Black Mirror: White Christmas (2014)

Black Mirror est une série atypique, dans tous les sens du terme. De par son sujet déjà, qui explore le déclin de la civilisation causé par la prolifération des moyens de communication; mais aussi par sa forme, qui est résolument différente des autres séries. La saison 1 (2011) était composé de 3 épisodes, la saison 2 (2013) également. Et cette saison  est en fait composée d’un unique épisode! La durée de chacun varie entre 45 minutes et 1h15, toute latitude étant laissée aux auteurs! Donc si vous hésitez à vous plonger dans cette aventure hors-norme parce que ça vous prendrait vraiment trop de temps pour rattraper 3 saisons, dites-vous qu’en fait la série ne comptabilise que 7 épisodes! Soit moins que n’importe quelle saison de n’importe quelle série! Donc, pas d’excuses, vous devez découvrir ce show signé Charlie Brooker!!!

Cette très courte saison nous présente un épisode spécial Noël, qui sous la plume de Brooker ne rimera pas avec un gentil barbu et des enfants tout sages, mais avec un récit sombre et tragique, dans la lignée de cette géniale anthologie débutée en 2011! White Christmas, c’est son titre, voit 2 hommes cohabiter dans un chalet isolé dans une région enneigée, et en cette veille de Noël, l’un des hommes décide de faire un repas de fête afin de rompre la monotonie. On ne sait pas quel est leur boulot, pourquoi ils ont décidé de fuir la civilisation, et le plus étrange, c’est que depuis 5 ans, ils ne se connaissent pas vraiment. L’un des personnages va tenter de dialoguer avec le second, qui est très secret, et la discussion va commencer, révélant des pans du passé de chacun, et levant peu à peu le voile sur leurs personnalités et leurs existences.

Comme c’est quasiment le cas pour chaque épisode (mis à part The Waldo Moment que je trouve très faible), la justesse au niveau de l’écriture est impressionnante, et les choix narratifs sont parfaits. Le malaise diffus qui plane sur les personnages est la marque de fabrique de la série, et même si on se retrouve avec de nouveaux inconnus, on se sent en terrain familier avec ce jeu qui consiste à creuser davantage afin de trouver ce qui se passe en chaque individu. Black Mirror, c’est l’exploration de l’individualité passée à travers le filtre des écrans sombres qui nous servent à communiquer, mais qui ont finalement asservi l’humanité.

On va découvrir plusieurs technologies, comme les Z-eyes, qui sont implantées dans les yeux, et qui modifient radicalement les échanges entre les individus. Par exemple, si vous en avez marre lors d’une dispute de couple, vous pouvez simplement appuyer sur un bouton, et brouiller ainsi la communication avec la personne en face de vous. Celle-ci apparaîtra floutée, et le son de sa voix sera incompréhensible. L’idée est toute simple, et Charlie Brooker va en faire une base pour cet épisode qui s’avère très innovant et particulièrement tragique.

Je ne dévoilerai rien de plus sur cet épisode, ce serait dommage de gâcher les surprises qu’il réserve. Jon Hamm et Rafe Spall vont entrer dans la peau de Matt et Joe, et nous allons découvrir au fur et à mesure de leur discussion ce qui les a mené dans ce coin perdu. Les deux acteurs s’approprient leurs rôles avec beaucoup de conviction, et on va suivre l’évolution de ce dialogue avec une attention de plus en plus soutenue, les enjeux devenant de plus en plus importants. La gradation dans la tension est aussi une marque de fabrique du show, et le rythme insufflé par Brooker est juste excellent!

N’hésitez pas à plonger dans cet univers unique, vous pouvez même commencer par cet épisode, puisqu’ils n’ont aucun lien entre eux. Si ce n’est cette exploration des dérives des systèmes de communication, traitée avec une vision très réaliste et froide, créant des récits de SF tout ce qu’il y a de plus plausible! Black Mirror, c’est une extrapolation à la Big Brother qui se fait de manière bien plus pernicieuse que dans le monde totalitaire d’Orwell, puisque les individus vivent avec ces technologies en n’y voyant pour la plupart que des innovations bénéfiques… Mais Brooker se charge de nous rappeler toutes les dérives possibles!

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Les news de la semaine: Dale Cooper, le retour!

Il y a 3 mois, David Lynch annonçait qu’une troisième saison de Twin Peaks allait enfin voir le jour! La news avait fait l’effet d’une bombe, et on attend depuis avec beaucoup d’impatience de pouvoir enfin replonger, le temps de 9 épisodes, dans cette ambiance unique concoctée dans les années 90 par Mark Frost et Lynch! L’excellente nouvelle de la semaine, c’est que Kyle MacLachlan sera de retour dans la peau de Dale Cooper! Bon, ça aurait été difficile de faire une suite sans ce personnage principal atypique, mais l’officialisation est tout de même une étape importante! Le show est certainement l’un des plus importants de toute l’histoire de la télévision, et il faut juste espérer maintenant que ce retour sera à la hauteur de ce qu’étaient les 2 saisons de 1990 et 1991…

 

Prenez un thème classique classique de l’horreur, à savoir une famille qui emménage dans une nouvelle maison s’avérant habitée par quelque esprit maléfique, et délocalisez-le vers un pays exotique, comme la Colombie par exemple, et vous obtiendrez un Out of the Dark qui donne envie d’en découvrir plus! Le metteur en scène espagnol Lluis Quilez convoque Julia Stiles, Scott Speedman et Stephen Rea pour une ghost story qui pourrait s’avérer sympathique!


 

En bref, j’ai vu Honeymoon, un thriller à tendance horrifique signé Leigh Janiak, qui s’avère plutôt pas mal. Le récit est assez bien écrit pour nous surprendre, et la présence de Rose Leslie (Ygritte dans Game of Thrones) fait de ce premier film une série B sympathique.

 

Et Starry Eyes, réalisé par Kevin Kolsch et Dennis Widmyer, qui relate la descente aux enfers d’une jeune femme désireuse de devenir une star à Hollywood, et qui après un casting réussi va complètement sombrer. Le film est plutôt pas mal, avec une actrice principale impressionnante, Alexandra Essoe, et la mise en scène est intéressante, avec de belles références à Argento. Bon, après, ça verse un peu trop dans le gore malsain pour moi, mais ça mérite le coup d’oeil.

 

Sinon, la 3ème saison de Banshee a commencé, et de manière plutôt efficace! Je craignais le syndrome saison 3, qui voit souvent une série s’affaiblir, mais Lucas Hood et sa bande ont réussi leur retour! Mention spéciale à Cheystone, qui prend de l’envergure (bon, il en avait déjà pas mal, mais là ça promet du lourd!!!) Pourvu que ça dure tout au long des 10 épisodes!

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Deadpool: Les Noces de Dracula

Dispo en exclusivité en webcomic, Les Noces de Dracula a bien évidemment eu droit à une édition papier quelques mois plus tard. La notoriété de Deadpool étant exponentielle, et ce story-arc présentant des événements de la plus grande importance pour lui, il était normal de pouvoir découvrir ce récit de manière classique, édité dans la collection Monster chez Panini. Ce sont les scénaristes habituels, à savoir Brian Posehn et Gerry Duggan, qui ont composé cette rencontre entre Wade et le Prince des Ténèbres, et ils sont accompagnés par les talentueux Reilly Brown, Khary Randolph et Scott Koblish aux pinceaux. Les 7 chapitres de cette maxi-saga font partie du très bon cru de Posehn et Duggan, et ces noces sont tout simplement excellentes!

Quand Deadpool est engagé par Dracula lui-même afin de lui ramener sa future épouse, il pense juste assurer un contrat habituel, avec son lot de fusillades et de cadavres. Mais il ne se doutait certainement pas que des sentiments bien plus doux allaient faire leur apparition durant ce périple… Tout avait pourtant commencé de manière bien gore, dans un hélicoptère en train de se crasher dans le ciel nocturne londonien. Deadpool sauve une femme des griffes d’un affreux, et se retrouve à poursuivre un vampire qui va le mener tout droit dans l’antre du maître des vampires. Après une brève discussion, Wade accepte le contrat, et s’en va à travers le monde pour retrouver la belle qui épousera Dracula.

D’entrée de jeu, Posehn et Duggan font preuve d’un humour absurde bien gratiné, et nous balancent dans une scène d’action bien rythmée! Les 7 chapitres seront du même acabit, et le mélange savamment dosé par les 2 scénaristes ne faiblira à aucun moment! Les nombreuses références qui parsèment ce bouquin vont de la culture Marvel à une culture populaire plus étendue, et font mouche à chaque fois. La première rencontre avec un vampire change de Twilight (« Au moins, tu ne scintilles pas, les abdos à l’air. »), et Wade connait ses classiques (« Hum. Ces rues sont plus mortes que Gwen Stacy. »). Mais surtout, l’action non-stop et décérébrée est bourrée de moments totalement absurdes, avec pêle-mêle: le Minotaure qui fait du scooter, des interventions musclées catastrophiques de l’Hydra et de l’A.I.M., une sorte de relecture d’Inferno avec des démons bien motivés… Bref, tout ça est un beau bordel dans lequel Deadpool va se faire un plaisir de trancher quelques membres!

De nombreux guests vont faire le détour pour aider ou affronter Deadpool, et on croise avec plaisir Blade, bien évidemment, mais aussi M.O.D.O.K., les Thunderbolts, le fantôme de Benjamin Franklin, Bob de l’Hydra, le Monstre de Frankenstein, etc… Posehn et Duggan gèrent tout leur beau petit monde avec un vrai sens de l’absurde, et nous construisent un récit complètement barré qui fonctionne à 100 à l’heure! Durant ce périple, Wade et la femme qu’il a sauvé des griffes de tueurs vont peu à peu se rapprocher… La belle Shiklah n’est pas indifférente à la personnalité très colorée de Deadpool, et le voyage de retour risque bien d’être compromis par la naissance d’une idylle… Wade et la jolie succube sont plutôt bien assortis…

Ils vont devoir surmonter de nombreux obstacles, comme M.O.D.O.K. à qui Wade va piquer son fauteuil (je ne crois pas avoir jamais vu M.O.D.O.K. sortir de ce fauteuil…), dont le plus grand sera bien évidemment Dracula, qui fait une petite colère quand il apprend que Shiklah lui préfère Wade! Le combat sera bien violent et destructeur… Mais au-delà de cette trame bien prenante, c’est aussi dans tous les détails qui parsèment le récit que l’on trouve des moments bien fun! Shiklah qui lit Twilight, la scène chez le vétérinaire avec Bob blessé (« Pendant que vous vous occupez des jambes de Fifou, combien ça coûterait de le stériliser? »), le combat contre le robot de l’A.I.M. (« Tes pouvoirs psioniques ne fonctionneront pas sur moi. Mon cerveau vient d’un SDF de New York durant le mandat de Giuliani« ), etc!

En fait, on retrouve une ambiance proche de celle des Monster de l’époque Joe Kelly, et ça fait vraiment du bien de voir que Deadpool peut encore être traité de manière intéressante et surprenante, en respectant sa personnalité déjantée! Brian Posehn et Gerry Duggan ont fait de l’excellent boulot sur Les Noces de Dracula, qui est drôle d’un bout à l’autre, et qui ouvre sur une nouvelle ère pour Deadpool!!!

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Charles Brunet – Parkour – true Love

Charles Brunet est un traceur de la West Coast Family, dont le niveau fait juste rêver! Les distances qu’il franchit sont impressionnantes, et il se balade avec une aisance déconcertante! Ses double sauts de chat sont juste démentiels!!! Enjoy! 😉

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You’re next (Adam Wingard, 2011)

3 ans avant son chef-d’oeuvre The Guest, Adam Wingard réalisait You’re next, dont la bande-annonce laissait entrapercevoir un home invasion aussi classique que redondant. Après m’être pris une violente baffe avec The Guest, j’étais soudainement dans de bien meilleures dispositions pour découvrir ce You’re next, qui s’avère nettement moins consensuel que ce que l’on pouvait craindre!

Le home invasion est un sous-genre plutôt tendance ces 10 dernières années dans le domaine horrifique, avec des oeuvres comme Black Christmas, The Strangers, La dernière Maison sur la Gauche, American Nightmare… Le principe est simple: un ou plusieurs individus tentent de pénétrer dans un domicile afin de torturer et/ou tuer ceux qui y résident. On est dans une thématique très violente évidemment, avec des scènes souvent choquantes et dérangeantes, mais la réussite de ces oeuvres va surtout résider dans l’approche esthétique et les choix narratifs du metteur en scène. Un exemple très simple illustre ce propos: La dernière Maison sur la Gauche version Wes Craven est crade et gratuite, se plaçant principalement du point de vue des tueurs; la version que Dennis Illiadis a réalisé en 2009 est son exact opposé, survival oppressant à mort doublé d’une vision crépusculaire autrement plus aboutie!

Et You’re next dans tout ça? Eh bien le film d’Adam Wingard n’atteint pas le niveau de The Guest, mais il constitue néanmoins une pièce maîtresse dans le registre du home invasion! La liberté de ton adopté par Wingard et son scénariste attitré Simon Barrett renverse les clichés et met en place un véritable suspense! Rien que l’intro géniale bouleverse l’ordre établi dans les film d’horreur, et Wingard s’éloigne des conventions du genre pour nous surprendre d’une manière ultra-efficace!

On peut regretter une certaine facilité scénaristique quant aux motivations des tueurs, mais outre cet unique point faible, You’re next est un excellent film d’horreur, qui va nous plonger dans une fête de famille qui tourne au drame en un éclair. Quand l’un des invités est abattu d’une flèche (la pauvre victime n’est autre que le réalisateur Ti West, responsable du génial The Innkeepers!), chacun réagit à sa manière, se mettant en mode panique ou en mode survie selon ses aptitudes et sa personnalité. Erin, qui rencontre sa belle-famille pour la première fois, va faire preuve de capacités d’adaptation étonnantes dans cette situation hors du commun.

Sharni Vinson (Sexy Dance 3: the Battle 3D, ou le très naze Bait) s’avère excellente dans le rôle d’Erin, et l’explication de ses compétences tient la route. Elle va lutter efficacement contre les hommes masqués qui tentent de tuer un par un les membres de la famille, et elle va même réussir à utiliser sa propre bestialité dans des accès de violence impressionnants! A l’opposé de ceux qui restent prostrés face à cette terrible situation, Erin va puiser en elle des ressources insoupçonnées afin d’essayer de survivre! Elle va se servir de toutes ses connaissances afin de bloquer les accès, créer des pièges, et tuer avant d’être tuée!

Adam Wingard est un metteur en scène méticuleux et qui fait preuve d’une grande originalité, et son You’re next impressionne par ses qualités graphiques! La caractérisation des personnages, avec l’iconisation des bad guys notamment, donne un rendu très particulier, les masques à tête d’animaux leur conférant une aura presque surnaturelle. Il y a une réelle volonté de marquer les esprits avec ce choix visuel, et Adam Wingard parvient vraiment à faire peur, en créant des situations tragiques où le Mal frappe aussi implacablement que soudainement.

La BA de The Guest est une pure tuerie, et Wingard faisait déjà preuve de bon goût musical bien avant (son Pop Skull hypnotique et éthéré utilisait habilement un habillage sonore très particulier), et le morceau Looking for the Magic signé Mind the Gap résonnera encore longtemps dans vos oreilles après après vu ce film… Wingard est aussi attentif à l’élaboration très intelligente de ses plans qu’à ses choix musicaux et à leur utilisation. Il se plaît la plupart du temps à utiliser ces morceaux de manière intra-diégétique, c’est-à-dire que la musique fait partie intégrante du film, puisqu’elle est écoutée par les protagonistes. Ce choix donne une dimension supplémentaire au film, puisque la musique va résonner d’une manière double, à la fois dans l’intimité des protagonistes, mais aussi comme un habillage sonore macabre qui va souligner l’inéluctabilité du moment. Adam Wingard maîtrise parfaitement sa partition, et fait partie de ces metteurs en scène qui savent comment intensifier une atmosphère avec une utilisation parfaite de la musique (au hasard, Ti West, Nicolas Winding Refn, James Gunn… sans oublier bien évidemment Akiva Schaffer!!!).

On retrouve au casting A. J. Bowen, qui jouait chez Ti West dans The House of the Devil et The Sacrament, et chez Wingard dans A horrible Way to die, et plus tard dans What fun we were having et The Guest; le metteur en scène Joe Swamberg, qui a co-réalisé Autoerotic avec Wingard (et qui a joué dedans), et qui a participé comme Wingard à l’anthologie V/H/S (tout en jouant dedans), a également joué dans Cabin Fever 2: Spring Fever et The Sacrament de Ti West, et dans A horrible Way to die et What fun we were having de Wingard. Le reste du casting gravite lui aussi autour des 3 metteurs en scène, faisant de You’re next un film de potes largement enrichi par toutes ces connections!

Adam Wingard réalise un film véritablement marquant, qui va aller très loin dans sa visualisation de la violence (la scène au ralenti où la jeune femme court pour sortir de la maison est juste mythique!) et dans sa réappropriation des thématiques chères au genre. Le seul bémol reste la rationalisation des événements, qui perdent un peu en crédibilité, mais toute la virtuosité de Wingard efface allègrement cette faiblesse. You’re next est un survival résolument stressant et sans concessions, de ceux qui vous mettent un bon coup derrière la tête!

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