Zack Cregger fait partie de ces acteurs-réalisateurs orientés principalement vers la comédie et les talk shows, et qui subitement opèrent un virage à 180 degrés en nous offrant une oeuvre totalement différente de ce qu’ils avaient fait auparavant. Barbarian est une anomalie dans sa carrière, et quelle anomalie ! Ca faisait très longtemps que je n’étais pas tombé sur un film horrifique aussi original et réussi, ça fait tellement de bien de se laisser sombrer dans une ambiance et un environnement aussi spéciaux!
Barbarian démarre avec l’arrivée par une nuit pluvieuse de Tess, qui loue un AirBNB dans un quartier délabré de Detroit. Elle va se rendre compte que la maison est déjà occupé par Keith, qui a effectué une location similaire sur un autre site qu’elle. On sent une certaine tension dans les premiers échanges entre les deux, et Tess va devoir prendre une décision rapide, à savoir trouver un autre logement ou partager celui-ci avec Keith. Zack Cregger, qui signe également l’excellent scénario, va traiter de la problématique post-Metoo avec une très belle acuité, chacun des protagonistes faisant des efforts pour tenter de briser la glace tout en respectant les normes sociales, Keith tentant de faire comprendre à Tess par son attitude et ses propos qu’il n’est pas dangereux, et qu’il comprend qu’elle puisse se méfier de quelqu’un qu’elle ne connaît pas. On est dans une thématique à la fois très classique et résolument moderne, et on se pose exactement les mêmes questions que Tess.
Keith est joué par l’excellent Bill Skarsgård, que l’on connaît pour le rôle de Pennywise dans le film Ca et sa suite, ce qui évidemment ne joue pas en sa faveur ^^ Tess quant à elle est incarnée par Georgina Campbell, qui offre une belle épaisseur à la jeune femme. On va être pris par cette situation relativement simple, car Zack Cregger use d’un script et d’une caméra qui donne vraiment envie de savoir de quoi il retourne. Et c’est là que je ne vous en dirai pas davantage, car ce qui va suivre mérite d’être pleinement découvert sans aucun spoil! Mais je peux vous garantir que vous allez être surpris par la tournure des événements, et ça fait tellement plaisir de pouvoir être étonné par une oeuvre cinématographique en ce moment! Je vous laisserai donc le soin de plonger par vous-même dans ce récit bien stressant et flippant!
Ca ne m’empêchera pas de souligner la très belle maîtrise de la caméra de Cregger, qui se balade dans cet espace avec une aisance impressionnante. Sa façon de suivre le mouvement des protagonistes provoque un certain malaise diffus, notamment lors d’une séquence spécifique… Mais surtout, il se permet d’opter pour un rythme réellement atypique, et là aussi, quel plaisir de se laisser mener de cette manière, dans une ère où tout est majoritairement balisé! Cregger se permet une liberté totale dans la construction de son oeuvre, ce qui permet de faire travailler les neurones des spectateurs plutôt que de les laisser regarder passivement une suite d’événements. Il crée également des cadrages forts et sait pertinemment comment optimiser ses effets, et une intelligence manifeste traverse l’ensemble du métrage. On pense à la manière de remplacer la lampe de son téléphone notamment ^^
Les acteurs sont vraiment très bon, et si le film recycle une certaine idée déjà aperçue dans d’autres oeuvres, il le fait avec un mélange de sensations d’une très belle originalité! Barbarian est vraiment un film d’horreur à découvrir, qui se permet des modifications étonnantes, offrant des émotions contradictoires par moment. Difficile d’en parler davantage sans lâcher d’informations essentielles, donc je vais en rester là, et je vais simplement vous conseiller de tenter l’expérience!