Enfin! Enfin un film qui me réconcilie avec le réalisateur danois, qui depuis le premier Pusher n’avait plus réussi à m’emballer! Et pour le coup il réussit un tour de force, grappillant au passage un Prix de la mise en scène à Cannes largement mérité, se plaçant directement en tête du Palmarès Interblogs de Vance, et nous gratifiant surtout d’un film qui fait sacrément plaisir à voir tant il change des productions formatées habituelles! Drive est une excellente surprise, précédée toutefois de critiques élogieuses (mais n’étais-ce pas le cas pour tous les films de Nicolas Winding Refn?), dans lequel Ryan Gosling donne toute la mesure de son talent et se révèle un acteur absolument génial!
Avec Drive, Nicolas Winding Refn lorgne vers le cinéma populaire, mais pas le cinéma actuel, plutôt celui des 70’s hérité des Etats-Unis. Son Drive rappelle fortement ces bandes sur fond d’asphalte comme Larry le Dingue, Mary la Garce ou l’excellent Point Limite Zéro. La ressemblance avec ce dernier est d’ailleurs significative, le personnage de Kowalski interprété par l’excellent Barry Newman ayant de nombreuses similitudes avec l’homme sans nom joué par Gosling. Ils partagent cette même attitude contemplative, comme s’ils s’extrayaient d’un monde dans lequel ils ont pleinement conscience de n’être présent que temporairement; ils partagent cette même assurance lorsqu’ils se retrouvent derrière un volant, et ils se sentent présent lorsqu’ils font ce pour quoi ils sont véritablement faits: conduire.
Mais le personnage de Gosling va se démarquer de celui de Newman, et va développer des caractéristiques très intéressantes qui en font à la fois un personnage refnien dans sa conception, mais surtout un être à l’ambivalence étonnante, ce qui va donner lieu à des séquences hallucinantes! Celle de l’ascenseur est un pur morceau de cinéma d’une rareté et d’une puissance exceptionnelles!
La relation entre le pilote et la jeune femme qu’il rencontre est traitée avec une émotion insoupçonnée, et Refn nous balance des scènes intimistes de toute beauté qui frappent autant, sinon plus, que les scènes d’action! La richesse de ses plans, l’utilisation magique de ses ralentis, tout concourt pour donner à ces séquences une poésie et une puissance de toute beauté! Et la direction d’acteur est excellente, donnant l’occasion à Gosling et sa partenaire Carey Mulligan de composer des personnages réellement touchants!
Refn parvient à composer un film passant d’un jeu de regard empli d’amour naissant à une poursuite folle en bagnole, le tout avec un sens visuel énorme, et Drive lui permet enfin de s’exprimer hors du carcan pseudo-expérimental dans lequel il est resté ces dernières années. Ici, pas de théâtralité outrancière à la Bronson, on est dans le vif, dans l’émotion pure, dans la violence viscérale. Car Drive fait aussi la part belle aux fulgurances assassines, et Refn tourne ces séquences de la même manière qu’il filme les regards que se lancent le pilote et la jeune femme. Sa mise en scène ultra-précise condense les émotions et les fait exploser en une gerbe de sourire ou de sang, et son film est habité par une forme d’urgence temporelle, celle-là même qui pousse l’Homme à se mouvoir afin de tenter en vain de se soustraire à l’inéluctabilité de sa mort.
Et comme si ce n’était pas déjà suffisant pour en faire un film largement au-dessus de la moyenne, Refn engage le génial Bryan Cranston dans un rôle secondaire! Le père de Malcolm, et plus récemment le mythique Walter White de Breaking bad, joue un garagiste éclopé chez lequel travaille le pilote. Son rôle est certes moins captivant que celui de la série incontournable de Vince Gilligan, mais quel plaisir de le revoir! Ajoutez encore Ron Perlman et Albert Brooks, et vous aurez une idée des gueules qui peuplent ce film…
Avec Drive, Nicolas Winding Refn réalise un pur polar 70’s de haute volée, dans lequel Ryan Gosling enfile parfaitement le costume de l’homme-scorpion, lui conférant une densité iconique à mort, et faisant de son personnage un héros qui marquera durablement le cinéma. Tout comme son aîné Kowalski…
Une vraie tuerie. La scène de l’ascenseur que tu évoques et géniale et montre le talent du réal. Gosling est vraiment habité et la BO a fini de m’achever. J’en redemande!
Ouiiiii j’ai oublié la BO, elle est excellente! Je vois que tout le monde est d’accord sur ce film, ça fait plaisir tiens! 😉
Aaaaaaaahhh!! Très bonne critique et je rebondis sur cette scène de l’ascenseur car la mise en image du baiser est quand même un sacré héritage des vieux films en noir et blanc avec ce halo noir qui semble envelopper les amoureux. Une sorte de cocon qui les coupe du monde. Magnifique quant on sait ce qui suit derrière!!
Merci merci! C’est probablement la scène qui marquera les cinéphiles cette année, et quand je vois l’engouement que suscite ce film, c’est véritablement impressionnant! C’est simple, je n’ai pas lu une seule critique négative sur ce film! C’est assez incroyable, et j’ai vraiment l’impression de retrouver Refn après toutes ces années! 😉