American Nightmare (James DeMonaco, 2013)

Succès surprise aux Etats-Unis, ce film à petit budget compense son manque de moyens par un scénario ingénieux qui, après avoir posé des bases on ne peut plus simplistes, va les respecter jusqu’au bout. Dans un futur proche, le taux de criminalité a baissé jusqu’à 1%, et l’économie du pays est des plus florissantes. Pourtant, on est loin du Paradis, puisque ces évolutions sociales ont été permises par une mesure très radicale. Chaque année à lieu la Purge, durant laquelle chaque individu à le droit de commettre des crimes pendant 12 heures. Tout est légal, même le meurtre, et ce système permet d’enrayer la frustration et la rage des concitoyens en leur permettant d’y donner libre cours; parallèlement, cette Purge permet de nettoyer les rues des individus inadaptés, rendant le pays plus sain.

James Sandlin, patron d’une entreprise de systèmes d’alarme qui lui permet de vivre dans un quartier huppé, s’apprête à passer cette Purge annuelle barricadé dans sa grande demeure avec sa famille. Mais toute l’horreur qu’il voulait laisser loin de chez lui va s’inviter à sa porte, et la nuit va être très longue pour tous… Avec ce point de départ très simple et qui attise la curiosité, James DeMonaco va bâtir une série B qui ne va pas s’embarrasser de fioritures mais qui va aller droit à l’essentiel. American Nightmare mérite son succès car il ne fait pas dans l’esbroufe, mais est pris très au sérieux par un metteur en scène totalement impliqué. La mise en place du récit dans ce quartier aisé dessine une atmosphère prenante, et la tension va se mettre en place progressivement. Les images d’archive du générique et les commentaires audio du journal télévisé vont anticiper le bain de sang auquel tous les Américains ont le droit de participer, et lorsque retentit la sirène, c’est le début de la Purge. Et derrière leur blindage, les Sandin ne seront pas aussi en sécurité qu’ils le pensaient…

James DeMonaco nous fait son Chiens de Paille à lui, avec beaucoup d’efficacité et avec des personnages très bien écrits. Ethan Hawke joue le père de famille, qui veut à tout prix protéger ses proches. Lena Headey (la géniale Ma-Ma de Dredd) est excellente dans le rôle de la mère, tandis qu’Adelaide Kane joue Zoey, la fille qui en veut à son père. Max Burkholder s’avère excellent dans le rôle du fils Charlie, un féru de technologie qui va jouer un rôle important lors de cette nuit. C’est lui qui va ouvrir la porte à un inconnu, et qui va mettre en branle un processus mortel qui va impacter sa famille.

D’un bout à l’autre, American Nightmare fonctionne grâce à un vrai sens du suspense et à des explosions de violence réalistes. Mais surtout, il dépeint un univers totalement schizophrène où les plus bas instincts se révèlent une fois l’an, où la Purge est un exutoire à tous les freins imposés par la société. Cette immense maison de riches pourrait être symbolique d’une lutte pour résorber les différences de classe, mais il n’en est rien. James DeMonaco ne cherche pas à politiser ou à donner une dimension sociale à son film, il ôte simplement le vernis bien-pensant empêchant les gens de passer à l’acte, et regarde ce qui se passe dans ce cas. Rhys Wakefield personnifie de manière géniale ce mal révélé, jouant à la perfection un jeune homme bien flippant malgré son sourire permanent! Il représente cette contamination par la violence, et va s’en donner à coeur joie lors de cette nuit macabre.

La mise en scène oppressante de James DeMonaco achève de faire de ce film une vraie réussite, qui nous offre des images fortes, avec notamment ces excellents masques représentant bien toute l’hypocrisie sociale volant en éclat cette nuit-là!

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