Tandis que Gerry Duggan et Brian Posehn ont la lourde tâche de traiter la série principale consacrée à Deadpool (qui s’est réellement améliorée depuis quelques mois), Cullen Bunn est en train de se faire une spécialité des versions parallèles du Merc with a Mouth. Il s’est notamment attaqué à Deadpool Family, Deadpool massacre l’Univers Marvel, Deadpool massacre les Classiques, Deadpool massacre Deadpool, et donc à cette Nuit des Morts-Vivants, qui aura d’ailleurs droit à une suite l’an prochain. Cullen Bunn s’amuse donc avec les différentes itérations du personnage, et nous convie cette fois à une plongée dans un univers dévasté empli de zombies, accompagné par l’artiste Ramon Rosanas.
Exit le Deadpool de l’univers 616 donc, et place au Wade Wilson de ce monde qui se réveille après que l’apocalypse ait eu lieu. Il va arpenter les rues désertes jusqu’à ce qu’il se rende compte que les morts-vivants ont pris possession de la planète, et qu’il semble bien être le seul super-héros encore en activité! Le concept est plutôt intéressant, et voir Deadpool interagir avec des zombies est plutôt attractif. Le choix graphique de Ramon Rosanas de dessiner en noir et blanc, en gardant juste la couleur pour Deadpool, est lui aussi intéressant. Mais le résultat ne va finalement pas très loin malgré les bonnes intentions des auteurs.
On se retrouve dans du Walking Dead très banal, surtout que les morts qui marchent sont redevenus hype depuis quelques années. Il aurait donc fallu proposer un scénario bien plus solide que ce petit tour d’Amérique en mode apocalyptique. Deadpool est connu pour ses répliques cinglantes débordant d’humour, et on se dit que Bunn n’était pas spécialement inspiré sur cette saga. Des phrases bateau du genre « Vous pouvez changer de chaîne? Ca va être l’heure des Feux de l’Amour! », c’est plutôt très moyen (même si la traduction joue aussi)… Mais on a quand même droit à quelques saillies inespérées, comme « C’est vraiment la fin du monde! Je suis carrément le dernier homme sur Terre. Genre Will Smith! Ou Charlton Heston! Ou Burgess Meredith! Ouais! Gaffe aux lunettes! » La référence à La quatrième Dimension est très savoureuse, mais bien trop isolée malheureusement…
Pourtant, Bunn et Rosanas soignent leurs hommages, à La Nuit des Morts-Vivants de Romero bien évidemment, avec quelques touches de The walking Dead (la série) ou de 28 Jours plus tard. Mais le tout manque réellement d’inventivité et de profondeur. On se retrouve avec une tête de zombie qui fait immédiatement penser au Deadpool zombie, Wade se baladant avec lui de la même manière. Seule la fin se permet d’être inventive en ouvrant sur un prochain récit qui pourrait lui être bien plus intéressant. Mais en l’état, cette Nuit des Morts-Vivants n’a pas grand-chose dans le bide, malgré sa générosité en gore…
Mais si j’ai acheté ce Deadpool, ce n’était pas pour ses zombies, mais pour le court récit qui clôture l’album. En effet, il s’agit cette fois d’une aventure du Deadpool de l’univers 616, le classique donc, qui était jusque-là inédite. Ca s’appelle Frappe aveugle, et on y voit un Wade privé de l’usage de ses yeux (ils ont été grillés au chalumeau!) affronter des voleurs bien armés qui se sont introduits dans une tour afin de dérober des secrets industriels. C’est signé Duane Swierczynski et Philip Bond, c’est léger et sympathique, et c’est un bel hommage au Piège de Cristal de McTiernan! Wade va suivre la voix dans sa tête afin de se guider dans son Nakatomi Plaza à lui, et on va régulièrement retrouver quelques scènes fantasmées, dont les décors appartiennent à Piège de Cristal! C’est un épisode un peu bouche-trou, mais qui remplit son office et qui s’avère simple et drôle! Let it snow, let it snow, let it snow…