Marvel Comics 1000

Disons-le tout de suite : cet album n’a rien d’indispensable. Que ce soit au niveau de l’importance dans la continuité narrative, ou dans ses propositions graphiques, il se place davantage comme un à-côté destiné à célébrer la longévité de la Maison des Idées. C’est pour fêter les 80 ans de Marvel (qui en 1939 s’appelait Timely Comics, puis en 1951 Atlas Comics, avant d’être rebaptisée Marvel Comics en 1961) que l’éditeur convoque 80 équipes créatives, afin de créer 80 pages rendant hommage à toutes ces années passées. Le concept est très auto-congratulant, et peut paraître artificiel. Mais le résultat s’avère néanmoins sympathique et nous permet de retrouver quelques héros méconnus, tout en tentant de placer une intrigue dans la rétro-continuité de l’ensemble de cette mythologie!

On va donc assister à des séquences qui vont donner une relecture de certains événements, comme ce passage de Steve Rogers devant une mystérieuse pièce, alors qu’il est sur le point de se faire injecter le sérum du Super-Soldat! Il aura été le témoin involontaire de ce mystère ayant traversé les âges, avec cet artefact passant d’un personnage à l’autre! Qui est le mystérieux Voleur Masqué? Quel sont les pouvoirs de ce masque pour lequel les hommes meurent au fil des décennies? On en apprendra par petites touches, au gré des pages qui vont remonter le fil du temps.

C’est le scénariste Al Ewing (Immortal Hulk) qui est chargé de coordonner l’ensemble du récit, lequel ne va pas se cantonner à une linéarité pure. On va passer de vignettes à des mini-récits, chaque équipe devant oeuvrer sur le contenu minimal que représente une seule page! On commence bien évidemment par l’apparition de la Torche Humaine en 1939, qui allait donner l’impulsion de tout un univers perdurant encore de nos jours!!! On va traiter des Trois X, de Thunderer, de Citizen V, de Miss America… Chaque page nous fait remonter dans le temps, tout en créant des liens à travers le flux temporel. La construction narrative est très éclatée, mais possède une certaine cohérence, tout en liant l’aspect comics et l’aspect cinématographique. La page de présentation de Captain America est celle de 1944, qui marque la toute première adaptation cinéma Marvel, avec le film à épisodes Captain America (à retrouver bien évidemment dans le dossier Les Adaptations Marvel de 1944 à 2099!).

Ce Marvel Comics 1000 est donc une invitation à un voyage très coloré et très disparate dans l’univers Marvel, avec une succession de séquences pour la plupart sans intérêt majeur, mais qui sont là pour replacer des personnages dans leur époque de création. La toute première apparition de Spider-Man en 1962, la création de Blade en 1972 dans Tomb of Dracula, Miss Hulk qui fait ses premiers pas en 1980 dans Savage She-Hulk… Les dates sont historiques et les pages de présentation se veulent plus fun que marquantes. Cette rétrospective nous permet en tout cas de découvrir des personnages inconnus (qui connaît Night Raven? Blue Marvel? Jimmy Who?? Deadpool??? Ce Marvel Comics 1000 permet donc également de réparer quelques lacunes ^^

Cet album est agrémenté d’un appendice, Marvel Comics 1001, qui a été édité 2 mois après Marvel Comics 1000 pour prolonger l’événement. Le principe est le même, 30 pages pour rendre hommage à tout un univers, avec un esprit encore plus léger. Ca n’est là encore pas indispensable, mais ça s’avère sympathique et cette célébration aura eu le mérite de rassembler tout le gratin des scénaristes et dessinateurs de la Maison des Idées!

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Le clip de la semaine : Kapture : Fluke

Oats Studios, c’est la boîte à joujoux de Neil Blomkamp, le réalisateur de District 9, Elysium, ChappieJe vous en avais déjà parlé ici! Quand l’envie  lui prend d’explorer un univers SF en toute tranquillité, il nous livre des perles comme Rakka, Firebase, Zygote, et se place dans la zone intermédiaire entre le cinéma et le jeu vidéo avec une réelle maîtrise de ses sujets et de ses matériaux! Kapture : Fluke va encore une fois s’immiscer dans cet espace interstitiel, avec la technologie mise au point par 2 savants, qui va s’avérer très destructrice…

 

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Horse Girl (Jeff Baena, 2020)

On retrouve actuellement des oeuvres plutôt intéressantes traitant d’une souffrance psychologique féminine, tout en étant graphiquement intense. Sans atteindre le niveau anxiogène de l’excellent Swallow, Horse Girl va à sa manière poser de troublantes questions et suivre l’existence sans relief d’une jeune femme paumée. On retrouve donc des similitudes entre les 2 films, avec ici une Alison Brie qui prend son rôle très à coeur! Son investissement est double, puisqu’elle officie devant la caméra avec une vraie puissance émotive, et qu’elle co-écrit le scénario avec le réalisateur Jeff Baena!

Le basculement progressif vers un état de stress intense va être amené avec un dosage d’une très grande précision, et on va suivre cette ligne déclinante avec fascination. Alison Brie apporte une réelle complexité au personnage de Sarah, qui va se retrouver dans des situations étranges et de plus en plus inquiétantes. Saignements de nez, épisodes de somnambulisme, pertes de repères temporels… La petite vie morne de Sarah semble dériver vers des problèmes physiques et psychologiques qui vont s’avérer de plus en plus importants comme s’il s’agissait d’une réaction à la vacuité de son existence. Elle va faire des rêves très sensitifs qui lui paraissent réels, et son esprit va vaciller vers une sorte de parano bien violente.

Jeff Baena nous livre un récit à la fois très intimiste et psychédélique, nous plongeant dans les visions de la jeune femme. Son approche sensorielle s’avère très efficace, et on est rapidement happé par cette atmosphère sourde et éthérée, dans laquelle Sarah tente de s’épanouir tout en y étant finalement prisonnière. Là encore, on sent une certaine corrélation avec Swallow, bien que chacun des metteurs en scène choisira un traitement différent de son récit. Mais c’est toutefois intéressant de noter cette connivence conjoncturelle, qui donne lieu à 2 oeuvres dont l’étrangeté fait vraiment du bien dans un cinéma actuellement trop standardisé!

La détresse de Sarah et les moyens qu’elle met en marche pour tenter de se sortir de cette situation difficile vont plonger le spectateur dans une sorte de rêve/cauchemar, dont les atours graphiques achèvent de rendre ce Horse Girl bien addictif!

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L’Etranger (Albert Camus, 1942)

Albert Camus est certainement l’un des artistes les plus engagés de l’Histoire, partisan d’un humanisme par définition désintéressé et se soustrayant aux contingences matérielles et politiques. Son premier roman, L’Etranger, peut se voir comme un manifeste du droit à la vie face à l’absurdité du monde social, prêt à tout pour faire disparaître les « anormaux ».

Le personnage de Meursault vit en Algérie durant l’occupation française, et il végète entre un travail banal et alimentaire, et une existence sans grandes passions. Meursault est l’image même de l’individu désincarné, situé aux abords d’une population menée par la société de consommation et qui se balade d’une occupation à l’autre sans sembler y prendre réellement de plaisir. Tout juste y trouve-t-il une satisfaction immédiate sans trop de relief, et il glisse dans cette existence comme s’il était déconnecté du reste des gens. Il n’est pas pour autant cynique, mais se place simplement en-dehors du mouvement incessant, fugace et vain du commun des mortels.

Le style de Camus est à la fois limpide et lapidaire, dévoilant bien le fonctionnement atypique de ce personnage. Les premières phrases qui ouvrent le roman marquent d’emblée le détachement non feint du héros : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. » Meursault ne pouvant subvenir matériellement aux besoins de sa mère, il l’avait placée dans un hospice situé à 80 kilomètres d’Alger. Il va donc se rendre aux funérailles, qu’il va suivre avec un détachement similaire, dont on pourrait penser qu’il est dû au choc de la nouvelle, mais qui est plus probablement causé par la chaleur étouffante des lieux. « Le soleil avait fait éclater le goudron. Les pieds y enfonçaient et laissaient ouverte sa pulpe brillante. Au-dessus de la voiture, le chapeau du cocher, en cuir bouilli, semblait avoir été pétri dans cette boue noire. J’étais un peu perdu entre le ciel bleu et blanc et la monotonie de ces couleurs, noir gluant du goudron ouvert, noir terne des habits, noir laqué de la voiture. »

Il y a une poésie de chaque instant dans cette prose impressionnante, et L’Etranger constitue son roman le plus captivant (il n’en a rédigé que 5 : La Mort heureuse, L’Etranger, La Peste, La Chute, et Le premier Homme. Le reste de son oeuvre est constitué de nouvelles, d’essais, de pièces de théâtre…). Cette vision lointaine de la réalité dans laquelle évolue le personnage principal se situe presque entre deux rêves, et possède l’aspect éthéré des songes. Mais il va malheureusement être rattrapé par une dure partie du réel, après une altercation dont il n’a au départ rien à voir. Meursault est le type même de l’individu lambda, fonctionnaire sans relief et sans ego, qui glisse inexorablement sur le chemin de l’existence sans se poser de question existentielle et sans laisser libre cours à ses sentiments. La question cruciale est la suivante : en a-t-il réellement? Ressent-il du plaisir, de la joie, de la haine? Cette étude de caractère va devenir nécessaire face à un événement dramatique, qui va le sortir de sa routine pour le propulser dans un univers bien éloigné de son quotidien.

Sa relation avec Marie, qui peut s’apparenter à une relation de couple, n’est pourtant pas forcément explicite: « Quand elle a ri, j’ai eu encore envie d’elle. Un moment après, elle m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu’il me semblait que non. Elle a eu l’air triste. Mais en préparant le déjeuner, et à propos de rien, elle a encore ri de telle façon que je l’ai embrassée.  » Des théories prônent l’autisme de Meursault, ce qui me paraît assez juste. Cette absence de réactions de type social, couplée à une sensibilité aux stimuli (la lumière du soleil, le poids écrasant de la chaleur, l’attirance instinctive pour Marie) donnent l’image d’un personnage qui ressent des choses mais qui n’a pas le besoin de les exprimer. Meursault apparaît comme un individu éloigné des autres, mais qui n’est pourtant pas totalement insensible à ce qui l’entoure.

Toute la beauté du texte de Camus est de parvenir à retranscrire cette psyché atypique, grâce à une écriture des plus ciselées et envoûtante. « Je m’arrangeais très bien avec le reste de mon temps. J’ai souvent pensé alors que si l’on m’avait fait vivre dans un tronc d’arbre sec, sans autre occupation que de regarder la fleur du ciel au-dessus de ma tête, je m’y serais peu à peu habitué. J’aurais attendu des passages d’oiseaux ou des rencontres de nuages comme j’attendais ici les curieuses cravates de mon avocat et comme, dans un autre monde, je patientais jusqu’au samedi pour étreindre le corps de Marie. Or, à bien y réfléchir, je n’étais pas dans un arbre sec. Il y avait plus malheureux que moi.  » Cette sorte de droiture naïve avec laquelle Meursault traverse les événements est perçu par certains comme de  la cruauté, mais il s’agit avant tout d’une indifférence n’ayant rien à voir avec le bien ou le mal. Là où on peut effectivement se poser des questions, c’est sur la raison de son acte, qui semble paradoxalement encore avoir été dicté par une forme  d’hyper-sensibilité. L’Etranger est un roman étonnant, dont la densité réside justement dans sa fausse simplicité.

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Les news de la semaine : Robert Battinson

The Batman est prévu pour le 21 juin 2021 aux States, et le metteur en scène Matt Reeves nous livre cette semaine le tout 1er aperçu filmé du costume porté par Robert Pattinson! On pourra être surpris par le masque, qui laisse toute la partie basse du visage à découvert! Mais avec cet extrait de la musique de Michael Giacchino, ça met dans un bon mood pour la suite des aventures de l’Homme-Chauve-Souris!

 

 

Joe Carnahan est en charge du remake de The Raid depuis environ 3 ans, mais comme il vient de quitter la société XYZ Films, il n’est techniquement plus en droit de le réaliser. Du coup, il décide de poursuivre l’aventure sans que la mention The Raid figure dans le titre… Frank Grillo, qui était destiné à reprendre le rôle ô combien emblématique assuré par Iko Uwais, est toujours sur le projet également, qui contournera les droits légaux en donnant le nom de Zeno au film, d’après le nom du protagoniste principal. Le pitch pioché sur Ecran Large est space, en s’annonçant très différent mais en étant en fait quasi-similaire ^^ En espérant qu’il n’en fasse pas une bouse à la Agence tous Risques

« Dans la version que j’ai écrite, ils n’ont jamais l’intention d’entrer réellement [dans le bâtiment, ndlr]. Ils pensent qu’ils vont déplacer le type. Donc, toute leur opération est, « nous allons faire transiter le mec », jusqu’à ce qu’ils réalisent que « Oh, ils creusent, ils ne bougent pas, nous devons maintenant entrer et le chercher ». C’est un scénario très, très différent … Ce sont vraiment, vraiment, vraiment des frères. »

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