Dispo en exclusivité en webcomic, Les Noces de Dracula a bien évidemment eu droit à une édition papier quelques mois plus tard. La notoriété de Deadpool étant exponentielle, et ce story-arc présentant des événements de la plus grande importance pour lui, il était normal de pouvoir découvrir ce récit de manière classique, édité dans la collection Monster chez Panini. Ce sont les scénaristes habituels, à savoir Brian Posehn et Gerry Duggan, qui ont composé cette rencontre entre Wade et le Prince des Ténèbres, et ils sont accompagnés par les talentueux Reilly Brown, Khary Randolph et Scott Koblish aux pinceaux. Les 7 chapitres de cette maxi-saga font partie du très bon cru de Posehn et Duggan, et ces noces sont tout simplement excellentes!
Quand Deadpool est engagé par Dracula lui-même afin de lui ramener sa future épouse, il pense juste assurer un contrat habituel, avec son lot de fusillades et de cadavres. Mais il ne se doutait certainement pas que des sentiments bien plus doux allaient faire leur apparition durant ce périple… Tout avait pourtant commencé de manière bien gore, dans un hélicoptère en train de se crasher dans le ciel nocturne londonien. Deadpool sauve une femme des griffes d’un affreux, et se retrouve à poursuivre un vampire qui va le mener tout droit dans l’antre du maître des vampires. Après une brève discussion, Wade accepte le contrat, et s’en va à travers le monde pour retrouver la belle qui épousera Dracula.
D’entrée de jeu, Posehn et Duggan font preuve d’un humour absurde bien gratiné, et nous balancent dans une scène d’action bien rythmée! Les 7 chapitres seront du même acabit, et le mélange savamment dosé par les 2 scénaristes ne faiblira à aucun moment! Les nombreuses références qui parsèment ce bouquin vont de la culture Marvel à une culture populaire plus étendue, et font mouche à chaque fois. La première rencontre avec un vampire change de Twilight (« Au moins, tu ne scintilles pas, les abdos à l’air. »), et Wade connait ses classiques (« Hum. Ces rues sont plus mortes que Gwen Stacy. »). Mais surtout, l’action non-stop et décérébrée est bourrée de moments totalement absurdes, avec pêle-mêle: le Minotaure qui fait du scooter, des interventions musclées catastrophiques de l’Hydra et de l’A.I.M., une sorte de relecture d’Inferno avec des démons bien motivés… Bref, tout ça est un beau bordel dans lequel Deadpool va se faire un plaisir de trancher quelques membres!
De nombreux guests vont faire le détour pour aider ou affronter Deadpool, et on croise avec plaisir Blade, bien évidemment, mais aussi M.O.D.O.K., les Thunderbolts, le fantôme de Benjamin Franklin, Bob de l’Hydra, le Monstre de Frankenstein, etc… Posehn et Duggan gèrent tout leur beau petit monde avec un vrai sens de l’absurde, et nous construisent un récit complètement barré qui fonctionne à 100 à l’heure! Durant ce périple, Wade et la femme qu’il a sauvé des griffes de tueurs vont peu à peu se rapprocher… La belle Shiklah n’est pas indifférente à la personnalité très colorée de Deadpool, et le voyage de retour risque bien d’être compromis par la naissance d’une idylle… Wade et la jolie succube sont plutôt bien assortis…
Ils vont devoir surmonter de nombreux obstacles, comme M.O.D.O.K. à qui Wade va piquer son fauteuil (je ne crois pas avoir jamais vu M.O.D.O.K. sortir de ce fauteuil…), dont le plus grand sera bien évidemment Dracula, qui fait une petite colère quand il apprend que Shiklah lui préfère Wade! Le combat sera bien violent et destructeur… Mais au-delà de cette trame bien prenante, c’est aussi dans tous les détails qui parsèment le récit que l’on trouve des moments bien fun! Shiklah qui lit Twilight, la scène chez le vétérinaire avec Bob blessé (« Pendant que vous vous occupez des jambes de Fifou, combien ça coûterait de le stériliser? »), le combat contre le robot de l’A.I.M. (« Tes pouvoirs psioniques ne fonctionneront pas sur moi. Mon cerveau vient d’un SDF de New York durant le mandat de Giuliani« ), etc!
En fait, on retrouve une ambiance proche de celle des Monster de l’époque Joe Kelly, et ça fait vraiment du bien de voir que Deadpool peut encore être traité de manière intéressante et surprenante, en respectant sa personnalité déjantée! Brian Posehn et Gerry Duggan ont fait de l’excellent boulot sur Les Noces de Dracula, qui est drôle d’un bout à l’autre, et qui ouvre sur une nouvelle ère pour Deadpool!!!