TALKING WADE

Depuis 2012, le scénariste Cullen Bunn est devenu un spécialiste de Deadpool, hésitant régulièrement entre des versions alternatives du personnage et le Wade Wilson de l’Univers 616. Après Deadpool massacre l’Univers Marvel (2012), Deadpool massacre les Classiques (2013), Deadpool massacre Deadpool (2013), La Nuit des Morts-Vivants (2014), voici Deadpool vs Carnage (2014), avant Le Retour des Morts-Vivants (2015) et Deadpool’s secret Secret Wars (2015). Bunn est prolifique, mais oscille entre l’excellent (Deadpool massacre Deadpool) et le moins bon (La Nuit des Morts-Vivants), et ce Deadpool vs Carnage se trouve pile poil entre les deux!

Publié il y a 1 an et demi environ, ce récit tardait à être traduit en France, et c’est désormais chose faite! La confrontation inédite entre Wade Wilson et Carnage avait de quoi susciter un réel intérêt, douce promesse de violence décérébrée et d’humour méta! On commence pourtant par un autre récit, Superior Carnage Annual 1, en bonus dans ce numéro! Egalement écrit par Cullen Bunn, il va nous plonger dans l’existence ravagée de Cletus Kasady, le porteur emblématique du Symbiote rouge sang. Kasady est emprisonné au Pénitencier Kramer, où les détenus voient surtout un pauvre gars bien loin du danger public dont on leur parlait. Privé de son symbiote, Kasady ne s’avère pas très résistant…

Mais une souche du Symbiote va tout faire pour retrouver son hôte, et va pour cela passer d’individu en individu par un procédé qui rappelle avec plaisir l’excellent Hidden de Jack Sholder! Les crayons de Mike Henderson et Kim Jacinto (dont on a déjà pu apprécier le trait dans les pages des Thunderbolts) créent une ambiance bien glauque et sanglante, qui font de cet épisode une belle résurrection pour Carnage!

On attaque ensuite les 4 épisodes de la mini-série Deadpool vs Carnage, qui vont davantage jouer sur l’humour que sur l’atmosphère glauque de l’annual. Ce parti-pris réduit sensiblement la portée de cette histoire, qui se suit toutefois agréablement. Cullen Bunn n’évite pas le côté psychotique de Carnage, et va le mettre en relation avec la personnalité perturbée de Deadpool. Ce dernier se rend compte qu’il est apte à comprendre le fonctionnement de Carnage, et qu’il est donc le seul à même de stopper ses agissements. La quasi-invulnérabilité des 2 personnages va donner lieu à des affrontements bien saignants, dans lesquels chacun des protagonistes morfle sévèrement! Deadpool a un plan pour tuer Carnage, mais une proche de Kasady entend bien sauver son amant!

On assiste donc à une confrontation en plusieurs manches entre les 2 givrés costumés, avec quelques dégâts collatéraux. Carnage s’en prend aussi bien aux adultes qu’aux enfants, et ce type de cruauté est plutôt rare dans les comics. Deadpool va devoir se surpasser pour venir à bout de Kasady et de son Symbiote… Le dessin est signé Salvador Espin, qui avait déjà travaillé avec Cullen Bunn sur Deadpool massacre Deadpool, et dont le trait est toujours aussi efficace! Le jeu de massacre va être résolument tourné vers l’action, et on va même découvrir un Deadpool version symbiote!

Ce Deadpool Hors Série 4 est un numéro qui ne sera pas inoubliable, mais qui présente un récit sympathique.

Après avoir découvert le mois dernier et ce mois-ci l’excellent mensuel Avengers, relatant les aventures des différents groupes d’Avengers, je découvre aujourd’hui Avengers now!, qui raconte les aventures solo des plus connus des Avengers (ça fait beaucoup d’Avengers…). Comme chaque personnage a sensiblement évolué ces derniers temps, et s’avère relativement éloigné de sa représentation cinématographique également, le plongeon dans cet Avengers now! 5 s’avère intéressant, même s’il est loin de l’immense réussite qu’est Avengers en ce moment!

Je découvre donc de manière plus approfondie la nouvelle personnalité de Tony Stark, (apparue dans l’event Avengers & X-Men: Axis), dans sa série élégamment renommée Superior Iron Man. Le sort d’inversion lancé par la Sorcière rouge et Docteur Strange a profondément modifié les personnalités des héros et des vilains lors d’Axis, mais heureusement ce sort a été annulé à la fin. Mais pas pour tous… Tony Stark a conservé son arrogance retrouvée, et il se retrouve donc supérieur aux autres. On le retrouve aujourd’hui en train de vendre des plans d’armements au plus offrant, sans la moindre considération pour l’instabilité géo-politique qu’il va générer. Dans le même temps, il tente de racheter un organe de presse afin de pouvoir contrôler ce qui sera dit sur lui dans le futur, vu qu’il a encore des projets pour le monde, mais qui risquent d’être perçus de manière très défavorable par le public.

Le scénariste Tom Taylor, que je ne connaissais pas du tout, réalise un excellent travail avec cet épisode, nous dépeignant un Tony Stark totalement imbu de lui-même et d’une rare suffisance. C’est comme si on prenait Robert Downey Jr. et qu’on accentuait le trait, en réduisant l’humour en fait! On a affaire à un manipulateur de premier ordre, qui agit en vrai despote dans le but d’imposer sa propre vision du monde aux autres. Le récit est vraiment captivant, et sa confrontation avec Pepper Potts, la seule qui semble capable de lui tenir tête, est très bien menée!

On a ensuite droit à un annual consacré à Thor, qui est en fait composé de 3 récits décrivant les aventures de 3 versions du Dieu de la Foudre. Le premier, signé Jason Aaron, est une exploration de l’existence difficile d’un Thor vieillissant, qui voit son monde décliner peu à peu. Cette vision futuriste n’est pas sans une certaine poésie, et si l’action n’est pas présente, Jason Aaron nous offre un court instant d’émotion. Le second récit, signée par la toute nouvelle scénariste Noelle Stevenson, est une sorte de version des 12 Travaux d’Hercule mais adaptée à la nouvelle Thor! Par contre, le dessin de Marguerite Sauvage est tellement laid qu’il dénature totalement le scénario. Le dessin cartoony de Rob Guillory pour l’épisode 3 est un poil plus intéressant, mais le scénario de ce récit consacré au passé du jeune Thor ne vole pas très haut… Il est pourtant signé par l’un des champions de catch les plus emblématiques de ces dernières années, j’ai nommé CM Punk!!! Fan absolu de Marvel depuis son enfance, Punk a eu l’opportunité de rédiger le script de ce court récit, en attendant la sortie de sa série Drax en 2016! Et pour un catcheur qui prône un anti-alcoolisme farouche, le voir écrire un récit de beuverie est plutôt sympathique, même si ça ne vole pas très haut…

Avec All-new Captain America, c’est Sam Wilson, alias Falcon, qui a l’honneur et la responsabilité d’endosser le costume de Captain America. Comme le sérum du Super-Soldat a arrêté d’agir, Steve Rogers s’est transformé en vieillard, et il ne pouvait donc plus assumer son rôle d’Avenger au premier plan. Dans une Amérique qui ne le soutient pas totalement, Sam Wilson poursuit sa mission d’infiltration au sein de l’Hydra, et affronte de manière très violente le Baron Zemo, dont le plan machiavélique consistant à stériliser toute une partie de la population en lâchant sur elle des tiques et des puces infectées s’avère relativement tordu! Les pouvoirs très particuliers de Falcon, et l’aide de Nomad, ne seront pas de trop pour contrer cette menace. On sent un sous-texte intéressant, et cette vision d’un nouveau Captain America est soignée par un Rick Remender qui j’espère sera moins enfermé qu’il l’a été dans le carcan Axis…

2 épisodes pour Hulk ensuite, qui lui aussi a beaucoup changé! Il affiche une barbe seyante et répond au doux nom de Doc Green, et est cette fois-ci totalement débarrassé de la personnalité de Bruce Banner, tout en ayant un intellect très élevé. Entre sa période Hulk gris, sa période monstre décérébré ou encore Planet Hulk, le Titan vert aura eu de nombreux changements très importants dans son existence! Dans sa version Doc Green, il est donc en train de travailler à l’éradication de toutes ces formes de Hulk qui sont apparues, entre un Hulk rouge, Lyra ou l’Escadron Gamma. Il est temps de faire le ménage, mais pour l’instant il se retrouve opposé à une intelligence artificielle qu’il a lui-même créée et qui lui rend la vie dure (en mode Ultron donc)! Il va d’ailleurs faire appel à un mercenaire bien déjanté, qui apparaît tout à la fin à sa manière irrévérencieuse et fun! Deadpool entre en piste, et devrait pimenter le prochain numéro!

Avengers now! est moins captivant qu’Avengers, mais la série Superior Iron Man vaut vraiment le détour, et on espère que Remender se lâchera sur All-new Captain America!