Jessica Jones saison 3 (2019)

3ème et dernière saison pour Jessica Jones, qui marque également le chapitre ultime des Defenders sur Netflix! Après une excellente première saison et une seconde nettement plus basique, la showrunneuse Melissa Rosenberg relève le niveau avec une 3ème salve se situant qualitativement entre la 1ère et la 2ème. On n’atteint donc pas l’excellence de la 1, mais le récit est nettement plus prenant que dans la 2, et ça permet d’achever ce partenariat avec Marvel de belle manière!

Si Jessica Jones fait toujours autant la gueule, on a appris à creuser dans son passé et dans son esprit au fur et à mesure des années, et sous son air impassible et blasé, elle va encore se retrouver dans des situations qui vont l’impacter émotionnellement. L’héroïne-qui-ne-veut-pas-être-une-héroïne va devoir se confronter à une amie en pleine métamorphose, une avocate véreuse de plus en plus abjecte, un nouvel allié qui semble versatile, et un nouveau bad guy impitoyable. Et en plus, elle a une nouvelle secrétaire! Bref, ça démarre plutôt pas mal et on retrouve dans les premiers épisodes une certaine aura orientée polar, ce qui était très plaisant dans la saison 1! L’utilisation de la voix-off, les sirènes de police résonnant au-dehors dans la nuit, la vie nocturne new-yorkaise : les éléments inhérents à l’esprit classique du vieux policier sont présents, et leur fusion avec un aspect plus girly de New York fonctionne plutôt bien.

L’aspect girly, c’est bien évidemment Trish Walker avec son émission très fashion, managée par sa mère Dorothy. Alors là j’ai eu un choc, car je n’avais jamais fait gaffe, mais c’est l’actrice Rebecca de Mornay qui joue Dorothy!!! Risky Business, La Main sur le Berceau… Evidemment c’est assez loin dans sa filmo, je ne l’avais pas reconnue… Bon, elle joue très bien son rôle, parce qu’elle est détestable en tant que mère trop protectrice et manipulatrice de Trish! Mais sous ce coté fashion écervelé, Trish cache de nouveaux talents reçus en saison 2, et la voir développer ses aptitudes est très intéressant! D’ailleurs, c’est dans l’épisode 2, réalisé par Krysten Ritter elle-même, qu’on la suit dans son apprentissage, avec notamment quelques scènes de Parkour et un wall-flip réussi (Après quelques ratages quand même ^^) ! On assiste donc à la naissance d’une super-héroïne, qui ne se fera jamais appeler par son nom de code de comics (Hellcat, avec son joli costume jaune!), et qui non, ne combattra pas le crime sous son costume jaune! Là encore, pour rester dans la tradition réaliste Netflix, les pouvoirs sont traités de manière frontale et on ne s’embête pas avec l’habillage coloré des BD chères à Stan Lee. Netflix explore le côté sombre et torturé de ses héros, ce qui serait en contradiction avec un étalage de vêtements collants et colorés!

L’évolution de Trish est l’un des éléments les plus intéressants de cette saison, et l’éveil de ses aptitudes va aller de pair avec une redéfinition complexe des rapports entre les 2 frangines. Trish était toujours celle qu’il fallait protéger, et Jessica étant la plus forte, elle avait toujours une sorte d’ascendant sur elle. Maintenant qu’elles se retrouvent à égalité, les cartes sont redistribuées, et Trish est capable d’agir par elle-même sans avoir besoin constamment de l’appui de Jessica. Cela va forcément générer quelques frictions, car leur vision de la justice diverge par moment. Rachael Taylor est excellente dans le rôle, et confère à Trish une belle passion et une vraie énergie! A l’opposé, on retrouve l’un des pires personnages de cette saga Netflix, à savoir Jeryn Hogarth, jouée par Carrie-Ann Moss. Je n’en peux plus de ce personnage totalement inutile, et qui n’a au final tellement rien à voir avec l’histoire de Jessica et Trish! Les scénaristes tentent de la relier à elles à chaque fois, mais on se serait bien passé de ces éternels coups dans le dos et manipulations qu’elle justifie par son travail. Jeryn Hogarth est sans conteste le point le plus faible de cette série, toutes saisons confondues!

Et c’est là qu’on va comprendre l’importance des différents degrés de lecture, avec le bad guy de cette saison! Même si vous êtes fan de comics, son nom ne vous dira probablement rien, mais il est un personnage de seconde zone intéressant en version papier. Il se nomme Gregory Sallinger (dans les comics, c’est Salinger avec un seul L), et est un psychopathe à la Seven, du genre à toujours avoir 15 coups d’avance sur ses adversaires. Si on regarde cette saison sans connaître le background comics, on va assister à une confrontation de type classique entre la détective et le tueur, et celle-ci revêtit plus d’intérêt quand on connait le personnage des bandes dessinées. La lecture fonctionne donc sur plusieurs niveaux, et il est intéressant de voir comment les scénaristes ont adapté ce personnage. Une fois encore, l’intérêt réside dans la psychologie du bad guy, qui ne revêtira pas de costume comme c’est le cas dans les comics. Mais le fait de jouer avec l’aura du personnage est suffisant pour rendre cette confrontation savoureuse! En fait, Netflix applique le même modèle qui avait été utilisé pour Mary Walker dans la saison 2 d’Iron Fist, à savoir l’exploration d’une psyché dérangée, sans avoir recours aux artifices colorés costumés. Alice Eve jouait Mary Walker avec une très belle intensité, et on suivait le perso qui n’était jamais nommé Typhoid Mary comme dans les comics!

La mise en scène reste très immersive, avec au gré des épisodes des plans concentrant toute la beauté sombre de la Grosse Pomme nocturne, et il y a une atmosphère très travaillée dans laquelle s’agitent les héros et bad guys. Les conflits rongent chacun des personnages, et on sent un étiolement des valeurs et des croyances, qui prend le pas sur l’assurance habituelle des héros costumés. Jessica Jones ne fait pas dans la surenchère, et se focalise sur son créneau de série policière, pour offrir un show Marvel plus intimiste que spectaculaire, et cela fonctionne encore une fois dans cette saison. Les liens fragiles entre les protagonistes vont être constamment malmenés, et on va se prendre au jeu émotionnel de ces actes censés définir qui l’on est, avec de belles interrogations sur ce qui fait un héros notamment. Le devient-on, l’est-on de manière innée, peut-on choisir de l’être ou est-ce un fardeau allié aux pouvoirs eux-mêmes? Cette question va tarauder tous les protagonistes de cette série, et Melissa Rosenberg va tenter de trouver des explications. Krysten Ritter est toujours aussi impeccable dans son blouson de cuir, et apporte à Jessica une humanité et une fragilité qui contre-balancent parfaitement son côté bad-ass. La scène où elle se regarde dans le miroir en tentant de s’empêcher de pleurer est très forte, par exemple!

Cette ultime saison des Defenders est donc réussie, et on regrettera que l’aventure se termine! A l’heure actuelle, on ne sait pas si les personnages de Daredevil, Luke Cage, Jessica Jones, Iron Fist, Wilson Fisk ou encore le Punisher seront rebootés par Marvel, mais même si elle n’est pas exempte de défauts, cette saga aura permis de découvrir des facettes plus réalistes et sombres de nos super-héros, et ça, c’est déjà un bel héritage!

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