Reacher saison 2 (2023)

On connaissait la malédiction de la saison 3, mais Reacher semble avoir voulu l’anticiper… Dans la plupart des séries, la 3ème saison est synonyme de déception, de perte de rythme et de désintérêt, et pour le show signé Nick Santora, il ne faudra donc pas attendre aussi longtemps pour que l’ensemble se casse la gueule, alors que tout avait si bien commencé avec une saison 1 juste géniale !

On se retrouve 2 ans après les événements de Margrave, et Jack Reacher poursuit son existence de hobo à travers les Etats-Unis. Mais un événement tragique va l’obliger à se confronter à son passé, puisque un des hommes sous son commandement à l’époque du 110ème a été retrouvé mort, balancé d’un hélicoptère… Vous la sentez arriver la grosse différence par rapport à la saison 1 ? Là où on avait un personnage solitaire atypique débarquant dans une petite communauté tranquille, avec toute la population qui devait s’adapter à sa personnalité hors norme, on va cette fois avoir une réunion d’anciens collègues ayant tous fraternisé à l’époque, et qui sont en mode Semper Fi face au monde. Le résultat est que l’on va avoir un Reacher nettement moins original, puisqu’il va principalement se comporter comme un chef de troupe, avec des soldats obéissant à ses ordres. Le résultat est que l’on va glisser vers un show de type policier lambda, puisque l’nequête va être prédominante, et on va donc se retrouver en mode New York, Police Judiciaire ou New York, Police Criminelle ou New York, Police tout ce que vous voulez derrière.

Reacher perd donc immédiatement de sa superbe, et tout ce qui faisait le sel de la saison 1 est balancé aux ordures pour mieux se conformer à un type très (trop) classique de série. L’alchimie entre Reacher, Roscoe et Finlay était l’une des très belles spécificités de la saison précédente, avec des dialogues ciselés et des interactions très bien construites, tandis qu’ici, on assiste à des dialogues sans saveur et à des interactions qui ne prennent pas vraiment… Même les punchlines de Reacher me fonctionnent plus… Remplacer Willa Fitzgerald par Serinda Swan a été une belle erreur, car cette actrice incarne l’archétype de la flic de toutes les séries policières US, et cette sensation de regarder New York, Unité Spéciale, ou New York, Crime Organisé, ou New York, Cour de Justice, ou New York, Section Criminelle est fatiguante…

La réalisation des combats n’est plus à la hauteur de la première saison, avec une attention inférieure portée à leur mise en scène, mais également à leur intégration dans le récit. On sent que le script était surtout axé sur le mode New York machin, et que les combats n’ont été intégrés qu’après pour donner un peu de pêche à une série qui en manquait. On assiste donc à des scènes fades et bien moins percutantes que dans la saison d’origine, et si j’avais voulu voir une série sur des soldats d’élite, je me serais peut-être remis le film Navy Seals, les Meilleurs en fait… Mais c’est clairement cette perte de la force de caractère de Reacher qui cause le plus de dégâts, car le voir gérer son équipe lui enlève la moitié de son côté mystérieux et badass, et ce ne sont pas les flashback très souvent inutiles sur leur passé commun qui vont rajouter du rythme à une histoire déjà en perte de vitesse… Et pour bien entériner cette différence avec la saison 1, on va également trouver un moyen de lui faire abandonner son éternel T-shirt pour le troquer contre un costard, ça fait quand même plus sérieux dans une série policière…

L’histoire avec Karla Dixon (Miss New York, Unité Spéciale), on y croit pas une seule seconde, les dialogues avec la team sont des poncifs déjà vu dans des milliers de films et séries, et la seule qui tire son épingle du jeu reste Maria Sten dans le rôle de Neagley, car d’une saison à l’autre, elle parvient à conserver ce qui fait l’originalité de son personnage. Mais le reste est à balayer sans regret, et là où j’ai mis 2 jours à binge-watcher la saison 1, j’ai dû péniblement mettre une semaine à regarder la saison 2. Le méchant était déjà une faiblesse de la saison 1, cet écueil n’est pas compensé avec cette saison 2, qui convoque encore un acteur des années 90 pour jouer le rôle du bad guy. Après Bruce McGill, on a donc droit à Robert Patrick, éternel T-1000, qui a perdu l’ensemble de son charisme et qui compose un Shane Langston caricatural à mort. Le seul élément positif de sa présence est la vanne sur Sarah Connor, c’est tout de même léger… La seule très bonne surprise provient de Domenick Lombardozzi, qui joue le personnage de Gaitano Russo avec bien plus de complexité et d’émotions que l’ensemble du casting réuni. On avait déjà pu le voir dans l’excellente série We own this City, et c’est un plaisir de le revoir ici.

Je n’ai pas l’habitude de spoiler, mais comme je me suis infligé l’atroce dernier épisode, il faut quand même que j’évoque cette scène totalement ridicule dans l’hélicoptère. Alors qu’on était jusque-là en mode procedural, voilà que Reacher se transforme en super-héros, en rattrapant in extremis sa collègue qui tombe de l’hélico ! Cette scène est tellement emplie de ridicule qu’elle en devient surréaliste, et je ne comprends pas comment les auteurs ont pu tomber aussi bas. Bref, tout ça pour dire que plus ça avance dans cette saison, pire elle devient… Et si on pouvait encore être tolérant pendant un temps, les 2 derniers épisodes ont eu raison de cette magnanimité… Pour ceux qui lisent ça sans avoir jamais regardé la série, je vous invite fortement à mater la saison 1, et à vous contenter de cette pépite, car la suite n’est clairement pas reluisante… Et sinon, il reste au moins le jeu de mot sur l’affiche de la saison 2 que je trouve fun ^^

Ce contenu a été publié dans Série. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *