Le dernier Samaritain (Tony Scott, 1991)

En 1991, Tony Scott sort juste de Jours de Tonnerre avec Tom Cruise, et il rejoint l’équipe de L’Arme Fatale pour un nouveau buddy movie en mode polar. Joel Silver est l’un des producteurs les plus emblématiques des années 80 et 90, avec des classiques comme 48 Heures, Commando, L’Arme Fatale, Predator, Piège de Cristal, Demolition Man… Un homme de l’ombre incontournable à cette époque, qui retrouve Bruce Willis avec qui il avait auparavant travaillé sur Piège de Cristal et 58 Minutes pour vivre, ainsi que le scénariste Shane Black, qu’il connaît depuis L’Arme Fatale et L’Arme Fatale 2. Tout ce beau petit monde va nous concocter un film policier qui a un peu vieilli, mais qui s’avère toujours efficace!

On retrouve Bruce Willis dans un rôle qu’il affectionne et qui lui colle vraiment à la peau, celui du vieux briscard fatigué. Joe Hallenbeck est un détective privé en froid avec sa femme, et que sa fille de 13 ans ne respecte plus. Lessivé, il dort dans sa voiture plutôt qu’à la maison, et on sent de grandes similitudes avec le personnage culte de John McClane. Willis est excellent dans la peau de ce détective blasé, même si encore une fois, il n’a pas vraiment d’effort à faire, vu qu’il connaît bien ce style de personnage désabusé. On va lui coller un partenaire malgré lui (le principe du buddy movie) en la personne de Jimmy Dix, ex-star du football américain campé par Damon Wayans. Wayans participait au Saturday Night Live au milieu des années 80, et il est connu pour son rôle de Michael Kyle dans la sitcom Ma Famille d’abord, ou le rôle de Roger Murtaugh dans la série L’Arme Fatale, histoire de boucler la boucle!

Shane Black gère le buddy movie comme il a pu le prouver avec les 4 Arme Fatale, et il s’associe avec Greg Hicks pour mettre sur pied le script de ce Dernier Samaritain. On retrouve sa patte caractéristique avec quelques séquences bien barges, comme la bagnole dans la piscine, qui renvoie tiens, à son plus récent The Nice Guys. Mais c’est surtout dans ses dialogues qu’il va apporter cette touche 80’s-90’s caractéristique, avec des punchlines du style « J’ai une mauvaise nouvelle et une mauvaise nouvelle. – Commence par la mauvaise. » « Ca me serait utile un associé, ça te plairait? -J’en sais rien, j’y connais rien au métier de détective. – Oh, t’as rien à connaître. Sinon que dans les années 90, on ne cogne pas d’entrée, faut d’abord dire un truc cool, tu vois ce que je veux dire? – Ouais, du genre : Je reviendrai. » Il y a vraiment un aspect nostalgique qui fonctionne avec ce Dernier Samaritain, et si le rythme est moins enlevé que d’autres productions de l’époque, le duo Willis-Wayans permet de maintenir une belle cohésion à l’ensemble.

On reconnaît bien évidemment la patte du petit frère de Ridley Scott, puisque Tony nous gratifie de sa mise en scène aux allures crépusculaires, avec cette tonalité ocre tirant vers le rouge qu’il affectionne. Il faut dire qu’il a bossé à plusieurs reprises avec le même directeur de la photo, Ward Russell, présent sur Top Gun, Le Flic de Beverly Hills 2, Jours de Tonnerre, Revenge-Vengeance et donc ce Dernier Samaritain. Tony Scott n’est pas encore dans les expérimentations visuelles à la True Romance, Man on Fire ou Domino, mais on sent un certain sens esthétique se dégager de l’ensemble, même si le film possède une structure plus classique. On se retrouve dans un policier typique des années 90, avec un certain machisme qui est savamment mis à mal (le flashback de Joe) et des émotions non exprimées mais présentes. La scène où Joe et sa gamine s’engueulent s’avère très prenante, et on se retrouve dans une sorte de drame social assez juste, avec un Bruce Willis très convaincant en père dépassé. Les dialogues tendus avec sa femme fonctionnent également très bien, et Chelsea Field (Prison) est elle aussi très juste.

Le dernier Samaritain va parler de pouvoir, de corruption et d’intégrité, et Joe Hallenbeck va être le grain de sable qui va gripper la machine bien huilée d’individus haut placés, avec les conséquences violentes que cela va avoir. Hallenbeck n’a pas grand-chose à perdre, et va continuer à enquêter coûte que coûte sur l’assassinat d’une strip-teaseuse. C’est une toute jeune Halle Berry qui incarne la malheureuse, dans son 3ème rôle au cinéma! Il y a un élément qui me dérange vraiment dans ce film, c’est que la réaction de Jimmy Dix à la mort de sa copine est totalement irréaliste : il semble complètement s’en foutre, et s’amuse à faire des vannes avec Joe au commissariat comme si rien d’important ne s’était passé. On a bien une petite scène où il va verser une larmichette à un moment, mais ce détachement très prononcé me pose vraiment problème, je le trouve complètement à côté de la plaque.

Mais l’enquête va se poursuivre avec des fusillades et des courses-poursuites bien écrites, et on retrouve une certaine violence là encore caractéristique des 90’s, avec quelques très bons éléments, comme le flingue planqué dans la peluche, ou le coup du « Touches-moi encore je te tue »! Le montage de cette scène est excellent, et Scott instille une tension bien palpable avec un p’tit côté ludique qui fait plaisir! Joe Hallenbeck ne peut pas s’empêcher de faire des vannes avant de flinguer les bad guys, et c’est aussi pour ça qu’on l’apprécie! ^^ Le dernier Samaritain est un pur polar 90’s comme on en fait plus, et c’est toujours un plaisir de retrouver Bruce Willis dans ce registre!

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Falcon et le Soldat de l’Hiver saison 1 (2021)

Après le ratage WandaVision, il n’aura fallu attendre que 2 semaines pour espérer que Marvel redresse la barre avec Falcon et le Soldat de l’Hiver, dont on espérait qu’elle abandonne les velléités pseudo-auteurisantes de la série précédente, pour offrir un vrai bon gros spectacle digne du grand écran. Avec l’association de Falcon (Sam Wilson) et du Soldat de l’Hiver (Bucky Barnes), on était en droit d’attendre une série plus basique mais aussi plus conforme aux normes du MCU. Et après WandaVision, on avait bien besoin de revenir à un schéma plus terre-à-terre et classique… Sauf que… Falcon et le Soldat de l’Hiver est bien un second ratage pour l’univers télévisuel de la Maison des Idées… Bon vu que le dernier épisode a été diffusé vendredi, et que le week-end est passé, ça va spoiler hein! ^^

Par où commencer, tant l’ensemble est d’une faiblesse impressionnante? On va donc commencer par le début, avec ce qui s’avère probablement être la meilleure séquence d’action de la série : un combat (forcément) aérien entre Falcon et des bad guys en wingsuits, qui vont se friter en plein vol tout en bondissant d’un hélicoptère à l’autre! Une séquence qui décoiffe et qui apporte son lot d’originalité, avec une mise en scène relativement fluide permettant d’entrer directement dans le feu de l’action! Ya pas à dire, ça dépote pour une entrée en matière, et puis… Plus rien durant tout l’épisode! Arrivé au bout des 45-50 minutes réglementaires, on ne retiendra donc que ce seul et unique combat. Et si on pouvait être tolérant en se disant qu’il fallait ensuite exposer les différentes problématiques de la série, la suite des épisodes nous fera pourtant bien comprendre que ce problème de rythme et d’enjeux allait vraiment être le fondement même de cette saison…

Le Soldat de l’Hiver était certainement l’un des personnages les plus intéressants de la Phase I, et Sebastian Stan lui apportait une vraie complexité dans l’excellent Captain America : le Soldat de l’Hiver. Froid, méthodique, puis torturé, Bucky Barnes était un contrepoint parfait aux super-héros destinés à sauver le monde, et son combat contre Steve Rogers s’avérait palpitant. Quelle immense déception de le voir réduit à ce rôle fade et d’une telle niaiserie, et à une écriture aussi insipide. On se rend d’ailleurs bien compte que le problème vient réellement de l’écriture, car le talent de Stan explose tout à coup lors d’une intro très touchante au Wakanda, dans laquelle il donne une tonalité très émotive à son personnage. Ce sera malheureusement le seul véritable moment où il aura l’occasion de briller… Le coup du flingue avec Zemo est d’ailleurs un des nombreux exemples de la pure bêtise dans l’écriture… Le constat est similaire pour Falcon, qui était déjà moins captivant que Barnes dans les films, et qui s’accorde au Loup Blanc pour niveler vers le bas le potentiel de cette buddy série qui à tellement de mal à décoller! Mention spéciale à leur scène de clash devant la psy, où on a tellement l’impression de voir 2 collégiens se disputer devant le CPE!!! Merde, ces mecs ont combattu l’Hydra ou Thanos, et ils sont incapables de discuter en adultes?? Ca démontre déjà bien le niveau assez particulier de cette série, et du sérieux avec lequel sont traités les personnages…

On va évidemment évoquer Zemo, incarné par Daniel Brühl. Avec une promo axée sur la symbolique de son fameux masque, le fait qu’il le porte en tout et pour tout pendant maximum 15 secondes, ça ne gêne personne??? Dans le genre publicité mensongère, ça se pose là, et heureusement que Brühl possède un minimum de charisme pour laisser passer les ficelles énormes du scénario. Prisonnier suite aux événements de Captain America : Civil War, il va s’évader grâce à Barnes, et Falcon va rapidement cautionner le tout sans que cela pose le moindre problème à personne! C’est quand même assez surréaliste, et ça se transforme en buddy série à 3, avec Zemo qui fait de l’humour et qui se lâche sur le dancefloor, oui oui, vous pouvez même trouver la version longue sur YouTube, ça a au moins le mérite d’être marrant tellement c’est absurde… Aaaah on en parle de Madripoor d’ailleurs?! La fameuse île (inspirée de Singapour) intimement liée à Wolverine, et qui évidemment ne fera aucune mention du Griffu… Madripoor se résume à un joli fond vert présentant une cité de loin, une ruelle et un bar de nuit, ainsi que des docks. Pour les combats, les docks c’est bien, et ce sont peut-être les mêmes docks que ceux d’Iron Fist, vous savez, lorsqu’il était en Chine? La Chine se résumait là aussi juste à des docks, c’est vraiment pratique au final. Vous filmez des entrepôts en pleine nuit, et en bas à droite, vous notez le pays que vous souhaitez, bonjour le dépaysement!

Bon, qu’est-ce qu’on a encore comme conneries dans cette série? Ah oui, dans cette Madripoor du pauvre, on a un entretien terriblement tendu entre Sam Wilson (Falcon), Barnes et Zemo d’un côté, et une méchante tellement impressionnante que j’ai oublié son nom. Et là, au plus fort du suspense, le téléphone portable de Sam sonne. Le mec était dans l’U.S. Navy, il était sur le terrain en plein combat, et il ne sait pas qu’en infiltration, le mieux, c’est peut-être quand même de mettre son téléphone sur silencieux? Ou au moins sur vibreur?? Et c’est censé combattre Thanos et les pires menaces galactiques…  Vous l’aurez compris, je ne suis vraiment pas fan de cette série, et pourtant je partais confiant. Mais une telle gestion des événements et des personnages, c’est selon moi du foutage de gueule pur et simple. Vous en voulez encore?

Pour avoir un bon héros, il faut un bon méchant. Eh bien ici, vous aurez simplement droit à une poignée de pseudo-super-soldats, qui n’ont ni le charisme ni l’envergure de bad guys. Ils sont menés par Karli Morgenthau, une jeune idéaliste dont le combat n’est pas si vain, mais le personnage n’a aucune prestance ni aucune profondeur. Du coup, comme pour WandaVision tiens, on attend à chaque épisode de découvrir qui est le véritable bad guy derrière les opérations, et comme pour WandaVision, c’est finalement très naze… On retrouve ce bon vieux Batroc le temps de quelques apparitions, lui qui se faisait rétamer par Steve Rogers dans Captain America: Le Soldat de l’Hiver. Georges St-Pierre a transformé le vilain Frenchie des comics en Québécois, et c’est plutôt marrant ce p’tit accent pour Batroc ^^ Mais voilà, on aura pas plus en terme de bad guys, donc faudra se contenter de peu.

J’évoquais la première séquence d’action du premier épisode, qui est la meilleure de la série. La suite est beaucoup plus difficile à regarder, avec des séquences pour la plupart illisibles et qui dénaturent totalement le peu d’ambitions du scénario. La séquence sur les camions est l’exemple parfait de ce cahier des charges sans âme destiné à alimenter le MCU… Des combats de ce type, il y en aura plusieurs, et on les regardera du coin de l’oeil en hésitant à aller se chercher un autre paquet de chips… Pourtant le dernier épisode permet de redresser la barre à ce niveau-là, avec encore une fois une séquence aérienne qui fonctionne mieux que la moyenne de ce qu’on avait été obligé de voir jusqu’à présent. Ce qui est étonnant, c’est que c’est la même réalisatrice, Kari Skogland, qui officie le temps des 6 épisodes… Et l’un des aspects les plus intéressants reste sans conteste la thématique de l’héritage du bouclier de Cap, qui s’avère bien mieux traitée sur la fin de saison, et on a droit à quelques images bien iconiques et frappantes…

Et il faut bien évidemment parler du nouveau Captain America, choisi par le gouvernement après que Falcon ait refusé de porter le bouclier. On a donc un certain John Walker, tout Blanc et tout blondinet, qui va s’y coller pour devenir le nouveau représentant de la Bannière Etoilée. C’est Wyatt Russell (le fils de Kurt Russell, qui jouait Ego dans Les Gardiens de la Galaxie 2 ^^) qui a la lourde tâche d’incarner le successeur de Steve Rogers, et il est sacrément détestable! Mais comme l’acteur le soulignait en interview, c’était voulu, et le fait que le public le haïsse (alors que dans la série les gens l’adorent) signifie qu’il jouait parfaitement son rôle. Et il est vrai que passés les quelques épisodes où sa tête-à-claques donnait bien envie de lui en mettre, des claques, il y a une évolution intéressante du personnage… Et pour le coup, le symbole du bouclier en prend pour son grade, ce qui s’avère intéressant et constitue enfin un enjeu qui réveille un peu le spectateur.

Falcon et le Soldat de l’Hiver est une série possédant énormément de défauts, et qui tirent définitivement le show vers le bas. Mais pourtant, quelques éléments positifs viennent relever le niveau vers la fin, plus précisément dans les épisodes 5 et 6. On avait déjà pu croiser Isaiah Bradley plus tôt, mais son segment tombait comme un cheveu sur la soupe à ce moment-là. Mais il fallait une nouvelle discussion entre lui et Falcon pour que la série traite tout à coup avec une force réelle le thème du racisme, et c’est certainement via ce personnage de Steve Rogers black (pour résumer rapidement) que l’étincelle émotionnelle s’avère la plus poignante. Carl Lumbly apporte une humanité que l’on n’attendait plus dans cette série, et son dialogue avec Sam est certainement l’un des plus brillants du MCU. Bordel, il fallait vraiment attendre aussi longtemps pour faire quelque chose de bien?? Et du coup, l’évolution de Falcon s’avère là aussi bien plus impressionnante, et on sent enfin une réelle solidité du personnage. Durant toute la série, il était tellement insignifiant que ça en devenait pathétique, et voilà qu’il trouve lors du dernier épisode le charisme qui lui faisait tant défaut.

Au final, on a donc 1 bon 5ème épisode et un encore meilleur 6ème épisode, pour une série dont on aura été obligé de se coltiner 4 épisodes sans relief et sans âme! Le constat est tout de même celui d’un ratage, bien que le fait de terminer sur une note positive est inespéré. J’ai aussi le droit de critiquer le rôle de Julia Louis-Dreyfus? Oui, la copine de Seinfeld! Je pense que son personnage est constamment sous coke, et je ne vois pas l’intérêt de traiter cette Comtesse d’une telle manière… Ah oui, l’évolution de John Walker est cool sinon aussi ^^ Et bordel, jamais on ne m’avait autant saoulé avec un bateau!!! Je pense qu’il aurait fallu le couler dès le premier épisode… Bref, tout ça pour dire que ces aventures de Sam et Bucky s’avèrent bien ternes, et pour ne pas perdre de temps, je vous conseille de regarder uniquement les 2 derniers épisodes! ^^

D’ailleurs, un Captain America 4 a été annoncé le lendemain de la fin de la série, et ce sont le showrunner et un scénariste de Falcon et le Soldat de l’Hiver qui officieront sur le script. Ils exploiteront donc directement les conséquences de la série, ce qui pourrait ouvrir sur des aspects très intéressants, en mode Nick Spencer? Ce serait l’orientation la plus logique et la plus palpitante pour ce nouveau film en tout cas!!!

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Les news de la semaine : This is America

Si les qualités des séries Marvel récentes sont toutes relatives, on ne pourra pas nier leurs réelles interactions avec le cinéma… Dans la foulée du dernier épisode de Falcon et le Soldat de l’Hiver (il y a beaucoup de choses à dire, je vous prépare ça pour lundi), le Hollywood Reporter dévoile qu’un Captain America 4 sera mis en chantier! Cela devrait forcément susciter des questions concernant Steve Rogers, dont on se demande toujours ce qu’il est advenu. Et on reparlera certainement de l’héritage du fameux bouclier… Ce sont Malcolm Spellman et Dalan Musson qui officieront en tant que scénaristes, les 2 ayant rédigé une partie de la série Falcon et le Soldat de l’Hiver, et Spellman en étant le showrunner. On devrait donc logiquement être dans la droite lignée des événements du show TV, ce qui augure du bon et du moins bon. Mais je ne spoilerai pas avant lundi, promis ^^

 

On a une affiche pour Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings, avec Simu Liu dans le rôle-titre!

 

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Le clip de la semaine : Google Timelapse


On parle souvent de déforestation, de fonte des glaces et de perte des espaces naturels, et on sait que ces phénomènes vont en s’aggravant constamment. Mais il n’est pas toujours évident d’effectuer des comparatifs afin de réellement voir l’évolution dramatique qui a eu lieu depuis des décennies. Mais la semaine dernière, Google a diffusé plusieurs vidéos en mode timelapse afin de visualiser concrètement l’étendue des dégâts. En partant de 1984 jusqu’à 2020, ces 3 vidéos s’avèrent sans appel…

 

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Marvel 2099 (1992)

En ce moment, j’évoque pas mal les univers alternatifs chez Marvel, avec notamment les Marvel Zombies, Miles Morales, Gwenpool… Une envie de changer de monde peut-être, vu le contexte actuel du nôtre? ^^ En tout cas, si l’Univers-616 est déjà bien foisonnant, la multitude de dimensions alternatives élaborées par les scénaristes possède une très belle richesse également, et on va revenir aujourd’hui sur une ligne qui a eu son importance dans les années 90, avec l’Univers 2099. Comme son nom l’indique, il prend place dans un des nombreux futurs possibles, et débute dans l’année 2099 (Il s’agit plus précisément de la Terre-928). On y découvre une société dirigée par les conglomérats, dans laquelle le fossé entre les différents niveaux de population s’est accru, et où la pollution est une menace perpétuelle. On est en 2021 me direz-vous! Non non, ils avaient prévu plus large en fait chez Marvel…

Un univers bien dystopique donc, avec un état policier sacrifiant quotidiennement le bas-peuple pour conserver son pouvoir, et des luttes d’égos dans les hautes sphères entre les différents conglomérats régissant le monde : Alchemax, ECO, Synthia, Stark/Fujikawa, Pixel… Ce sont les GAFAM du futur, et ils ont à leur tête des individus peu recommandables, dont la sérénité va commencer à être mise à mal avec l’apparition de personnes aux potentiels hors normes. L’Age des Héros remonte au siècle dernier, mais se pourrait-il qu’une nouvelle ère super-héroïque soit sur le point de démarrer? Ce sont Stan Lee et John Byrne eux-mêmes qui ont eu l’idée de créer ce nouvel univers, qu’ils pensaient à l’origine comme une série unique, et qui sera finalement déclinée sur une multitude de titres inter-connectés.

En France, les séries présentées dans cet univers ont été réunies dans le mensuel 2099, qui démarra en 1993, avec Spider-Man 2099, Ravage 2099 et Fatalis 2099. Sur les 3 premiers héros, un seul n’était pas inspiré d’un personnage préexistant, Ravage, et au final, un seul aura un succès tel qu’il intégrera l’Univers 616, Spider-Man! Comme quoi, à toutes les époques et dans tous les univers, c’est toujours Spidey qui s’en sort le mieux! Enfin, sauf si on excepte le Peter Parker de l’univers Ultimate, mais ça, c’est une autre histoire! ^^ On commence donc par Spider-Man 2099, qui est incarné malgré lui par Miguel O’Hara, un généticien d’origine mexico-irlandaise, qui suite à une expérience qui tourne mal, va développer les pouvoirs d’une araignée! Ici, pas de piqûre de bébête radioactive, mais une tentative de modifier son ADN, et comme il travaillait sur les pouvoirs du Spider-Man d’origine (qui appartient donc à son propre passé), un de ses collègues tente de le tuer en mêlant l’ADN de Miguel et celui de Spider-Man. Avec un module inspiré du film La Mouche pour effectuer l’expérience, on craint évidemment pour le résultat… Mais celui-ci ne sera finalement pas monstrueux, même si Miguel va devoir faire face à des modifications très importantes de son ADN et de ses capacités physiques!

Ce sont Peter David et Rick Leonardi qui vont gérer les aventures de ce nouveau Spider-Man, et la paire va effectuer un travail remarquable! David est réputé pour son run sur The Incredible Hulk (avec un Eisner à la clé en 1992!), et il avait commencé à travailler chez Marvel sur la série The Spectacular Spider-Man! Rick Leonardi quand à lui a travaillé sur les séries Cloak & Dagger ou New Mutants, et possède un style très accrocheur! Son design de ce Spider-Man 2099 est excellent, et son travail sur le mouvement est d’une très grande fluidité! Ce sont certainement ses planches qui ont permis à la branche 2099 d’avoir un certain succès, et si le personnage avait un temps disparu, il est réapparu en 2013 en rejoignant la ligne temporelle principale, et en bénéficiant d’une nouvelle série par la suite! Peter David apporte une vision très sombre de cet univers 2099, et le travail élaboré avec Rick Leonardi permet de mettre sur pied des intrigues mêlant action et vie personnelle dans la droite lignée de ce que fait Marvel depuis 1961.

Il y a une vraie richesse dans le mélange des thématiques, et je pense notamment au traitement de l’assistante holographique Lyla, qui fait fortement penser au personnage féminin de Blade Runner 2049. On sent que ce personnage immatériel commence à ressentir des émotions, et on se demande bien si elle va développer une certaine humanité… Il s’agit ici d’une sous-intrigue peu à peu esquissée, mais qui enrichit le combat principal de Miguel face à Alchemax. On va croiser des bad guys comme Venture, le Spécialiste, mais aussi un Vautour version 2099 qui s’avère bien plus impitoyable que son prédécesseur! Peter David va placer quelques private jokes bien senties (comme lorsque Lyla prend l’apparence de Tante May!), et l’ensemble est d’une très belle solidité. On est dans du comics 90, donc avec encore une vision assez manichéenne, mais ça fonctionne vraiment bien et c’est un bon plaisir de lecture.

On passe à Ravage 2099, qui est écrit par… Nul autre que Stan Lee lui-même! Le maître s’occupe du scénario le temps de 8 épisodes, et Pat Mills et Tony Skinner assureront la transition. Ravage est donc le seul héros original, c’est-à-dire non inspiré de super-héros déjà existant. On retrouve une patte très 60’s dans l’élaboration du personnage, avec un changement d’existence radical pour Paul-Phillip Ravage, qui passe en un clin d’oeil de directeur d’ECO (une filiale d’Alchemax) à paria recherché par les autorités. Cette naïveté dans l’écriture fait toutefois partie du côté nostalgique qui se dégage de ce titre, avec également des méchants bien méchants et des gentils forcément très gentils. Et pourtant, au fur et à mesure de sa métamorphose, Ravage va devenir de plus en plus violent, et ne va pas hésiter à tuer ses adversaires. Si le visuel du personnage semble pas mal s’inspirer des héros de cinéma bad boys à la Kurt Russell (Snake Plissken notamment), Ravage possède un côté monolithique qui le rend pourtant attachant. Stan Lee et le dessinateur Paul Ryan vont mettre en place un pan de cet univers 2099 avec l’île maudite Hellrock et ses monstres, les Mutroïdes, et ils vont s’aventurer à New Atlantis dont les habitants veulent conquérir la surface. Le thème de la pollution revient très souvent dans cette série, ce qui dénote une fois encore à quel point Stan Lee s’intéressait aux problématiques réelles en les intégrant dans ses fictions!

On termine par Fatalis 2099, qui pose une question très intéressante: est-ce que ce personnage soudainement apparu est bien le monarque de Latvérie ayant régné au 20ème siècle? Ce Fatalis n’a que des bribes de mémoire, mais il est persuadé d’être le Victor Von Fatalis du siècle passé. Comment aurait-il survécu jusque-là? Comment va-t-il pouvoir s’adapter à ce nouveau monde? Des questions pertinentes auxquelles va répondre John Francis Moore, secondé aux dessins par Pat Broderick. Il y a une grande richesse dans ce titre également, avec notamment une immersion très prenante dans le cyber-espace! En effet, on est début des années 90, et l’informatique est un territoire offrant des possibilités insoupçonnées, avec notamment la réalité virtuelle (Le Tueur du Futur, ouaiiiiiis!). Le personnage de Wire est un spécialiste des voyages virtuels, et il se balade dans ce qui n’est pas encore décrit comme le web. Pour rappel, c’est le 30 avril 1993 que le web arrive officiellement dans le domaine public. On a donc dans cette série Fatalis 2099 une approche innovante de ce nouveau monde, et voir Wire surfer avec sa planche de surf dans ces royaumes quantiques est très intéressant! On va notamment y découvrir un bad guy au design bien classe, Fever, qui est en fait l’archétype d’un humain branché H24 dans le cyber-monde.

Outre cette plongée passionnante dans cette dimension impalpable, cette série va également développer de véritables enjeux géopolitiques, puisque Fatalis souhaite reconquérir son trône. Il va s’opposer à Tyger Wylde, tyran sans pitié ayant pris possession de la Latvérie, et va se retrouver face à d’autres conglomérats, dans une lutte de pouvoirs qui s’avère très bien écrite. On se pose évidemment la question de savoir si ce Fatalis est bien le vrai, et on va suivre ses aventures avec la tribu des gitans Zefiro à ses côtés. Le dessin de Pat Broderick laisse parfois à désirer sur les visages, avec des choix anguleux pas forcément appropriés, mais il donne toutefois une certaine stature à Fatalis et à sa nouvelle armure.

Bref, ce Marvel 2099 possède une belle aura nostalgique, avec ce futur très sombre dans lequel émergent de nouveaux héros. Car d’autres suivront, augmentant ainsi le bestiaire ce det univers : Punisher 2099, X-Men 2099, Ghost Rider 2099, Hulk 2099, et bien d’autres! Cette ligne éditoriale prendra fin en 1996, après plusieurs numéros spéciaux destinés à clore les aventures de ces héros. Mais pour ceux qui ont vu Spider-Man : New Generation, si vous êtes restés jusqu’au bout, vous avez pu avoir un aperçu de Miguel O’Hara 😉

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