qui cache un potentiel de violence plutôt élevé!
Antoine Fuqua a une vraie volonté de prendre le temps de poser ses personnages, ce qui n’est pas négligeable dans une production de ce type. On va donc apprendre à connaître Robert McCall, modeste employé d’un magasin de bricolage, qui est toujours là pour aider les gens qu’il côtoie. Il va donner des indications à un collègue qui veut perdre du poids, calmer une caissière en train de se faire voler, bref, c’est le mec capable de gérer en douceur n’importe quelle situation afin de désamorcer la tension. Mais parfois, malgré toute la diplomatie du monde, les gens en face ne souhaitent pas éviter la confrontation. Et là, McCall va laisser libre cours à la rage qui monte en lui…
Le travail sur la temporalité effectué par Fuqua est vraiment bon, avec cet étirement des scènes de tension qui va culminer jusqu’à exploser dans un accès de sauvagerie aussi rapide que soudain! Quand McCall règle ses comptes, tout se déroule en moins d’une minute, et il n’oublie jamais d’enclencher sa montre afin de calculer son timing! Oui, Fuqua ne peut pas s’empêcher d’en rajouter un peu, et ce coup de la montre systématique enlève quand même un certain réalisme, mais les scènes sont assez brutes pour emporter l’adhésion! De La Mémoire dans la Peau à The Raid 2: Berandal, la violence s’est véritablement asséchée dans les films pour nous offrir des moments hautement intenses et physiques! Equalizer suit cette modernisation et offre des combats plutôt bien chorégraphiés agrémentés de quelques moments bien choquants!
La métamorphose de Denzel Washington, qui passe du bon gars bien tranquille au tueur implacable, est juste impressionnante, et justifie à elle seule la vision de ce film. L’acteur apporte un réalisme et une intensité tels que toutes les approximations scénaristiques sont pardonnées. Le coup du « je balance une explosion et je pars en marchant avec le feu sur mes talons, mais je reste cool », fallait oser, mais même si c’est largement abusé, ben ça passe, et on retombe dans un certain réalisme ensuite! C’est Denzel quoi… Et à ses côtés, il est accompagné par une Chloë Grace Moretz toujours aussi douée, elle qui était le seul intérêt de la saga Kick-Ass finalement, dans le rôle bien barge d’Hit Girl. La justesse de son jeu et sa capacité à osciller constamment entre la force et la faiblesse en font une actrice vraiment talentueuse, et elle devrait avoir encore de nombreux rôles forts à nous faire découvrir!
Face à McCall, toute une bande de mafieux russes bien flippants, qui donnent dans la prostitution avec tendance esclavagisme. Evidemment, McCall mettant un pied dans ce milieu, il va se faire un devoir d’éradiquer tout le cartel en mode Punisher! Les confrontations avec les différents membres de cette mafia vont donner lieu à des scènes vraiment bourrins, traitées avec soin par Fuqua. Il y a une sorte d’atmosphère pessimiste qui surplombe l’ensemble du métrage, tandis que McCall essaie de faire la différence comme il peut… L’homme semble avoir beaucoup à se faire pardonner, et c’est ce qui lui done la force d’aller au bout de ce qu’il a entamé…
Equalizer est un vrai bon thriller tendance vigilante, doublé d’une étude psychologique pas si mal foutue, et on plonge avec plaisir dans cette ambiance qui allie réalisme quotidien et icônisations un peu plus légères mais finalement très cinématographiques. Un très bon mélange des genres qui parvient à rester sérieux et très solide, et un Denzel Washington impérial, encore une fois!